« Quand en mars 1762, un homme funeste, J-J Rousseau, fit paraître Le Contrat social, la vérité Politique cessa d’être une vérité permanente. Avant, en des temps plus reculés, les Etats étaient des exécuteurs de missions historiques dont la devise était « Justice et vérité ». J-J Rousseau vint nous dire que la Justice et la Vérité n’étaient pas des axiomes de la pensée mais des décisions provisoires de la volonté. J-J Rousseau supposait que l’ensemble des individus formant un peuple, créait une personnalité supérieure d’une essence différente de celle de chacun des individus, personnalité infaillible, capable de définir en chaque instant le juste et l’injuste, le bien et le mal. Et comme cette volonté collective, cette volonté souveraine, s’exprime seulement par un suffrage – opinion du plus grand nombre qui triomphe d’une minorité dans la recherche d’une autorité supérieure – il en résultait que le suffrage, cette farce qui consiste à jeter des bulletins dans une urne de verre, avait le pouvoir de décider à tout instant si Dieu existait ou n’existait pas, si la Vérité était la Vérité ou ne l’était pas, si la Patrie devait demeurer ou se désagréger… » (José Antonio Primo de Rivera, Discours du 29 décembre 1933)
On enseigne encore de nos jours aux pauvres écoliers de France que Jean-Jacques Rousseau est un philosophe, et même un grand philosophe. Le Contrat social passe pour un classique de la philosophie politique. Nous voudrions essayer de montrer, en quelque mots, que rien ne justifie cette réputation.
Quand on lit attentivement le Contrat social, sans se laisser éblouir par le grand nom de l’auteur, que d’absurdités, de contradictions, d’affirmations arbitraires ! Et quelle présomption délirante (1) ! Mais on se laisse facilement éblouir par l’éloquence de Rousseau, et par le ton tranchant et dogmatique (2) dont il use surtout lorsqu’il avance des énormités. Quelqu’un qui s’exprime avec autant de confiance, se dit le lecteur, doit savoir de quoi il parle !
Il suffit de lire les deux premiers chapitres du Contrat social pour se faire une idée de ce que vaut la philosophie politique de Rousseau.
Rousseau commence par affirmer « que l’homme est né libre. » Par là, il entend (comme on le comprend en lisant la suite) que l’homme est par nature un être indépendant, qui n’est lié à personne, et ne doit obéissance à personne. Autrement dit, « aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable » (3).
Voilà donc renversées les propositions classiques d’Aristote : que « l’homme est par nature un animal politique » ; et que « la famille et la cité sont du nombre des choses naturelles » (4).
Comment ! se dit le lecteur étonné. La famille au moins n’est-elle pas une société naturelle ? L’autorité du père sur ses enfants n’est-elle pas naturelle ? C’est à cette objection que répond Rousseau dans le deuxième chapitre. Voyons comment.
« La plus ancienne de toutes les sociétés, et la seule naturelle, est celle de la famille : encore les enfants ne restent-ils liés au père qu’aussi longtemps qu’ils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se dissout. Les enfants, exempts de l’obéissance qu’ils devaient au père ; le père, exempt des soins qu’il devait aux enfants, rentrent tous également dans l’indépendance. »
On croirait en lisant la première phrase que Rousseau a oublié ce qu’il disait dans le chapitre précédent. Mais non : l’enfant n’est lié au père que parce qu’il ne peut pas faire autrement que de lui obéir, en échange des soins qu’il en reçoit. « Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se dissout. » Quand ce besoin cesse-t-il ? Rousseau nous apprend un peu plus loin que c’est lorsque l’enfant atteint « l’âge de raison. » L’enfant est alors capable de vivre seul. Il ne doit plus rien à son père, et son père ne lui doit plus rien.
Au fait, si l’on raisonne ainsi, pourquoi le père doit-il quelque chose à l’enfant ? A-t-il besoin de l’enfant pour vivre ? Sans doute non, mais il l’aime, nous apprend Rousseau un peu plus loin (5). Nous voilà rassurés. Mais cessera-t-il de l’aimer lorsque l’enfant sera « en âge de raison » et que « le lien naturel » sera « dissous » ? Il faut le croire. Autrement le père se retrouverait à avoir des obligations envers l’enfant pendant que l’enfant n’en a plus envers lui, ce qui serait désagréable.
Quant à la mère, Rousseau, qui était peut-être pressé par le temps, n’en parle à aucun moment. Dans un texte de philosophie politique sur la famille, on pourrait s’attendre à ce que l’auteur dise quelque chose sur la mère, mais non.
On n’en finirait pas de relever les faiblesses de ce texte. Mais soulignons encore une chose. Lorsque « le lien naturel se dissout, » le père et l’enfant « rentrent dans l’indépendance. » Remarquons bien le verbe rentrer dont se sert Rousseau. Le père et l’enfant reviennent à l’état qui était le leur avant que le « lien naturel » ne se forme : ils redeviennent indépendants l’un de l’autre. C’est bien ce que veut dire Rousseau, et c’est ce que la tristement célèbre Déclaration des droits de l’homme répètera après lui : ils sont « nés égaux et libres » ; ils n’ont renoncé, provisoirement, à leur liberté « que pour leur utilité. »
Quoi de plus absurde en réalité que cette idée ? À quel moment l’enfant est-il libre ? Pendant le quart d’heure qui suit sa naissance ? jusqu’à ce qu’il s’aperçoive qu’il a besoin qu’on le nourrisse, et qu’il choisisse, au hasard, son père pour lui assurer la nourriture, s’engageant à lui obéir en échange ? Pauvre philosophie ! Et pauvre peuple français, qui accepte qu’on fasse lire de pareilles sornettes à ses enfants !
Mais, me dira peut-être un lecteur raffiné, vous n’y êtes pas. Votre lecture est grossière, ce n’est pas ainsi qu’il faut l’entendre. Vous n’avez donc pas lu l’admirable livre du professeur Untel, qui explique en 600 pages comment on doit comprendre ce texte ?
C’est vrai, je ne l’ai pas lu, et je n’ai pas l’intention de le lire. J’ai passé depuis longtemps l’âge où je croyais à ces interprétations qui n’en finissent pas. La vraie philosophie est simple et claire ; elle n’a pas besoin de mille explications. Rousseau est peut-être un grand écrivain, mais comme philosophe, il est insupportable et ridicule. Il « déraisonne volontairement, » comme dit Joseph de Maistre (6).
Le pape Benoît XV parlait, à propos des écrivains français du XVIIIe siècle, d’une « philosophie en délire » (7). C’est l’appréciation qui convient à Rousseau.
Mais la philosophie du XVIIIe siècle n’est pas seulement fausse et ridicule ; elle est un poison pour la société, comme le notait le pape Pie VI, dans son allocution du 11 juin 1793, sur l’exécution du roi Louis XVI : « L’objet de cette philosophie perverse est de briser tous les liens qui attachent les hommes entre eux, et à leur souverain, et les tiennent dans le devoir ; ainsi ils proclament, ils répètent jusqu’à la nausée que l’homme naît libre et indépendant de ses semblables. »
Comment ne pas voir, en regardant les ruines autour de nous, que ce poison a fait son œuvre ?
Notes :
(1) Le début du premier chapitre du premier livre, par exemple, est d’un ridicule achevé. « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers… Comment ce changement s’est-il fait ? Je l’ignore. Qu’est-ce qui peut le rendre légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette question. » Rousseau sait donc que l’homme est né libre, mais il ignore comment il se fait qu’il ne le soit plus. Il croit savoir comment rendre ce changement légitime. Croisons les doigts, lecteur ! Si tout se passe bien, nous saurons avant la fin du livre à quelles conditions il sera permis de vivre en société.
(2) J’emprunte cette expression à l’abbé Berthier, auteur injustement oublié d’un excellent petit livre, les Observations sur le Contrat social de J.-J. Rousseau, qu’on peut télécharger sur le site de la Bibliothèque Nationale.
(3) Du Contrat social, livre I, chap. IV.
(4) Rousseau nomme d’ailleurs Aristote, dont il parle avec une hauteur méprisante. Aristote « prend l’effet pour la cause » (Du Contrat social, livre I, chap. II). Quel étourdi cet Aristote ! C’est ainsi que Rousseau traite les plus grands auteurs. À ses yeux, saint Augustin n’est qu’un « rhéteur » ! Rien que ce mot suffit à se faire une idée du crédit qu’il faut accorder au philosophe de Genève.
(5) Rousseau nous apprend aussi que les rois, à la différence des pères (qui aiment leurs enfants), n’aiment pas leurs peuples. C’est dommage, mais que voulez-vous c’est ainsi, puisque Rousseau nous le dit.
(6) Étude sur la souveraineté. Disponible sur le site de la BNF. Joseph de Maistre, voilà un auteur à lire ! Solide, clair et instructif. Pourtant les professeurs n’en parlent jamais. Probablement qu’ils ne savent même pas qui c’est.
(7) Benoît XV, lettre apostolique Anno jam exeunte. Cité par l’abbé Rioult dans son livre sur la modestie.
Un nom de plus à rajouter à la longue liste des destructeurs de la nation française.
Qu’aux yeux de certains, plus éveillés que la moyenne, Rousseau se distingue par la sottise péremptoire qui le caractérise, on ne peut que s’en féliciter.
Mais encore faut-il comprendre que, si cette sottise a fait école, c’est moins dû à l’efficacité de ses écrits qu’à l’usage qui en a tété fait par ceux qui, dans l’ombre, ont favorisé sa carrière littéraire.
Comme, plus prés de nous, un Jean-Paul Sartre ou une Simone de Beauvoir ont été « les idiots utiles » du marxisme, Rousseau a été « l’idiot utile » de la maçonnerie, qui oeuvrait secrètement pour assurer et dissimuler sa mainmise sur les peuple par le jeu de la démocratie.
L’ouvrage essentiel qui analyse ce processus est celui d’Augustin Cochin « Les sociétés de pensée et la démocratie moderne » .
« Depuis trente ans et plus, des centaines de cercles maçonniques, philosophiques, littéraires, entrainaient toute une classe et un public aux moeurs politiques des sociétés et au dogme de la souveraineté directe » (page 86).
Augustin Cochin site encore un discours prononcé le 23 juillet 1769 dans une loge maçonnique de Rennes : » Le triomphe de la liberté et du patriotisme est le triomphe le plus complet du véritable maçon. C’est de nos temples et de ceux élevés à la véritable philosophie que sont parties les premières étincelles du feu sacré qui, s’étendant rapidement de l’orient à l’occident, du midi au septentrion de la France, a embrasé les coeurs de tous les citoyens » (page 162).
La maçonnerie ? Citons dés lors la revue du B’nai B’rith (volume XLIII) : Partout où la maçonnerie peut avouer sans danger qu’elle est juive, par nature comme par fin, les loges ordinaires suffisent à la tâche. »
B’nai B’rith auquel nous accordons évidemment la plus grande crédibilité. Le contraire nous ferait taxer d’antisémitisme…