APRÈS LA TOMBE de Jean-Marie Le Pen profanée dans la nuit du 30 au 31 janvier 2025 dans le cimetière de la Trinité-sur-Mer, c’est au tour de celle de Robert Brasillach d’être dégradée moins de dix jours après, dans la nuit du 7 au 8 février dans le cimetière de Charonne sis dans le vingtième arrondissement de la capitale. L’acte de vandalisme a été perpétré alors qu’un recueillement était prévu le samedi 8 février au matin par le Cercle franco-hispanique et les Nationalistes à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’exécution de l’écrivain assassiné le 6 février 1945, De Gaulle ayant refusé de le gracier alors qu’il en avait le pouvoir. Les policiers ont été appelés par le cimetière pour un tag à la peinture noire réalisé sur la stèle durant la nuit du vendredi au samedi. La direction du cimetière a renforcé la sécurité autour de la sépulture et les ayants droit ont été prévenus. Le samedi 8 février, le cimetière de Charonne était fermé toute la journée, de sorte que les gerbes de fleurs sur la tombe martyrisée de Brasillach et sur celle de son beau-frère Maurice Bardèche, qui, elle en revanche, n’a pas été dégradée — peut-être les auteurs du forfait ne connaissaient-ils pas le nom de l’auteur de Nuremberg ou la terre promise, bien qu’il soit inhumé au côté de son épouse Suzanne Bardèche née Brasillach — n’ont pu être déposées que le lendemain, le dimanche 9 février, quand le cimetière a de nouveau été ouvert au public. La tombe de Brasillach est désormais totalement enveloppée de plastique pour cacher les dégradations en attendant d’être réparée.
Au même moment ou presque, le monument en hommage à Maurice Barrès à Charmes, son village natal dans les Vosges, inauguré en 1952, a été vandalisé avec des graffitis où l’on peut lire, entre autres aimables inscriptions : « Fachos, barrez-vous ». Il ne fait donc guère de doute que ce sont des gauchistes, des antifas qui sont les auteurs de ces agissements. Nous le disions dans notre précédente édition, la haine de la gauche et de l’extrême gauche à l’égard du camp national et nationaliste est tellement vive, torride et incandescente qu’elle ne s’arrête pas à la mort de ses ennemis. Elle leur refuse le repos. Elle va profaner jusqu’à leur dernière demeure. Et la haine traverse les décennies et les siècles. Robert Brasillach a été exécuté il y a quatre-vingts ans et Maurice Barrès est mort il y a plus de cent ans en 1923. Mais cela ne change rien. Le temps ne fait rien à l’affaire. Il y a là quelque chose non seulement bien sûr de diabolique mais également de renversant, de stupéfiant, de suffocant. Comment peut-on, surtout si l’on est jeune et que l’on a la vie devant soi, qu’on devrait être plein d’enthousiasme, d’entrain, de ferveur, porté par un idéal, s’abaisser à dégrader des pierres tombales, à insulter des morts et à raviver ainsi la souffrance de la famille des disparus, de leur descendance ?
IL NE FAUT PAS s’y tromper. Nous vivons les prodromes d’une nouvelle guerre civile. Le climat est particulièrement malsain en ce moment. On assiste de manière de plus en plus manifeste à une exacerbation des passions, à une excitation des antagonismes, à une montée des haines. Tout cela est particulièrement préoccupant et n’augure rien de bon. Le jour même où devait être rendu l’hommage à Brasillach, une manifestation anti-fasciste a eu lieu dans le même arrondissement de la capitale. Il s’agissait par là d’intimider les nationalistes, de chercher le contact, voire de les agresser. Et quand ce ne sont pas les gauchistes, c’est la police du régime qui persécute sur ordre des pouvoirs publics, de la préfecture de Paris, les militants nationaux. Il y a deux ans, en février 2023, les fonctionnaires de la sous-direction des services spécialisés (SDSS) et les agents du XXe, accompagnés d’une unité cynophile (!), avaient débarqué avec des chiens, pas moins, et procédé à cinquante et un contrôles d’identité ! Cinq parmi ces militants étaient fichés “S”. L’un d’entre eux avait même été placé en garde à vue et convoqué par la justice pour une ordonnance pénale, alors même que ce rassemblement en hommage à Brasillach à l’initiative du GUD était totalement calme et pacifique.
Que dirait-on si des militants dits d’extrême droite ou d’ultra-droite, comme les grands media les désignent, allaient perturber des manifestations de gauche ou d’extrême gauche, cherchaient à provoquer, à narguer voire à frapper des militants antifascistes ? Immédiatement les media dénonceraient des hordes fascistes et des politiciens demanderaient aussitôt — et obtiendraient très probablement — la dissolution de groupements, d’organisations, d’associations de droite nationale ou radicale. Tant déjà ont été interdits de manière totalement arbitraire. En revanche, quand il s’agit de l’ultra-gauche, l’impunité est quasiment totale. Permanente et glaçante. Cela certes ne date pas d’aujourd’hui, il y a très nettement une préférence et une complaisance pour le communisme depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
ON NE LE SAIT PAS ASSEZ, on ne le dit pas assez, mais si De Gaulle a refusé de gracier Brasillach, alors que beaucoup d’écrivains demandaient un tel geste de clémence, de François Mauriac à Marcel Aymé, de Jean Anouilh à Jean Cocteau, de Paul Valéry à Paul Claudel, c’est en partie parce que l’homme de la BBC était un fauteur de guerre civile et n’était pas porté sur la concorde et le pardon, toute sa vie l’a démontré, mais c’est aussi parce qu’il voulait donner des gages au Parti communiste qui ne pardonnait pas à l’auteur des Poèmes de Fresnes d’avoir réalisé en 1943 un reportage à Katyn où il s’était rendu avec l’ambassadeur Fernand de Brinon. Lors de ce voyage, Brasillach constate les immenses fosses communes récemment découvertes et en tire un article, très documenté avec photographies à l’appui, pour le journal Je suis partout, dont il est alors rédacteur en chef, et au sein duquel il souligne la responsabilité de l’URSS, et singulièrement de sa sinistre police politique, dans l’odieux massacre de milliers d’officiers polonais et de leur famille. Or, il faut savoir que jusqu’en 1990 l’Union soviétique — et avec elle le communisme international — a toujours prétendu contre l’évidence des faits que c’était l’Allemagne nationale-socialiste qui était responsable de ce crime de masse, ainsi d’ailleurs que le tribunal militaire international de Nuremberg. C’est Mikhaïl Gorbatchev qui reconnaîtra publiquement et très tardivement la responsabilité de l’URSS dans ces assassinats monstrueux qui avaient pour but de liquider l’élite polonaise.
C’est une chose qu’on oublie souvent mais qu’il convient de rappeler régulièrement : De Gaulle s’est toujours entouré de communistes, de juifs et de francs-maçons qu’il a constamment préférés à la vraie droite. Ce fut vrai pendant la guerre et à la Libération avec l’épuration gaullo-communiste. Ce fut vrai également pendant et après la guerre d’Algérie. Qu’on songe à l’exécution de Jean Bastien-Thiry le 11 mars 1963 au fort d’Ivry, dix-huit ans après l’assassinat de Robert Brasillach au fort de Montrouge le 6 février 1945. Dans les deux cas, c’est le même homme qui a ordonné qu’ils fussent fusillés alors qu’il eût parfaitement pu et dû les gracier. Tant que ce qu’ils appellent la mémoire ne consistera qu’à un entretien de la haine, à travers les générations et les siècles, on ne pourra pacifier les esprits et œuvrer à la concorde et à la réconciliation. Tant que l’on fera preuve de manichéisme, de sectarisme, voire de fanatisme, tant que l’on enseignera des mensonges qui nous font tant de mal, comme le disait déjà le Maréchal, tant qu’on falsifiera l’histoire de notre pays, qu’on vivra dans les anathèmes, les ostracismes, les excommunications et les diabolisations de tout ce qui n’est pas impeccablement républicain, alors aucune renaissance nationale ne sera possible. Sans vérité sur le passé, il ne peut en effet y avoir de paix dans le présent ni d’espoir dans l’avenir. […]
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Source : Éditorial de Rivarol