Les archives permettent-elles de relever des mensonges patents du Vatican ? Depuis combien de temps le Vatican a-t-il tourné le dos à la vérité et pourquoi ? L’ouvrage de Pierre Maximin publié en 1999 intitulé « Une encyclique singulière sous le IIIe Reich » consacrée à l’encyclique du 14 mars 1937 « Mit brennender Sorge » (avec une grande inquiétude) permet d’avancer des éléments de réponse aux deux premières questions. L’ouvrage de Jean Madiran, « Les deux démocraties » tel que rapporté et commenté par Jean-Pierre Maugendre dans les actes de l’université de Renaissance Catholique de 2008 sur le thème « La Démocratie peut-elle devenir totalitaire » dans sa contribution intitulée « L’Église et la démocratie » permet de répondre assez simplement à la troisième question : à condition évidemment de ne pas rechercher derrière le « pourquoi » les « raisons dernières » – inaccessibles – il y a déjà de quoi ébranler la confiance qu’on pouvait avoir vis-à-vis de l’Église.
Bombardement du Vatican et de l’abbaye de Monte Cassino
Le 5 novembre 1943 le Vatican a été bombardé par un avion inconnu. La Luftwaffe en fut dûment accusée. Toutefois, Mgr Carrol, prélat américain, mis au courant par le général Walter Bedell Smith signale au Saint-Siège que le commandement des États-Unis a exprimé (à voix basse) ses excuses et ses regrets sincères. Pourtant, le Vatican n’a jamais mis hors de cause les Allemands, ce n’est qu’en 1973, dans le septième tome des Actes et documents du Saint-Siège relatifs à la seconde guerre mondiale qu’on apprendra, incidemment et en cherchant bien la forfaiture, sans l’ombre d’une réparation morale à l’égard des calomniés.
Le 4 septembre 1939, le cardinal Verdier, archevêque de Paris, annonçait que « Le sanctuaire national de la Vierge, [de Chestakova] en Pologne est en flammes ». Mais deux jours plus tard une mission de cinq journalistes étrangers était conviée à se rendre compte de l’état réel du site : intact. Et on reprocha à cette occasion à Josef Goebbels son « génie diabolique de la propagande ».
Le 15 février 1944, une gigantesque préparation d’artillerie de deux jours (190 000 obus) suivi d’une vague de bombardements aériens larguant 1200 tonnes de bombes ont réduit l’abbaye du Monte Cassino, sur le front italien, en cendres. Heureusement, les reliques et œuvres d’art, les tableaux les plus précieux, les manuscrits et les incunables, 70 000 volumes de la bibliothèque ainsi que les moines qui le souhaitaient avaient été évacués vers le Vatican par les Allemands sous les ordres du feld-maréchal Albert Kesselring. Les Allemands ne se sont jamais placés sur le territoire de l’abbaye (heureusement pour eux !), la neutralité du territoire a été rigoureusement respectée. Pas un mot de ce sauvetage de la part de Pie XII.
Année 1944- 45- 46 et 47 une monstrueuse « tempête infernale » s’abat sur l’Allemagne ainsi que le décrit dans son livre de 400 pages Thomas Goodrich. Le propagandiste juif, Ilya Ehrenbourg demande de « briser la fierté raciale des femmes allemandes » et des polonais à Neustettin ont torturé des centaines d’Allemandes d’une manière telle qu’il n’est pas possible de le relater ici. Le Pape Pie XII ne pouvait pas ne pas savoir et pourtant il n’a pas eu un mot de compassion ou de miséricorde envers les populations germaniques, un mot qui aurait pu ralentir le massacre et les exactions, au contraire, son allocution au Sacré-Collège est pratiquement une justification de cette tempête. Il ne pouvait pas ne pas savoir et pourtant il n’a rien dit, il était donc indubitablement contre les nationaux socialistes.
Encyclique « Mit brenneder Sorge » [Avec une grande inquiétude]
Curieux, on fait d’habitude le raisonnement inverse, Pie XII n’a rien dit sur l’holocauste, or, il ne pouvait pas ne pas savoir, donc il était complaisant envers le National-Socialisme. Mais c’est faux, dès avant-guerre, c’est Pie XII alors cardinal Pacelli qui est l’auteur de l’encyclique « Mit brenneder Sorge ». Rédigée en allemand et non en latin, fait unique pour une encyclique, elle a été imprimée à des milliers d’exemplaires et a été distribuée dans toute l’Allemagne au clergé allemand pour être lue en chaire le 14 mars 1937. Elle avait clairement pour but de soulever les catholiques allemands et le monde entier contre le Reich.
Si on admet que la vérité s’exprime simplement et brièvement tandis que le mensonge se perd en détours et en longueurs, les annexes présentées par Pierre Maximin sont très éloquentes :
L’encyclique proprement dite, elle ment, dix pages d’une écriture serrée, puis vient la note en réponse du Reich du 12 avril 1937, elle dit vrai, à peine un peu plus d’une page, puis les réponses à cette note par Mgr Pacelli (futur Pie XII), il ment, cinq pages, enfin l’allocution de Pie XII au Sacré-Collège le 2 juin 1945, il dit enfin le vrai fond de sa pensée, un peu plus deux pages suffisent.
Le mensonge de l’encyclique tient en ce que rien dans son contenu ne justifie « Une grande inquiétude », pratiquement tous les griefs auraient pu être adressés – et prioritairement même – à n’importe laquelle des républiques unies et maçonniques dont la troisième en France. Il n’est donc pas vrai que cette encyclique, publiée une semaine après celle sur le bolchévisme qui plus est, n’avait que des motifs pastoraux.
C’est très net si on compare l’annexe trois (avant-guerre) et l’annexe quatre (après-guerre). Dans la pièce trois, il est indiqué que « le Vatican n’a pas de préjugés hostiles envers l’État allemand » que l’encyclique « n’est pas un document politique » qu’elle est « étrangère à toute aspiration politique », que le Vatican distingue « certains éléments antichrétiens de l’État allemand en tant que tel » et affirme « qu’il ne se mêle pas de la forme politique des États ». Dans l’annexe 4 il est question de « spectre satanique exhibé par le national-socialisme », qu’il n’a jamais été question pour l’Église « d’approuver de quelque manière que ce soit la doctrine et les tendance du national-socialisme » que dans « Mit brenneder Sorge » elle « a dévoilé à la face du monde ce que le NS était en réalité » que « personne ne pourra reprocher à l’Église de n’avoir pas dénoncé et indiqué à temps le vrai caractère du NS et le danger auquel il exposait la civilisation chrétienne » et qu’une phrase en particulier de l’encyclique résume bien « l’opposition radicale entre l’État NS et l’Église catholique »…
Le mensonge du ralliement
Tous ces mensonges ont au moins l’avantage de présenter une grande cohérence : ils sont tous contre l’État autoritaire de l’Allemagne et en faveur des démocraties même alliées à l’URSS. Le tout est de savoir à quoi se raccroche cette cohérence.
Ce n’est pas si évident. Selon une remarquable observation de Pierre Maximin, il y a eu en 1917 les apparitions de Fatima, apparitions parfaitement reconnues par l’Église, or, contre quel danger mortel prévenait-elle ? Qui était désigné comme l’antéchrist ? La Russie bolchévik et rien d’autre. Elle n’a absolument pas parlé d’un danger à venir depuis Allemagne. Sœur Lucie, une des trois personnes à avoir vu Fatima a maintenu ses propos bien après la guerre, le 27 avril 2000 auprès du cardinal Bertone qui était missionné par le Pape Jean-Paul II pour discuter de cette vision. Aujourd’hui, l’Église essaie de dire que la vision concernait la lutte de l’Église contre les États athées mais c’est du bavardage. Ces exégètes prompts à interpréter dans le sens qui les arrange auraient pu se demander pourquoi une apparition au Portugal, dans la péninsule Ibérique et pas en Pologne ou en Hongrie. N’était-ce pas parce que c’est dans cette péninsule, en Espagne, qu’allait se jouer le premier acte de la guerre entre catholiques et communistes ? Franco, catholique, a fait appel à Hitler et à Hitler seul : avait-il l’impression de demander l’aide du diable s’interroge encore Pierre Maximin ? Pourtant, le Vatican n’a jamais débordé d’enthousiasme pour Franco, il n’a jamais été sensible non plus au fait qu’Hitler avais stoppé le communisme en Allemagne ni au fait que sans Mussolini il n’y aurait peut-être même plus de Saint-Siège à Rome.
Résumons, Fatima prévient contre les communistes, Pie XII n’en tient pas compte et se range du côté des démocraties, Pourquoi ? Mais parce que c’est le choix définitif qu’a fait, quarante ans plus tôt, le Pape Léon XIII au cours d’un épisode qu’on appelle le ralliement. Or, nous explique Jean Madiran, il y a deux démocraties, celle d’Athènes, dans laquelle la démocratie n’est rien d’autre qu’une forme de gouvernement et dans laquelle les hommes tournent autour de la vérité – la loi naturelle – et celle de 1789 dans laquelle il est dit qu’il n’y a rien au-dessus de l’homme et dans laquelle c’est la vérité qui tourne autour des hommes. Et le grand mensonge du ralliement, c’est que Léon XIII feignait de se rallier à la première démocratie alors qu’il se ralliait à celle de 1789 celle-là même dont nous disions qu’elle a peur de la vérité. Selon Saint-Thomas d’Aquin, Religion et Philosophie ne pouvaient jamais se contredire car elles sont toutes les deux à la recherche de la vérité, mais de nos jours, c’est plutôt parce qu’elles tournent ensemble le dos à la vérité qu’elles sont à l’unisson.
La création du monde en six jours ?
Ne nous faisons aucune illusion, cette Église-là ne fera rien contre la destruction des peuples et des nations, rien contre la disparition des Européens, même pas par la prière. Nietzsche affirmait que « l’homme de l’avenir est celui qui aura la mémoire la plus longue », ce qui signifie, explique Philippe Baillet dans « La parti de la vie » que si nous ne voulons pas couler avec la barque de Pierre, nous devons être capables de nous trouver une autre origine que celle qu’on nous impose et qui commence par la création du monde en six jours.
Sait-on au moins pourquoi il est procédé à une narration de la création par énumération : le premier jour Dieu créa la lumière et ainsi de suite jusqu’au sixième au cours duquel il créa l’homme ? Parce qu’au moment où ce récit a été mis en place, les hommes ne disposaient pas encore du concept de monde ni du mot pour l’exprimer. Voir sur ce sujet Rémi Brague dans « La sagesse du monde ». Ce n’est pas le Dieu de d’Abraham qui a créé le monde mais les Grecs qui ont créé le « Kosmos » traduit par les Romains en « Mundus », le monde au sens d’une nature physique dans laquelle se trouve l’homme. Comme quoi la révélation n’était pas si complète que cela : encore une chose que le Vatican s’est bien gardé de nous préciser. Mais voilà qui nous laisse encore un peu d’espoir.
En attendant, il vaut la peine de réfléchir sur un dernier mensonge du Vatican : le mythe de la persécution des chrétiens par les nationaux socialistes. Radio Vatican ment ; mondialement.
Francis Goumain
Cela sonne comme l’antienne de « Radio-Londres » (BBC — organe de propagande alliée) contre « Radio-Paris » (organe de propagande européen)… mais cela va beaucoup plus loin… et pas dans la direction souhaitée par le système qui nous enfume. C’est en sus la synthèse d’une analyse d’une très grande clarté; animée d’une logique imparable.
« Radio Vatican Ment »?
…un intitulé qui cingle!
Pour ceux qui aimeraient approfondir l’épisode du sauvetage par l’armée allemande des biens de l’abbaye du mont Cassin: l’opération fut menée par le colonel d’intendance de la Luftwaffe Julius Schlegel (Fallschirmpanzerdivision « Hermann Gœring ») et initiée en sous-main par le général Fridolin von Senger und Etterlin… lui-même un membre laïc de l’ordre des Bénédictins.
Enfin… pour ceux que le « silence » de Pie XII étonnerait encore je propose cet élément de réponse — ou de réflexion — il est tout indiqué de garder le silence quand il n’y a rien à dire.
Bravo à Francis Goumain pour cet article révélateur.
Tant de choses nous sont cachées. Ce qui prouve combien l’omission de faits, historiques notamment, devient un mensonge et leur révélation, une lumière dans la nuit où nous sommes plongés.
…de « Radio-Londres » (BBC — organe de propagande alliée) contre « Radio-Paris » (organe de propagande européen)… mais cela va beaucoup plus loin… et pas dans la direction souhaitée par le système qui nous enfume. C’est en sus la synthèse d’une analyse d’une très grande clarté; animée d’une logique imparable.
« Radio Vatican Ment »
…un intitulé qui cingle!
https://www.jeune-nation.com/culture/radio-vatican-ment.html
NB: Pour ceux qui aimeraient approfondir l’épisode du sauvetage par l’armée allemande des biens de l’abbaye du mont Cassin: l’opération fut menée par le colonel d’intendance de la Luftwaffe Julius Schlegel (Fallschirmpanzerdivision « Hermann Gœring ») et initiée en sous-main par le général Fridolin von Senger und Etterlin… lui-même un membre laïc de l’ordre des Bénédictins.
Enfin… pour ceux que le « silence » de Pie XII étonnerait encore je propose cet élément de réponse — ou de réflexion — il est tout indiqué de garder le silence quand il n’y a rien à dire.