« Celui qui n’aime pas sa mère plus que les autres mères et sa patrie plus que les autres patries n’aime ni sa mère ni sa patrie. » Paul Déroulède
Paul Marie Joseph Déroulède est né à Paris le septembre 1846, Fils d’un avoué à la Cour d’appel de Paris.
Il suit ses études aux lycées Louis-le-Grand, Bonaparte et de Versailles, puis à la Faculté de droit de Paris où il obtient sa licence. Jusqu’à la Guerre de 1870, c’est un versificateur, admirant beaucoup Le Cid, qui fréquente les milieux littéraires républicains.
La déclaration de guerre lui fait abandonner son pacifisme. Il rejoint son unité lors de la guerre franco-prussienne de 1870 où il montre un certain courage. Il est fait prisonnier à Bazeilles, s’évade et rejoint les tirailleurs algériens. Cité à l’ordre du jour et décoré en février 1871, il participe à la répression de la Commune de Paris lors de la Semaine sanglante de mai.
À la suite d’une chute de cheval, il doit renoncer à la carrière militaire en 1874. Désormais, par son œuvre littéraire et son action politique, il incarne la France de la « revanche » en réclamant le retour de l’Alsace et de la Lorraine. Il écrit les Chants du soldat en 1872, vendus à plus de 100 000 exemplaires, dont le fameux Clairon, qui lui vaut la gloire et reste longtemps au programme scolaire.
Déroulède, dont la devise est « Qui vive ? France ! », crée la Ligue des patriotes en 1882.
Pour lui, la conquête coloniale puiserait l’énergie dont la France a besoin pour la future guerre contre l’Allemagne.
« Je sais bien ce qu’on me reproche. On dit de moi : Déroulède c’est un exalté ou un simple. Je ne suis ni l’un, ni l’autre ; je ne suis ni fou ni sot. Si ma carrière peut sembler déraisonnable, la faute n’en est pas à moi, ou plutôt la faute en est au caractère d’une existence qui a toujours été en mouvement. Et rien ne donne si naturellement l’idée du désordre et de la complication que l’action au jour le jour. En réalité, rien n’est plus simple, plus logique, plus sage que ma vie. Oui, j’ai voulu la guerre, la revanche. Mais avant de l’entreprendre, j’ai voulu que nous fussions prêts. »
De même, il estime que jamais les colonies ne pourraient offrir une compensation à la perte de l’Alsace-Lorraine et c’est dans ce sens qu’il répond au colonialiste Jules Ferry : « J’ai perdu deux sœurs, et vous m’offrez vingt nègres».
Adepte du général Boulanger , « celui qui nous délivrera des chinoiseries parlementaires et des bavards impuissants », il est porté par sa notoriété à l’Assemblée nationale en 1889. Le 27 janvier 1889 il tente en vain de persuader le général Boulanger de marcher sur l’Élysée. Le Gouvernement dissout alors la Ligue des Patriotes.
Déroulède reste député de la Charente de 1889 à 1893 puis de 1898 à 1901.
Profitant des obsèques de Félix Faure en 1899, il entreprend le coup d’État que le général Boulanger avait refusé dix ans plus tôt. Il tente en effet de faire tourner bride au général Roget et à ses troupes pour prendre l’Élysée. Arrêté, jugé en haute cour, relâché et, finalement, banni et expulsé en Espagne, il bénéficie d’une amnistie en 1905.
Il renonce à sa carrière politique après l’échec des élections de 1906 dans son département de la Charente.
En 1908, malgré l’insistance de Maurice Barrès, Paul Déroulède refuse de poser sa candidature à l’Académie française lors de la mort de François Coppée : « Ma place n’est pas parmi votre élite, elle est dans la foule. Je puis m’en tenir à l’écart, mais je dois toujours être prêt à reprendre contact avec elle… L’habit à palmes vertes et l’épée à poignée de nacre me transformeraient trop. »
Dès lors, Paul Déroulède se retire à Langély où il entreprend la rédaction de ses Feuilles de route.
Le 30 janvier 1914, il meurt d’une crise d’urémie dans sa propriété du Mont Boron à Nice avec une bénédiction papale. Sa dépouille est ramenée à Paris, où le cortège funèbre suscite des manifestations de la Ligue des patriotes.
Il repose dans la chapelle de famille du cimetière de la Celle-Saint-Cloud. A l’origine, un poteau allemand provenant de la frontière située au col du Bonhomme en Alsace avait été installé en 1915 sur la tombe de Paul Déroulède, mais celui-ci a disparu.
Déroulède s’est battu deux fois dans des duels au pistolet :
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contre Georges Clemenceau, car Déroulède l’avait accusé de corruption dans le scandale de Panama. Le duel a lieu le 23 décembre 1892 à Saint-Ouen devant 300 personnes contenues par des gendarmes ; six balles échangées au commandement à 25 m, sans conséquence ;
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contre Jean Jaurès à Hendaye le 4 décembre 1904 à propos de Jeanne d’Arc ; échange de deux balles, sans conséquence.