Antonio Tejero Molina, né le 30 avril 1932 est un lieutenant-colonel de la garde civile espagnole.
Partisan du général Franco, il planifie le 23 février 1981 une tentative de coup d’État connue sous le nom de « 23-F », afin de rétablir l’ordre traditionnel, dans une Espagne déjà ravagée par le nouveau régime démocratique, en vigueur depuis 1975.
Avec un groupe de Gardes Civils, il donne l’assaut au Congrès des députés, chambre basse des Cortes Generales, filmé par la télévision espagnole. Les gardes civils ouvrent alors le feu à l’arme automatique vers les plafonds de la salle des séances. Aussitôt, l’intégralité des députés et ministres se couchent dans les travées !
À la suite de ce coup de force, il est condamné à 30 ans de prison par les nouveaux tenants du Système oligarchique anti-National. Il sera remis en liberté conditionnelle en 1996 et vit entre Madrid et Malaga, sa province natale.
Le 22 novembre 2012, à quelques jours des élections régionales catalanes, dans le journal Melilla hoy (de l’enclave espagnole de Melilla au Maroc), considérant que l’unité de l’Espagne est en danger, l’ancien militaire en appelle à la justice pour mettre fin aux « prétentions sécessionnistes continues et répétées d’une partie importante de l’Espagne qu’est la principauté de Catalogne », alimentées par celui qu’il appelle « Arturo » Mas (selon la coutume franquiste d’espagnoliser les prénoms catalans).
Et plus récemment, le 24 octobre 2019, il est présent à la porte du cimetière de Mingorrubio (applaudi et acclamé par les manifestants rassemblés là) pour un hommage à la dépouille de Franco exhumée de la Valle de los Caidos par un gouvernement de trahison.
Son nom reste associé pour les Nationalistes Espagnols à celui qui tenta une opération salvatrice de Régénération Nationale, dans un contexte de décadence économique, morale et spirituelle.
Viva Antonio Tejero !
« Le coup d’État du 23 F 1981 était prévisible. Une tentative avait déjà eu lieu en 1978 commanditée par Antonio Tejero qui en avait été pour écoper de sept mois de prison. Suite à la légalisation du Parti communiste en 1977, un réel malaise s’installe dans l’armée faisant naître des velléités putschistes.
Comme dans les pires moments des années trente, les démissions, remaniements du Gouvernement, assassinats auxquels s’ajoute la motion de censure déposée par le PS ne font qu’alimenter les tensions déjà très fortes à cause de la crise économique ; de la mise en œuvre d’une nouvelle organisation territoriale de l’État ; des actions terroristes de l’ETA et de l’armée encore franquiste qui a du mal à accepter la « fameuse » transition démocratique et sa nouvelle Constitution. Juan Carlos en était conscient lorsqu’il convoqua le 4 janvier 1981, le général Alfonso Armada pour lui avouer : « Il faut que vous m’aidiez, car cela m’échappe des mains ».
Lorsqu’il convoqua Adolfo Suarez (PS) pour lui demander sa démission, quatre généraux étaient également présents. Les chefs des régions militaires de Valence, Séville, Valladolid et Saragosse tombèrent d’accord avec le Roi pour confier la prise des Cortes à un officier qui avait de l’expérience dans ce domaine : le lieutenant-colonel Tejero.
C’est ainsi qu’à 18 h 21, le 23 février alors que devait avoir lieu le second vote d’investiture pour le président du Gouvernement, les gardes civils firent irruption dans l’hémicycle interrompant le vote et ordonnant à toutes les personnes de s’allonger à terre. Le lieutenant-colonel comprit qu’il avait été joué lorsque le général Armada lui montra la liste des personnes désignées par le Roi pour constituer le Gouvernement parmi lesquelles le vice-président socialiste Felipe Gonzalez et un député communiste. Précisons que la cerise sur le gâteau fut apportée par Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt qui lui intimèrent l’ordre de tout faire pour stopper le putsch. Giscard alla même jusqu’à lui proposer l’appui des parachutistes français si nécessaires. On se souvient qu’à une heure du matin, Juan Carlos s’exprimait via la télévision pour vilipender « ceux qui prétendent interrompre par la force le processus démocratique ».
Malgré l’abandon de deux généraux qui rallièrent le camp du Roi, le lieutenant-colonel tint la Chambre des députés jusqu’au lendemain midi. Il fut condamné à trente ans de réclusion. Quant au Général Armada, après avoir été trahi par Juan Carlos qui osa déclarer à son sujet : « Voilà vingt ans qu’il me trompe », il eut une peine de six ans de prison. »
Source : Lectures Française n° 307, Novembre 1982 (cité in La lettre des Amitiés franco-hispaniques, n°108, Hiver 2021)