Sur les ruines du quinquennat, les barons du PS préparent l’après-Hollande
« Si d’ici trois à six mois, la situation ne s’est pas inversée, ce sera foutu »
aurait déclaré à plusieurs proches ces derniers jours Manuel Valls selon Le Monde1. Après les ordonnances, Manuel Valls évoque désormais également la possibilité de recourir à l’article 49.3, texte qui permet au gouvernement de faire adopter un texte sans vote à l’assemblée, ne laissant aux députés qu’une solution en cas d’opposition : renverser le gouvernement.
À l’approche d’un vote de confiance qui s’annonce compliqué à l’Assemblée nationale pour le gouvernement, les députés frondeurs du Parti socialiste (PS) se comptent et comptabilisent les soutiens au gouvernement pour voir jusqu’où ils peuvent se permettre de boycotter le vote. Le coup d’État n’est pas loin : pour la première fois sous la Ve République, une « majorité » pourrait renverser son propre gouvernement.
La transformation de Valls I en Valls II, au lieu de fournir à l’exécutif un bol d’air comme espéré, n’a fait que créer des crises sans fin. Les couacs se sont multipliés depuis la rentrée, sans compter les provocations d’un gouvernement se ralliant à un grand patronat plus que jamais arc-bouté sur ses privilèges. Affaire Thévenoud, affaires Trierweiler, explosion du déficit public, dette, chute de la croissance, attaque contre les pensions des petits retraités, grèves en série… : la situation ne fait que confirmer un sentiment qui s’est imposé depuis un peu plus de deux ans : le quinquennat de François Hollande est un désastre. Les barons du PS, se désintéressant plus encore de la France et des Français, préparent déjà l’après-Hollande.
« Je ne resterai pas pour rester, mais pour agir »
aurait affirmé Manuel Valls, se ménageant une porte de sortie avant la fin du quinquennat pour ne pas trop endosser le calamiteux bilan de François Hollande. Toujours selon Le Monde, un haut dirigeant du PS précise :
« Il sait qu’il ne va pas rester à Matignon jusqu’en 2017, il prépare déjà l’après, mais il ne sait pas comment ni quand partir »
Un autre ajoute :
« Depuis la rentrée, Valls n’envoie que des signaux de droite qui nous coupent toujours plus de notre électorat. Comme il sait que le quinquennat est déjà foutu, il fait en sorte que la gauche perde en 2017 pour être le recours en 2022 »
_______________________________________
1Des propos démentis aujourd’hui par Manuel Valls :
« Mais vous vous rendez compte que des propos ainsi sont rapportés et considérés comme sérieux? Je suis là pour tenir, dans un dialogue permanent avec la majorité et le Parlement, pour tenir parce que le pays a besoin que l’exécutif tienne, assume ses responsabilités, assume l’autorité. Vous pensez un seul moment que je pourrais quitter les fonctions qui sont les miennes ? Non, au contraire, il faut sortir de cette ambiance délétère, entretenue par des rumeurs, des titres de presse qui sont totalement infondés. Je ne fonctionne pas avec le petit calcul, je suis là pour tenir, la mission que le Président de la République et la majorité m’ont confiée : préparer le pays à l’avenir, lutter contre le chômage, répondre aux inquiétudes aux craintes aux peurs de nos compatriotes. Donc ma mission, dans la durée, je l’accomplirai jusqu’au bout, chacun peut en être bien certain »