« Le ploutocrates n’est donc ni le grand industriel, ni le financier : c’est une espèce hybride, intermédiaire entre l’économie et la finance, c’est “la fleur du mal” du pire capitalisme. Dans la production, ce n’est pas la production elle-même qui l’intéresse mais l’opération financière à laquelle elle peut donner lieu, dans la finance. L’administration régulière des capitaux ne l’intéresse pas d’avantage, mais leur multiplication, grâce à des acrobaties osées contre les intérêts d’autrui. Son champ d’action est en dehors de la production organisée de n’importe quelle richesse et en dehors de la circulation normale des capitaux en monnaie. Il ne connaît ni les droits du travail, ni les exigences de la morale, ni les lois de l humanité. S’il fonde des sociétés c est pour bénéficier de leurs apports et les passer à d’autres, s’il obtient une concession gratuite, c’est pour la recéder déjà comme une valeur : s’il s’empare d’une entreprise c’est pour que celle-ci supporte les pertes que d’autres lui ont fait subir. Pour arriver à cela, le ploutocrate agit dans le milieu économique et dans le milieu politique en employant toujours le même procédé : la corruption. »
Salazar
Cela fait une petite quarantaine d’années que j’ai vu sans plaisir extrême – mais avec la satisfaction de constater la prise en compte réaliste d’une évidence – la résurgence du qualificatif « ploutocrate ». Depuis 1945 “on” s’était acharné à l’“estomper” dans les dictionnaires.
Le docteur Salazar était un homme de bon sens et d’équilibre (lire – pour s’en persuader – ce qu’en a écrit Jean Haupt qui l’avait abondamment côtoyé)… Comme Mussolini et Hitler – mais avec peut-être plus de subtilité – il portait en lui l’antithèse de la “conception” ploutocratique des choses.
Sur la corruption – contre quoi les salazars de ce monde s’efforcent de lutter – une psychiatre pénitentiaire me révéla un jour que, dans sa spécialité, on la considérait comme une perversion. À ma demande de ce qu’était « une perversion », elle me répondit que, du point de vue thérapeutique, sa caractéristique par excellence était d’être un mal incurable (je pense qu’elle l’est restée). Aussi ai-je pu lui répondre que, dans le même souffle, non seulement elle venait de me révéler que la corruption était incurable mais que l’évidence sociétale nous confirmait qu’en plus elle était contagieuse et promise à un très intéressant avenir.
Les stratégies de ceux qui – dans leur recherche absolue et frénétique de profit – ne veulent pas de bien à nos peuples se fondent à l’évidence sur la combinaison d’un mal contagieux, réputé incurable avec pour fond de commerce l’exploitation de la connerie (« humaine » – précise-t on – mais c’est une redondance).
Nous avons donc du pain sur la planche et la nécessité de forger nos élites dans du wolfram. Les fonder sur des bases sûres nécessite en premier lieu de leur faire comprendre l’ensemble des mécanismes de la fange démocratique tout en les en extirpant pour leur donner une plate-forme de départ qui soit saine (un radeau sur un océan de pourriture). Vaste programme de double échelle de valeurs: celles – naturelles (et donc nobles) – à usage interne… doublées de la connaissance de celles – vulgaires et falsifiées – qui leur permettra ne pas se laisser enliser dans ce que l’“on” déverse sur nos malheureux peuples.
La recherche du bon sens et le retour à de échelles cohérentes devraient nous y aider.