Rémunération des oligarchies capitalistes en 2015 : le veau d’or est toujours debout !
Après plusieurs années de relative stabilité, la rémunération totale des patrons du CAC 40 s’est envolée de 18% au titre de l’exercice 2015. Elle s’est élevée en moyenne à 4,97 millions d’euros. Un tel montant n’avait plus été atteint depuis 2006. Le cabinet Proxinvest s’alarme de cette augmentation exponentielle et indécente des sommes empochées par les dirigeants. En moyenne, ces derniers ont gagné chacun l’équivalent de 249 Smic annuels ! Rapportée à la croissance de seulement 2,3 % des salaires en France, cette hausse «présente un caractère explosif pour la société civile», s’alarme donc Proxinvest, auteur de cette étude annuelle publiée pour la dix-huitième fois.
Parmi les 120 plus grosses entreprises cotées en France, 26 présidents exécutifs ont dépassé en 2015 ce palier symbolique, contre 16 seulement en 2014. L’explosion des salaires de patrons ne concerne d’ailleurs pas que l’oligarchie mondialisée du CAC 40. Le SBF 80 (qui regroupe les 80 sociétés cotées à la remorque du CAC), fait encore pire : il a battu un record en 2015, avec une rémunération moyenne de 2,8 millions d’euros, en augmentation de 23 % sur un an…
Sur les justifications des grands patrons pour de telles augmentations, le cabinet Proxinvest reste sceptique : «C’est difficile de lui trouver des raisons objectives. J’ai été étonnée des résultats lorsque j’ai terminé l’étude et j’ai recompté plusieurs fois pour voir si je ne m’étais pas trompée. Les grandes entreprises se sentent sans doute un peu plus à l’aise économiquement », révèle un des analystes.
Quant à leur légitimité, au regard des résultats des entreprises, ce n’est pas mieux ! A 18 % pour le seul CAC 40, la hausse paraît néanmoins déconnectée de la réalité conjoncturelle, comme si les conseils d’administration en charge des émoluments des dirigeants s’étaient lâchés. En effet, en 2015, l’indice phare de la place parisienne n’a progressé que de 8,5 %. Et d’après Proxinvest, le chiffre d’affaires cumulé des 40 plus grandes sociétés cotées a diminué de 3 %, tandis que leur résultat net a plongé de 11 %…
On voit que l’autorégulation éthique prônée par le Medef, syndicat du crime des rapaces capitalistes, est d’une efficacité redoutable. Quant aux pouvoirs publics, leur pusillanimité sur le sujet des limitations des rémunérations des dirigeants est légendaire. Encore une belle réussite de François Hollande dont l’ennemi était… « la finance » ?