Ce n’est plus du goutte à goutte, c’est désormais une véritable hémorragie. La démission de Gérard Collomb qui était pourtant un fidèle parmi les fidèles du chef de l’Etat du ministère de l’Intérieur — ce qui en dit long sur son désamour à l’égard du locataire de l’Elysée — s’ajoute à une longue série. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron et la formation du premier gouvernement d’Edouard Philippe, sept ministres ont en effet quitté leur fonction. Le 19 juin 2017, on apprenait la démission de Richard Ferrand du ministère de la Cohésion des territoires. L’élu de Bretagne était soupçonné par la justice d’une prise illégale d’intérêt dans l’affaire dite des mutuelles de Bretagne. La démission de cet intime de Macron sera la première épine dans le pied du tout nouveau président de la République. Mais cette semaine-là sera riche en rebondissements puisqu’en trois jours, pas moins de quatre ministres partiront. François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard du Modem seront en effet contraints eux aussi de quitter leurs fonctions ministérielles, leur parti étant soupçonné, comme le FN-RN, d’avoir rémunéré à un moment donné certains de ses permanents comme assistants parlementaires européens.
Le 28 août 2018, c’est sur l’antenne de France Inter que le ministre de l’Écologie Nicolas Hulot annonce qu’il quitte son poste, expliquant qu’il ne parvient pas à mener son combat pour l’écologie au sein du gouvernement. C’est un coup dur pour l’Exécutif, Hulot étant une prise de guerre dont revaient beaucoup de chefs politiques, même si cet homme de media n’a en réalité aucun intérêt et aucune valeur. Dix jours plus tard, c’est le ministre des Sports, Laura Flessel, qui démissionne. L’ex-championne d’escrime évoque des « raisons personnelles » mais le Canard enchaîné et Mediapart affirment qu’elle est en délicatesse avec le fisc.
C’est toutefois la démission de Gérard Colomb qui est certainement la plus dure à encaisser pour le président. Depuis l’affaire Benalla, rien ne va plus entre le locataire de la place Beauvau et le chef de l’Etat. L’ex-maire de Lyon aurait en effet très mal vécu d’être mis en premier ligne dans cette affaire qui semblait concerner au premier chef l’Élysée. De plus, il semble ne plus souffrir l’arrogance du jeune et sémillant président. La fameuse photographie de Macron aux Antilles avec de jeunes délinquants faisant ostensiblement le doigt d’honneur n’a certainement pas arrangé les choses.
On le voit, en politique comme dans la vie, les désamours les plus violents peuvent succéder très vite aux passions les plus fortes. Et au-delà des sentiments il y a aussi les intérêts : Emmanuel Macron étant en chute libre dans les sondages, ainsi que la liste qu’il entend constituer et soutenir aux européennes du 26 mai 2019 et qui, en quelques mois, a dégringolé dans les sondages d’une quinzaine de points, d’aucuns préfèrent d’ores et déjà quitter le navire, en méditant cette célèbre maxime : « le Capitole est proche de la Roche Tarpéienne ».
Emmanuel Macron s’était exprimé quelques jours avant la démission de Collomb le mardi 25 septembre à New York devant la 73e Assemblée générale des Nations Unies. Ce qui lui valut alors dans la presse hexagonale un tonnerre de louanges. S’exprimant quelques heures après le président américain Donald Trump, le Français plus étranger que jamais à sa mère patrie avait cru bon, suivant sa détestable habitude, de dénigrer une nouvelle fois son pays : « Je viens d’un pays qui a fait beaucoup d’erreurs, beaucoup de mauvaises choses » [sic]… Comprenne qui pourra ! De quoi parle exactement ce petit bonhomme sorti de nulle part, fils et fruit des œuvres équivoques de son mentor en jupons, Mme Trogneux ? Difficile en effet dans le cas de cette dernière de parler d’Égérie… Macron a également trouvé expédient de s’attaquer à la politique étrangère de la Maison-Blanche, le Lilliputien se faisant les dents sur le mollet du géant américain, cela ne manque pas de sel ! De toute évidence Macron, sur un pari aussi inconséquent que stupide, joue à fond la partition écrite par l’État profond qui s’emploie outre-Atlantique, avec fureur et opiniâtreté, à démettre le président en exercice, car celui-ci, à l’évidence, quelles que soient les critiques fondées que l’on peut lui faire, ne remplit pas le cahier des charges mondialiste comme il l’eut dû, notamment en plaidant dans la Maison de verre des nations Unies pour le souverainisme et l’unilatéralisme.
Le cas du juge Brett Kavanaugh, se disant catholique et conservateur, candidat de la Maison-Blanche à la Cour suprême, et dont la nomination a finalement été validée par le Sénat le 6 octobre au grand dam de tous les gauchistes, est à ce titre exemplaire de la volonté perverse du camp Démocrate (mais pas seulement parce que derrière les Démocrates se dissimulent justement les tireurs de ficelles, les maîtres marionnettistes du Deep State) de torpiller l’actuelle présidence. Comme l’on sait, Kavanaugh a été, toutes ces dernières semaines, l’objet d’une odieuse campagne de diffamation pour des faits d’exhibition sexuelle aussi improbables qu’improuvables remontant à 1982. Mais que l’accusation soit grotesque, l’establishment américain n’en a cure. Simultanément puritain et ultra-permissif, adepte d’une certaine pornographie verbale et de la « théorie du genre », les caciques anti-Trump ont utilisé sans vergogne les plus sordides arguments, même si leur “témoin” à charge, le pivot de leur accusation a été prise la main dans le sac à mensonges lors de son audition devant une commission d’enquête sénatoriale destinée à confirmer ou invalider la candidature du juge Kavanaugh.
Rappelons par ailleurs — pour mieux comprendre la hargne du président français — que Trump, après lui avoir passé la main dans le dos (au propre et non au figuré) lors de sa visite d’État fin avril à Washington, s’est entêté à vouloir remettre en cause l’accord 5+1 sur le programme nucléaire iranien. La déconvenue du jeune Macron — qui eût voulu à cette occasion passer pour le chef providentiel d’une Union européenne parlant d’une seule voix, la sienne — fut grande. Idem pour la COP21 (la gouvernance globale avançant masquée sous couvert de lutte contre les dérèglements climatiques) dont les Américains souhaitent se désengager, préférant le sort de leurs mineurs de fonds à des lubies prétendument écologiques. Signalons au passage que l’Allemagne, sortie du nucléaire (tout en important de France de l’électricité produite par nos centrales atomiques) est par contrecoup l’un des plus grands consommateurs planétaires de houille. Et par suite, l’un des pays les plus polluants, l’éolien ne pouvant exister sans le secours (ou l’appoint) d’usines thermiques fonctionnant au fuel, au gaz, à la lignite ou au charbon… C’est ça, l’écologie politique !
Macron a également déclaré à la tribune des Nations Unies : « Nous travaillerons au G7 pour que les engagements pris à la COP21 soient revus à la hausse. Et si l’un des membres du G7 ne veut pas avancer, nous avancerons quand même en allant chercher de nouvelles coalitions, de nouveaux formats […] Ne signons plus d’accords commerciaux avec les puissances qui ne respectent pas l’accord de Paris ». M. Macron nous la baille belle, le voici, urbi et orbi, donneur d’ordre et maître chanteur. Il menace Washington ainsi qu’il le faisait voici quelques jours à l’occasion du sommet informel de Salzbourg où il prétendait le 22 septembre exclure (à lui tout seul sans doute) des accords de Schengen, les pays qui ne voudraient pas plus d’intégration dans l’Union Européenne tels la Pologne, la Hongrie et tous les États dirigés par des forces populistes. L’Amérique tremble.
Macron visiblement estime à l’appui de son arrogance (est-il si bien renseigné que cela) que Donald Trump perdra le 6 novembre prochain les élections de mi-mandat, sera démis de ses fonctions comme feu Nixon son modèle et in fine, poussé manu militari vers la sortie. Au demeurant le 45e président des États-Unis conserve une indéniable assise populaire fondée sur des résultats tangibles avec une croissance frôlant les 3 %, un chômage inférieur à 4 % (au grand bénéfice des noirs et des latinos), une hausse significative du pouvoir d’achat liée la diminution des taxes et impôts assortie de gains substantiels pour les entreprises.
A contrario, la France affronte un chômage qui atteint les dix pour cent (au moins six million de sans-emploi), une fiscalité confiscatoire (45 % de prélèvements obligatoires), une balance commerciale déficitaire à hauteur de 70 milliards d’euros, une croissance en berne… alors que l’État dépense quelque 50 000 euros par an et par migrant clandestin réputé être un « mineur isolé » (25 000 ont été accueillis en 2017, sachant que 60 % d’entre eux sont des faussaires et que les tests osseux utiles à établir leur âge réel sont interdits comme contraires aux droits humains). Dans le même temps, chaque année 25 000 entreprises agricoles disparaissent. Un monde rural où le suicide devient un mode ordinaire de régulation socio-économique. Merci M. Macron !
Ce dernier, en dépréciant le travail accompli par Donald Trump à l’intérieur de ses frontières (qu’il travaille à renforcer), donne tout bonnement des gages à ses maîtres et commanditaires, ceux qui l’ont rappelé à l’ordre et à la discipline à l’occasion de l’affaire Benalla. À l’arrivée cependant, Macron devrait déchanter en n’étant pas payé de retour. Macron sert des maîtres ingrats. Il vient d’en avoir un aperçu. Le reste suivra. Car peut-être sera-ce lui auquel les Français, ces « Gaulois réfractaires au changement », ces « illettrés, fainéants, tabagiques et alcooliques » qui n’ont pas appris à « traverser la rue pour trouver un emploi », en un mot « des gens qui ne sont rien » (enfin pas tous, pas ceux du Sentier par exemple), demanderont de “dégager” ? Hélas, en politique les désirs ne correspondent pas toujours, et même très peu, aux réalités tangibles. Et comme le dit si bien le précaire locataire de l’Élysée, ne confondons pas la « société du spectacle » [passage effacé des retranscriptions écrites de son discours] (qu’il se plaît à dénoncer à la tribune des Nations Unies, mais dont il est un pur produit) avec le monde réel, toujours en marche, avec ou sans lui.
Bref, en attaquant à mots à peine couverts la présidence américaine — mais sans oser vraiment la nommer — il s’en prend au peuple américain tout entier. Cela ne se fait pas. Une inconvenance qui devrait en fin de compte laisser des traces. Tout cela afin de plaider en contrepoint — avec une éloquence aussi factice que pompeuse (comme tous les mauvais acteurs français subventionnés, le théâtreux Macron joue faux, aussi sa crédibilité s’en ressent-elle terriblement) pour on ne sait trop quel internationalisme à la sauce multilatérale. Le tout — bis repetita placent — avec force verbosités, des intonations discordantes, frisant par instant l’hystérie lorsqu’il s’imagine faire passer ses creuses platitudes pour des envolées lyriques. On ne le dira jamais assez, « le style, c’est l’homme » ! Dixit le zoologue et maître des forges, Buffon dans son discours de réception à l’Académie française le 25 août 1753.
Seuls des béotiens et des ilotes peuvent être bluffés (ou être dupes) d’un homme qui, vers la fin de son discours entre quasiment en transe, martèle son pupitre, enivré qu’il est par le flot jaillissant de sa jactance. N’oublions pourtant pas la foule de ceux qui, en courtisans chevronnés, applaudissent à la bouffonne nudité d’un monarque qu’ils parent des plumes du paon. Pauvres de nous qui avons beaucoup péché par démocratisme aigu et qui récoltons ce que nous avons semé : Macron et sa bande de zozos en tous genres. Car pour diriger les peuples — mais en l’occurrence il s’agit plutôt de piloter une entreprise en démolition, et certes cela suppose aussi le concours d’ingénieurs sortis des Grandes écoles — point n’est besoin d’une expertise particulière (Macron chef des armées ! quelle sinistre plaisanterie !)… La science infuse suffit et accessoirement la technique des fusions-acquisitions si utiles pour vendre au mieux disant les derniers fleurons et débris du patrimoine stratégique, commercial et industriel de la France… Alstom, les Chantiers de l’Atlantique (STX), Air France, l’aéroport de Toulouse, sans parler des terres agricoles et vignobles cédées à vil prix aux dragons dévorants de l’Asie nouvelle.
Au final, parce que les navrants propos du chef de l’État ne peuvent que nous rester en travers de la gorge, soulignons que nous assistons à un fait inédit dans l’histoire moderne : un chef d’État stigmatisant délibérément ses compatriotes, cela avec une admirable constance et persévérance. Attitude provocatrice qui eût été impensable il y a encore deux ou trois décennies, montrant à la fois les progrès d’un mondialisme dont l’épicentre se situe à Manhattan. Île monde, place off shore animée du plus grand mépris possible pour ses dépendances proches et lointaines. Cela démontrant en miroir l’approfondissement constant du fossé existant entre des classes dirigeantes (plus ou moins apatrides et de ce fait étrangères aux populations qu’elles gèrent), prenant leurs ordres à New York et à la Cité de Londres, État dans l’État, et le Pays réel… la France profonde, périphérique, celle d’en bas, des provinces et de la ruralité et celle des classes moyennes (lesquelles vont de l’ouvrier qualifié aux professions libérales via les commerçants, les artisans et toutes les catégories socioprofessionnelles intermédiaires).
Ce comportement cyniquement dépréciateur, parfaitement volontaire et récurrent, nous en dit long sur la personne du président et la nature du pouvoir qu’il exerce. Il éclaire crûment la fonction présidentielle, ses missions et ce qu’elles sont devenues dans cette zone géographique dite européenne où se regroupent diverses satrapies de l’Empire occidental anglo-judéo-protestant. Empire possédé par la cruelle ambition d’étendre sur le reste du monde les tentacules vénéneuses du monothéisme du marché (autrement dit l’idolâtrie marchande, celle de la réification de l’humain, produit comme un autre, à vendre en gros ou en détail), des droits de l’homme et de la démocratie universelle. Une colonisation totale, culturelle, intellectuelle et morale par le métissage et la destruction des référents identitaires subséquente, aboutissant à l’asservissement des âmes et la soumission des peuples aux puissance molochienne du gros argent. Tel est notre ennemi, le seul ennemi. Car tous les autres adversaires sortent de cette matrice infernale. C’est elle qui faut viser. C’est contre elle que la lutte à mort est engagée. Aussi gare aux prêcheurs de guerre civile qui veulent justifier leurs brigandages orientaux et construire leur nation parasite en nous faisant épouser leurs mauvaises querelles et livrer des guerres inutiles et injustes pour leur seul bénéfice.
Nous sommes soumis à un monde qui n’est pas le nôtre, par des chefs qui ne pensent pas français, qui sont totalement étrangers à l’âme de la France.
Jérôme BOURBON et Léon CAMUS.
Editorial du numéro 3347 de RIVAROL daté du 10 octobre 2018
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