Pourquoi ce 11e jour du 11e mois de l’année a-t-il été choisi ? Question bizarre, direz-vous, mais qui l’est moins si l’on connaît le soin du frère- maréchal Joffre (1852-1931) de retarder l’heure initialement prévue par les négociateurs français et allemands et de la fixer à 11 h. Trois fois 11 font 33 ! Ce chiffre avait-il un sens pour certaine fraternité cosmopolite révérant le 33e degré du rite écossais ? Assurément !
Chaque famille a ses soldats, morts ou « gueules cassées », comme on les appelait. Mon père, fait prisonnier (et très bien traité) pendant l’offensive d’Erich Ludendorff (1865-1937) qui porta les troupes impériales près de Paris au printemps 1918, était de la classe 16 ; un oncle maternel, Aristide, dont la souche paternelle paysanne venait selon un mot rapporté de mon grand-père gersois, défunt en 1931, « de l’Europe de l’Est, avec Napoléon » pour mater probablement l’insurrection nationale espagnole, tomba à Verdun, son corps volatilisé par un obus atteignant l’ambulance.
Mon regretté professeur de philosophie, qui fut aussi au lycée parisien Henri IV celui d’un courageux maître de littérature mort le dimanche 21 octobre 2018, le remarquable – et très opposé à Cohn Bendit et à l’anarchisme de 68, estimant même qu’avec Mitterand et le socialisme, « c’était la fin de la culture » – Henri Dreyfuss Le Foyer (1897-1969), me donna la clef de cette date commémorée bientôt : de retour du front à Paris, permissionnaire, dit-il, il accompagnait, en cet hiver 1917, son oncle franc-maçon notoire et sénateur en vue avec Clémenceau, au domicile familial, dans le Premier Arrondissement, rue de Mondovi, à l’opposé de la Chambre des députés, à l’angle de la rue de Rivoli.
L’oncle évoquait avec sympathie les offres de paix du nouvel Empereur et roi de Hongrie Charles, lesquelles succédaient à celles du Kaiser allemand, et ses arguments pour les accepter semblaient ébranler le frère Clémenceau. Ce dernier, de poser alors son pied sur le bord du trottoir de la rue citée, près des Tuileries, de hocher la tête et de lancer : « Vous avez peut-être raison, mais après tout, moi, je m’en fous, je joue la carte américaine ! ».
C’est ainsi que la guerre se prolongea un an et demi, que le Congrès des Maçonneries des pays belligérants et alliés tenu, en ce qui concerne la seconde séance décidant de la création de la Société des Nations, du 20 au 30 juin 1917, sous la présidence du général d’artillerie et polytechnicien Paul Peigné (1841-1919) grand maître de la Grande Loge de France (GDLF), dessina la carte d’après guerre.
Il faut pour que tous les morts de la première grande guerre reposent en paix, désigner les coupables et les profiteurs ou bénéficiaires de ce que l’illustre Lyautey déclara, avec bon sens, une guerre civile européenne, un suicide du continent.
En France, la Corse et la Bretagne payèrent un lourd tribut, leurs hommes chrétiens étant volontiers exposés par nos Anticléricaux !
L’Evangile dit bien que l’on reconnaît l’arbre à ses fruits ! Quels furent les fruits de pareil conflit ?
La saignée, avant tout, de la paysannerie que montrent nos monuments, une Paix à Versailles, injuste, qui enfanta une autre guerre, en semant, entre autres, les graines du conflit palestinien, et notre propre horizon laisse, aux yeux des hommes d’expérience, présager un nouvel orage, celui que, pour les dévots catholiques, le 19 septembre 1846, au lieu alpin de la Salette où en 1917 (en pleine dictature maçonnique portugaise qui décida d’entrer en guerre) de Fatima, sans omettre de citer le protestant Boer d’Afrique du Sud, le perspicace et germanophile Nikolaas Van Rensburg (1864-1926), l’on décrit comme l’épreuve de la fin des temps.
Peut-on parler d’une suspension des armes, ce 11 novembre ? Naturellement. Osera-t-on en revanche, prétendre qu’icelle ait conduit à la conclusion d’une véritable ou honnête Paix, à un repos de l’ordre ? Ce serait téméraire et mieux même, insensé.
Ne regardons pas ce 11 novembre comme une porte se refermant sur un massacre, mais bien celle maintenue ouverte d’un Enfer débuté par les coups de feu du frère assassin Gavrilo Prinzip qui fut, du reste, jugé par un tribunal musulman bosniaque, et non condamné à la peine capitale à cause de son jeune âge (19 ans) mais mort d’une typhoïde en prison à Theresienstadt, le 28 avril 1918…
Et, à cet égard, l’évanouissement de l’Europe pourrait être la conclusion voulue par les démons inspirant les sectaires.
Pierre Dortiguier
Bravo Monsieur Dortiguier, cela va alimenter quelques conversations ce midi 3 * 11 = 33 . On note aussi votre allusion discrète à la ville se Shepperton.
Les Gueules cassées sont une appellation réservée à ceux qui furent blessés à la face.
Il a a les Ailes Brisées, Les Blessés du Poumon, Les Blessés Multiples ou Impotents de Guerre, Les Aveugles de Guerre, les Blessés de la Tête, etc.
Il est vrai que peu de personnes actuellement sont au fait de cela. Quand est-il de ceux qui savent que la majorité des Lois sociales sont issues de ce conflit. Bref …
Bonjour,
En cette période de centenaire de l’armistice, l’encens va brûler « à flot » pour Georges Clémenceau.
Père la Victoire ? Il fut plutôt le père de la seconde guerre mondiale en se rangeant aux côtés des Anglo-saxons
qui prétendaient sauver l’Allemagne, son unité et son armée. pour empêcher la France d’obtenir une victoire éclatante sous peu.
Clemenceau, alors président du conseil (le vrai chef de l’état à l’époque), fut comme anesthésié pendant toute la période
où le président américain conclut SEUL l’armistice avec l’Allemagne.
Sur les 318 pages de son livre « Grandeurs et misères d’une victoire », il n’en consacre que 11, de peu d’intérêt, à l’armistice.
Toutefois, il laisse poindre comme un aveu quand il écrit: « Monsieur Poincaré développe contre moi son opposition à l’armistice
avec une extrême violence. »
Si on avait, à l’époque, écouté POINCARE, soutenu par les présidents de la chambre et du sénat, ainsi que les commandants en chef
français, PETAIN et américain, PERSHING, l’Allemagne aurait été contrainte à la CAPITULATION et l’on n’aurait jamais entendu
parler d’Hitler et de seconde guerre mondiale, prévue, dès 1918, par les militaires et quelques politiques lucides.
Quand à Foch, il prétendait devoir accepter l’armistice immédiatement « par humanité »… lui, pour qui le « matériel humain » ne comptait pas, lorsqu’il commandait la bataille de la Somme,
.
Voir encore, en annexe, le refus de Clemenceau de faire signer l’armistice sur le territoire allemand.
Bonne journée.
Th. Maquet
Question badernes… Je me permets de vous suggérer de lire de Henri Fraenkel: « Joffre, l’âne qui commandait des lions » qui taille un costard sur mesure à ce frère « Trois-ponts » inepte, en retard d’une guerre, que Lanzerac (le marquis de Cazernal) avait surnommé « …comme la Lune! » (Joffre le rondelet avait coutume de s’exclamer « Attaquons! Attaquons!… »). Du même Joffre, lorsqu’on lui annonçait des « Maxim » à couvert et camouflées – servies par des mitrailleurs en „Feldgrau” – et battant de leurs tirs croisés le glacis de la zone de déploiement de l’infanterie française (pantalons et casquette garance et paletot bleu foncé entre les deux: viser entre les deux taches rouges) impavide, il répliquait: « Nos braves dénoueront la situation à l’arme blanche! ». Quant au jésuite Foch, lorsque, peu avant la guerre, il lui avait été donné d’assister à une démonstration d’aviation; il avait murmuré: « intéressant surtout pour les activités sportives… ».
Merci pour votre hommage subtil à notre grand honnête homme récemment parti plus près de la vérité.
Une guerre triste et catastrophique, mais du moins il n’y a pas eu de femme tondue.