OdA : Pierre-Marie Bonneau, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?
Pierre-Marie Bonneau : Bonjour, tout d’abord, je tiens à vous remercier de m’avoir accordé cet entretien. Agé de 55 ans, j’exerce à Toulouse depuis la seconde moitié des années 1990 la profession d’avocat et ai, dans ce cadre, assuré le défense de nombreux militants nationalistes, dont certains sont sans doute bien connus de vous. La presse du régime s’est d’ailleurs encore tout récemment chargée de le rappeler en me consacrant un bref article sur StreetPress.
Ancien membre, et même responsable, du GUD à Toulouse entre 1986 et 1988, j’ai ensuite rejoint l’Œuvre française, mouvement qu’avait fondé Pierre Sidos, puis Les Nationalistes, dont je suis toujours aujourd’hui un militant actif
OdA : Pourquoi avez-vous décidé de présenter une liste d’union nationaliste aux élections européennes de 2024 ? Pourquoi ce nom de Forteresse Europe ?
PMB : Tout d’abord, la voix des nationalistes en général, en France, est assez peu audible depuis plusieurs années, principalement en raison de la répression étatique qui s’abat sur nos structures dès qu’elles prennent un peu d’espace médiatique. Je rappellerai sur ce point que les dissolutions de mouvements ont réellement commencé, en 2013, par celles de l’Œuvre française et des Jeunesses nationalistes. Il existe ensuite, mais Jules César l’observait déjà au sujet des Gaulois, une fâcheuse tendance dans le milieu nationaliste en France, à la division et aux querelles de clocher.
Ces constatations m’ont poussé à décider de prendre la tête d’une liste nationaliste unitaire, nous permettant, à l’occasion de ces élections européennes, de faire entendre notre voix, de nous adresser aux Français non reniés. Au surplus, les gouvernements et les parlements des pays de l’Unions européenne sont devenus, mais c’est trop peu dit, de simples organes de transcription en droit interne et d’enregistrement de décisions émanant des organes de décision de l’UE : autant prendre le mal à la racine pour le dénoncer !
Le nom de Forteresse Europe vient en partie du constat de la nécessité, pour les nationalistes, de protéger notre civilisation, véritablement assiégée. Nous avons d’ailleurs choisi comme logo pour la liste une version stylisée de la “Forteresse Vauban”, cette œuvre immortelle du génie civil et militaire français.
Enfin, je suis plus particulièrement en charge, au sein du mouvement Les nationalistes de la coopération entre mouvements amis européens et suis conduit, dans ce cadre, à fréquemment me déplacer à l’étranger. L’une des structures de coopération dont nous sommes membres, aux côtés de camarades bulgares, allemands, hongrois, tchèques, italiens et polonais, porte justement le nom de Forteresse Europe : le nom était donc tout trouvé.
OdA : À qui adressez-vous l’appel unitaire pour constituer cette liste ?
PMB : À tous les nationalistes non reniés. Il existe un socle commun, un plus petit dénominateur, que nous partageons à peu près tous. La France est un drapeau, pas un pavillon de complaisance, un territoire, pas un terrain de camping, un visage, pas un masque de carnaval. Ces constatations doivent nous conduire à adopter des définitions communes, de ce qu’est un Français, de ce que doit être une politique nationaliste.
Maurras utilisait l’expression “Politique d’abord” et elle est toujours d’actualité : qui est responsable de la grave crise que traverse notre pays et, plus généralement, notre civilisation ? Quelles sont les grandes lignes de fracture et de force de la politique européenne et mondiale aujourd’hui ? Poser ces questions et y apporter une réponse commune permet, je le pense, de savoir qui peut nous rejoindre et qui le refusera toujours.
Cet appel unitaire s’adresse donc, une fois acceptées ces conditions minimales com-munes, à tous, individus comme mouvements. Le fait de participer à une initiative électorale européenne donnera sans aucun doute à ceux qui nous rejoindront une visibilité médiatique qui peut, j’en suis convaincu, faire bouger les lignes.
OdA : N’est-ce pas céder à l’électoralisme qui affecte une très large part du ‘milieu national’ ?
PMB : Pour accéder au pouvoir, il nous faut convaincre et pour convaincre, il nous faut être audibles… Quelle est aujourd’hui notre audience réelle auprès de la population française ?
Le problème n’est pas d’avoir des élus qui prendraient sagement leur place dans le processus mortifère de prise de décision du parlement européen pour contribuer, à leur échelle, au « grand suicide » de notre monde. Le problème est d’accéder au suffrage, donc de peser par le nombre de voix que nous attirerons et surtout, d’accéder aux moyens, même maigres, que le système politique accorde aux petites listes européennes dans le cadre de cette élection.
Nous devons utiliser tous les moyens à notre disposition pour exister, pour progresser, parce que c’est, pour notre pays, devenu une question de vie ou de mort, qui peut se jouer en quelques années. Nous devons aussi oser parce que la société, l’histoire, bougent, parce que de grands mouvements s’accélèrent.
Nous sommes sortis historiquement non seulement de « l’après 1945 » mais aussi du monde hégémonique américain né de la chute du bloc soviétique et de la confiscation par le pouvoir apatride yankee ou ses séïdes, des justes aspirations des peuples qui se libéraient du communisme. C’est à nous de trouver les solutions, les alliances qui nous permettront de prendre et de donner cette place que nous voulons pour nos Nations d’Europe dans le monde : la première.
OdA : Pourquoi présenter une telle liste sans espoir de faire d’élus au parlement européen ? N’y a-t-il pas déjà une offre suffisante, voire pléthorique de listes ‘souverainistes’ ?
PMB : Tout va très vite, il ne faut désespérer de rien, même si la probabilité que nous puissions avoir des élus est faible. Qui ne mène pas le combat a déjà perdu la guerre… Personne ne peut, aujourd’hui, prédire ce que sera le paysage politique français de demain. Je n’aime pas non plus beaucoup l’idée d’une « offre politique ». L’engagement ne relève pas d’un libre service où chacun pourrait constituer son « sandwich national » en allant picorer au gré de ses humeurs tel ou tel ingrédient dans une sorte de panel national-souverainiste ou identitaire.
La doctrine précède toujours l’action et la leçon maurassienne de l’empirisme organisateur conserve toute son actualité… Il n’y a rien à attendre du Rassemblement national : nous avons vu le résultat du travail parlementaire de ce mouvement, lors du vote de la loi sur l’immigration ou encore lors de l’hommage au jeune Nahel, délinquant de banlieue tué lors d’un malencontreux contrôle de police. Sur un plan plus européen, mais aussi plus essentiel, puisqu’il s’agit des principes guidant nécessairement l’action politique, nous avons aussi entendu les déclarations de Marine Le Pen, qui a pris des distances avec le parti allemand Alternative für Deutschland (AfD) aux côtés de qui siègent pourtant ses élus, sur ce que doit recouvrir la notion de nationalité et sur la nécessité de la remigration. Nous ne pouvons donc pas considérer que le Rassemblement national est un mouvement nationaliste. Nous n’oublions pas que Marine le Pen en a exclu et son père et tous les militants qui pouvaient, justement, y représenter la tendance qui est la nôtre.
S’agissant de Marion Maréchal et de sa liste issue du mouvement « zemmourien » Reconquête, elle a pu séduire, par son discours plus traditionnel en matière familiale, par sa vision de la société, certains de nos amis ou camarades. Mais il s’agit d’une illusion tout aussi dangereuse. Ses positions économiques résolument libérales empêcheront toute sortie du carcan monétaire européen qui nous étouffe. Plus gravement, son adhésion à une politique « assimilationniste » en matière d’immigration, dont on attend toujours une définition claire ne peut qu’inquiéter. Enfin son alignement, en matière de politique internationale, sur des positions atlantistes est, pour tout nationaliste, totalement rédhibitoire. N’oublions pas, non plus, que le score de la liste qu’elle même la rapprochera sans doute, malgré tout le battage médiatique dont elle fait l’objet, plus des petites listes que de celle menée pour le Rassemblement national par Monsieur Bardella.
Je prends l’exemple de ces petites listes, puisque vous abordez ce que vous appelez l’offre souverainiste.
Or, par exemple, sur la résistance à la « Corona- folie » totalitaire ou sur la défense d’une économie et d’une monnaie nationale, je me sens infiniment plus proche d’un Philippot, par ses combats, que des analyses de Monsieur Zemmour et des siens. Mais, tout comme cela se constate, sur d’autres points, au sujet de Reconquête, je ne peux pas adhérer à sa vision de la société, ne serait-ce parce qu’il a été l’un des artisan du refus du Front National des années 2012 et suivantes de rejoindre le combat contre le prétendu « mariage pour tous » dont l’objet était simplement de détruire l’idée même du mariage, du foyer, de la construction familiale… Mais nous avons tout récemment pu constater, avec le vote de l’inscription dans la constitution du droit à l’avortement, ce meurtre des plus innocents, ce crime contre notre avenir, que le RN pouvait faire sans lui pour choisir la politique du pire.
OdA : Qu’est-ce qui vous différencie du Rassemblement national qui occupe une place hégémonique sur la question ‘nationale’ ?
PMB : Tout, ou presque. Qu’est-ce qu’un Français ? comment le définit-on ? Quelles sont nos références historiques ? Mais je pense surtout que nous sommes les SEULS à réclamer l’abrogation de toutes les Lois qui bâillonnent les Français depuis bientôt 50 ans et permettent ainsi, petit-à-petit, d’organiser leur grand-remplacement.
Sans statistiques ethniques, comment forcer telle ou telle communauté à prendre conscience des difficultés qu’elle génère et à y apporter une solution ? Le sophisme de l’antiracisme est le suivant : la France est une, elle ne comprend que des citoyens libres adhérant à des « valeurs communes ». Or, dans cette société sans visage, faite d’individus interchangeables dont la seule raison d’être doit rester de tirer au maximum la couverture à eux sous le contrôle de tribunaux ou de commissions, la justice admet l’existence de communautés puisqu’elle leur donne le droit de poursuivre ceux qui constatent que tels ou tels comportement fâcheux émanent des uns et pas des autres et osent le dire.
C’est devenu une véritable terreur judiciaire et policière, dans laquelle le moindre propos dissident, la moindre mise en cause de telle ou telle minorité, entraine systématiquement des poursuites, un véritable harcèlement judiciaire et une exclusion sociale immédiate. Il en est de même des Lois dites mémorielles qui établissent un dogme de foi sur de simples événements historiques et interdisent toute analyse sereine de notre histoire.
Cela doit cesser et impérativement cesser : la liste Forteresse Europe est la seule à l’avoir clairement affirmé.
OdA : Quelles sont vos propositions phares pour cette campagne ?
PMB : J’ai envie de vous renvoyer, évidemment, au point précédent. Mais cela serait réducteur et je ne peux que vous inviter à lire avec attention notre programme.
Sur la définition de ce qu’est un Français, sur le caractère révolutionnaire de nos analyses de la démocratie et de son évolution vers une ploutocratie tyrannique, sur la libération nécessaire de nos alliances internationales afin de créer un pôle crédible de résistance au mondialisme, nous sommes les seuls à oser dire une vérité que comprennent pourtant, silencieusement, nombre de nos concitoyens.
OdA : Ou peut-on se procurer un bulletin de vote si l’on veut voter pour Forteresse Europe ?
PMB : Des bulletins de vote seront diffusés, évidemment. Ceci dit, cela a un coût important. Nous avons donc décidé de faire du vote un acte militant : chacun pourra imprimer, depuis le site électoral de la liste, son propre bulletin, en respectant les consignes sur la taille, la couleur, le grammage du papier à utiliser, pour l’apporter avec lui dans l’isoloir et voter.
OdA : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre de la préparation de cette liste ? Comment peut-on vous aider ? Comment financez-vous cette initiative ?
PMB : Les difficultés sont nombreuses, évidemment. L’élection est devenue bien plus l’affaire des élus du système que de ceux qui veulent « mettre les pieds dans le plat' » pour en dénoncer les tares.
Nous avons besoin de colistiers, et même surtout de colistières, pour des raisons de parité imposée. C’est là le plus urgent.
Nous avons également besoin de financements.
Mais cette élection peut nous donner enfin la visibilité qui nous fait cruellement défaut. Nous sommes peu, contre presque tous, mais au service de tous… Pour que nos convictions sortent enfin du sombre cachot où les a enfermées le système politique sorti de Nuremberg et dominant partout en Europe, pour que nos solutions de bon sens soient enfin connues de nos concitoyens, il nous faut unir nos efforts, faire taire nos divergences et regarder vers l’avenir.
D’ores et déjà se met en place un site internet de campagne : euronat.net
C’est pourquoi je profite de l’occasion pour lancer un appel à tous nos amis et aux Français conscients, je leur dis saisissons cette opportunité ! Rejoignez moi, rejoignez-nous !
Aidons-nous et le Ciel nous aidera ! Je vous appelle donc à nous rejoindre comme colistiers, coller des affiches, faire un don, vous inscrire sur les listes électorales et voter pour Forteresse Europe. Vous pouvez prendre contact à l’adresse suivante : [email protected]
Je compte sur vous ; en avant la victoire ! Qui vive ? France !
Propos recueillis par Sébastien Kerrero
Source : OdA mag, n°2, Printemps 2024, 10 € disponible sur L’Atelier de Monsieur K
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