L’on est mieux traité par les pouvoirs publics et par la justice de leur République lorsque l’on est d’extrême gauche et que l’on multiplie les violences dans la rue, sur les biens et sur les personnes que lorsque l’on s’exprime librement sur les dangers de l’immigration ou sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Le 6 avril Jean-Marie Le Pen a ainsi été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à 30 000 euros d’amende, à près de 15 000 euros de dommages et intérêts (essentiellement à la LICRA et à à l’UEJF) et à trois publications judiciaires (à 5000 euros chacune minimum) pour avoir répondu à une question de Jean-Jacques Bourdin sur le « détail de l’histoire ». Une condamnation à une somme astronomique de 60 000 euros en tout sans compter les frais d’avocat. Le même jour, le tribunal correctionnel de Nice le condamnait à 5 000 euros d’amende et à 3 000 euros de dommages et intérêts (essentiellement à SOS-Racisme et à la Ligue des droits de l’homme) pour « provocation à la haine et à la discrimination ethniques » pour avoir déclaré, lors d’une réunion publique à Nice le 4 juillet 2013 : « Vous avez quelques soucis, paraît-il, avec quelques centaines de Roms qui ont dans la ville une présence urticante et disons odorante. Ceci n’est que le petit morceau de l’iceberg. » Cette extrême sévérité pour un parlementaire qui est pourtant en principe payé pour parler, exprimer les craintes, les espoirs, les aspirations du peuple est à comparer avec la complaisance avec laquelle le gouvernement et les media audiovisuels ont réagi devant les violences, elles bien réelles, survenues le 9 avril au soir à Paris et dans de nombreuses villes de province dans le cadre des manifestations organisées par le mouvement « Nuit Debout», mouvement né officiellement il y a dix jours à Paris et dépassant la seule opposition à la loi sur le travail. Samedi soir plusieurs centaines de personnes ont décidé d’aller « prendre l’apéro chez Valls », convergeant vers le domicile parisien du Premier ministre, alors en visite officielle en Algérie. De nombreuses personnes ont jeté des projectiles sur le commissariat du XIe arrondissement, des dizaines de vitrines de banques ou d’assureurs ont été brisées à coups de pied ou de barre de fer par des casseurs au visage masqué, des voitures ont été incendiées, des distributeurs automatiques massacrés avec l’inscription « Nuit debout ». Qu’aurait-on dit, que se serait-il passé si des nationalistes ou des identitaires avaient ainsi saccagé des bâtiments publics et signé par bravade leur forfait en donnant le nom de leur organisation ? On aurait aussitôt crié aux hordes fascistes, réclamé la dissolution du mouvement incriminé, et même de ceux se réclamant peu ou prou de son idéologie, réclamé à cor et à cri l’embastillement immédiat des meneurs, un renforcement de la législation antiraciste et une application stricte de la loi de 1936 permettant la dissolution des ligues et des milices ? Mais quand il s’agit de la gauche, de l’extrême gauche ou des Jeunes de banlieue tout est permis. A Paris il n’y a eu en tout et pour tout que huit interpellations. Ce qui est totalement dérisoire.
Mais qui peut donc bien se cacher derrière ce mouvement « Nuit debout » dont les media nous parlent de manière énamourée (Libération lui a ainsi consacré des pages dithyrambiques) ? Il vient de se créer en France, mais aussi en Espagne et en Allemagne, essaime dans une soixantaine de villes de province et a pour ambition, on le sait, de s’opposer fortement au projet de loi El-Khomri sur la réforme du Code du travail et, plus généralement, de lutter contre le néolibéralisme. L’essayiste anticonformiste Thierry Meyssan, dont on connaît les positions courageuses sur le 11-Septembre qui l’ont contraint à l’exil, dénonce dans un texte paru sur son site voltairenet.org et qu’il convient de citer en entier vu son intérêt l’imposture de ce mouvement Nuit debout qui en réalité ne propose rien de concret et qui de surcroît dans le langage, les méthodes et les codes utilisés rejoint étrangement la démarche de l’équipe de Gene Sharp, qui a organisé pour le compte de la CIA les révolutions colorées et le printemps arabe. « La presse parisienne se pâme devant la naissance d’un mouvement politique, « Nuit debout ». Des centaines de personnes se rassemblent sur les grandes places des principales villes françaises pour discuter et refaire le monde.
Ce mouvement “spontané” s’est organisé en quelques jours. Il dispose désormais de deux sites internet, d’une radio et d’une télévision web. À Paris, place de la République, 21 commissions ont été constituées comme dans un inventaire à la Prévert : animation artistique, climat, cantine, création d’un manifeste, dessin debout, jardin des savoirs, manifestations, campement, démocratie, science debout, gréve générale, éducation, économie, féminisme, LGTBI+, TV debout, vote blanc, transparence, Françafrique, infirmerie, communication. […]
Suite de l’éditorial de Jérôme Bourbon dans le Rivarol n° 3231 de jeudi prochain.