Washington prépare son vassal japonais à la guerre, « y compris nucléaire », contre la Chine. Colonie américaine depuis 1945, le Japon n’échappera pas à son obligation de payer son tribut à la guerre mondiale de l’Empire.
Le gouvernement japonais devra ainsi se plier à des « discussions » pour déterminer les conditions du renforcement du « parapluie nucléaire », en réalité pas du tout défensif, mais visant la Chine (@Kompromat).
Le « parapluie nucléaire » désigne une garantie faite par un État disposant de l’arme nucléaire de défendre un autre État non-nucléaire allié. Il est généralement employé afin de faire référence aux alliances des États-Unis signées avec le Japon, la Corée du Sud et l’OTAN ainsi que l’Australie pendant la guerre froide contre l’URSS.
Le « partage nucléaire » consiste pour un pays ne disposant pas d’armes atomique, à accueillir sur son territoire des armes nucléaires d’un pays allié. Cinq pays membres de l’Otan – l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et la Turquie – participent aujourd’hui au partage nucléaire américain. En pratique, les armes atomiques en question appartiennent aux États-Unis, et les pays concernés par le dispositif ne peuvent pas y recourir sans l’aval du Groupe des plans nucléaires de l’Otan. L’idée date des années 60, elle était considérée comme une solution pour réduire le nombre d’armes atomiques, permettant surtout à l’Allemagne de l’Ouest d’avoir une capacité de dissuasion face à la menace de l’Union soviétique, sans disposer pour autant de bombes atomiques.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a donc déclaré
« Les Etats-Unis réitèrent leur engagement indéfectible à la défense du Japon […] en utilisant toutes les capacités [militaires], y compris les armes nucléaires ».
Pour « mieux répondre aux menaces croissantes de la Chine », le chef de la diplomatie US Antony Blinken a en outre annoncé le déploiement de Marines sur l’île d’Okinawa… où les Etats-Unis ont écrasé l’armée japonaise en 1945.
« Des capacités non nucléaires développées par des concurrents pourraient infliger des dommages de niveau stratégique aux Etats-Unis et à leurs alliés et partenaires », a alerté le Pentagone, admettant en filigrane la suprématie des armes non nucléaires russes (hypersoniques), et bientôt chinoises.
En clair, l’Empire se donne le droit d’utiliser l’arme de destruction massive atomique, faute de mieux, et il prépare ses prochains proxy (Japon, Taïwan, Corée du Sud, Philippines…) pour sa prochaine guerre contre la Chine, comme il préparé son proxy ukrainien depuis 8 ans contre la Russie. Dans une entrevue au Financial Times, le lieutenant-général James Biermann, commandant le 3e corps expéditionnaire de marines et les forces de la Marine américaines au Japon, le confirmait il y a quelques jours :
« Les armées américaine et japonaise interpénètrent rapidement leurs structures de commandement et étendent leurs opérations conjointes et se préparent à un éventuel conflit avec la Chine, comme une guerre autour de Taïwan… Pourquoi avons-nous atteint le niveau de succès que nous avons atteint en Ukraine ? Cela est dû en grande partie au fait qu’après l’agression russe en 2014 et 2015, nous nous sommes bien préparés pour un futur conflit : entraînement pour les Ukrainiens, prépositionnement de ravitaillement, identification des sites à partir desquels nous pourrions opérer un soutien, conduire les opérations… Nous appelons cela une configuration de zone d’action. Et nous établissons maintenant la zone d’action au Japon, aux Philippines et dans d’autres endroit. »
La Chine a déjà exprimé sa vive préoccupation dès mars dernier sur les discussions concernant un accord de partage nucléaire qui verrait le Japon accueillir des armes nucléaires des Etats-Unis, et a demandé au Japon d’être prudent.
« En tant qu’Etat non doté d’armes nucléaire, signataire du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, le Japon doit remplir consciencieusement ses obligations internationales à cet égard », avait indiqué M. Zhao (porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères), notant que « la Chine s’est toujours opposée au développement d’armes nucléaires par des Etats dotés d’armes nucléaires sur le territoire d’autres pays ».
Les Etats-Unis restent le seul pays à avoir jamais utilisé des armes nucléaires contre un autre pays : le Japon, avec les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, larguées sur des civils en août 1945.
Washington rappelle toujours sa position officielle selon laquelle le recours à l’arme atomique a « sauvé des vies » en évitant un débarquement américain au Japon, une thèse très contestée. Selon d’autres, le recours au feu nucléaire se voulait une démonstration de force des États-Unis à l’encontre de l’URSS, qui s’apprêtait à entrer en guerre contre le Japon. Il visait également à faire de l’archipel un bouclier contre l’expansion du communisme en Asie.
Le Japon vit en permanence dans la duplicité, appelant à l’abolition des armes atomiques tout en étant sous « protection » du parapluie nucléaire américain.
Et si le Japon sous « parapluie nucléaire » rejoignait le « partage nucléaire » sur son territoire, la seule option possible serait évidemment de « partager » avec les États-Unis, qui auraient toujours le dernier mot sur l’usage de leurs bombes. Une drôle de « protection » qui ferait de l’archipel une cible pour le pays que les États-Unis considèrent comme « le seul concurrent qui ait à la fois l’intention de remodeler l’ordre international et, de plus en plus, le pouvoir de le faire », la Chine.