L’historien Alain Decaux, académicien, ministre de Mitterrand et membre du MRAP, a consacré en 1982 un documentaire à l’attentat du Petit-Clamart, tentative d’assassinat du général (à titre provisoire) De Gaulle le 22 août 1962. L’action avait été baptisée « Opération Charlotte Corday » par ses auteurs, en souvenir de la vaillante girondine qui assassina le régicide Marat en 1793.
Decaux, malgré son engagement à gauche, était un homme ouvert d’esprit puisqu’il déclare à la fin du documentaire « comprendre sans approuver » les motivations du commando. Il dresse un portrait très élogieux du colonel Bastien-Thiry qui était le cerveau de la conjuration et fut arrêté, condamné à mort et exécuté au fort d’Ivry le 11 mars 1963. Il est à noter qu’en 1982 (l’année du documentaire), François Mitterrand imposa à ses députés socialistes en faisant usage du 49-3 l’amnistie totale des combattants de l’Algérie française, y compris de Bastien-Thiry et des généraux du putsch d’avril 61.
Le documentaire se compose d’explications de Decaux sur le contexte (la guerre d’Algérie) et sur les circonstances détaillées de l’attentat, d’images d’archives ainsi que de témoignages d’un membre de la conjuration (Armand Belvisi) et de proches de De Gaulle, dont son chauffeur (Francis Marroux) qui par son sang froid sauva le tyran en accélérant tout en gardant le contrôle de la DS présidentielle, dont deux pneus avaient été crevés par les balles. « Cette fois-ci, c’était tangent » lâcha De Gaulle, une fois arrivé à l’aéroport de Villacoublay, d’où il devait s’envoler pour Colombey.
Decaux indique qu’une taupe à l’Elysée tenait informés les conjurés des sorties de De Gaulle, ce qui leur permit de monter l’opération, mais que son identité n’a toujours pas été établie. Lajos Marton, un des membres du commando, a révélé en 1993 – après la mort de l’intéressé – qu’il s’agissait du chef de la sécurité de De Gaulle, le contrôleur général Jacques Cantelaube. Ce qui est moins connu, c’est que c’est à Pierre Sidos, alors en clandestinité, que Cantelaube s’adressa d’abord. Pierre Sidos accepta de le rencontrer dans un café de Montrouge. Il avait par précaution posté quelques hommes en armes aux alentours. Cantelaube lui déclara avoir compris que De Gaulle prévoyait de lâcher l’Algérie, ce à quoi Pierre Sidos répondit qu’il l’avait écrit dès 1958 dans le journal Jeune Nation. Quand Cantelaube lui dit qu’il fallait tuer De Gaulle, et qu’il lui était prêt à fournir des renseignements ses déplacements, Sidos sous le coup de l’émotion manqua de défaillir.
Il y eut par la suite un désaccord entre Bastien-Thiry et Sidos, ce dernier désapprouvant le mode opératoire de l’attentat qui risquait de toucher Mme De Gaulle. Si Mme De Gaulle avait été blessé et son mari indemne, l’effet sur l’opinion publique eût été désastreux. Le 7 février 1962, une bombe visant le ministre André Malraux avait manqué sa cible et grièvement blessé une enfant de cinq ans, Delphine Renard, ce qui avait aliéné beaucoup de sympathies à l’OAS en métropole.
Alors que Bastien-Thiry, condamné à mort, était amené sous haute sécurité à la prison de Fresne, avec ordre très strict de le maintenir à l’isolement, le gardien tout en bas de l’échelle déclara à Bastien-Thiry : « mais tout seul, vous allez vous ennuyer ! » et le plaça dans la même cellule que Sidos ! Celui-ci témoigna que Bastien-Thiry nourrissait encore l’espoir d’un autre attentat qui devait avoir lieu en février 1963 à l’Ecole militaire, mais fut finalement déjoué.
On pourra lire ici la déclaration de Bastien-Thiry à son procès au fort de Vincennes, dont voici un extrait :
Nos motifs d’action sont liés aussi, et par voie de conséquence, au danger, mortel, à notre avis, que fait courir à notre pays l’actuel pouvoir de fait : par suite des conditions dans lesquelles a été obtenu ce qu’on a osé appeler le règlement du problème algérien, des principes et des lois qui sont, ou qui devraient être à la base de la vie nationale, ont été mis en question. Les nations sont mortelles et, dans un passé lointain ou proche, des nations ont cessé d’exister en tant que telles. Le danger que court actuellement ce pays ne vient pas d’un risque de destruction physique ou matérielle : il est plus subtil et plus profond car il peut aboutir à la destruction de valeurs humaines, morales et spirituelles qui constituent le patrimoine français.
Bastien Thiry ? Présent !
Pierre Sidos ? Présent !
Voir aussi un autre très bon documentaire de Decaux consacré à Robert Brasillach.
Que ce vulgarisateur de l’Histoire très approximatif qu’était Alain Decaux admette « comprendre sans approuver » mes camarades du Petit Clamart ne présente strictement aucun intérêt !
Si l’on en croit Michel Droit interviewant Se Gaulle (page 219 de « Les feux du crépuscule » édité chez Plon en 1977), cette crapule politique aurait été jusqu’à admettre, parlant de l’OAS : « Vous savez, moi, à leur place, j’aurais peut-être pensé et réagi comme eux…/…D’ailleurs, je vous le répète, si je n’avais pas été à la tête de l’Etat, j’aurais peut-être été dans l’OAS! »
Alors, que Decaux « comprenne » quel intérêt ? De Gaulle lui-même est allé plus loin !
En revanche, Decaux est d’une malhonnêteté inadmissible lorsqu’il cherche à faire croire que le fameux » Je vous ai compris » prononcé en présence de Salan et de dizaines de milliers d’Algérois a été le seul engagement de De Gaulle concernant son adhésion à l’Algérie Française et qu’il n’ a jamais vraiment dissimulé son intention de livrer l’Algérie à nos adversaires.
De 1958 à 1960 et même encore en 1961; il n’a cessé de proclamer, par des promesses bien dans son style, c’est à dire grandiloquentes, qu’il ne poursuivait qu’un but : l’Algérie Française !
– « Dans toute l’Algérie, il n’y a que des français à part entière ! » Alger, 4 juin 1958.
– « Oui ! oui ! oui ! la France est ici pour toujours » Oran, 6 juin 1958.
– « Vive l’Algérie Française » Mostaganem, 6 juin 1958
– « A quelles hécatombes condamnerions-nous ce pays, si nous étions assez stupides et assez lâches pour l’abandonner ? » Paris, 23 octobre 1958.
– « Moi vivant, jamais le drapeau FLN ne flottera sur l’Algérie » Kabylie, 30 août 1959.
– Il y avait ce qu’il avait clamé concernant la sécession de l’Algérie : « Aboutissement invraisemblable et désastreux… affreux chaos politique… égorgement généralisé… »
Par ailleurs, persister à présenter De Gaulle, considéré par l’ancien Général en Chef Weigan comme « L’homme le plus trompeur et le plus malfaisant qui ait gouverné la France…/… et dont on découvrira un jour que c’était un imbécile » comme ayant une quelconque aptitude à « la grande Politique » est une bouffonnerie !
Souvenons-nous, par exemple, qu’il était sottement persuadé que ce qu’il nommait « le vent de l’histoire » amènerait inexorablement les soviétiques à Paris !
Que reste-t-il des soviétiques aujourd’hui ?
Merci Monsieur pour ces importantes précisions.
Merci, Cher Monsieur !
Globalement, je suis assez d’accord avec vous (en passant, Weygand n’a pas l’orthographe que vous lui donnez …), je suis, quant à moi, ulcéré de ce que, sur ce site, on appelle cette production un « très bon documentaire » quand il ne s’agit qu’une interprétation fielleuse de certains faits, on interroge, par exemple, Jules Roy, devenu « libéral » et opposé aux tenants de l’Algérie française, sur Oran, qui ne dit pas un mot sur les massacres opérés dans cette même ville par le FLN et ses alliés sous les yeux de l’armée française sous les ordres du général Katz restée l’arme au pied en juillet 1962 ! Comment mettre en rapport les attentats (stupides) perpétrés par l’OAS et le massacre des français d’Algérie et des arabes et berbères perpétrés par le FLN après (et même avant) les accords d’Evian ? Decaux est un historien médiocre qui a maintenu jusqu’à l’ouverture des archives de l’URSS après la chute de ce régime, l’affirmation que les massacres de Katyn en 1940 étaient le fait de l’armée allemande du IIIème Reich alors que, depuis 1943, il avait été établi que c’était le fait de l’armée soviétique de l’URSS !
Le jour de l’assassinat de Jean Bastien-Thiry, dans la geôle goliste de Saint-Martin de Ré, assassinat ordonné par le plus grand traître de l’histoire de France, même les détenus « de droit commun » observerent 24 heures de silence complet et refusèrent la nourriture.
JF Collin
Ex Président de l’ADIMAD-MRAF
Merci, cher Jean-François, pour ton intervention.
Je tiens à rappeler ici que tu restes notre PRESIDENT D’HONNEUR et que, s’agissant de l’autorité à la tête de l’ADIMAD, je reste soumis à toute décision ou tout véto de ta part.
De plus, lors des votes à distance, c’est encore à ton nom que sont majoritairement libellées les procurations. Tu restes l’autorité dominante de notre association pour nos adhérents et amis. Et ce n’est que justice !
Merci à ceux deux grands défenseurs de l’Algérie Française et de haute morale intellectuelle de leurs précisions concernant ce documentaire malhonnête d’Alain Decaux. Qui met aussi en cause mon camarade et ami Lajos Marton. Je suis fière d’être de leurs amis.
Quand à propos de la fusillade de la rue d’Isly , Alain Decaux dit que les militaires qui ont tiré sur les manifestants étaient des français parmi d’autres Français, il oublie de dire que beaucoup d’entre eux étaient d’origine algérienne,