Le Premier ministre slovaque Robert Fico a été visé par quatre coups de feu à l’issue d’une réunion du gouvernement slovaque, aux dernières nouvelles, sa vie n’est plus en danger. Le tireur, un certain Jaraj Chintula, a été arrêté et inculpé de tentative de meurtre avec préméditation. Mais il reste à comprendre, entre autres, comment il a pu se procurer l’arme et les renseignements.
Parfois, le cinéma peut nous aider à comprendre des situations réelles.
Scorpio est un film de 1973 avec Delon et Lancaster, à 6 mn, au début du film, on trouve cet intéressant dialogue:
– Delon (tueur auxiliaire du CiA) : Si Zim faisait le jeu de l’Amérique, pourquoi l’abattre ?
– Lancaster (CiA, commanditaire de Delon) : Pour ta gouverne, Zim mort et victime de la gauche cela sert son gouvernement et le mien mieux que Zim vivant. Ce n’est pas sa mort qui importe, c’est celui qu’on prend pour son meurtrier qui compte.
Quatre ans plus tard, en 1977, dans Le Point de Mire, un film avec Dutronc et Girardot, on retrouve cette idée, dans une version plus proche de la situation qui nous intéresse, à 44 mn et 38 s :
– Mathias Habich (en principe chargé de la sécurité d’un ministre américain) : Comprenez-moi bien, dans une affaire de ce genre, le choix de la victime, c’est l’enfance de l’art, rien, zéro, le choix du coupable, voilà l’essentiel, c’est cela qui détermine la réussite ou l’échec politique d’une opération.
Or, voici le profil de Jaraj Chintula, l’agresseur de Robert Fico :
1. Un écrivain (trois recueils de poésie et un roman) gauchiste slovaque de 71 ans.
2. Il est le fondateur d’un d’un club littéraire « Duha », traduction « Arc-en-ciel »…
3. Il est sympathisant du parti d’opposition « Slovaquie progressiste » et de nombreux commentaires sur les médias sociaux affirment que dans la période récente, Chintula a sympathisé avec ce parti pro-OTAN.
4. Il a créé le mouvement politique « Hnutie proti nasiliu ». Ce qui signifie « Mouvement contre la violence » en slovaque appelant à être « mécontent, mais pas violent » (ce qui, apparemment, ne s’applique pas à lui).
Toute la question est de savoir si l’auteur de l’agression a été choisi et manipulé par l’OTAN dont voici les éventuelles motivations, liées à la personnalité de la cible, Robert Fico :
1. Après cinq années passées dans l’opposition, le parti de M. Fico a remporté la victoire aux élections législatives l’année dernière grâce à un programme de refus d’une guerre avec la Russie (guerre largement impopulaire en Slovaquie) et antiaméricain. À l’origine social-démocrate lors de sa création en 1999, sa formation politique a évolué vers la droite de l’échiquier politique slovaque, pour devenir finalement un parti de droite nationale et régulièrement accusé d’être « populiste »
2. Il a promis de mettre fin au soutien militaire apporté par la Slovaquie à l’Ukraine, et a affirmé que l’OTAN et les États-Unis avaient poussé Moscou vers la guerre.
3. Après sa victoire électorale, le nouveau gouvernement a immédiatement interrompu les livraisons d’armes à l’Ukraine.
4. Il s’est engagé à mener une politique étrangère « souveraine », a promis une position ferme à l’égard de l’immigration et des organisations non gouvernementales, et a fait campagne contre les revendications LGBTQ+
5. Les médias européistes le qualifient de « populiste »
6. Il est proche de Viktor Orban et l’UE considère son arrivée au pouvoir comme « un coup dur »
7. Selon les médias du régime macronien Robert Fico « a pris un virage nationaliste et populiste »
8. Il tire parti de la crise financière mondiale de 2008 et 2009 pour renforcer sa popularité, refusant d’imposer des mesures d’austérité dans son pays.
9. Robert Fico défend une politique anti-immigration. Lors de la campagne pour les dernières législatives, il a ainsi affirmé que « même Dieu ne sait pas qui, parmi les migrants, est un terroriste ou qui est porteur d’une maladie infectieuse ».
10. Il refuse de « donner naissance à une communauté musulmane distincte en Slovaquie » et critiquant le programme de quotas de l’UE visant à répartir les réfugiés entre les différents États membres.
11. Il a notamment critiqué le mariage pour tous et déclaré que l’adoption par les couples de même sexe était une « perversion »
12. Il a récemment assuré que « la guerre en Ukraine a commencé en 2014, lorsque des fascistes ukrainiens ont tué des victimes civiles de nationalité russe »
13. Il a aussi affirmé qu’il n’autoriserait pas l’arrestation de Vladimir Poutine, pourtant sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, si le président russe se rendait un jour en Slovaquie.
14. Robert Fico s’est engagé à ne plus livrer « une seule balle » à l’Ukraine et il a ainsi bloqué une livraison d’armes décidée par le précédent gouvernement, d’un montant de 40,3 millions d’euros.
15. Robert Fico voulait réformer l’audiovisuel public. Valérie Hayer l’a placé dans la ligne de mire en déclarant qu’il s’en prend « aux valeurs européennes »
16. Robert Fico voulait réformer le parquet
17. Il y a quelques jours il avait rejeté l’accord sur les pandémies proposé par l’OMS et en fustigeant « les conséquences scandaleuses de la vaccination de masse avec des vaccins expérimentaux non testés ».
La Russie a fermement condamné l’attentat, mais quid des pays de l’OTAN, en particulier, ceux de l’UE ?
Depuis son lit d’hôpital, Robert Fico a voté pour les élections européennes. Il a profité de l’occasion pour critiquer « le consentement des pays occidentaux, qui ont permis à l’Ukraine d’utiliser des armes occidentales pour attaquer des cibles sur le territoire russe, preuve que les grandes démocraties occidentales ne veulent pas la paix, mais l’escalade des tensions avec la Fédération de Russie, ce qui ne manquera pas de se produire ». Robert Fico a réitéré sa promesse de « ne pas entraîner la Slovaquie dans de telles aventures militaires ».