À contrepoint des journalistes occidentaux, adeptes de la méthode Coué, affirmant que l’entrevue de Vladimir Poutine à Tucker Carlson ne présente que peu d’intérêt, le public partout dans le monde s’est rué sur la vidéo : 190 millions de vue sur X en moins de 3 jours, pour la version anglaise… Peut-être une manifestation de jalousie inconsciente de nos médiats puisque l’essentiel de leurs critiques visent… le journaliste qui a osé donné la parole à Poutine, plus que le président de la Fédération de Russie en exercice.
Sortie du conflit russo-ukrainien, Crimée, rapports Russie/Otan, dédollarisation, voilà quelques réponses de Vladimir Poutine aux questions du journaliste américain Tucker Carlson lors de leur entrevue du 6 février 2024 à Moscou.
Sortie du conflit russo-ukrainien
Le conflit entre Moscou et Kiev a été provoqué par le coup d’État de 2014. L’Ukraine a commencé la guerre, l’objectif de la Russie est d’y mettre fin.
Aujourd’hui encore, « les dirigeants ukrainiens refusent de négocier avec la Russie sur instruction de Washington, les autorités américaines doivent corriger elles-mêmes cette erreur. » « Si Washington estime que c’est une mauvaise décision, il faut reculer, trouver une excuse délicate pour que personne ne soit offensé, trouver une solution. C’est eux qui ont pris cette décision, pas nous ».
« Nous ne refusons pas de parler, nous voulons négocier. L’Occident et l’Ukraine, qui est un pays satellite des États-Unis, n’en veulent pas. 72 milliards de dollars des États-Unis pour l’Ukraine, l’Allemagne est en deuxième position et d’autres pays européens, un énorme flux d’armes, dans ce cas, vous devriez dire à l’actuel président ukrainien d’arrêter et de venir à la table des négociations et d’annuler son décret absurde, nous ne refusons pas [les pourparlers de paix] »
Vladimir Poutine a rappelé que Russie et Ukraine étaient sur le point de conclure un accord de paix à Istanbul en mars 2022, mais que Kiev a soudainement refusé de le signer. Poutine a cité l’aveu récent de David Arahamiya , chef du groupe parlementaire Serviteur du peuple de Volodymyr Zelenskiy et membre de l’équipe de négociation à Istanbul : le Premier ministre britannique de l’époque Boris Johnson était allé à Kiev et les a convaincus de renoncer à la paix avec la Russie et de « simplement se battre ».
Russie / OTAN
Vladimir Poutine a rappelé longuement avoir proposé au président de l’époque, Bill Clinton, que la Russie puisse rejoindre l’OTAN. Après une première approbation, Clinton en a discuté avec son équipe et a répondu plus tard : « Ce n’est pas possible ». Carlson a demandé à Poutine s’il envisageait sincèrement d’adhérer à l’OTAN. Poutine lui répondant qu’il voulait vraiment savoir si l’adhésion était une possibilité. Il a souligné qu’une réponse positive de l’Occident aurait pu conduire à un processus de réconciliation et tout en satisfaisant les aspirations à la sécurité des deux parties.
Répondant à Carlson lui demandant comment il réagit aux affirmations de l’Ukraine et d’autres politiciens occidentaux selon lesquelles la Russie veut conquérir l’Europe, Vladimir Poutine a affirmé que la Russie n’a pas l’intention d’attaquer les États membres de l’OTAN et ne ripostera que si elle est attaquée. Carlson a demandé s’il pouvait « imaginer un scénario dans lequel il enverrait des troupes russes en Pologne », auquel Poutine a répondu : « Seulement dans un cas : s’il y a une attaque contre la Russie depuis la Pologne. Pourquoi? Parce que nous n’avons aucun intérêt en Pologne, en Lettonie ou dans tout autre membre de l’OTAN. » Vladimir Poutine a réaffirmé que la Russie n’avait pas d’« objectifs territoriaux à travers le continent » et qu’une telle expansion « c’était absolument hors de question ».
Les pays occidentaux « tentent d’intimider leur propre population avec une menace russe imaginaire », a déclaré Poutine, ajoutant que « les gens intelligents comprennent parfaitement que c’est faux ».
« Il n’est pas nécessaire d’être analyste pour savoir que s’impliquer dans une guerre mondiale défie le bon sens. Une guerre mondiale amènerait l’humanité toute entière au bord de l’anéantissement ».
Il a affirmé que les déclarations des gouvernants européens et de l’Otan sont des « tactiques d’intimidation » à destination de leurs propres peuples, pour persuader leurs contribuables de fournir davantage d’argent pour « affaiblir la Russie » en Ukraine et ailleurs (Cf : Serbie, Moldavie, Géorgie, Arménie, Kazakhstan…). Ainsi, Washington fait pression sur les autres pays de l’Otan en promouvant l’idée d’élargir l’Alliance à l’Ukraine et à la Géorgie
Crimée
« C’est le siège de la marine russe, il y a une population russe, ils ont organisé un référendum, ils ont choisi la Russie. Cela fait partie de la Russie. Cela vous plaira peut-être ou non, mais Poutine déclenchera une guerre nucléaire s’il s’agit de Crimée. (…) Donc si vous pensez vraiment que la condition de la paix est que Poutine abandonne la Crimée, alors vous êtes fou », a déclaré Carlson après l’entretien.
Dédollarisation
Utiliser le dollar américain comme outil de lutte en matière de politique étrangère est l’une des plus grandes erreurs stratégiques commises par les dirigeants américains, selon Poutine. « Le dollar est la pierre angulaire de la puissance des États-Unis », « que nous dit la dette américaine de 33 000 milliards de dollars ? Il s’agit de la principale arme utilisée par les États-Unis pour maintenir leur puissance dans le monde », a-t-il souligné.
Mais, « regardez ce qui se passe dans le monde. Même les alliés des États-Unis réduisent désormais leurs réserves en dollars. Voyant cela, tout le monde commence à chercher des moyens de se protéger. Et le fait que les États-Unis appliquent des sanctions punitives à certains pays, comme l’imposition de restrictions sur les transactions, le gel des avoirs, etc., suscite de vives inquiétudes et envoie un signal au monde entier ».
La Russie a entamé le processus de dédollarisation et met fin progressivement à sa dépendance aux marchés occidentaux : « Environ 80 % des transactions commerciales extérieures de la Russie étaient effectuées en dollars américains et en euros en 2022 », et le dollar américain « représentait environ 50 % des transactions russes avec des pays tiers », mais aujourd’hui, la part du dollar dans les transactions russes n’est plus que d’environ 13 %.
La part de la Russie dans les transactions libellées en yuans est passée de 3 % à « un peu plus de 34 % ». Et « d’autres pays, y compris les producteurs de pétrole, réfléchissent et acceptent déjà les paiements pour le pétrole en yuans ».
Retranscription complète en français de l’entrevue : Tucker Carlson – Vladimir Poutine
La vidéo doublée en français par Stratpol
Viva Poutine!!!