Né le 21 décembre 1911 à Saint-Maixent , il est élève-officier à Saint-Cyr dans la promotion 1930-1932.
En mai et juin 1940, il combat avec le 27e BCA sur l’Ailette. Prisonnier des Allemands le 16 Juin à Maizières (Aube), envoyé en Silésie, il tente plusieurs fois de s’évader et réussit en mars 1944 à la troisième tentative.
Il rejoint en mai 1944 la Haute-Savoie et devient le chef départemental de l’AS.
Muté à sa demande en Indochine, il sert sous les ordres du général Gilles, du général Roger Gardet et du colonel de Crèvecœur. Il commande la colonne dite « Crèvecoeur » qui, au printemps de 1954, se dirige, à partir du Laos, en direction de Dien Bien Phu avec pour mission de recueillir les possibles rescapés ayant réussi une éventuelle sortie du camp retranché.
En Algérie en 1955, il est chef d’état-major du Groupe parachutiste d’intervention (GPI) commandé par le général Massu et qui deviendra, peu après, la 10e division parachutiste. À l’automne 1956, il participe à ce poste à la campagne de Suez à Port-Fouad et Port Saïd.
Après la Semaine des barricades de janvier 1960, il est muté à Nevers. Au moment du soulèvement des généraux du 22 avril 1961, il est à Alger avec les quatre généraux et prend le commandement de la zone Nord-Algérois. Après son échec, il entre dans la clandestinité et participe à l’organisation de l’OAS dont il devient l’un des principaux responsables en Algérie sous les pseudonymes de Claude, Khider, Françoise ou B15.
Il quitte l’Algérie à l’été 1962 et disparaît jusqu’en 1967. Pour ses actions au moment du coup d’Alger et dans l’OAS, Yves Godard est condamné à mort par le Haut tribunal militaire, puis à vingt ans de détention criminelle par le tribunal militaire spécial et, de nouveau, à la peine de mort par la Cour de sûreté de l’État.
Amnistié en 1968, il termine sa vie en Belgique à la tête d’une petite entreprise de fabrication de plafond en plâtre et aluminium à Lessines. Il meurt là, le 3 mars 1975, et est enterré à Thônes.
Commandeur de la Légion d’honneur, Yves Godard avait entrepris la rédaction d’un ouvrage intitulé « Les trois batailles d’Alger » dont un seul tome a été publié par Fayard en 1972 sous le titre : « Les paras dans la ville ».
Présidant l’association des anciens de l’OAS, j’ai maintes fois répété, sur ce site, que les commémorations nostalgiques ne présentaient qu’un intérêt limité si elles n’étaient pas l’occasion d’en tirer des enseignements pour les combats d’aujourd’hui.
Ce qui prend tout son sens dans le cas du Colonel Godard, qui, à une époque où, une fois de plus, notre Etat Major avait une guerre de retard, était parvenu à comprendre ce que nos pseudos « élites » contemporaines n’ont toujours pas réalisé :
A savoir qu’un maintien de l’ordre ne reste un maintien de l’ordre que dans la limite de manifestations de rues… Mais que lorsque le sang coule au rythme de la multiplication d’attentats, il ne s’agit plus de maintien de l’ordre : Cela s’appelle un état de guerre !
Etat de guerre nécessitant dès lors une totale collaboration entre forces de police et forces armées, ce que le Colonel Godard avait réalisé sous son autorité.
Il professait également que la reconnaissance d’un état de guerre excluait toute « moraline », le seul critère étant désormais l’efficacité.
Une efficacité s’avérant dévastatrice, lorsque, secondé par le capitaine Léger, il était parvenu à intoxiquer le plus important responsable des tueurs FLN, le cruel mais stupide Amirouche qui, s’étant laissé persuader qu’il était trahi, avait lui-même éliminé sous la torture la plus grande partie des terroristes sous ses ordres.
Au point que l’on avait estimé, à l’époque, qu’en Kabylie, épicentre de la rébellion, cette manipulation avait couté plus de pertes au FLN que toutes les opérations militaires précédentes !
Ce qui amène à présumer qu’en cas d’affrontement avec les mêmes dans notre hexagone, nous serions confrontés…
– D’une part au risque d’une impuissance de nos « élites » résultant de scrupules moraux inadaptés aux circonstances.
– Mais d’autre part à la même stupidité des « Amirouche » d’aujourd’hui, aussi bien en France qu’en Algérie à condition, toutefois, d’être capables, comme Yves Godard, d’exploiter cette stupidité sans états d’âme…
C’est le futur colonel Godard qui reçut la reddition des miliciens de Savoie en échange de la promesse d’être traités en prisonniers de guerre. Cette promesse ne sera pas tenue et ils seront fusillés au grand bornand pour la majorité.
Il faut s’en souvenir aussi.
Je me range volontiers à votre avis en ce qui concerne les crimes de « l’épuration » qui s’avèrent impardonnables et méprisables ! Mais je m’intéresse à Godard en termes d’efficacité. Et dans ce domaine, il reste un exemple à suivre.
Les véritables héros comme lui sont condamnés à mort, pendant que les traîtres et les lâches sont promus et aux commandes grâce à la République