À la suite des évènements de la journée du 10 août 1792 et de l’attaque des Tuileries par le peuple parisien, Louis XVI est interné à la prison du Temple avec sa famille pour haute trahison. À l’issue de son procès, Louis XVI est condamné à mort à une courte majorité le 15 janvier 1793. Après avoir voté la condamnation à mort du roi, la Convention envoie une délégation annoncer le verdict à Louis XVI, retenu prisonnier à la maison du Temple. Celui-ci formule un certain nombre de requêtes, dont notamment l’octroi d’un délai supplémentaire de trois jours avant l’exécution proprement dite, et une dernière entrevue avec sa famille. Les députés ayant refusé de repousser la date de la mise à mort du roi, celui-ci sera guillotiné le lendemain…
Le dernier dîner du condamné lui est servi vers 19 heures. Constatant l’absence de couteau et de fourchette, il s’écrie : « Me croit-on assez lâche pour attenter à ma vie ? » avant d’ajouter : « Je mourrai sans crainte. Je voudrais que ma mort fît le bonheur des Français et pût écarter les malheurs que je prévois, le peuple livré à l’anarchie, devenu la victime de toutes les factions, les crimes se succédant, de longues dissensions déchirant la France. »
Après avoir eu un premier entretien avec l’abbé de Firmont vers 20 heures, Louis XVI reçoit, comme il l’avait demandé, la famille royale dans son appartement. Marie-Antoinette entre dans la salle à manger, accompagnée de sa fille Marie-Thérèse de France dite Madame Royale, du dauphin Louis-Charles et de sa belle-sœur Élisabeth de France. Les gardes observent la scène par le biais d’une cloison en partie vitrée. Le roi demande à son fils de ne jamais vouloir venger sa mort, ce que ce dernier promet. Marie-Antoinette implore son époux de les recevoir une dernière fois le lendemain matin avant le départ pour l’échafaud. Il accepte cette entrevue pour 8 heures, avant de l’avancer à 7 heures sur l’insistance de la reine. Il ne tiendra pas sa promesse. Vers 23 heures, la famille royale se retire et Louis XVI s’entretient de nouveau avec son confesseur. Il se couche vers minuit et demi.
Après une courte nuit, Louis XVI est réveillé à 5 heures par Cléry, son valet, qui avait passé la nuit sur une chaise non loin de lui. Le condamné lui dit alors « J’ai bien dormi, j’en avais besoin. ». Le roi se rase, retire de ses poches sa lorgnette, sa boîte à tabac et sa bourse puis se vêt d’un habit marron pâle doublé d’une toile écrue, muni de boutons dorés4. Il demande à son valet de lui couper les cheveux mais on refuse de leur confier une paire de ciseaux. Vers 6 heures, l’abbé Henri Essex Edgeworth de Firmont les rejoint. Il aménage la commode en autel et célèbre la dernière messe du roi, servie par Cléry. Louis XVI restera à genoux pendant toute la cérémonie et recevra le viatique (la communion du mourant).
Sur les conseils de l’abbé, Louis XVI évite une dernière scène d’adieux avec sa famille. Entendant les hennissements des chevaux et les canons que l’on roule sur la chaussée, Louis XVI observe : « C’est probablement la Garde nationale qu’on commence à rassembler. » Le dispositif de sécurité est important, d’autant plus que dans la nuit du 20 au 21 janvier a eu lieu l’assassinat de Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, député de la Convention ayant voté la mort du roi.
À 7 heures, Louis XVI confie ses dernières volontés à l’abbé. Il transmet à Cléry son cachet aux armes de France pour le Dauphin et son alliance pour la reine ; à propos de l’anneau, il confie à son valet à l’intention de la reine : « Dites-lui bien que je le quitte avec peine. » Il conserve au doigt l’anneau du sacre. Louis XVI s’entretient une ultime fois avec son confesseur. Vers 8 heures, il est interrompu par Antoine Joseph Santerre qui commande les gardes nationaux, mais lui rétorque « Je suis en affaire, attendez-moi là, je suis à vous. ». Il reçoit une dernière bénédiction de l’abbé en lui confiant « Tout est consommé », remet son testament à l’un des officiers municipaux présents et se remet aux mains de Santerre.
La voiture quitte le Temple vers 9 heures au son de tambours et de trompettes. Elle tourne à droite dans la rue du Temple, pour rejoindre les grands boulevards, tandis que le roi continue de réciter les psaumes et la prière des agonisants. Paris a alors 80 000 hommes en armes (Fédérés, Gardes nationaux, fusiliers) occupant les carrefours, les places et postés le long des rues8. Des canons sont postés à chaque endroit stratégique. Le convoi est précédé d’environ 200 gendarmes à cheval. Les Parisiens sont venus en nombre assister à l’exécution, tant sur le trajet qu’à l’emplacement de la guillotine. Les volets sont clos et les boutiques fermées. La plupart des personnes sont silencieuses. Certains demandent grâce, d’autres au contraire fredonnent « Ah ! ça ira ».
Dans le quartier Bonne Nouvelle, aux environs de la rue de Cléry, le baron de Batz, soutien de la famille royale qui a financé la fuite de Varennes, a convoqué 300 royalistes pour tenter de faire évader le roi. Le roi devait être caché dans une maison appartenant au comte de Marsan, rue de Cléry. Le baron de Batz s’élance : « Avec moi, mes amis, pour sauver le roi ! ». À la suite de la dénonciation de ses compagnons, seuls quelques-uns ont pu venir. Trois sont tués, mais le baron de Batz réussit à s’échapper.
Le cortège emmené par Santerre poursuit son trajet par les boulevards et la rue de la Révolution (actuelle rue Royale). Il débouche vers 10 h 15 sur la place de la Révolution et s’arrête au pied de l’échafaud installé entre les Champs-Élysées et le piédestal de la statue de Louis XV qui vient d’être déboulonnée et situé à 2 mètres de haut. Peint en rouge, l’échafaud est placé au milieu d’un espace vide encadré de canons et d’une troupe de fédérés, le peuple étant tenu au loin. 20 000 hommes ont été déployés pour l’entourer. Voyant l’échafaud, le roi lance : « Nous voilà arrivés, si je ne me trompe. »
Accompagné par des roulements de tambour, le roi, assisté de l’abbé Edgeworth, monte sur l’escalier et rejoint les cinq bourreaux (Sanson et ses quatre assistants) sur la plate-forme. Contre toute attente, Louis XVI s’avance sur le bord gauche de l’estrade. Il fait signe aux tambours de s’arrêter et déclare d’une voix forte : « Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France. » L’abbé de Firmont lui crie alors : « Fils de Saint Louis, montez au Ciel ! »
À 10h22, la planche bascule, la lunette de bois se referme sur sa tête et le bourreau Charles-Henri Sanson actionne le couperet. Le canon tonne et prévient la famille du roi restée à la Tour du Temple que l’exécution a eu lieu. Le cadavre de Louis XVI est immédiatement déposé dans la charrette de Sanson puis transporté au cimetière de la Madeleine. Le 21 janvier 1815, les restes de Louis XVI furent inhumés à la basilique Saint-Denis.
Nous livrons ci-dessous le testament rédigé par Louis XVI de France le jour de Noël 1792.
TESTAMENT DE LOUIS XVI
Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du fils et du Saint Esprit. Aujourd’hui vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre vingt douze.
Moi, Louis, XVIème du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille. De plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m’adresser. Je déclare ici en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments.
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne.
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal.
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma Sœur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité. Je prie ma sœur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre la leur.
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son cœur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile.
Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur.
Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître.
Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie MM de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune.
Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur cœur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser.
Je prie MM de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi.
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Par ce régicide, la France est devenue une dictature maçonnique. Nous sommes tous devenus des chouans à abattre. Il ne doit en rester qu’un: l’être suprême. Celui qui ne porte pas de nom, n’est autre que Satan lui-même. Sainte Marie veille sur notre patrie, tant martyrisée par ces possédés de la révolution, par ces terroristes sanguinaires. Un jour, elle donnera un successeur pour le trône de France, pour que la fille ainée de l’Eglise retrouve sa gloire et sa puissance.
En attendons, prions pour notre rédemption, pour le salut de notre nation.
La république est sur la fin,mais avant le retour d un ROI CATHOLIQUE les français vont être châtie s pour leurs trahisons.VIVE LE ROI A mort la ripoublique
C’est un crime inexpiable, la pouillerie et la racaille révolutionnaire a enfin pris la place du roi!
Nous éprouvons tous les jours les conséquences délétères de cette rupture abominable dans l’histoire, les conspis incultes peuvent nous raconter tout ce qu’ils veulent, le sens de l’histoire gît ici, seul le fascisme pouvait l’inverser, je vais m’expliquer. Je ne suis pas contre l’ascension sociale, mais à condition qu’elle s’accomplisse lentement et que le prétendant ou l’impétrant fasse sien tout le capital culturel et moral nécessaire à cette fin. A partir de ce moment, la France a mis le feu à l’Europe en faisant accroire à tout le monde que l’on pouvait devenir roi, entendre grand, riche et puissant, du jour au lendemain, mais sans se reconnaître débiteur de quoi que ce soit, au premier chef envers un passé, une histoire, une culture, etc.
Renan disait à raison dans la Réforme intellectuelle et morale que « le peuple proprement dit et les paysans, aujourd’hui maîtres absolus de la maison [après 1789 donc], y sont en réalité des intrus, des frelons impatronisés dans une ruche qu’ils n’ont pas construite ». Et la ruche est clérico-aristocratique! Il proteste en effet peu avant que « la civilisation a été à l’origine une oeuvre aristocratique, l’oeuvre d’un tout petit nombre (nobles et prêtres), qui l’ont imposé par ce que les démocrates appellent force et imposture ». Quelle hauteur de vue de la part d’un des plus grands savants français du XIXe siècle! Toutes les nations sont en effet à la base des créations d’une élite de guerriers et de prêtres (au sens indo-européen du terme), on peut l’attester archéologiquement, linguistiquement et historiquement quand on dispose des documents, fussent-ils lacunaires. Je le démontre assez facilement dans mon histoire du peuplement de l’histoire de l’Ouest à paraître aux Ecrits de Paris. La genèse de l’Etat ou de la première organisation sociale dans ce qui deviendra la France remonte par exemple au premier âge du fer vers -800 avec l’indo-européanisation-celtisation (la future Gaule était déjà peuplée de populations néolithiques d’origine anatolienne) et l’apparition du petites chefferies aristocratiques ici et là. La fameuse tombe à char de la dame de Vix en Bourgogne datant du VIe siècle avant notre ère témoigne très bien de ces embryons d’Etat celtique ou indo-européen (cad organisé d’abord par une élite de guerriers de métier) commençant à apparaître sur notre sol. Les prêtres (dans leur acception indo-européenne bien entendu, pas ici au sens catholique) viendront ensuite pour mettre en forme le projet aristocratique originel dans un récit, une épopée, des mythes, les valeurs communes dans lesquelles communiera la société. Bien que l’on a accoutumé d’en faire une lecture humaniste (voir ce qui est universel dans l’oeuvre), l’Iliade d’Homère est nûment la charte des valeurs de l’antique aristocratie indo-européenne (gloire, honneur, courage, fidélité, hospitalité, beauté, etc.), il faut simplement en faire une lecture plus scientifique que nous autorise le progrès des études indo-européenne depuis deux siècles. Une comparaison avec les vedas, et même avec le Mahabharata beaucoup plus tardif, est aussi très instructive et éclairante, on y entrevoit les mêmes comportements et les mêmes aspirations. Nos aristocrates celtiques de Gaule communiaient partant dans les mêmes valeurs que les guerriers mycéniens ou antérieurs de l’Iliade, même à la fin de l’âge du fer, ceux que César rencontra en -58 lorsqu’il arriva avec ses légions en Gaule, ainsi que nos Germains de la Germania de Tacite.
Pour nous rapprocher de notre époque, la société s’est christianisée, mais elle est toujours demeurée clérico-aristocratique, nos épopées plus modernes comme la Chanson de Roland campent des valeurs aristocratiques et chrétiennes à la fois. Où en étions-nous juste avant la Révolution?
Nous étions encore dans cette configuration, mais beaucoup plus au plan symbolique bien entendu. Le sens de l’honneur était toujours aussi vif, mais les rapports sociaux étaient plus apaisés, les duels étaient moins fréquents par exemple et la civilisation, la politesse (d’origine aristocratique toutefois) avaient fait leur oeuvre.
Ce qui compte cependant, c’est à quoi l’on attribue de la valeur, ce qui est symbolique donc. La France d’avant 1789 était encore fondée sur son « projet aristocratique originel » déterminé par le roi, l’aristocratie et l’Eglise (prêtre). Il faisait consensus comme partant en Europe de l’Ouest (dans l’Espagne du XVIe siècle, l’Italie de la Renaissance, le Royaume-Uni du XIXe siècle) nonobstant des inégalités criantes et insupportables à beaucoup de régnicoles, qu’on le veuille ou non, on l’a constaté en Vendée. Les paysans vendéens ont défendu l’ ancienne France contre les suppôts de la nouvelle.
Quoi que l’on pense dudit projet aristocratique originel et des inégalités insupportables qu’il avait générées (c’était pareil dans la très haute Antiquité, les élites aryennes ou indo-européennes ont capté toutes les richesses, il faut voir les tombes somptueuses des grands princes celtiques, par exemple celle du prince de Hochdorf datant de -530 avant notre ère par exemple à coté de Stuttgart), il a été très créateur et a permis la fondation d’un foyer de culture et de civilisation unique au monde dans toute l’Europe de l’Ouest jusqu’au XIXe siècle. L’ascension sociale n’y était point interdite, fort au contraire, rien n’est plus vil qu’une société scélorosée socialement. Ce qui différenciait cependant cette Europe-là de la nouvelle, celle qui a commencé en 1789 et qui s’est répandue partout ailleurs ensuite, c’est que pour les impétrants de basse extraction comme Jacques Coeur au XVe siècle (descendant d’un pelletier de Saint-Pourçain-sur-Sioule dans le Bourbonnais), Colbert, le franc-comtois Nicolas Granvelle (premier conseiller de Charles Quint) et moultes autres, le projet aristocratique originel faisait un avec eux, ils ne pensaient pas à détruire la société une fois parvenu au pinacle. Il a fallu une ou plusieurs générations pour arriver au faîte des honneurs. Il faut lire et relire L’Etape de Paul Bourget.
Avec le développement de la civilisation et sa complexification, il y eut néanmoins certains pays où les élites historiques ont complètement forligné. Le meilleur exemple en est l’Espagne et vous allez comprendre maintenant où je veux en venir et pourquoi le fascisme bien compris est la seule solution aux problèmes de notre temps, il peut définitivement fermer la parenthèse ouverte le 21 janvier 1793. En 1936 juste avant la guerre civile, l’Espagne était le tiers monde de l’Europe, composée d’une population de misérables et d’analphabètes à 50%. Les miséreux avaient deux solutions: la révolution mondiale horizontale judéo-marxiste: briser encore plus le projet aristocratique originel et détruire définitivement toute histoire et toute civilisation ou alors la solution fasciste (que l’on pourrait aussi appeler « socialiste nationale ») proposée par José-Antonio Prima de Rivera (non celle du soudard inculte Franco), réintégrer le prolétariat espagnol dans la nation historique hispanique et partant son projet aristocratique originel, mais en lui donnant les moyens de vivre dignement (je rappelle que la vie n’est pas faite que de « tradition » et de « projet aristocratique originel », on a envie de s’amuser, de s’instruire, de sortir, de faire du sport, d’acquérir quelques biens matériels qui nous facilitent la vie, etc.).
Le fascisme bien compris et non malheureusement son acception actuelle complètement galvaudée, c’est la prise de conscience de l’irruption subite des masses dans le jeu politique à partir de 1789 en France et plus tard en Europe de l’Ouest, par conséquent la pensée que ces masses, « frelons impatronisés dans une ruche qu’ils n’ont construite » vont inexorablement sacrifier à toutes les tentations cosmopolites et matérialistes possibles indépendamment de tout ce qui les constitue (culture, histoire, race), pensée dis-je que tout ce qui matériel va prévaloir pour elle sur tout ce qui est moral, culturel, historique. Partant du romantisme allemand, le fascisme s’est donc proposé ni plus ni moins que de renationaliser les masses afin de les faire adhérer au « projet clérico-aristocratique » originel avec un programme social très généreux. Pour l’Espagne, la nation glorieuse et conquérante, première puissance du monde au XVIe siècle; pour l’Italie l’ancienne Rome et la Renaissance majestueuse des XVe et XVIe siècle; l’Allemagne, la Germanie foyer des peuples qui vont refonder l’Europe après la chute de Rome avec les Grandes Invasions (être allemand balayeur ou capitaine d’Industrie nous assure la même considération dans la mesure où nous appartenons à cette même communauté raciale descendante de toutes tribus du Ve et VIe siécle ayant refondé l’Europe: Francs, Burgondes, Goths, Lombards, Saxons, etc.).