Jeune Nation reproduit ci-dessous l’entrevue donnée à Georges Feltin-Tracol par notre camarade et ami Pierre-Marie Bonneau, avocat et membre du praesidum du Parti Nationaliste Français, parue dans Réfléchir et Agir n° 58, été 2018.
« Des textes liberticides destinés à faire taire tous les critiques du Système »
Pierre-Marie Bonneau
Me Pierre-Marie Bonneau officie à Toulouse. Son métier d’avocat le conduit à aborder le sujet des délits d’opinion et d’expression en France en 2018. Découvrons le point de vue d’un professionnel du droit.
G. F.-T. : Depuis la loi Pleven en 1972, les lois restreignant les libertés d’expression et d’opinion ne cessent de se multiplier (lois Gayssot, Taubira, Perben…). Comment expliquez-vous cette inflation législative ?
P.M. B. : Ces lois illustrent parfaitement la volonté de ceux qui nous dirigent de limiter la diffusion des opinions critiques vis-à-vis du changement de société qu’ils nous imposent. Elles ont tout d’abord été introduites, par paliers successifs, dans le paysage judiciaire français puis ont peu à peu été renforcées. La loi Pleven du 1er juillet 1972 ne fait ainsi que modifier le décret Marchandeau du 21 avril 1939 qui prévoyait déjà des poursuites « lorsque la diffamation ou l’injure, commise envers un groupe de personnes appartenant par leur origine, à une race ou à une religion déterminée, aura pour but d’exciter à la haine envers le citoyens ou les habitants ». Cette loi a donné aux associations antiracistes la possibilité d’exercer les prérogatives de la victime, de se constituer partie civile en provoquant ainsi des poursuites, en matière d’infractions dites racistes, lorsque celles-ci visaient non seulement une personne particulière mais également une communauté ou un groupe d’individus. La loi Gayssot du 13 juillet 1990 incrimine le révisionnisme historique et les autres textes postérieurs ont procédé à une aggravation du régime répressif, créant également une série d’infractions liées à l’appartenance de genre ou à l’orientation sexuelle. Ces lois sont des textes liberticides, destinés à faire taire tous les critiques du Système et surtout de son évolution. Elles s’accompagnent de campagnes médiatiques (Dupont-Lajoie ou Shoah) suscitant le rejet par la population d’idées et concepts qu’elles entendent réprimer.
Cette tendance à pénaliser les opinions ne concerne pas que la France. Ses voisins suivent cette regrettable mode. Serait-ce un coup des eurocrates de Bruxelles ?
Nul ne sait exactement s’il s’agit d’un « coup » prémédité ou de réactions de défense d’un système et de ses acteurs. Seuls les historiens de l’avenir le sauront. Les seuls indices dont nous disposons, sur la création et l’aggravation de la législation dite antiraciste, tiennent à l’identité de ceux qui en ont, mais presque toujours en seconde ligne, été à l’origine. Mais les dispositions mêmes de ces textes nous interdisent d’étudier sérieusement ce point, sous peine de poursuites pénales. Il existe également un syndicat d’intérêts communs, même minimal, entre ces idéologues et nos gouvernants, qui eux, craignent les conséquences d’un soulèvement populaire. Cela concerne évidemment l’ensemble des pays d’Europe, dans la mesure où les dirigeants politiques appartiennent aux mêmes cercles et sont peu ou prou soumis à des influences communes. Le rejet par les peuples européens de la société multiraciale et consumériste que ces coteries nous imposent est également commun : il est donc assez logique de considérer que la réponse répressive soit la même partout en Europe.
Depuis quelques années, les tribunaux condamnent très lourdement les militants politiques (Identitaires à Poitiers, Pierre Cassen, Alain Soral, Dieudonné, Jean-Marie Le Pen…). Est-ce une volonté délibérée de briser toute opposition sérieuse au Régime ?
Oui. Il s’agit d’un simple constat. Les temps sont durs pour le Système qui va d’échec économique en catastrophe sécuritaire. Le terrorisme islamiste accompagne l’augmentation de l’insécurité, la disparition de notre tissu industriel voisine avec la chute vertigineuse du pouvoir d’achat et la paupérisation des classes moyennes, l’ascenseur social est tombé en panne… Bref, les raisons, pour le peuple, de se mettre en colère ne manquent pas. Devant cette situation, la classe dirigeante prend peur et préfère se prévenir d’un soulèvement généralisé. Une fois enclenchées, les révolutions ne s’arrêtent pas avant d’avoir détruit le Régime honni. Le Système est inefficace quand il s’agit de traiter des maux qui rongent la France. Il ne prend plus que des décisions d’ordre médiatique, destinées à montrer qu’il agit superficiellement.
Serait-il plus grave aujourd’hui de contester certains événements historiques que de vendre du shit ou d’agresser des vieilles dames ?
Il me semble surtout intellectuellement très dangereux de comparer les deux… Vendre du shit ou agresser des vieilles dames est nécessairement mauvais. La crapulerie a existé de tout temps et dans toutes les sociétés. Il est normal pour les dirigeants politiques de protéger le peuple contre ces méfaits. Il est en revanche monstrueux d’assimiler des historiens, dont les analyses peuvent déranger, à des gibiers de potence. Le délinquant poursuit un but profondément égoïste, celui de son propre enrichissement. Par sa nature même, il est amoral. Le militant politique ou l’historien révisionniste luttent au contraire pour la vérité, pour le bien commun, dans une démarche parfaitement altruiste. Les assimiler à des délinquants est intellectuellement et moralement inadmissible. C’est pourtant ce que tente de faire le Système, qui confie à ses séides la mission, à grand renfort de propagande médiatique, de nous expliquer que le racisme est un délit et non pas une opinion ou que tel ou tel fait historique ne doit pas être remis en cause « parce qu’il a existé ». Dans le même temps, ce même Système accepte l’existence de zones de non droit dans les banlieues et achète la paix sociale en tolérant l’existence d’une économie souterraine pourtant nuisible. Mais ce ne sont pas les dealers qui iront faire la révolution et pendre nos gouvernants aux réverbères, tant que leur petit commerce sera prospère…
Avec la lutte contre les harcèlements (de rue, sexuels, scolaires, professionnels), la judiciarisation de pans entiers de la vie privée arrive-t-elle à son terme ?
Elle n’a pas de terme particulier… Le Système dans lequel nous vivons se défend en incriminant tout comportement qui lui semble dangereux pour sa perpétuation. Pour ce faire, il s’appuie sur les avancées technologiques. Il est bien plus facile de surveiller notre vie privée, qui passe souvent par le media informatique, aujourd’hui, que cela ne l’était hier. La lutte contre les harcèlements est surtout un moyen de déviriliser les Français de souche. Un peuple dévirilisé, mollement installé dans son univers virtuel et se contentant des miettes de prospérité que lui abandonne l’hyperclasse dirigeante, est moins dangereux un peuple de Français orgueilleux et querelleurs…
Toutes ces lois sur le harcèlement ne sont-elles pas de l’enfumage ?
Elles sont simplement une conséquence de l’évolution de notre société. Elles sont un faux remède, que le Système monte en épingle pour démontrer à la population qu’il « fait quelque chose »… Mais les campagnes de prévention qui montrent un harceleur « mâle blanc hétérosexuel » sonnent faux. Elles heurtent de plein fouet la perception que la majorité de la population a de la réalité des auteurs du harcèlement, des incivilités… Mais évidemment, cela ne peut pas être dit dans une société dont le postulat est l’antiracisme.
Dans 1984, Big Brother est panoptique. Avec les objets connectés, les puces RFID cutanées et les réseaux sociaux, la société de surveillance totale devient-elle une réalité ?
La société de surveillance totale est déjà une réalité. Elle est une réalité économique que nous vivons tous lorsque nous sommes la cible de campagnes publicitaires « individualisées » réalisées après analyse de nos préférences, de nos connexions… Il existe aujourd’hui des algorithmes qui permettent à un réseau social de savoir qu’une femme est enceinte avant même qu’elle ne l’apprenne elle-même, basés sur ses changements comportementaux, l’évolution des ses goûts, etc. Nous sommes donc surveillés, même si ce n’est pas nécessairement dans l’optique de nous contrôler entièrement au sens politique. Cette surveillance est évolutive. La technologie actuelle peut produire le meilleur comme le pire. Nous sommes également manipulés, afin que nous nous mettions à aimer tel ou tel produit qui n’en devient ainsi que plus rentable. Cela peut être constaté aujourd’hui pour à peu près n’importe quel bien de consommation et n’importe quelle campagne publicitaire. C’est donc la nature du pouvoir politique qui est déterminante : si le pouvoir est bon, ces moyens modernes seront utilisés au service du bien public. La prise de pouvoir et la révolution nationale sont donc une nécessité d’autant plus criante.
Quel est l’avenir des dissidents ?
Napoléon disait que la victoire appartient à celui qui sait dormir sur le champ de bataille. Il est impossible de conquérir le pouvoir par le biais des élections, dans le système politique actuel. Celui-ci n’accordera au mieux, et encore !, qu’un strapontin à quelques personnes issues de la mouvance dissidente, lorsqu’il aura la certitude que ses personnes se sont assimilées à lui et ne présentent donc plus aucun danger. Nous en avons eu encore ces dernières années l’illustration avec la calamiteuse politique de dédiabolisation du Front national. Mais les changements profonds, ethniques, religieux, comportementaux, moraux, que les dirigeants actuels veulent imposer à la société française provoquent déjà d’importants soubresauts. Qui aurait pensé que l’adoption du « mariage pour tous » provoquerait de telles manifestations de masse seulement un an avant celles-ci ? Tout peut s’emballer dans un processus révolutionnaire. Il nous faut nous adapter, les révolutions surviennent quand le peuple ne veut plus et quand le pouvoir ne peut plus. Tout devient alors possible…