Carlo Maria Viganò, 79 ans, aujourd’hui encore archevêque (titulaire d’Ulpiana), est un prélat lombard de famille aisée, ordonné prêtre en 1968 et diplomate de carrière. Il a longtemps occupé des postes prestigieux au service du Saint-Siège : observateur au Conseil de l’Europe, nonce au Nigeria, chef du personnel, puis secrétaire général de la cité du Vatican, et enfin, à partir de 2011, nonce apostolique aux États-Unis.
En août 2018, alors que l’Église américaine était secouée, et les fidèles stupéfaits, de la révélation des abus sexuels commis par un de ses plus hauts hiérarques, le cardinal Theodore McCarrick (archevêque émérite de Washington), Mgr Vigano publiait une lettre ouverte affirmant que le Vatican avait tenté de dissimuler l’affaire, alors qu’endossant lui-même le rôle de lanceur d’alerte, il avait précédemment exhorté, en vain, ses supérieurs de prendre des décisions et sanctions.
Désavoué par le Vatican, depuis lors, Mgr Vigano s’est voué à dénoncer abus et dérives, notamment celles conduisant à l’intégration de l’agenda mondialiste dans l’Église (ou de l’Église dans le dispositif mondialiste) donnant à beaucoup de catholique la force de résister à des pouvoirs hostiles à l’homme et à sa dignité. Le Saint-Siège vient maintenant de décider de faire passer Mgr Viganò devant la justice ecclésiale, l’accusant de schisme, soit l’un des plus graves délits d’un point de vue canonique, puni éventuellement d’excommunication.
Le 20 juin 2024, Mgr Vigano était donc convoqué au dicastère pour la Doctrine de la foi pour répondre de « ses déclarations publiques dont il résulte une négation des éléments nécessaires au maintien de la communion avec l’Église catholique », notamment la « négation de la légitimité du pape François », la rupture de la communion avec le pontife et le « rejet du Concile Vatican II ». Refusant de se rendre à la convocation, Mgr Viganò affirme considérer les accusations portées contre lui « comme un honneur » et qualifie le Concile Vatican II de « cancer idéologique, théologique, moral et liturgique » dont l’Église synodale portée par François serait une « métastase ».
Voici sa déclaration en réponse aux accusations vaticanes.
DÉCLARATION
par SE Monseigneur Carlo Maria Viganò,
archevêque par intérim d’Ulpiana, nonce apostolique sur l’accusation de schisme
« Mais quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! Nous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure, si quelqu’un vous annonce un autre Évangile que celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème. » (Galates 1:8-9)
« Quand je pense que nous sommes dans le palais du Saint-Office, qui est le témoin exceptionnel de la Tradition et de la défense de la foi catholique, je ne peux m’empêcher de penser que je suis chez moi, et que c’est moi, que vous appelez “le traditionaliste”, qui dois vous juger. » Ainsi parlait Mgr Marcel Lefebvre en 1979, lorsqu’il fut convoqué à l’ancien Saint-Office, en présence du préfet, le cardinal Franjo Šeper, et de deux autres prélats.
Comme je l’ai déclaré dans mon communiqué du 20 juin, je ne reconnais ni l’autorité du tribunal qui prétend me juger, ni celle de son préfet, ni celle de celui qui l’a nommé. Cette décision, certes douloureuse, n’est pas le fruit de la précipitation ou d’un esprit de rébellion, mais elle est dictée par la nécessité morale qui, en tant qu’évêque et successeur des apôtres, m’oblige en conscience à témoigner de la Vérité, c’est-à-dire de Dieu lui-même, de Notre Seigneur Jésus-Christ.
J’affronte cette épreuve avec la détermination qui naît de la certitude que je n’ai aucune raison de me considérer comme séparé de la communion avec la Sainte Église et avec la Papauté, que j’ai toujours servie avec dévotion filiale et fidélité. Je ne pourrais concevoir un seul moment de ma vie en dehors de cette unique Arche de salut, que la Providence a constituée comme Corps mystique du Christ, dans la soumission à son Divin Chef et à son Vicaire sur terre.
Les ennemis de l’Église catholique craignent la puissance de la grâce qui agit par les sacrements, et surtout la puissance de la Sainte Messe, terrible catéchon qui contrecarre beaucoup de leurs efforts et gagne à Dieu tant d’âmes qui, autrement, seraient damnées. Et c’est précisément cette conscience de la puissance de l’action surnaturelle du sacerdoce catholique dans la société qui est à l’origine de leur féroce hostilité à la Tradition. Satan et ses sbires savent très bien quelle menace représente la seule véritable Église pour leur projet antichristique. Ces subversifs – que les Pontifes romains ont courageusement dénoncés comme ennemis de Dieu, de l’Église et de l’humanité – sont identifiables dans la franc-maçonnerie inimica vis, qui a infiltré la hiérarchie et a réussi à lui faire déposer les armes spirituelles dont elle disposait, ouvrant les portes de la Citadelle à l’ennemi au nom du dialogue et de la fraternité universelle, concepts intrinsèquement maçonniques. Mais l’Église, à l’exemple de son divin Fondateur, ne dialogue pas avec Satan : elle le combat.
LES CAUSES DE LA CRISE ACTUELLE
Comme le souligne Romano Amerio dans son essai fondateur Iota Unum, cette capitulation lâche et coupable a commencé avec la convocation du Concile œcuménique Vatican II et avec l’action clandestine et hautement organisée de clercs et de laïcs liés aux sectes maçonniques, visant à subvertir lentement mais sûrement la structure de gouvernement et le magistère de l’Église pour la démolir de l’intérieur. Il est inutile de chercher d’autres raisons : les documents des sectes secrètes démontrent l’existence d’un plan d’infiltration conçu au XIXe siècle et réalisé un siècle plus tard, exactement dans les termes dans lesquels il a été conçu. Des processus de dissolution similaires avaient déjà eu lieu dans la sphère civile, et ce n’est pas un hasard si les papes ont pu saisir dans les soulèvements et les guerres qui ont ensanglanté les nations européennes l’œuvre désintégratrice de la franc-maçonnerie internationale.
Depuis le Concile, l’Église est ainsi devenue porteuse des principes révolutionnaires de 1789, comme l’ont admis certains partisans de Vatican II, et comme le confirme l’appréciation des Loges pour tous les Papes du Concile et de la période post-conciliaire, précisément en raison de la mise en œuvre des changements que les Francs-Maçons réclamaient depuis longtemps.
Le changement – ou mieux encore, l’aggiornamento – a été tellement au centre du récit conciliaire qu’il a été la marque de fabrique de Vatican II et a posé cette assemblée comme le terminus post quem qui sanctionne la fin de l’ ancien régime – le régime de la « vieille religion », de la « vieille messe », du « pré-concile » – et le début de « l’Église conciliaire », avec sa « nouvelle messe » et la relativisation substantielle de tout dogme. Parmi les promoteurs de cette révolution figurent les noms de ceux qui, jusqu’au pontificat de Jean XXIII, avaient été condamnés et écartés de l’enseignement en raison de leur hétérodoxie. La liste est longue et comprend également Ernesto Buonaiuti, l’excommunié Vitandus , ami de Roncalli, mort sans repentir dans l’hérésie, et dont le président de la Conférence épiscopale italienne, le cardinal Matteo Zuppi, a commémoré il y a quelques jours la messe dans la cathédrale de Bologne, comme le rapporte avec une emphase mal dissimulée Il Faro di Roma ( ici ) : « Près de quatre-vingts ans plus tard, un cardinal qui s’inscrit parfaitement dans la lignée du pape recommence avec un geste liturgique qui a à tous égards le goût d’une réhabilitation. Ou du moins un premier pas dans cette direction . »
L’ÉGLISE ET L’ANTI-ÉGLISE
Je suis donc convoqué devant le tribunal qui a pris la place du Saint-Office pour être jugé pour schisme, alors que le chef des évêques italiens – identifié comme étant parmi les papabili et complètement dans la ligne du pape – célèbre illicitement une messe de suffrage pour l’un des pires et des plus obstinés représentants du modernisme, contre lequel l’Église – celle dont selon eux je suis séparé – avait prononcé la sentence de condamnation la plus sévère. En 2022, dans le journal de la Conférence épiscopale italienne Avvenire, le professeur Luigino Bruni a fait l’éloge du modernisme en ces termes :
[…] « un processus de renouvellement nécessaire pour l’Église catholique de son temps, encore imperméable aux études critiques sur la Bible, établies depuis de nombreuses décennies dans le monde protestant. Pour Buonaiuti, l’acceptation des études scientifiques et historiques sur la Bible était la principale voie de la rencontre de l’Église avec la modernité. Une rencontre qui n’a pas eu lieu, car l’Église catholique était encore dominée par les théorèmes de la théologie néoscolastique et bloquée par la crainte de la Contre-Réforme que les vents protestants n’envahissent finalement le corps catholique ».
Ces mots suffiraient à nous faire comprendre l’abîme qui sépare l’Église catholique de celle qui l’a remplacée, à partir du Concile Vatican II, lorsque les vents protestants ont finalement envahi le corps catholique. Cet épisode très récent n’est que le dernier d’une série sans fin de petits pas, d’acquiescements silencieux, de clins d’œil complices par lesquels les dirigeants mêmes de la hiérarchie conciliaire ont rendu possible le passage « des théorèmes de la théologie néoscolastique » – c’est-à-dire de la formulation claire et sans équivoque des dogmes – à l’apostasie actuelle. Nous nous trouvons dans la situation surréaliste où une hiérarchie se dit catholique et exige donc l’obéissance du corps ecclésial, tout en professant en même temps des doctrines que l’Église avait condamnées avant le Concile ; et en condamnant en même temps comme hérétiques des doctrines qui jusqu’alors avaient été enseignées par tous les papes.
Cela se produit lorsque l’absolu est éloigné de la Vérité et relativisé en l’adaptant à l’esprit du monde. Comment auraient agi aujourd’hui les pontifes des derniers siècles ? Me jugeraient-ils coupable de schisme, ou condamneraient-ils plutôt celui qui prétend être leur successeur ? Avec moi, le Sanhédrin moderniste juge et condamne tous les papes catholiques, parce que la foi qu’ils ont défendue est la mienne ; et les erreurs que défend Bergoglio sont celles qu’ils ont condamnées, sans exception. Les paroles du martyr jésuite Edmund Campion en réponse au verdict le déclarant coupable de trahison en 1581 s’appliquent au Vatican actuel tout autant qu’elles s’appliquaient alors au Défenseur de la Foi : « En nous condamnant, vous condamnez tous vos propres ancêtres ».
HERMÉNEUTIQUE DE LA RUPTURE
Je me demande alors : quelle continuité peut-on assurer entre deux réalités qui s’opposent et se contredisent ? Entre l’Église conciliaire et synodale de Bergoglio et celle « bloquée par la peur de la contre-réforme » dont il s’éloigne ostensiblement ? Et de quelle « Église » serais-je en état de schisme, si celle qui se dit catholique diffère de la véritable Église précisément dans sa prédication de ce qu’elle a condamné et dans sa condamnation de ce qu’elle a prêché ?
Les adeptes de « l’Église conciliaire » répondront que cela est dû à l’évolution du corps ecclésial dans un « renouvellement nécessaire » ; tandis que le Magistère catholique nous enseigne que la Vérité est immuable et que la doctrine de l’évolution des dogmes est hérétique. Deux Églises, certes : chacune avec ses doctrines, ses liturgies et ses saints ; mais alors que pour le croyant catholique l’Église est Une, Sainte, Catholique et Apostolique, pour Bergoglio l’Église est conciliaire, œcuménique, synodale, inclusive, immigrationniste, éco-durable et gay-friendly.
L’AUTO-DESTITUTION DE LA HIÉRARCHIE CONCILIAIRE
Est-il alors possible que l’Église ait commencé à enseigner l’erreur ? Pouvons-nous croire que l’unique Arche du salut soit en même temps un instrument de perdition pour les âmes ? Que le Corps mystique se sépare de son Chef divin, Jésus-Christ, faisant échouer la promesse du Sauveur ? Cela ne peut évidemment pas être admissible, et ceux qui soutiennent une telle idée tombent dans l’hérésie et le schisme. L’Église ne peut enseigner l’erreur, et son Chef, le Pontife romain, ne peut pas être à la fois hérétique et orthodoxe, Pierre et Judas, en communion avec tous ses prédécesseurs et en même temps en schisme avec eux. La seule réponse théologiquement possible est que la hiérarchie conciliaire, qui se proclame catholique mais embrasse une foi différente de celle constamment enseignée depuis deux mille ans par l’Église catholique, appartient à une autre entité et ne représente donc pas la véritable Église du Christ.
A ceux qui me rappellent que Mgr Marcel Lefebvre n’est jamais allé jusqu’à mettre en doute la légitimité du Pontife romain, tout en reconnaissant l’hérésie et même l’apostasie des papes conciliaires – comme lorsqu’il s’écriait : « Rome a perdu la foi ! Rome est en apostasie ! » – je leur rappelle que depuis cinquante ans la situation s’est dramatiquement aggravée et que, selon toute probabilité, ce grand Pasteur agirait aujourd’hui avec la même fermeté, répétant publiquement ce qu’il disait alors seulement à ses clercs : « Dans ce concile pastoral, l’esprit d’erreur et de mensonge a pu travailler à son aise, posant partout des bombes à retardement qui feront exploser les institutions en temps voulu » (Principes et directives, 1977). Et encore : « Celui qui est assis sur le trône de Pierre participe au culte de faux dieux. Quelle conclusion tirerons-nous, peut-être dans quelques mois, face à ces actes répétés de communication avec de faux cultes ? Je ne sais pas. Je me le demande. « Mais il est possible que nous soyons obligés de croire que le pape n’est pas pape. Car à première vue, il me semble – je ne veux pas encore le dire de manière solennelle et publique – qu’il est impossible qu’un hérétique soit publiquement et formellement pape » (30 mars 1986).
Qu’est-ce qui nous fait comprendre que l’« Église synodale » et son chef Bergoglio ne professent pas la foi catholique ? C’est l’adhésion totale et inconditionnelle de tous ses membres à une multiplicité d’erreurs et d’hérésies déjà condamnées par le Magistère infaillible de l’Église catholique et le rejet ostentatoire de toute doctrine, précepte moral, acte de culte et pratique religieuse qui ne soit pas sanctionné par « leur » concile. Aucun d’eux ne peut en conscience souscrire à la profession de foi tridentine et au serment antimoderniste, car ce qu’ils expriment tous deux est l’exact opposé de ce qu’insinuent et enseignent Vatican II et le soi-disant « magistère conciliaire ».
Puisqu’il n’est pas théologiquement défendable que l’Église et la papauté soient des instruments de perdition plutôt que de salut, nous devons nécessairement conclure que les enseignements hétérodoxes véhiculés par la soi-disant « Église conciliaire » et les « papes du Concile » à partir de Paul VI constituent une anomalie qui remet sérieusement en question la légitimité de leur autorité magistérielle et gouvernementale.
L’USAGE SUBVERSIF DE L’AUTORITÉ
C’est-à-dire que nous devons comprendre que l’usage subversif de l’autorité dans l’Église visant à sa destruction (ou à sa transformation en une autre Église que celle voulue et fondée par le Christ) constitue en soi un élément suffisant pour rendre nulle et non avenue l’autorité de ce nouveau sujet qui s’est malicieusement superposé à l’Église du Christ, en usurpant le pouvoir. C’est pourquoi je ne reconnais pas la légitimité du Dicastère qui me fait le procès.
La manière dont s’est déroulée l’action hostile contre l’Église catholique confirme qu’elle était planifiée et voulue, car autrement ceux qui la dénonçaient auraient été écoutés et ceux qui y avaient collaboré auraient immédiatement cessé. Certes, aux yeux de l’époque et avec la formation traditionnelle de la plupart des cardinaux, évêques et clercs, le « scandale » d’une hiérarchie qui se contredisait elle-même apparaissait comme une énormité telle qu’elle incitait de nombreux prélats et clercs à ne pas croire qu’il était possible que les principes révolutionnaires et maçonniques puissent trouver acceptation et promotion dans l’Église. Mais ce fut précisément le coup de maître de Satan – comme l’a appelé Mgr Lefebvre – qui a su se servir du respect naturel et de l’amour filial des catholiques pour l’autorité sacrée des pasteurs pour les inciter à faire passer l’obéissance avant la Vérité, espérant peut-être qu’un futur pape pourrait d’une certaine manière guérir le désastre accompli et dont on devinait déjà les résultats explosifs. Cela ne s’est pas produit, malgré le fait que certains aient courageusement sonné l’alarme. Et je me compte moi aussi parmi ceux qui, dans cette phase troublée, n’ont pas osé s’opposer aux erreurs et aux déviations qui n’avaient pas encore pleinement démontré leur valeur destructrice. Je ne veux pas dire que je n’avais pas une idée de ce qui se passait, mais que je n’ai pas trouvé – en raison du travail intense et des tâches bureaucratiques et administratives de grande ampleur au service du Saint-Siège – les conditions propices qui m’auraient permis de saisir la gravité inouïe de ce qui se passait sous nos yeux.
LE CHOC
L’occasion qui m’a conduit à entrer en conflit avec mes supérieurs ecclésiastiques a commencé lorsque j’étais délégué aux représentations pontificales, puis secrétaire général du gouvernorat, et enfin nonce apostolique aux États-Unis. Ma guerre contre la corruption morale et financière a déclenché la fureur du secrétaire d’État de l’époque, le cardinal Tarcisio Bertone, lorsque – conformément à mes responsabilités de délégué aux représentations pontificales – j’ai dénoncé la corruption du cardinal McCarrick et me suis opposé à ce qu’il promeuve des candidats corrompus et indignes à l’épiscopat présentés par le secrétaire d’État, qui m’a fait transférer au gouvernorat parce que « je l’empêchais de nommer les évêques qu’il voulait ». C’est toujours Bertone, avec la complicité du cardinal Giovanni Lajolo, qui a entravé mon travail visant à combattre la corruption généralisée dans le gouvernorat, où j’avais déjà obtenu des résultats importants au-delà de toute attente. Ce sont également Bertone et Lajolo qui ont convaincu le pape Benoît XVI de m’expulser du Vatican et de m’envoyer aux États-Unis. C’est là que je me suis retrouvé à devoir affronter les événements ignobles du cardinal McCarrick, y compris ses relations dangereuses avec les représentants politiques de l’administration Obama-Biden et aussi au niveau international, que je n’ai pas hésité à signaler au secrétaire d’État Parolin, qui n’en a tenu aucun compte.
Cela m’a conduit à considérer sous un angle différent de nombreux événements dont j’ai été témoin au cours de ma carrière diplomatique et pastorale, et à saisir leur cohérence avec un projet unique qui, par sa nature, ne pouvait être ni exclusivement politique ni exclusivement religieux, puisqu’il incluait une attaque globale contre la société traditionnelle fondée sur les aspects doctrinaux, moraux et liturgiques de l’Église.
LA CORRUPTION COMME INSTRUMENT DE CHANTAGE
C’est pourquoi, après avoir été un Nonce apostolique estimé – pour lequel le cardinal Parolin lui-même m’a reconnu il y a quelques jours pour ma loyauté, mon honnêteté, ma correction et mon efficacité exemplaires – je suis devenu un archevêque gênant, non seulement parce que j’ai demandé justice dans les procès canoniques entrepris contre des prélats corrompus, mais aussi et surtout pour avoir fourni une clé d’interprétation qui montre comment la corruption au sein de la Hiérarchie était une prémisse nécessaire pour la contrôler, la manipuler et la contraindre par le chantage à agir contre Dieu, contre l’Église et contre les âmes. Et ce modus operandi – que la franc-maçonnerie avait décrit en détail avant d’infiltrer le corps ecclésial – reflète celui adopté dans les institutions civiles, où les représentants du peuple, surtout aux plus hauts niveaux, sont largement sujets au chantage parce qu’ils sont corrompus et pervertis. Leur obéissance aux illusions de l’élite mondialiste conduit les peuples à la ruine, à la destruction, à la maladie et à la mort – la mort non seulement du corps, mais aussi de l’âme. Car le véritable projet du Nouvel Ordre Mondial – auquel Bergoglio est asservi et duquel il tire sa propre légitimité auprès des puissants du monde – est un projet essentiellement satanique, dans lequel l’œuvre de la Création du Père, de la Rédemption du Fils et de la Sanctification du Saint-Esprit est haïe, effacée et contrefaite par la simia Dei et ses serviteurs.
SI VOUS NE PARLEZ PAS, LES PIERRES ELLES-MÊMES CRIERONT
Être témoin de la subversion totale de l’ordre divin et de la propagation du chaos infernal avec la collaboration zélée des dirigeants du Vatican et de l’épiscopat nous fait comprendre combien sont terribles les paroles de la Vierge Marie à La Salette – Rome perdra la foi et deviendra le siège de l’Antéchrist – et quelle trahison odieuse constitue l’apostasie des Pasteurs, et la trahison encore plus inouïe de celui qui siège sur le Trône du Très Saint Pierre.
Si je devais garder le silence face à cette trahison – qui se consomme avec la complicité effrayante de beaucoup, trop de prélats qui ne veulent pas reconnaître dans le Concile Vatican II la cause principale de la révolution actuelle et de la falsification de la Messe catholique comme origine de la dissolution spirituelle et morale des fidèles – je romprais le serment prêté le jour de mon ordination et renouvelé à l’occasion de ma consécration épiscopale. En tant que Successeur des Apôtres, je ne peux ni ne veux accepter d’assister à la démolition systématique de la Sainte Église et à la damnation de tant d’âmes sans essayer par tous les moyens de m’opposer à tout cela. Je ne peux pas non plus considérer qu’un silence lâche au nom d’une vie tranquille soit préférable au témoignage de l’Évangile et à la défense de la vérité catholique.
Une secte schismatique m’accuse de schisme : cela devrait suffire à démontrer la subversion en cours. Imaginez quelle impartialité de jugement pourra exercer un juge s’il dépend de celui que j’accuse d’être un usurpateur. Mais précisément parce que cet événement est emblématique, je veux que les fidèles – qui ne sont pas tenus de connaître le fonctionnement des tribunaux ecclésiastiques – comprennent que le crime de schisme n’est pas commis lorsqu’il existe des raisons bien fondées de considérer l’élection du pape comme douteuse, en raison tant du vitium consensus que des irrégularités ou violations des normes qui régissent le conclave (cf. Wernz-Vidal, Ius Canonicum , Rome, Pont. Univ. Greg., 1937, vol. VII, p. 439).
La bulle Cum ex apostolatus officio de Paul IV établit à perpétuité la nullité de la nomination ou de l’élection de tout prélat – y compris le pape – qui serait tombé dans l’hérésie avant sa promotion au cardinalat ou son élévation au rang de pontife romain. Elle définit la promotion ou l’élévation comme nulla, irrita et inanis – nulle, invalide et sans valeur – « même si elle a eu lieu avec l’accord et le consentement unanime de tous les cardinaux ; on ne peut pas non plus dire qu’elle soit validée par la réception de l’office, de la consécration ou de la possession […], ou par l’intronisation putative […] du pontife romain lui-même, ou par l’obéissance qui lui a été donnée par tous et par le cours d’une durée quelconque dans ledit exercice de son office ». Paul IV ajoute que tous les actes accomplis par cette personne doivent être considérés également nuls, et que ses sujets, tant clercs que laïcs, sont libérés de l’obéissance à son égard, « sans préjudice, cependant, de la part de ces mêmes sujets, de l’obligation de fidélité et d’obéissance à donner aux futurs évêques, archevêques, patriarches, primats, cardinaux et pontifes romains qui seront canoniquement installés ». Paul IV conclut : « Et pour la plus grande confusion de ceux ainsi promus et élevés, là où ils prétendent continuer leur administration, il est permis de demander l’aide du bras séculier ; et pour cette raison, ceux qui se détournent de la loyauté et de l’obéissance envers ceux qui ont été promus et élevés de la manière déjà mentionnée, ne doivent être soumis à aucune de ces censures et punitions imposées à ceux qui voudraient déchirer la tunique du Seigneur ».
C’est pourquoi, en toute sérénité de conscience, je maintiens que les erreurs et les hérésies auxquelles Bergoglio a adhéré avant, pendant et après son élection, ainsi que l’intention qu’il avait dans son apparente acceptation de la papauté, rendent son élévation au trône nulle et non avenue.
Si tous les actes de gouvernement et d’enseignement de Jorge Mario Bergoglio, dans leur contenu et leur forme, se révèlent étrangers et même en conflit avec ce qui constitue l’action de n’importe lequel des papes ; si même un simple croyant et un non-catholique comprennent l’anomalie du rôle que joue Bergoglio dans le projet mondialiste et antichrétien mené par le Forum économique mondial , les agences de l’ONU, la Commission trilatérale, le groupe Bilderberg, la Banque mondiale et par toutes les autres branches tentaculaires de l’élite mondialiste, cela ne démontre pas le moins du monde que je souhaite le schisme en soulignant et en dénonçant cette anomalie. Pourtant, je suis attaqué et poursuivi parce qu’il y a ceux qui se trompent en pensant qu’en me condamnant et en m’excommuniant, ma dénonciation du coup d’État perdra en quelque sorte sa cohérence et sa consistance. Cette tentative de faire taire tout le monde ne résout rien ; en effet, cela rend d’autant plus coupables et complices ceux qui tentent de dissimuler ou de minimiser la métastase qui détruit le corps ecclésial.
LA « DEMINUTIO » DU PONTIFICAT SYNODAL
A tout cela, il faut ajouter le document d’étude L’évêque de Rome ( ici ) que le Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens a récemment publié et la dévalorisation de la papauté qui y est théorisée, en application de l’encyclique Ut Unum Sint de Jean-Paul II , qui se réfère à son tour à la Constitution Lumen Gentium de Vatican II. Il paraît tout à fait légitime – et de devoir, au nom de la primauté de la vérité catholique consacrée dans les documents infaillibles du Magistère pontifical – de se demander si le choix délibéré de Bergoglio d’abolir le titre apostolique de Vicaire du Christ et de choisir de se définir simpliciter comme évêque de Rome ne constitue pas en quelque sorte une deminutio de la papauté elle-même, une attaque contre la constitution divine de l’Église et une trahison du Munus petrinum. Et à y regarder de plus près, l’étape précédente a été franchie par Benoît XVI, qui a inventé – avec l’« herméneutique » d’une « continuité » impossible entre deux entités totalement étrangères – le monstruum d’une « papauté collégiale » exercée simultanément par le jésuite et l’émérite.
Ce n’est pas un hasard si le Document d’étude cite une phrase de Paul VI : « Le Pape […] est sans aucun doute l’obstacle le plus sérieux sur le chemin de l’œcuménisme » (Discours au Secrétaire pour la promotion de l’unité des chrétiens, 28 avril 1967). Montini avait commencé à préparer le terrain quatre ans plus tôt en abandonnant dramatiquement la Tiare. Si telle est la prémisse d’un texte qui entend servir à rendre la papauté romaine « compatible » avec la négation de la primauté de Pierre que rejettent les hérétiques et les schismatiques ; et si Bergoglio lui-même se présente comme un simple primus inter pares au milieu de l’assemblée des sectes et des confessions chrétiennes non en communion avec le Siège apostolique, omettant de proclamer la doctrine catholique sur la papauté définie solennellement et infailliblement par le premier concile du Vatican, comment ne pas penser que l’exercice de la papauté et même l’intention même de l’accepter ont été affectés d’un défaut de consentement ( ici et ici ) , de nature à rendre la légitimité du « pape François » nulle ou du moins hautement douteuse ? De quelle « Église » pourrais-je me séparer, quel « pape » refuserais-je de reconnaître, si la première se définit comme « Église conciliaire et synodale » en antithèse de « l’Église préconciliaire » – c’est-à-dire l’Église du Christ – et que la seconde démontre qu’elle considère la papauté comme sa prérogative personnelle dont elle peut se débarrasser en la modifiant et en l’altérant à volonté, toujours en cohérence avec les erreurs doctrinales impliquées par Vatican II et le « magistère » postconciliaire ?
Si la papauté romaine – la papauté, pour être clair, celle de Pie IX, Léon XIII, Pie X, Pie XI, Pie XII – est considérée comme un obstacle au dialogue œcuménique, et si le dialogue œcuménique est poursuivi comme la priorité absolue de « l’Église synodale », représentée par Bergoglio, quelle meilleure façon de mettre en œuvre ce dialogue qu’en supprimant les éléments qui rendent la papauté incompatible avec lui, et donc en l’altérant d’une manière complètement illégitime et invalide ?
LE CONFLIT ENTRE TANT DE FRÈRES ÉVÊQUES ET DE FIDÈLES
Je suis convaincu que parmi les évêques et les prêtres, nombreux sont ceux qui ont vécu et vivent encore aujourd’hui le conflit intérieur atroce de se trouver divisés entre ce que le Christ Pontife leur demande – et ils le savent bien – et ce que celui qui se présente comme évêque de Rome leur impose par la force, par le chantage et par les menaces.
Aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire que nous, pasteurs, nous réveillions de notre torpeur : « Hora est iam nos de somno surgere » (Rm 13, 11). Notre responsabilité devant Dieu, devant l’Église et devant les âmes nous demande de dénoncer sans équivoque toutes les erreurs et les déviations que nous avons trop longtemps tolérées, car nous ne serons jugés ni par Bergoglio ni par le monde, mais par Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous lui rendrons compte de chaque âme perdue par notre négligence, de chaque péché commis par chaque âme à cause de nous, de chaque scandale devant lequel nous sommes restés silencieux par fausse prudence, par désir de vivre tranquillement, par complicité.
Le jour où je devais me présenter pour me défendre devant le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, j’ai décidé de rendre publique cette déclaration, à laquelle j’ajoute une dénonciation de mes accusateurs, de leur « concile » et de leur « pape ». Je demande aux saints apôtres Pierre et Paul, qui ont consacré de leur sang le sol de l’Alma Urbe, d’intercéder devant le trône de la Divine Majesté, afin qu’ils obtiennent que la Sainte Église soit enfin libérée du siège qui l’éclipse et des usurpateurs qui l’humilient, faisant de la Domina gentium la servante du plan antichristique du Nouvel Ordre Mondial.
POUR LA DÉFENSE DE L’ÉGLISE
Ma défense n’est donc pas personnelle, mais plutôt celle de la Sainte Église du Christ, dans laquelle j’ai été constitué évêque et successeur des apôtres, avec le mandat précis de sauvegarder le dépôt de la foi et de prêcher la Parole, en insistant sur les importunités opportunes – en temps et hors de temps –, en censurant, en réprimandant, en exhortant avec toute patience et en instruisant (2 Tm 4, 2).
Je rejette avec force l’accusation d’avoir déchiré le vêtement sans couture du Sauveur et de m’être éloigné de l’autorité suprême du Vicaire du Christ : pour me séparer de la communion ecclésiale avec Jorge Mario Bergoglio, il faudrait d’abord que j’aie été en communion avec lui, ce qui n’est pas possible puisque Bergoglio lui-même ne peut être considéré comme membre de l’Église, en raison de ses multiples hérésies et de son étrangeté et incompatibilité manifestes avec le rôle qu’il occupe de manière invalide et illicite.
MES ACCUSATIONS CONTRE JORGE MARIO BERGOGLIO
Devant mes frères dans l’épiscopat et devant tout le corps ecclésial, j’accuse Jorge Mario Bergoglio d’hérésie et de schisme, et je demande qu’il soit jugé comme hérétique et schismatique et démis de ses fonctions du trône qu’il occupe indignement depuis plus de onze ans. Cela ne contredit en rien l’adage Prima Sedes a nemine judicatur, car il est évident que, puisqu’un hérétique ne peut assumer la papauté, il n’est pas au-dessus des prélats qui le jugent.
J’accuse également Jorge Mario Bergoglio d’avoir provoqué – en raison du prestige et de l’autorité du Siège apostolique qu’il usurpe – de graves effets indésirables, la stérilité et la mort chez les millions de fidèles qui ont suivi son invitation insistante à se soumettre à l’inoculation d’un sérum génétique expérimental produit à partir de fœtus avortés, au point d’émettre une « Note » formelle déclarant que l’utilisation du vaccin est moralement autorisée ( ici et ici ) . Il devra répondre devant le Tribunal de Dieu de ce crime contre l’humanité.
Enfin, je dénonce l’accord secret entre le Saint-Siège et la dictature communiste chinoise, par lequel l’Église a été humiliée et forcée d’accepter la nomination des évêques par le gouvernement, le contrôle des célébrations liturgiques et des limitations de sa liberté de prédication, tandis que les catholiques fidèles au Siège apostolique sont persécutés en toute impunité par le gouvernement de Pékin avec le silence complice du Sanhédrin romain.
LE REJET DES ERREURS DE VATICAN II
Je considère comme un honneur d’être « accusé » de rejeter les erreurs et les déviations impliquées par le soi-disant Concile œcuménique Vatican II, que je considère comme complètement dépourvu d’autorité magistérielle en raison de son hétérogénéité par rapport à tous les vrais Conciles de l’Église, que je reconnais et accepte pleinement, tout comme je reconnais et accepte pleinement tous les actes magistériaux des Pontifes romains.
Je rejette avec conviction les doctrines hétérodoxes contenues dans les documents de Vatican II et qui ont été condamnées par les papes jusqu’à Pie XII, ou qui contredisent de quelque façon que ce soit le magistère catholique. Je trouve pour le moins déconcertant que ceux qui me jugent pour schisme soient ceux qui embrassent la doctrine hétérodoxe selon laquelle il existe un lien d’union « avec ceux qui, étant baptisés, sont honorés du nom de chrétiens, bien qu’ils ne professent pas la foi dans son intégralité ou ne conservent pas l’unité de communion avec le successeur de Pierre » (LG 15). Je me demande avec quelle facilité on peut reprocher à un évêque le manque de communion qui existerait également avec les hérétiques et les schismatiques.
Je condamne, rejette et refuse également les doctrines hétérodoxes exprimées dans le soi-disant « magistère postconciliaire » issu de Vatican II, ainsi que les récentes hérésies relatives à « l’Église synodale », la reformulation de la papauté dans une optique œcuménique, l’admission des concubins aux sacrements et la promotion de la sodomie et de l’idéologie du « genre ». Je condamne également l’adhésion de Bergoglio à la fraude climatique, une superstition néo-malthusienne folle engendrée par ceux qui, haïssant le Créateur, ne peuvent s’empêcher de détester aussi la Création, et avec elle l’homme, qui est fait à l’image et à la ressemblance de Dieu.
CONCLUSION
Aux fidèles catholiques, scandalisés et désorientés aujourd’hui par les vents de nouveauté et les fausses doctrines promues et imposées par une hiérarchie rebelle au divin Maître, je vous demande de prier et d’offrir vos sacrifices et vos jeûnes pro libertate et exaltatione Sanctæ Matris Ecclesiæ, afin que la Sainte Mère l’Église retrouve sa liberté et triomphe avec le Christ, après ce temps de passion. Que ceux qui ont eu la grâce d’être incorporés à Elle dans le baptême n’abandonnent pas leur Mère qui est aujourd’hui prostrée et souffrante : tempora bona veniant, pax Christi veniat, regnum Christi veniat ! [Qu’adviennent les temps heureux ! Qu’advienne la paix du Christ ! Qu’advienne le règne du Christ !]
Donné à Viterbe, le 28 juin de l’an de grâce 2024, la veillée des saints apôtres Pierre et Paul.
+ Carlo Maria Viganò, archevêque
Source : exsurgedomine.it
Voir aussi :
Mgr Carlo Maria Viganò sur Jeune Nation
Conclusion l eglise est morte c est visible depuis 40 ans … Quand a l eglise catholique traditionnaliste elle suivra. Je suis entoure de tradi et je suis frappe du nombre de predicateurs bibliques qui enmerdent le monde et que personne ne recadre jamais…Tous theologiens specialistes de tout et de rien diffusant leurs conneries sans aucune retenue. le pire c est le vase clos bourgeois c est une catastrophe …Par moment je regarde autour de moi mais ou sont les ouvriers et les employes? Je suis entoure de bac +5 ,de cadres, de commercants, de militaires et de fonctionnaires…d improductifs. Elle est ou la france du travail????
L’esprit des clercs est depuis 1979 dans le monde catholique traditionaliste totalement apathique ; il vit sur une autre planète à se faire des romans totalement déconnectés de la réalité. Cela l’incite à des discours incohérents, remplis de contradictions. Et à ne pas bouger. Quand quelque chose dans la réalité le dérange, il fuit pour s’éviter d’avoir à tirer des conclusions et prendre des décisions qui irait contre ses intérêts, contre son bonheur terrestre (une expression qui dans la bouche de Notre Dame à La Salette raisonnait comme le pire des péchés dont les clercs était atteint). Il faut dire que ce bonheur terrestre résume toute l’attitude des clercs aujourd’hui, leur paralysie. Pour ne pas y porter atteinte, il ne se nourrit ni de la Parole de Dieu, ni de la philosophie et de l’histoire, et pas davantage par le sens critique analytique reposant sur les enseignements et commandements du Christ. Il cultive au plus haut point le cléricalisme qui est en matière de bonheur terrestre son nirvana. Cela l’a conduit à rejeter la doctrine franciscaine, trop dérangeante, en ce qu’elle est une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu, s’attache trop à la réalité, lui préférant la doctrine dominicaine, c’est-à-dire le Thomisme, qui est plus orientée sur la philosophie et la raison. Elle permet surtout de prouver tout et son contraire au gré du vent, des intérêts en jeu, mais au détriment de la vérité. Surtout, elle le conduit à être aveugle, à vivre dans l’incohérence et la contradiction.
Parmi les facteurs qui incitent à la paralysie du mouvement dans le monde catholique traditionaliste, il y a d’abord une totale inculture des milieux traditionalistes au sujet de la doctrine des Néo-Modernistes. Leurs connaissances sont basées sur celles de Mgr Lefebvre qui étaient bien minces. Il avait saisi que la doctrine néo-moderniste touchait au Libéralisme, mais ses lectures (qui ne sont venues qu’après le Concile) ne lui avaient fait découvrir que le Catholicisme libéral de Lamennais (1782-1854), de Montalembert (1810-1870), et de Sangnier (1873-1950). Il ignorait tout de la Nouvelle Apologétique, plus connue sous le nom de Modernisme développée par Alfred Loisy (1857-1940), doctrine fondée sur l’historico-cristicisme, qui relevait de la Théologie Libérale. Il ignorait tout également du Libéralisme catholique de l’École catholique de Tübingen sous influence de l’école protestante de la même ville. Il ignorait encore tout de la Nouvelle Théologie plus connue sous le nom de Néo-Modernisme, qui est une revisitation philosophique de la pensée d’Alfred Loisy par Maurice Blondel (1861-1949), Henri de Lubac S.J. (1896-1991) et Pierre Teilhard de Chardin S.J. (1881-1955), approfondie après la Seconde Guerre mondiale par des théologiens progressistes, notamment par Karl Rahner S.J. (1904-1984), Yves Congar O.F.M. (1904-1995), et plus récemment par Joseph Ratzinger (1927-….). Pour Mgr Lefebvre la doctrine des Néo-Modernistes n’était qu’une variation de la doctrine catholique, un simple état d’esprit libéral qui restait dans ses fondements catholiques. A partir de là, personne n’a osé aller contre son jugement. Et tirer d’autres conclusions. Jusque à aujourd’hui … Certes la doctrine néo-moderniste est hérétique, ne cesse-t-on de dire, mais elle est tout de même catholique. Belle incohérence. Jamais, au demeurant, vous n’entendrez dans la bouche ou sous la plume d’un clerc traditionaliste affirmer en reprenant Saint Pie X que la doctrine néo-moderniste est le collecteur de toutes les hérésies qui tend à l’anéantissement du Christianisme, et qu’il faut donc en tirer toutes les conséquences, toutes sans exception !… Le silence est total. Ce silence est d’autant plus troublant qu’au XVIème siècle, face aux Réformés, les Catholiques étaient loin de se laisser manipuler, de composer avec les fils de Satan, de rester passif dans leur coin. Ceux qui ont eu les comportements des clercs traditionalistes d’aujourd’hui ont fini par passer au Protestantisme.
Au Concile Vatican II, les Traditionalistes ignorant tout de la doctrine des Néo-Modernistes se sont fait manipuler comme des enfants de chœur par les Révolutionnaires néo-modernistes. Appliquant les méthodes subversives d’Antonio Gramsci (1891-1937), ceux-ci ont utilisé leurs faiblesses pour les piéger et parvenir à leurs fins. Les Tradionalistes n’ont rien compris ni rien vu à ce qui se tramait et s’organisait sous leurs yeux, et de ce fait ils ont été incapables de pouvoir réagir. Ils avaient cru participer à un Concile catholique alors même que les Néo-Modernistes avaient avec obstination déconstruit sous leurs yeux la religion catholique et développé les principes de leur religion faisant de Vatican II leur Nicée comme l’a dit Paul VI à Mgr Lefebvre le 29 juin 1975. Au Concile de Trente, les Réformés avaient tout organisé pour mettre en place le même scénario. Malheureusement pour eux, ils avaient rencontré des Traditionalistes plus subtils et clairvoyants qui les avaient empêchés d’utiliser le Concile pour y imposer leur religion. Dramatiquement, au Concile Vatican II, les Traditionalistes n’ont pas été à la hauteur et n’ont rien empêché, tout juste obligé les Révolutionnaires à dissimuler sous un double langage les éléments de leur doctrine.
Certains cependant voudraient réécrire l’histoire et faire passer les Traditionalistes du Concile pour des opposants fermes. Il n’y a que les imbéciles qui réécrivent l’histoire. On ne peut pas la réécrire, elle est ce qu’elle est mais on peut en tirer des forces pour agir, pour organiser des actions et favoriser un mouvement actif. Le problème, ce n’est toutefois pas l’attitude de ceux-ci, quoi qu’elle soit critiquable et regrettable, mais la perpétuation aujourd’hui de leur attitude dans le monde catholique traditionaliste alors que les livres et articles abondent pour enrichir notre information et nous fournir un fond objectif d’éléments propres à nous conduire à des analyses personnelles objectives. Les portes du savoir sur les Néo-Modernistes nous sont aujourd’hui ouvertes. Et à tout un chacun. On ne peut pas faire comme si la connaissance de cette secte nous était fermée. N’est de nos jours ignorant que celui qui veut l’être. Or, aujourd’hui nous voyons des évêques et des prêtres traditionalistes qui semblent tout ignorer des Néo-Modernistes, de leur histoire, de leur doctrine, de leur politique, de leur stratégie de conquête, vivre sur des romans qu’ils se racontent. Cela est d’ailleurs difficile à comprendre. Quand, par exemple, on voit des prêtres ne cesser de nous bassiner avec le Sillon et Marc Sangnier et se refuser de découvrir la véritable doctrine du Modernisme élaborée par Alfred Loisy, se refuser à lire les livres d’historiens reconnus du Modernisme, comme Émile Poulat (1922-2014) ou Claude Tresmontant (1925-1997), il y a de quoi rester éberlué. Les milieux traditionalistes donnent l’impression d’avoir peur de la vérité et de devoir reconnaître que la doctrine des Néo-Modernistes n’est pas une simple variation de la doctrine catholique, fruit d’un simple esprit libéral, mais est constitutive d’une doctrine travaillée, globale et totale, aux fondements athées, dont ils devraient tirer les conclusions qui s’imposent pour le bien commun et le salut éternel.
L’esprit humain sait détecter l’incohérence, mais l’homme n’a pas toujours le courage ou la sincérité suffisantes pour la dénoncer. Qu’une personnalité éminente de l’Église le fasse devrait inciter les Catholiques à réfléchir et à en tirer des conséquences personnelles. Comme je le disais sur un autre fil de discussion, l’essentiel est cependant, en cette période troublée, de garder et de réaffirmer sa foi en Dieu.
D’après le commentaire d’Alex, le milieu nationaliste est pour le moins déséquilibré. C’est que l’heure n’est plus aux apparences, et que les incohérences ne sont plus acceptées. La revendication traditionaliste n’est pas un gage de sincérité dans la foi ni de valeur humaine. Or c’est bien la valeur des hommes, la qualité des cœurs, qui seules peuvent soutenir un mouvement. Le nombre, considéré comme déterminant dans le système démocratique, est accessoire.
Autre facteur qui participe également d’une profonde inculture : la connaissance superficielle de Vatican II. Il a fallu attendre 1975, soit dix ans après le Concile, pour que les milieux traditionalistes s’intéressent aux 16 textes du Concile. Et encore, ce n’est que sous la contrainte des Révolutionnaires qu’ils ont dû les lire. Ils se sont attardés sur quelques sujets ayant attiré leur attention (l’œcuménisme, la liberté religieuse, les relations interreligieuses, la collégialité, le subsistit in). Mais peu se sont hasardés à lire les 16 documents de manière critique, par le biais de l’herméneutique, phrase après phrase, pour y dénicher les hérésies qui y étaient contenues. Trop fastidieux et trop fatiguant ! Aussi leurs lacunes sur le Concile sont-elles immenses. Prenons un exemple dans l’ecclésiologie de Vatican II : le cas des laïcs qui avaient été jetés au XVème siècle hors de l’Église où le Christ les avait placés. Vatican II les a réintégrés dans sa conception de l’Église et en a fait même des prêtres. Dans le monde catholique traditionaliste, on ne trouve aucune étude sur ce sujet. Il faut dire que celui-ci est très sensible en ce qu’il remet en cause le cléricalisme. Pour avoir des informations sur celui-ci, il faut aller regarder du côté des Néo-Modernistes et notamment du Père Yves Congar, qui a développé une théologie du laïcat et est à l’origine de la réintégration au Concile Vatican II des laïcs dans le schéma de l’Église dressé par les Néo-Modernistes. La lecture partielle que les Traditionalistes ont du Concile les empêche d’observer et de constater qu’il a organisé dans les moindres détails, en opposition à la religion catholique, elle fondée sur le culte de Dieu, une autre religion, elle fondée sur le culte de l’Homme. Cette inculture sur Vatican II a naturellement pour effet de relativiser le contenu hérétique du Concile Vatican II et de ne pas voir les buts des Néo-Modernistes avec l’organisation de celui-ci et l’ensemble des conséquences désastreuses qu’il a eues sur le Christianisme, la religion catholique, la foi des fidèles, …
Maintenant, il existe un facteur dont on ne saurait dire exactement ce qu’il est : le cléricalisme ou la Tradition dans son concept. Les deux en fait sont liés, la Tradition est seulement un mouvement du cléricalisme. La Tradition telle qu’elle est perçue aujourd’hui par les Traditionalistes hors de sa théorie est une fabrication humaine, qui a été élaborée entre le XIème et le XVIème siècle par des « théologiens » pour satisfaire aux désirs politiques de la Papauté de se débarrasser des immixtions laïques dans les affaires religieuses, en réservant l’Église aux seuls clercs, les laïcs en étant éjectés, ceux-ci devant cependant se soumettre et obéir en tout aux clercs, enfin en faisant de l’Église universelle un quasi-État et une monarchie, dont les États chrétiens devaient être les vassaux. Toute la construction a été organisée au bénéfice du bonheur terrestre des clercs, non à celui de la Foi et du bien commun. Nul ne saurait contester ce fait ; nous avons à notre disposition nombre de documents historiques incontestables, tous accessibles à tout un chacun. Ces documents nous viennent d’une époque, entre le XIVème siècle et le XVIème siècle, où ont eu lieu des débats houleux à ce sujet venant des Franciscains, surtout des Ockhamistes, puis des Réformés. Les révoltes de John Wiclif (vers 1330-1384) en Angleterre et de Jean Huss (1372-1415) en Bohême avec les disputatio opposant Thomas de Vio dit Cajétan (1465-1534) à Martin Luther (1483-1546) sont une mine d’informations en la matière.
Je suis tout à fait d’accord avec vous. Ces querelles entre modernistes, anti-modernistes, tradis, non tradis est complètement vaine et me lasse au plus haut point. Il faut simplement avouer que la liturgie traditionnelle est beaucoup plus belle que celle de la nouvelle messe. Mais est-ce qu’une liturgie plus traditionnelle enfante plus de cœurs purs, d’âmes droites et d’esprits probes? Instruit par l’expérience, je n’ai pas vu de gens meilleurs aux messes tradis qu’aux messes modernes. Il y a des fidèles très louables et détestables en égale proportion aux deux. Alors que si on suit le raisonnement insinué par les défenseurs de la « Tradition », vu que l’église avant Paul VI était meilleure, les fidèles assistant aux messes traditionnelles devraient être meilleurs.
Pourtant la vocation de l’Eglise est bien ici, nous aider à essayer d’extirper le péché en nous, le reste, peu nous en chaut.
Si Loisy a mis un coup de pied dans la fourmilière, c’est qu’il avait aussi quelques raisons… Sa célèbre phrase « on a prêché le Christ, c’est l’Eglise qui est venue » résume assez bien son combat auquel je ne souscris pas entièrement cependant.
Je pense aussi qu’il est tout à l’honneur de l’Eglise actuelle d’accepter les méthodes historico-critiques d’étude de la Bible inaugurées par les protestants allemands.
Les humanistes italiens de la Renaissance avaient cependant commencé le travail. Avoir attesté par exemple dans la première moitié du XVe siècle le caractère apocryphe de la donation de Constantin est tout à l’honneur de Lorenzo Valla. Il a fait progresser ici l’humanité dans la vérité et non l’imposture.
La lettre de Mgr Vigano me fait vraiment sourire, il reprend tous les poncifs en cours contre l’Eglise d’après le concile sans compter toutes les inepties conspis qui achèvent de le discréditer (le réchauffement climatique est entre autre pour lui une faribole à laquelle adhère Bergoglio), c’est pourtant elle qui le nourrit et lui donne de hautes fonctions depuis 40 ans. Il me fait penser un peu à tous ces généraux en retraite qui écrivent des lettres ouvertes critiquant l’armée après avoir y avoir fait carrière. Il fallait donc qu’il quittât l’Eglise avant, si cette dernière accusait tant de défauts.
Quant à la naissance du protestantisme en 1517, c’est un peu comme pour les modernistes et les néo-modernistes, Luther avait quelques raisons. La fin du XVe et le début du XVIe ont eu les pires papes de l’histoire. Comment ne pas être scandalisé par leur vie? Bergoglio est un enfant de chœur à côté.
Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour savoir que Sixte IV avait deux fils et que si on s’intéresse un peu à son pontificat, tout suggère qu’il était pédéraste. Quant au pape suivant, Innocent VIII, bien qu’il ait eu deux enfants avant d’être clerc, il maria, par souci d’augmenter l’influence de sa famille, son fils à Madeleine de Médicis, la fille de Laurent. En échange, il nomma Giovanni, le fils de Laurent cardinal à 13 ans. Giovanni deviendra le pape Léon X en 1513. Il faut bien s’arranger entre amis… Je ne parle même pas d’Alexandre VI, la concupiscence et la lubricité incarnées, qui a eu plusieurs maîtresses et 10 enfants, dont les célèbres Lucrèce et César Borgia.
Ces mœurs auraient été pardonnables pour un état de laïc, mais non pour des papes de l’Eglise catholique, apostolique et romaine, qui prescrit le célibat ecclésiastique depuis les années 1140, je crois. Ce qui frappe est que ces papes, au lieu d’être discrets, ont utilisé leurs enfants ostensiblement pour nouer des alliances avec les plus grandes familles d’Italie.
Et puis ces magouilles scandaleuse d’alors comme la simonie, je pense au commerce des indulgences, c’en était trop! Le résultat fut les 95 thèses affichées sur un portail de l’église de Wittenberg le 31 octobre 1517 et la mise à feu de l’Europe pensant deux siècles. On expie toujours ses péchés, surtout quand on professe orbi et urbi la haine de ceux-ci.
LA REVOLUTION GREGORIENNE A GENERE LA SITUATION ACTUELLE
Jusqu’au XIème siècle les choses n’ont pas bougé. En 962, l’Empereur du Saint Empire romain d’Occident a pris un décret qui instaurait le césaro-papisme. Comme par ailleurs la noblesse, et en particulier la noblesse romaine, avait tendance à vouloir un peu trop s’immiscer dans les affaires purement religieuses, il y a eu une vive réaction de la Papauté pour faire cesser ces intrusions laïques. Il y a eu une lutte acharnée entre les deux camps, mais finalement c’est la Papauté qui a gagné.
Des Papes ont voulu alors transformer la Papauté en monarchie et l’Église universelle en un quasi-État dont les États chrétiens devaient être, dans l’esprit du Moyen Age, des vassaux. Les théologiens de l’université de Bologne ont été les premiers à travailler à cette démarche. Par la suite d’autres écoles ont apporté leur pierre à l’édifice, notamment l’École de Salamanque. Les théologiens ont cessé de prendre les textes sacrés du Christianisme comme base de leurs raisonnements, préférant s’appuyer sur la philosophie et sur le juridisme, notamment sur un droit canonique en plein essor. Mais peut-on parler de « théologiens » dans la mesure où les auteurs ont utilisé à la fois la philosophie appuyée sur la raison et le juridisme, pour élaborer des systèmes finis qui laissaient croire aux naïfs et aux simples que tout procédait de Dieu alors même que tout était en opposition avec les textes sacrés du Christianisme.
Dans le même temps, l’urbanisation des pays progressant, les habitants des villes accédant à la culture, la Bourgeoisie a voulu à son tour s’immiscer dans les affaires de leurs paroisses et de leurs diocèses. Cela a été la coupe qui a fait déborder le vase. Profitant de la réflexion en cours sur la mutation de l’Église universelle en un quasi-État et une monarchie, on a voulu profiter de l’occasion pour transformer l’Église en une société temporelle hiérarchique d’où les laïcs devaient être exclus, où le Pape allait se retrouver au sommet de la hiérarchie. Ainsi d’intendant du Christ, le Pape s’est retrouvé Empereur suzerain de tous les États chrétiens. Quant à l’Église, on a oublié qu’elle était une société d’ordre spirituel et surnaturel, pour en faire une société temporelle hiérarchique comprenant exclusivement les clercs. Les laïcs ont cessé d’être perçus comme étant dans l’Église pour ne plus être que « de l’Église », devenant des sujets placés sous la totale domination des clercs auxquels ils devaient obéissance.
Clercs eux-mêmes, des « théologiens » sont venus très naturellement justifier cette mutation de l’Église-troupeau en Église-caste des clercs. Selon le discours de légitimation (cf. Les controverses sur la foi chrétienne contre les hérétiques de ce temps, de Saint Robert Bellarmin), l’Église était une assemblée d’appelés, une assemblée sacerdotale. Nul ne se joignait à cette assemblée de lui-même, ou par une démarche personnelle, mais parce qu’il était prévenu par un appel de Dieu. Cet appel participait de la vocation et celui qui était appelé se retrouvait justifié et glorifié. On en a donc conclu que seuls les appelés, donc les clercs, pouvaient former l’assemblée des appelés et donc constituer l’Église. Un deuxième principe a été invoqué pour ce faire : il était lié à une admonestation de Pierre aux Anciens : « Quant aux anciens qui sont parmi vous, je les exhorte donc, moi qui suis ancien comme eux et témoin des souffrances du Christ, et qui aurai part aussi à la gloire qui va se révéler : Faites paître le troupeau de Dieu qui est chez vous… » (1 Pierre 5, 1-2). Et aussi un troisième, pour sa part attaché à l’autorité au sens d’ascendant produit par la connaissance, l’admiration, et l’estime sur les esprits, une autorité qui a été transformée en un pouvoir radical de commandement absolu et de puissance pour se faire obéir, la Foi étant reléguée au second rang. L’obéissance est devenue tout, la Foi une justification à l’obéissance. Dans ce troisième principe, très étrangement, on a oublié la fin de ce que Pierre avait dit dans son exhortation aux anciens, à savoir : « Faites paître le troupeau de Dieu qui est chez vous, non pour un gain honteux, mais avec ardeur, non en exerçant votre domination sur ceux qui vous sont échus en partage, mais en vous montrant les modèles du troupeau » (1 Pierre, 5, 2-3).
D’autres théologiens, plus attachés au respect des textes sacrés du Christianisme et de la Parole divine, ont combattu très activement ces justifications, notamment Guillaume d’Ockham (vers 1285-1347) et Marsile de Padoue (vers 1275-1342). Mais ces derniers ont perdu.
Alors que le Christ voulait l’unité de ses disciples basée sur la Foi autour de ses enseignements et commandements, autour de sa Révélation, on a organisé une rupture dans l’unité en écartant les laïcs des clercs et en faisant d’un intendant un Empereur suzerain dans un système théocratique. On a en outre instauré un pouvoir autoritaire des clercs basé sur une soumission et une obéissance absolue des laïcs. Le terme « laïc » s’est même retrouvé synonyme d’ignorant, d’illettré, une ignorance et un illettrisme qui sont mêmes devenus le centre d’une politique des clercs à l’égard des laïcs. Cette modification a conduit à faire des baptisés laïques des sujets soumis à la domination du clergé et à offrir à celui-ci tous les moyens pour faire prévaloir ses seules préoccupations, très terre à terre, son bonheur terrestre comme l’a dit amèrement Notre Dame à La Salette (1846). Cette cléricalisation des esprits continue aujourd’hui encore à peser sur les laïcs dans le monde catholique traditionaliste malgré l’accès à la culture de plus en plus de fidèles.
En faisant évoluer l’Église universelle d’une société religieuse temporelle en un quasi-État monarchique, l’Église de société d’ordre spirituel et surnaturel en une société temporelle cléricale hiérarchique, les « théologiens » ont changé le paradigme de la conception de l’Église. Les évangiles, textes sacrés du Christianisme, rapportant la Parole du Christ, ont disparu des fondements du droit pour se voir substituer un juridisme produit d’une philosophie basée sur la raison, sur la raison humaine (qui va ouvrir les portes à Kant et à Hegel), qui est devenue l’Alpha et l’Omega du raisonnement dans le monde catholique traditionaliste. La philosophie a permis aux « théologiens » d’innover et de s’adapter aux circonstances, au temps et aux lieux, alors qu’ils étaient coincés avec les évangiles, avec les lois divines qui étaient contenues dans les textes sacrés du Christianisme. Le droit développé à partir des interprétations philosophiques de leurs auteurs a ainsi remplacé la loi divine jugée trop rigide, trop contraignante, généralement ramenée à un discours sans intérêt ou détourné de son sens. Par le biais de cette évolution, l’Église d’universalité des fidèles du Christ où les clercs et les laïcs formaient ensemble le troupeau sous la conduite de leur Pasteur est devenue une caste hiérarchisée, celle des clercs, avec le Pape-Vicaire du Christ-Souverain au sommet. Les laïcs se sont retrouvés non seulement séparés du reste du troupeau, mais on leur a imposé d’avoir à être sous la domination de la caste, d’avoir à lui obéir et à se soumettre à sa miséricorde sans aucune discussion possible.
Nous devons toutefois souligner que cette évolution dans la conception de l’Église qui était passablement radicale a porté atteinte à la conception portée par le Christ de son Église. Et en cela, la mutation opérée constitue une hérésie en elle-même. Mais tout à leur bonheur terrestre les clercs ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour disséminer dans les esprits simples que ces développements avaient une base divine. Eux-mêmes ont fini par y croire. Cette cléricalisation de l’Église qui flatte l’orgueil et la vanité des clercs s’est inscrite dans ce qu’on appelle aujourd’hui la Tradition.
Toutefois ce mouvement à un certain moment de l’Histoire a été par ses résultats catastrophique : Il n’a suscité que divisions et ruptures dans l’unité organisée par le Christ. Il porte la responsabilité de l’émergence du Protestantisme et de la Franc-maçonnerie, du Jansénisme, du Modernisme et du Néo-Modernisme, du développement de l’agnosticisme et de l’athéisme, etc…
Presque toutes les églises d’Ecosse sont à vendre ,certaines transformées en bars , restaurants.Pas encore en bains Turcs, ça viendra peut étre .Je m’en fous ,la plupart des Cathos sont des bobos qui votent au centre et sont heureux de recevoir des Bantous chez eux ,parfois de marier leurs filles avec leurs protégés Leur foi n’est plus que traditions confortables . Si l’église servait aujourd’hui à quelque chose ,ça se saurait . Il vaut mieux d’ailleurs que ces batiments soient transformés plutot que de les laisser tomber en ruine comme beaucoup de chateaux abandonnés .Ce patrimoine construit avec la sueur de nos ancètres est incomparable , souvent les transformations sont bien faites et respectueuses de l’architecture du moins . (je crois que j’ai vu l’info avec photos sur UNZ)