Adolf Hitler n’a pas évoqué l’incident de Gleiwitz dans sa déclaration de guerre à la Pologne, pourquoi alors se serait-il donné la peine de monter un faux drapeau si c’est pour ne pas s’en servir – surtout que la Pologne lui offrait tous les motifs qu’il fallait ? Tout le monde sait ce que c’est que Pearl Harbor. Personne ne sait quoi que ce soit de Gleiwitz, un incident qui pourtant, d’après le Tribunal Militaire International de Nuremberg, est à l’origine de la Seconde Guerre mondiale !
Naissance d’une fable
À la fin de la guerre, Robert H. Jackson, juge à la Cour suprême des États-Unis de 1941 à 1954, était envoyé en Europe à seule fin de faire de l’Allemagne l’unique responsable de la Seconde Guerre mondiale. En tant que chef de la délégation américaine, il a contribué à la rédaction de la Charte de Londres du Tribunal militaire international, le fondement juridique des procès de Nuremberg.
Après avoir pris connaissance de certains documents, Jackson avait bien compris que la déclaration de guerre allemande aux États-Unis était parfaitement légale. Il lui fallait donc coûte que coûte démontrer devant le tribunal que la guerre en Europe était, dès l’origine, une agression allemande contraire au droit international (ce qui en faisait un crime contre la paix). Ainsi, l’invasion de la Pologne devait apparaître comme une agression unilatérale non provoquée. Mais là encore, les pièces du dossier qu’il avait en main lui indiquaient qu’une telle thèse de la responsabilité exclusive de l’Allemagne n’aurait aucune chance de tenir devant un tribunal impartial. Il prévoyait que :
« Les Allemands accuseront certainement nos trois alliés européens d’avoir mené une politique qui a imposé la guerre. Je dis cela parce que les documents saisis du ministère allemand des Affaires étrangères que j’ai vus arrivent tous à la même conclusion : «Nous n’avons pas d’échappatoire, nous devons nous battre, nous sommes encerclés, nous sommes étranglés». Que dirait un juge si cela devait remonter à la surface au procès ? Sans doute qu’avant de condamner quelqu’un comme agresseur, il fallait d’abord établir ses motivations ».
Ce qui serait catastrophique, poursuivait Jackson, parce que :
« … si ce procès devait déboucher sur une discussion au sujet des causes politiques et économiques de la guerre, cela pourrait faire des dégâts incommensurables, tant en Europe que je ne connais pas bien, qu’en Amérique que je connais assez bien ».
Étant au service du gouvernement américain et de sa politique de guerre, Jackson a opté pour la seule solution viable : interdire toute discussion sur les causes de la guerre devant le tribunal de Nuremberg. En d’autres termes, empêcher un procès équitable : dans les transcriptions des débats, on ne trouve rien sur la politique belliciste de l’Occident, de la Pologne ou de l’URSS, presque tous les documents et témoignages qui auraient pu aller dans ce sens étant rejetés par le tribunal comme non pertinents.
Mais des dépositions comme celle signée par Alfred Naujocks, dans laquelle il affirmait, sans que rien ne vienne le corroborer, avoir participé à une opération d’infiltration allemande, la nuit même où Hitler ordonnait l’invasion de la Pologne, dont le but aurait été d’attaquer la station de radio de Gleiwitz et d’en accuser les Polonais, cette attestation, elle, était admise par le tribunal, sans question ni discussion, pour justifier le « crime contre la paix » de l’Allemagne. Naujocks n’a pas comparu en personne, seule sa déclaration sous serment a été présentée à titre de preuve ; il n’y a eu aucune possibilité de contre-interrogatoire du témoin par la défense.
C’est de cette manière que des « preuves » se sont accumulées pour établir que le gouvernement national-socialiste était coupable de « crimes contre la paix ».
Notes biographiques sur le parcours politique de Robert Jackson
Jackson a été introduit au bureau fédéral par le président Franklin Delano Roosevelt en 1934, d’abord en tant qu’avocat général du Bureau of Internal Revenue du département du Trésor (l’actuel Internal Revenue Service), puis en tant que procureur général adjoint à la tête des services fiscaux du ministère de la Justice. En 1937, il prend la direction du service antitrust en tant que procureur général adjoint. En 1938, il est nommé avocat général des États-Unis, en poste jusqu’en janvier 1940, officiant à titre d’avocat principal du gouvernement devant la Cour suprême.
Jackson était un partisan du New Deal et de Roosevelt, lequel le considérait comme un héritier potentiel. En 1937, Roosevelt envisagea de lui faire briguer le poste de gouverneur de New York. Comme Roosevelt, Jackson était démocrate et comme lui, un descendant de la petite noblesse hollandaise.
En 1941, Roosevelt nommait Jackson à la Cour suprême, et ce, alors que ce dernier n’avait pas le moindre diplôme en droit. En 1943, en vertu de l’inflexion progressiste qu’on avait imprimée à la Cour Suprême en gonflant son effectif pour obtenir une majorité favorable [en anglais, « stacked court » = « tribunal lesté », une innovation de Roosevelt que Biden a failli renouveler pour contourner les nominations de Trump], Jackson rédigeait une décision défavorable (en se fondant sur le respect des droits individuels) qui annulait le règlement d’une école publique de Virginie-Occidentale qui imposait, sous peine de sanction, le salut au drapeau aux élèves.
Après la guerre, en 1954, Jackson va encore jouer un rôle majeur dans la décision Brown contre le Board of Education en intervenant dans la rédaction d’un projet de mémorandum intitulé « CONDITIONS MODIFIÉES » dans lequel il déclarait qu’avant Brown, la ségrégation était légale … mais que la Cour reconnaissait à présent que la doctrine « séparés mais égaux » reposait de facto sur une supposition erronée selon laquelle « il y avait des différences entre les races nègres et blanches considérées dans leur ensemble ». Ainsi, alors que Jackson ne pouvait pas justifier la décision prise dans Brown sur la forme, il a jugé sur le fond, sur la base d’un « impératif politique et social ». (Il a utilisé le même impératif politique et social plutôt que la loi pour étayer les décisions prises au Tribunal Militaire International de Nuremberg.)
Durant les délibérations en 1954, Jackson a dû être hospitalisé. Le juge qui présidait la Cour, Earl Warren, lui a rendu visite à plusieurs reprises pour discuter de la décision et a retenu de la partie 4 du projet d’avis de Jackson ce passage : « Les nègres ont obtenu un succès exceptionnel dans les arts et les sciences ainsi que dans le monde des affaires et professionnel ». Le 17 mai 1954, Jackson se rendait de l’hôpital à la Cour afin que le tribunal soit au complet pour rendre une décision à l’unanimité. Jackson est décédé en octobre 1954.
Ce que disaient les rapports allemands de l’époque
Dans la nuit du 31 août, le chef de la police de Gleiwitz adressait un message d’alerte indiquant que la station de radio avait été investie par des troupes polonaises irrégulières qui étaient parvenues à l’occuper un court laps de temps avant d’en être délogées par la police des frontières allemande. Au cours de la reprise [de la station], un irrégulier polonais a été mortellement blessé et laissé pour compte. Un autre message est parvenu d’un représentant de la ville de Troppau au sujet de la douane de Hohenlinde. Dans la nuit du 31 août, elle a été attaquée par des irréguliers polonais qui réussirent à l’occuper ; mais grâce à une contre-attaque des troupes auxiliaires de la Waffen-SS, les irréguliers ont été mis en déroute.
Si c’est vrai, cela signifie que les deux premiers crimes de guerre de la Seconde Guerre mondiale ont été commis par les Polonais ! D’abord, en faisant des incursions en territoire allemand alors qu’il n’y avait pas d’état de guerre déclaré. Deuxièmement, en utilisant des troupes irrégulières et sans uniforme (car cela incite à s’en prendre à tout civil suspect).
En tout, les documents officiels allemands sur les escarmouches frontalières recensent pas moins de 44 actes d’agression polonaise au cours des six jours et nuits précédant l’invasion allemande (qui a débuté vers 4 heures du matin le 1er septembre). Rien que pour la nuit du 31 août, il y aurait eu 14 provocations diverses commises par des irréguliers polonais, Gleiwitz et Troppau n’étaient que deux d’entre elles. Dans ce texte, il est clairement indiqué que les assaillants ne portaient pas d’uniformes polonais, mais qu’il s’agissait de troupes irrégulières basées à Hohenlinde et à Gleiwitz.
Précisons enfin que selon les documents allemands faisant état des incursions polonaises d’avant-guerre, le poste de Hohenlinde n’a pas été incendié (comme l’affirme H. S. Hegner) mais simplement occupé.
Dans son discours à la nation le 1er septembre 1939, Adolf Hitler n’a pas mentionné, sauf indirectement, ce si important « faux drapeau » de Gleiwitz qui aurait été ordonné par lui pour justifier son ordre d’invasion, il s’est en revanche longuement étendu sur la succession ininterrompue de provocations polonaises des quatre derniers mois. Remontant plus loin, il pointait du doigt le fait que depuis 1919-1920, 100 000 Allemands de souche, devenus des citoyens polonais suite au Traité de Versailles, avaient été contraints de fuir leurs foyers en Pologne.
Sur ce qui s’était passé la veille, il n’avait que ça à dire :
« Ces propositions de médiation ont échoué parce qu’entre-temps, il y a d’abord eu, en guise de réponse, la soudaine mobilisation générale polonaise (30 août), accompagnée de nouvelles atrocités. Celles-ci ont de nouveau été répétées hier soir (31 août). Récemment, en une seule nuit, il y a eu jusqu’à vingt et un incidents frontaliers, la nuit dernière, il y en a eu quatorze, dont trois assez sérieux. J’ai donc résolu de parler à la Pologne dans la même langue que la Pologne, depuis des mois, fait usage à notre encontre. Cette attitude du Reich ne changera pas. »
Plus loin Hitler précise encore :
« Cette nuit, pour la première fois, des soldats réguliers polonais ont tiré sur notre territoire. Depuis 5h45 nous avons riposté, et désormais les bombes répondront aux bombes. »
Des tirs à travers la frontière de la part de soldats réguliers polonais ne signifient pas un raid sur une station de radio par des irréguliers. Les raids à la station radio de Gleiwitz et à la douane de Hohenlinde doivent être inclus dans les « trois assez graves ».
Mais est-ce ainsi qu’un dirigeant exploiterait une action « sous faux drapeau » qu’il aurait ordonné pour s’en servir comme d’un prétexte ? Évidemment, non.
Les mots « Gleiwitz » ou « station de radio » ne sont jamais intervenus, ni dans le discours d’Hitler ni par la suite. Autant dire qu’il s’agit d’un « faux faux drapeau » du point de vue allemand !
Le prétexte de guerre de Roosevelt
Par contraste, il faut se rappeler que lorsque le président américain Roosevelt a soigneusement préparé et obtenu son propre casus belli – le bombardement de Pearl Harbor par les Japonais – il l’a joué à fond devant le Congrès le lendemain. C’est à ça que servent les faux drapeaux. Roosevelt a ouvert son discours en disant :
« Hier 7 décembre 1941 – une date qui restera marquée du sceau de l’infamie – les États-Unis d’Amérique ont soudain été l’objet d’une attaque délibérée par les forces navales et aériennes du Japon. Les États-Unis étaient en paix avec cette nation et à la demande du Japon, des pourparlers avec son gouvernement et son empereur étaient en cours pour maintenir la paix dans la région Pacifique. »
Il s’étend en détail sur l’attaque, prend les citoyens à témoin et termine par :
« Je demande que le Congrès déclare que depuis l’odieuse – et nullement justifiée – agression japonaise le dimanche 7 décembre, il existe un état de guerre entre les États-Unis et l’Empire du Japon. »
Ça c’est de l’exploitation d’un événement.
La « confession » d’Alfred Naujocks, la seule base de l’histoire
La seule « preuve » que l’attaque de la station de radio de Gleiwitz viendrait des nazis réside dans la « confession » non corroborée, une déposition signée en 1945 d’un officier SS allemand, Alfred Naujocks, qui était alors entre les mains des Alliés. Voici sa prestation sous serment tirée de la transcription du tribunal.
COL. STOREY :
Je dépose à présent comme preuve le document PS-2751, qui est la pièce USA-482. Il s’agit d’un affidavit d’Alfred Helmut Naujocks, daté du 20 novembre 1945. Cet affidavit se réfère en particulier aux événements liés à l’incident de la frontière polonaise. Je crois qu’il a été mentionné par le témoin Lahousen lorsqu’il était à la barre :
«Moi, Alfred Helmut Naujocks, dûment assermenté, dépose et déclare ce qui suit :
«1. J’ai été membre de la SS de 1931 au 19 octobre 1944 et membre du SD [Sicherheitsdienst : SD Service de Sécurité] depuis sa création en 1934 jusqu’en janvier 1941. J’ai servi comme membre de la Waffen-SS de février 1941 jusqu’au milieu de 1942. Par la suite, j’ai travaillé au Département économique de l’Administration militaire de Belgique de septembre 1942 à septembre 1944. Je me suis rendu aux Alliés le 19 octobre 1944.
«2. Le ou vers le 10 août 1939, le chef du Sipo [Sicherheitspolizei = la sûreté] et du SD, Heydrich, m’a personnellement ordonné de simuler une attaque contre la station de radio près de Gleiwitz, à la frontière polonaise, et de faire croire que la force d’attaque était composée de Polonais. Heydrich disait: «La presse étrangère a besoin de preuves tangibles de ces attaques polonaises et nous, nous en avons aussi besoin à des fins de propagande interne». On m’a ordonné d’aller à Gleiwitz avec cinq ou six hommes du SD et d’attendre là jusqu’à ce que je reçoive un mot de code de Heydrich indiquant que l’attaque devait avoir lieu.
Mes instructions disaient que je devais m’emparer de la station de radio et la tenir le temps de permettre à un Allemand parlant le polonais – qui serait mis à ma disposition – de diffuser un discours en polonais. Heydrich m’a dit que ce discours devait déclarer que le temps était venu pour les Polonais de faire la guerre aux Allemands, que les Polonais devaient se rassembler et abattre tout Allemand qui opposerait une résistance. Heydrich m’a également fait savoir à ce moment-là qu’il s’attendait à une attaque contre la Pologne de la part de l’Allemagne dans les jours suivants.
«3. Je me suis rendu à Gleiwitz et j’y ai patienté quinze jours. Puis j’ai demandé à Heydrich la permission de retourner à Berlin mais on m’a dit de rester à Gleiwitz. Entre le 25 et le 31 août, je suis allé voir Heinrich Müller, chef de la Gestapo, qui se trouvait alors à proximité à Oppeln. En ma présence, Müller a discuté avec un homme du nom de Mehlhorn des plans pour un autre incident frontalier, dans lequel il faudrait faire croire que des soldats polonais attaquaient des troupes allemandes – des Allemands de l’effectif d’environ une compagnie devaient être utilisés.
Müller disait disposer d’une douzaine de criminels condamnés qui pourraient être revêtus d’uniformes polonais et laissés morts sur place comme victimes de l’attaque. À cet effet, ils recevraient d’abord d’un médecin aux ordres de Heydrich une injection létale puis il leur serait ensuite administré des blessures par balle. Après l’agression, des témoins de la presse internationale devaient être invités sur les lieux et un rapport de police être rédigé.
«4. Müller m’a dit qu’il avait reçu l’ordre de Heydrich de mettre un de ces criminels à ma disposition pour l’action de Gleiwitz. Le nom de code par lequel il faisait référence à ces criminels était «Conserves».
«5. L’incident de Gleiwitz auquel j’ai participé a eu lieu la veille de l’attaque allemande contre la Pologne. Si je me souviens bien, la guerre a éclaté le 1er septembre 1939. Le 31 août à midi, j’ai reçu par téléphone de Heydrich le mot de code de l’attaque qui devait avoir lieu à 20 heures ce soir-là. Heydrich m’a dit: «pour «Conserves», présentez-vous à Müller». J’ai pris réception de l’homme et je l’ai fait coucher à l’entrée de la station radio. Il était vivant, mais complètement inconscient. J’ai essayé de lui ouvrir les yeux mais c’est seulement à sa respiration qu’on voyait qu’il était encore en vie. Je n’ai pas vu les blessures par balle, mais beaucoup de sang coulait sur son visage. Il était en tenue civile.
«6. Nous nous sommes emparés de la station de radio comme ordonné, avons diffusé un discours de 3 à 4 minutes sur un émetteur d’urgence, avons tiré quelques coups de pistolet et sommes partis».
Et puis «assermenté et souscrit devant le lieutenant Martin».
On note que l’attaque simulée contre la station de radio est déjà ordonnée le 10 août, alors que le pacte Ribbentrop-Molotov n’a été signé que le 26 août. Il semble que les procureurs veuillent montrer qu’il a été pré-planifié afin d’en souligner sa nature criminelle. Heydrich aurait dit à Naujocks que le but était de donner du grain à moudre à la propagande allemande et à la presse étrangère – mais l’incident a-t-il fait l’objet d’une exploitation particulière ? Non.
Qui étaient les cinq ou six hommes du SD qui l’accompagnaient ? Pourquoi ne sont-ils pas nommés ? Souligner qu’un Allemand de langue polonaise allait être mis à sa disposition pour diffuser le message sur l’émetteur radio semble une précision superfétatoire.
Après deux semaines d’attente, Naujocks va voir le chef de la Gestapo, Heinrich Müller, et entend une discussion avec un homme du nom de Mehlhorn au sujet d’un autre incident prévu dans lequel il s’agissait de faire croire à une attaque de soldats polonais des troupes allemandes. Une douzaine de condamnés devaient être revêtus d’uniformes polonais et laissés morts sur place. Mais plutôt que de simplement leur tirer dessus, ils devaient recevoir des « injections mortelles » par un médecin employé par Heydrich, puis recevoir des blessures par balle. Ensuite, des membres de la presse devaient être emmenés sur les lieux et constater la présence des cadavres. Avons-nous des articles de presse à ce sujet ? Non.
Müller aurait dit à Naujocks qu’il avait reçu l’ordre de Heydrich de mettre à sa disposition l’un de ses criminels pour Gleiwitz. Le 31 août, Naujocks se présenta de nouveau à Müller et demanda que son unique « mort » soit livré près de la station de radio. L’homme qui a été livré était encore en vie, mais inconscient. Naujocks n’a vu aucune blessure par balle sur l’homme et lui, Naujocks, ne lui a pas tiré dessus. Mais de plus, cet homme ne portait pas d’uniforme polonais comme prévu, il était simplement en civil !
Il a alors dit : « ils (portant des uniformes polonais ?) ont diffusé un message de 3 à 4 minutes sur l’émetteur d’urgence… ont tiré quelques coups de feu et sont partis ».
[…] Cette histoire ne tient pas debout ce n’est pas le genre de machination grotesque que des Allemands iraient inventer. Comme indiqué plus haut, c’était totalement inutile. Cela n’avait de valeur que pour les procureurs de Nuremberg qui avaient besoin d’une agression allemande crédible contre la Pologne pour leur accusation de « crime contre la paix ».À Nuremberg, les procureurs accusaient le SD d’avoir commis un crime contre la paix en organisant de prétendus incidents frontaliers préalablement au déclenchement de la guerre [germano-polonaise] pour donner à Hitler un prétexte. Cependant, comme l’a fait valoir la défense du SD, ces missions spéciales n’ont pas été confiées aux services appropriés (Amt. III et VI). Naujocks l’expliquait en disant que c’était une demande personnelle qui lui avait été faite par Reinhard Heydrich. Personne dans les services spécialisés du SD n’avait connaissance d’une telle opération.
Notes biographiques sur Alfred Naujocks
Né à Kiel en 1911, c’est dans cette ville qu’il effectue ses études d’ingénieur. Comme il est dit dans l’affidavit, il devient membre de la SS en 1931 et du SD en 1934. En 1941, alors au grade de SS Sturmbannfuehrer, il est renvoyé du SD pour avoir contesté un ordre de Reinhard Heydrich. Il est rétrogradé et a dû servir dans la Waffen-SS sur le front de l’Est. En 1943, en raison de son état de santé, il est envoyé à l’Ouest où il travaille comme administrateur économique des troupes en Belgique. Ces expériences l’ont peut-être aigri et lui ont donné l’envie de faire défection à la première occasion. C’est ainsi qu’en octobre 1944, Naujocks a « déserté » en se rendant aux forces américaines qui l’ont placé en détention en tant qu’éventuel criminel de guerre.
Il se serait « échappé de la garde à vue », mais il a signé l’affidavit de Nuremberg le 20 novembre 1945, la veille du début des témoignages au procès pour crimes de guerre. Était-il en détention à ce moment-là, et a-t-il été libéré suite à l’exécution de ce service pour les procureurs des États-Unis ?
Naujocks est apparu plus tard en tant qu’homme d’affaires à Hambourg opérant sous son propre nom, il a réussi à vendre son histoire à un journal, sous le titre « L’homme qui a commencé la guerre ». Tout cela s’est passé très ouvertement. Il meurt d’une crise cardiaque en 1966 à Hambourg sans jamais avoir été interviewé par aucun historien. Étrange.
Résumé de la version de H.S. Hegner
L’écrivain H.S. Hegner, alias Harry Wilde, a intercalé un récit de l’incident de Gleiwitz du point de vue de la propagande judéo-polonaise dans son livre Die Reichskanzlei 1933-1945. Comme il est le seul à avoir eu cette démarche, (il faut savoir qu’il n’existe aucune version officielle à ce sujet – ni dans le Livre jaune français [des documents diplomatiques] sur la guerre, ni dans les Mémoires de Churchill) Hegner est devenu une sorte de référence sur Gleiwitz – en dépit du fait qu’il diverge sensiblement de l’affidavit de Naujocks.
On trouve les points essentiels de la thèse de Hegner dans Los Crimenes de los «Buenos» du révisionniste espagnol Joachin Bochaca (Les Crimes des « Bons »), 1982, cité ci-dessous.
« Heinrich Müller, un haut fonctionnaire de la Gestapo, avait été chargé (par quelqu’un, peut-être Hitler) de concocter un motif officiel pour que l’Allemagne déclare la guerre à la Pologne. Une centaine de prisonniers des camps de concentration allemands ont été emmenés dans la ville d’Oppeln, à côté de la frontière polonaise. Ces hommes ont été revêtus d’uniformes SS et postés près de la frontière. Là, ils ont été attaqués par surprise par des soldats allemands vêtus, eux, d’uniformes polonais, qui sont tombés sur les infortunés prisonniers – les faux SS – et les ont massacrés. C’était la première partie.
Ceci fait, les Allemands en uniformes polonais se sont dirigés vers la frontière polonaise, investissant et brûlant au passage leur propre poste de douane à Hohenlinde. Puis, un agent présumé de la Gestapo nommé Naujocks, commandant des soldats allemands déguisés en membres d’une organisation paramilitaire patriotique polonaise – un détail que Hegner omet de mentionner – a attaqué la station de radio allemande à Gleiwitz.
Dans l’opération Gleiwitz, il n’était prévu qu’un seul décès, ce dont Müller s’est facilement acquitté. Il s’agissait d’un prisonnier portant un uniforme militaire polonais, qui avait été rendu inconscient par une injection et qui avait ensuite été exécuté au cours de l’action. »
Différences entre Hegner et Naujocks:
- Une centaine de prisonniers au lieu d’une douzaine.
- C’est Heinrich Müller qui monte le plan et non Reinhard Heydrich
- Il est dit que le poste de douane de Hohenlinde est incendié alors que Naujocks ne mentionne même pas Hohenlinde.
- Naujocks est dit faire partie de la Gestapo et non des SS ou du SD.
- Naujocks commande « des soldats allemands » et non hommes du SD.
- L’unique prisonnier de Gleiwitz était habillé en militaire polonais et non en civil.
- Le prisonnier n’a pas eu une piqûre mortelle, mais une seulement anesthésiante, puis il a été exécuté ; Naujocks, pour sa part, affirme ne pas lui avoir tiré dessus.
Tout cela rappelle les rumeurs et les récits qui circulent dans l’air- les détails varient de manière à substantiellement changer toute l’histoire. Des mensonges purs et simples sont également ajoutés pour rendre l’histoire plus intéressante ou plus utile pour le conteur. Faute de compte rendu officiel, c’est le règne du « tout est permis » – et ce que l’on trouve sur Internet le montre. Le « faux drapeau de Gleiwitz » est une histoire montée de toutes pièces pour Nuremberg et c’est tout.
Notes biographiques sur H.S. Hegner, alias Harry Wilde
Harry Paul Schulze est né le 16 juillet 1899 à Zwickau, de Clara Hegner et de Paul Schulze, boucher. Il devient journaliste et auteur sous les pseudonymes Harry Schulze-Wilde, Harry Schulze-Hegner et H.S. Hegner.
Il a essayé de suivre des études commerciales, mais dans les années 1920, livré à lui-même, il est devenu guide touristique à Erfurt et Weimar. Il s’est impliqué dans les mouvements de jeunesse de la gauche allemande, devenant membre de la jeunesse ouvrière allemande. Il s’est ensuite enrôlé dans les révolutionnaires chrétiens sous la direction du gauchiste Pleivier. Schulze a été membre du parti communiste jusqu’en 1932. En 1933, il était jeté en prison par la police du Reich pour activité subversive.
Parvient à s’enfuir à Dresde où il a une tante ; puis, se faisant passer pour un représentant d’un éditeur, il se rend à Prague. Il y rencontre les représentants du Komintern Willi Muenzenberg et Johannes Becher. Ils l’envoient à Amsterdam pour vérifier l’histoire de Marinus van der Lubbe, l’homme qui a été reconnu coupable d’avoir déclenché l’incendie du Reichstag en février 1933.
À Amsterdam, Hegner-Schulze se lie d’amitié avec le Néerlandais Jef Last et, ensemble, ils écrivent un livre sur von der Lubbe, paru en 1939. Leur amitié était d’une nature qui indiquait une relation homosexuelle. Après la guerre, Hegner-Schulze a écrit un livre sur le national-socialisme contre l’homosexualité sous le titre (en anglais) : The Fate of the Dammed. Wilde a également vécu en France, en Belgique et au Luxembourg, avant de fuir en Suisse en 1942.
En 1947, il fonde à Munich un magazine intitulé (en anglais) Echo of the Week. Il a également écrit des biographies pour la maison d’édition Rowohlt, sous le nom de Harry Wilde, dont une monographie sur Walther Rathenau, le diplomate juif allemand du régime de Weimar. On comprend en filigrane qu’il lui prêtait des penchants homosexuels refoulés. En 1959 son livre Die Reichskanzlei 1933-1945 paraît en Allemagne. Autant que je sache, c’est là que son récit de l’incident de Gleiwitz est apparu pour la première fois. Il est également l’auteur de livres sur Rosa Luxemburg et Leon (Lev) Trotsky.
À partir de là, Hegner mène une vie recluse avec sa fille, Cordelia, tout en ayant un petit ami, Joachim Klose. Il est classé comme journaliste historique … il convient d’appuyer sur « histoire ». Un critique disait :
« Avec Hegner, alias Schulze-Wilde, où se termine la véritable histoire et où commencent les histoires de l’auteur, aucun lecteur ne peut le dire ».
Que reste-t-il à ajouter ?
Où sont les photos du mort trouvées à la station de radio ? Les nazis n’auraient sûrement pas manqué de photographier la scène pour illustrer le « crime polonais ». Où sont les gros titres des journaux et les actualités qui auraient été produites dans le même but ? Toute opération sous fausse bannière doit en être accompagnée. Pour Gunther Kumel, ni Hitler, ni Goebbels, ni aucun autre responsable n’ont utilisé l’incident de Gleiwitz pour justifier l’attaque contre la Pologne.
L’incident de Gleiwitz, au cours duquel une bande d’irréguliers polonais a occupé une station de radio allemande à la frontière avant d’en être chassé, n’aurait pas pu être à l’origine de l’invasion de la Pologne quelques heures plus tard. En mars 1939, les atrocités polonaises contre la minorité allemande avaient atteint des sommets culminants. Les Allemands de souche fuyaient dans les bois pour éviter d’être assassinés. Soixante-dix mille ont atteint l’Allemagne et ont trouvé refuge dans des camps. Combien d’autres ont fui vers des amis et des parents ? Alors que les Allemands traversaient la frontière, l’armée polonaise leur tirait dessus à balles réelles, tuant de nombreuses personnes. L’artillerie polonaise canardait les avions civils allemands se dirigeant vers la Prusse-Orientale. Les Polonais avaient préparé des listes de tous les Allemands de souche et avaient commencé à les tuer dans les premiers jours de septembre (Bloody Sunday en est un exemple).
Puisque tout le monde en Allemagne et en Europe connaissait ces faits, il n’y avait pas besoin d’en rajouter. Mais à Nuremberg, ce qu’il fallait impérativement aux Alliés, c’était un moyen d’occulter les provocations polonaises qui visaient à forcer l’Allemagne à attaquer. Ils n’ont alors rien trouvé de mieux que de convertir les agressions polonaises en des « faux drapeaux » montés par l’Allemagne pour tromper le monde. Comme les vainqueurs avaient alors le contrôle total, ils n’avaient aucun mal à faire passer tout ce qu’ils souhaitaient. Et encore aujourd’hui, ce sont eux qui sont aux commandes et qui dictent la vérité.
Le véritable agresseur, c’était la Pologne et ses garants en cas de guerre avec l’Allemagne : la France et l’Angleterre. Ce sont ces trois pays qui sont vraiment coupables de « crimes contre la paix ».
Carolyn Yeager, 23 mars 2012
Source : The Gleiwitz “False Flag” Incident is Pure Fiction | Carolyn Yeager
Traduction : Francis Goumain
Références :
- http://www.german-views.de/2012/01/27/outbreak-of-war-1939-causes-and-allied-history-policy-part-1/
- http://carolynyeager.net/ein-anderer-hitler-hermann-giesler-fateful-decisions and http://carolynyeager.net/hitlers-final-offer-polands-josef-beck
- http://www.thebirdman.org/Index/Others/Others-Gleiwitz&TheStartOfWW2-GlenI.html
- http://de.wikipedia.org/wiki/Harry_Wilde
- https://portal.dnb.de/opac.htm?method=showPreviousResultSite¤tResultId=Woe%3D107428296%26any¤tPosition=10
- http://fcit.usf.edu/holocaust/resource/document/HITLER1.htm (Hitler’s speech on Sept.1)
- http://furtherglory.wordpress.com/2010/02/24/alfred-naujocks-and-the-start-of-world-war-ii/
- http://www.findagrave.com/cgi-bin/fg.cgi?page=gr&GRid=67047739
à propos d’Alfed Naujock, voir
Derrick contre Nuremberg, la fin tragique d’Alfred Naujocks
https://jeune-nation.com/actualite/geopolitique/derrick-contre-nuremberg-la-fin-tragique-dalfred-naujocks