Les Sept Couleurs, 250 pages, 22 €

Préface de Philippe d’Hugues, Postface et notes du professeur Alain Lanavère, Avertissement de Robert Brasillach.
Dans ce texte inédit que Brasillach qualifiait de « semble-roman », on peut déjà déceler les ébauches des thèmes qui nourriront son œuvre future.
Sans être autobiographique, cet ouvrage s’inspire évidemment de la vie de son jeune auteur. Les familiers de Robert Brasillach reconnaîtront Sens, Collioure, la plage de Canet; ils identifieront certains visages venus de camaraderies estudiantines toutes fraîches ; ils retrouveront les goûts littéraires du khâgneux. Les autres seront sensibles à la peinture un peu surannée de la jeunesse représentative de la classe moyenne des années trente.
Avec une sorte de nonchalance paresseuse, parfois lascive, le personnage principal, André Véranes, s’épanche sur les vacances, la mer, les jeunes filles en fleur – à une époque où les garçons regardaient ces créatures comme autant d’êtres attirants et mystérieux. Il médite longuement sur l’amitié, la vraie, celle de Montaigne et La Boétie, qu’il découvre cette année-là, reflet de celle qui unira pour la vie Robert Brasillach à Maurice Bardèche. Et, surtout, André Vérane a le goût de sa propre jeunesse: âgé de dix-huit ans, il se souvient de ses seize ans; il nous invite à savourer les heures qui s’écoulent, avec un bonheur teinté d’inquiétude, déjà soucieux du souvenir qu’il en gardera, comme d’une nostalgie future.
La préface est de Philippe d’Hugues, enthousiasmé par cette découverte littéraire. Une postface du professeur Alain Lanavère, suivie de notes abondantes, vient éclairer le texte par une étude critique montrant tout ce qui est en gestation dans le travail du romancier en herbe qui deviendra un des meilleurs espoirs des lettres françaises avant de finir tragiquement face à un peloton d’exécution, 17 ans plus tard.
Essayiste et romancier, Robert Brasillach (1909-1945) fit ses études au lycée Louis-le-Grand à Paris puis à l’Ecole Normale Supérieure. Très jeune, il devint le responsable de la chronique littéraire de L’Action française et l’auteur de plusieurs chef-d’œuvres littéraires. En 1939, il succédera à Pierre Gaxotte à la tête de l’hebdomadaire Je suis partout. En 1945, victime des drames de l’épuration, il fut condamné à mort par une cour de justice et exécuté malgré une pétition signée et adressée au général De Gaulle par les plus grands écrivains français dont François Mauriac.
Disponible sur Livres en famille
LE NOUVEAU PRESENT, Les lectures de Madeleine Cruz, novembre 2025 : bonnes vacances, Monsieur Brasillach !
La parution des bulletins de l’association des amis de Robert Brasillach est une aventure dans l’aventure, si l’on peut dire : cette aventure, c’est la publication plus ou moins trimestrielle, par des bénévoles, d’un recueil, d’une compilation, consacrés à un seul écrivain, l’auteur de Comme le temps passe.
Une sorte d’épais cahier, ma foi très correctement imprimé et mis en page. Les membres de ce club élitiste et raffiné, amateur à la fois de bonne littérature du XXe siècle et d’Histoire contemporaine, sont ainsi régulièrement tenus au courant de l’actualité concernant l’œuvre de Robert Brasillach. Le numéro 158 de la revue évoque par exemple les commémorations relatives à la disparition du poète, il y a 80 ans, ceci sous la plume de Bruno Bardèche, neveu de Robert Brasillach. La première page du bulletin de l’automne 1980, qui portait le numéro 82, est reproduite en page 51 du bulletin de l’automne 2025. En 45 ans, on mesure le chemin parcouru : le bulletin de 1980 était un modeste recueil de quelques feuilles ronéotées, et agrafées à la main selon toute vraisemblance. Le bulletin d’aujourd’hui, lui, compte 60 pages. Il est bourré de photos. Il serait d’ailleurs plus judicieux de parler de revue, à présent, car au fil du temps il s’est épaissis, amélioré, et se présente presque comme un magazine, quoiqu’imprimé en noir et blanc sur papier crème non glacé. Pierre Fabre, le fondateur et président de l’époque de l’association n’en reviendrait pas, lui qui était quasiment persuadé que cette association ne lui survivrait pas. Le bénévolat total, l’absence de toutes subventions publiques, le silence trop souvent entretenu autour de Brasillach, auraient du en effet aboutir à la disparition de l’association et de ses publications. Or c’est tout le contraire : le président de l’association, le Suisse Philippe Junod, nous signale, dans son éditorial, « un regain d’adhésions ».
La réédition, très travaillée, dans le cadre des Editions des Sept Couleurs, de cinq ouvrages de Brasillach (en collaboration avec Maurice Bardèche pour l’Histoire de la guerre d’Espagne) n’a sans doute pas été étrangère à ce « regain ». Mais le développement des réseaux sociaux, la baisse des coûts d’impression, la droitisation de la société française, ont certainement aussi leur part dans ce mouvement de redécouverte de Brasillach, et plus globalement des talents qu’unifia un temps l’hebdomadaire Je Suis Partout, On pense par exemple aux écrits de P.A. Cousteau et à ceux de Rebatet. Les œuvres, complètes ou presque, de ces deux auteurs, maudits et censés être détestés et encore régulièrement montrés du doigt dans les médias mainstream, sont ou ont été rééditées. Qui l’eût cru ?
Ecrits d’extrême jeunesse Le président Junod nous annonce dans le même bulletin des amis de Robert Brasillach, et dans le même éditorial, qu’un inédit de ce dernier, Les vacances, va être publié d’ici peu. Robert Brasillach avait écrit ce roman à l’âge de 19 ans, ceci en quelques semaines seulement, pendant l’été 1928. J’ai hâte de le lire, et de voir si dès ce très jeune âge, le talent perçait déjà, si les thèmes qui dominent l’œuvre de Brasillach se devinaient. Ce roman, qui est donc inédit à ce jour, aurait dû être incorporé dans les œuvres complètes de Brasillach. Mais ce ne fut pas le cas. Maurice Bardèche avait accepté la responsabilité de piloter (et préfacer) les Œuvres complètes, au Club de l’Honnête Homme (qui parurent entre 1963 et 1966), mais il aurait finalement écarté cet inédit, se souvenant peut-être de ce que lui avait dit Robert, en 1929 : « J’abandonne mes Vacances que j’avais pensé remanier considérablement. Mais je ne sais pas remanier […] ».
































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