Pierre Drieu la Rochelle est né le janvier 1893 dans le Xe arrondissement de Paris.
Nourri par la lecture de Stendhal et de Barrès notamment, il a très tôt le goût de l’écriture. Il entre à l’École libre des sciences politiques et se destine à une carrière dans la diplomatie. Contre toute attente, il échoue à l’examen de sortie et songe à se suicider.
Il est mobilisé dès le début de la Première Guerre mondiale et vit son expérience au front sur un mode nietzschéen. Blessé à trois reprises, il s’inspirera de cette expérience pour ses premiers textes comme Fond de cantine et, plus tard, La Comédie de Charleroi, recueil de nouvelles publié en 1934.
Il épouse en 1917 la sœur d’un condisciple d’origine juive, Colette Jéramec (1896-1970), dont il divorcera en 1925. Dans ses carnets d’étudiant, il avait écrit : « Deux êtres que je passerai ma vie à découvrir : la femme et le Juif. »
Pour se connaître et se décrire, Drieu confie à Mauriac son projet d’écrire un livre intitulé Histoire de mon corps. Le projet n’aboutira pas, mais l’aspect autobiographique se retrouvera dans État civil en 1921. Il se fait connaître, en 1922, par un essai remarqué sur l’affaiblissement de la France après la Grande guerre, Mesure de la France.
Il publie en 1925 son premier roman, L’Homme couvert de femmes, qui comporte une forte part d’autobiographie. Sur le plan politique, il esquisse l’année suivante dans La Revue hebdomadaire le programme pour une Jeune Droite qui se veut au-dessus des partis, républicaine et démocratique, « Car les hommes ne doivent pas compter sur un homme pour se tirer d’affaire, […] il faut que l’élite en France se sauve d’elle-même. »
Malgré les avances des membres de l’Action française qui invitent Drieu à se joindre à eux, le jeune écrivain reste en retrait. Drieu est dans une position impossible, contradictoire, entre l’Action française dont les idées l’attirent d’une certaine manière, le socialisme de Léon Blum, et le conservatisme moderniste de Joseph Caillaux.
Après un voyage en Argentine, le 6 janvier 1934, où il est accueilli chaleureusement par Jorge Luis Borges, Drieu peut mesurer l’importance de sa réputation littéraire, notamment celle du Feu follet.
Dans les semaines qui suivent les manifestations du 6 février 1934, il va à Berlin avec son ami Bertrand de Jouvenel, lequel est très engagé dans une amitié franco-allemande, et il souhaite une « renaissance nationale et sociale ».
Drieu est invité par le cercle du Sohlberg ; l’homme qui l’accueille, Otto Abetz, admire ses écrits et lui demande une conférence. À la suite de son voyage à Berlin, Drieu cherche à faire admettre le fascisme à ses amis de la gauche, mais il est violemment rejeté.
Drieu se tourne vers les mouvements d’anciens combattants et il se déclare à la fois « socialiste » et « fasciste », voyant dans ce syncrétisme idéologique une solution à ses propres contradictions et un remède à la décadence occidentale.
En octobre 1934, il publie l’essai Socialisme fasciste.
Cela le conduit à adhérer en 1936 au Parti populaire français, fondé par Jacques Doriot, et à devenir, jusqu’à sa rupture avec le PPF au début de 1939, éditorialiste de la publication du mouvement, L’Émancipation nationale.
Parallèlement, il écrit ses deux romans les plus importants, Rêveuse bourgeoisie et Gilles. Il est membre du Comité de direction de l’Association du Foyer de l’Abbaye de Royaumont.
À partir de 1943, Drieu La Rochelle, revenu de ses illusions qu’il expose d’abord dans L’Homme à cheval – une fable sur les rapports entre l’artiste et le pouvoir – puis dans Les Chiens de paille – où il se représente sous les traits d’un ancien anarchiste nommé Constant -, tourne ses préoccupations vers l’histoire des religions, en particulier les spiritualités orientales.
Il adhère de nouveau au PPF, tout en confiant à son journal secret son admiration pour le stalinisme qu’il compare au catholicisme.
À la Libération, il refuse l’exil ainsi que les cachettes que certains de ses amis, parmi lesquels André Malraux, lui proposent. Il tente de se suicider le 11 août 1944 avec du luminal, puis fait une seconde tentative quatre jours plus tard en s’ouvrant les veines.
Après deux suicides manqués, il se donne la mort à Paris, le 15 mars 1945, en avalant du gardénal. Lucien Combelle a été l’un des témoins de son suicide.
Drieu est enterré dans le vieux cimetière de Neuilly-sur-Seine.
Une partie de ses œuvres ont été éditées dans la bibliothèque de la Pléiade en avril 2012.