« Le monde pour le fascisme n’est pas ce monde matériel que nous ne connaissons que superficiellement et dans lequel l’homme est un individu séparé de tous les autres, ne vivant que par lui-même et gouverné par une loi de nature qui, instinctivement, le pousse à ne vivre qu’une existence de plaisir égoïste et passager. L’homme dans le fascisme est un individu qui est aussi une nation et une patrie, il est encore la loi morale qui réunit ensemble individus et générations dans une tradition, dans une tâche qui supprime l’instinct égoïste borné aux brèves péripéties du plaisir, pour créer par l’idéal du devoir un mode de vie supérieur, délivré de toutes les limites du temps et de l’espace une vie dans laquelle l’individu, par l’abnégation de lui-même, le sacrifice de ses intérêts personnels, par la mort même, réalise cette existence toute particulière dans laquelle est toute sa valeur d’homme… […] Une telle conception de la vie porte le fascisme à être l’exacte négation de cette doctrine qui constitue la base du socialisme dit scientifique ou marxiste, la doctrine du matérialisme historique selon laquelle l’histoire des civilisations humaines s’expliquerait seulement par la lutte d’intérêts entre les différents groupes sociaux et par l’évolution des moyens et instruments de production. Que les questions économiques – découvertes de matières premières, nouvelles méthodes de travail, inventions scientifiques – aient leur importance, personne ne le nie, mais qu’elles suffisent à expliquer l’histoire humaine, en excluant tous les autres facteurs, est absurde. Le fascisme croit encore, et toujours, à la sainteté et à l’héroïsme, c’est-à-dire à des actes dans lesquels n’intervient – de près ou de loin – aucun motif économique… le fascisme repousse le concept de « bonheur » économique qui se réaliserait selon un processus socialiste et de façon quasi automatique, à un moment donné de l’évolution économique, en assurant à tous le maximum de bien-être. Le fascisme nie le concept matérialiste de « bonheur » économique comme possible et l’abandonne aux économistes de la deuxième moitié du XVIIIe siècle ; c’est-à-dire qu’il nie l’équation bien-être = bonheur qui rendrait les hommes soucieux d’une seule chose : être repus et engraissés, et donc réduits à la pure et simple vie végétative… »