Henri Philippe Bénoni Omer Pétain naît le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour, dans une famille de cultivateurs installée dans la commune depuis le XVIIIe siècle.
Bien que son acte de naissance porte les prénoms : Henri, Philippe, Bénoni, Omer, c’est Philippe qu’il choisit et, tout au long de sa vie, il a toujours pris soin de rectifier.
En 1876, Philippe Pétain est reçu 403e sur 412 à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr. Il en sort, en 1878 (Promotion De Plewna), 229e sur 386, élèves-officiers et choisit de servir dans l’infanterie.
Sa carrière est dès lors jalonnée de garnisons métropolitaines : Villefranche-sur-Mer, Besançon, Marseille, Amiens, Châlons-sur-Marne, Quimper, Saumur, Arras, Saint-Omer, Paris. Sous-lieutenant en 1878, il est lieutenant en 1883, capitaine en 1890, commandant en 1900, lieutenant-colonel en 1907 et colonel en 1910.
Avancement relativement lent, imputable à une droiture de caractère peu compatible avec une époque où, comme le note Bainville, dans son Histoire de France, « la délation des « fiches » s’organisa contre les officiers qui allaient à la messe » . Pétain, lui-même, est fiché en 1903 : » Passé à l’École de Guerre, inconnu, mais des renseignements nouveaux et sérieux le donnent comme professant des idées nationales et cléricales » .
Promu colonel en 1910, Philippe Pétain suit les études du CHEM (Centre des hautes études militaires) puis enseigne la tactique générale à l’Ecole de cavalerie de Saumur. A la fin de 1912, il prend le commandement du 33e R.I. à Arras, où le sous-lieutenant Charles De Gaulle est affecté à sa sortie de Saint-Cyr. Une estime réciproque s’établit. De Gaulle est noté par Pétain : » Sorti de Saint-Cyr avec le n°13 sur 211, s’affirme, dès le début, comme un officier de réelle valeur qui donne les plus belles espérances pour l’avenir (…) Très intelligent, aime son métier avec passion (…) Digne de tous les éloges » . Quant à De Gaulle, il écrira dans ses Mémoires : « Après Saint-Cyr, je fis au 33e régiment d’infanterie, à Arras, mon apprentissage d’officier. Mon premier colonel, Pétain, me démontra ce que valent le don et l’art de commander ».
En mars 1914, le colonel Pétain prend le commandement par intérim de la 4e brigade à Saint-Omer. C’est à sa tête qu’il est engagé dans le conflit qui éclate le 3 août 1914.
Conflit au cours duquel il va gravir tous les échelons du commandement, jusqu’au commandement en chef des armées françaises, couronné par son élévation à la dignité de Maréchal de France.
Le 23 juillet 1945, s’ouvre le procès de Philippe Pétain devant la Haute Cour de justice. A l’issue de ce procès, il est reconnu coupable d’intelligence avec l’ennemi et de haute trahison. Le verdict est sans appel, après 24 jours de procès, la peine de mort est prononcée pour le maréchal le 15 août 1945. Néanmoins, cette sentence ne sera jamais appliquée. De Gaulle, alors chef du gouvernement provisoire de la république revenue dans les fourgons des Yankees, commue sa peine en détention à perpétuité afin d’éviter de tenter d’éviter d’en faire un martyre. Grâce que le maréchal n’a jamais sollicitée ( « Un maréchal de France ne sollicite pas sa grâce ; je ne demanderai rien. »P.Pétain).
Du 15 août au 16 novembre 1945, le maréchal est incarcéré au fort du Portalet ( Pyrénées Atlantiques). Après ce bref séjour au Portalet, Philippe Pétain arrive au fort de Pierre Levée le 16 novembre 1945. Il y restera 2052 jours, jusqu’au 29 juin 1951, devenant ainsi le plus vieux détenu du monde dans des conditions dont l’indignité retombe sur ceux qui l’ont condamné et emprisonné.
« Il est aujourd’hui enfermé dans une pièce nuit et jour. Il ne dispose que d’un lit de soldat qu’il fait lui même. La lumière électrique ne lui est donnée que par intermittence. Il n’est autorisé qu’à faire deux courtes promenades d’une demi-heure dans une partie de la cour de la citadelle, derrière des fils de fer barbelés placés à son intention, en la compagnie constante d’un gardien. On lui a refusé tout autre lecture actuelle que celle d’un seul journal. Il ne peut voir sa femme qu’en présence de deux gardiens et dans un temps strictement limité. Cette même présence a été imposée à ses avocats. On a même poussé le scrupule jusqu’à interdire au maréchal Pétain d’adresser la parole aux deux jeunes enfants d’un garde agés de quatre et cinq ans. […] ». (Lettre de Mes Isorni et Lemaire au président du gouvernement provisoire de la République française, 27 juin 1946, reproduite dans Jacques Isorni, Souffrance et mort du Maréchal, op. Cit, pp, 304-306)
Malade, le maréchal Pétain meurt le 23 juillet 1951 à la villa « Luco », faisant fonction pour l’occasion « d’hôpital » annexe de l’hôpital militaire de Nantes, où il avait été transféré le 29 juin.
Après sa mort, l’État a pris soin d’interdire la visite de ce qui fut la cellule du maréchal au fort de Pierre Levée, afin de ne pas en faire un lieu de pèlerinage.
Le maréchal Pétain repose dans le petit cimetière de l’île d’Yeu, entouré de pins et de cyprès, sous une tombe blanche, marquée de ses sept étoiles d’or et surmontée de la croix blanche des cimetières militaires.
Pétain fut le seul prisonnier du fort (fort qui sert dans les mois suivant la Libération de lieu d’exécution où sont fusillés les principaux collaborateurs français avec le régime nazi). La plupart des gardiens affectés à la prison sont d’anciens résistants. On leur adjoint trois escadrons pour protéger le fort, les autorités craignant un coup de main des communistes contre Pétain.
Celui-ci y reste jusqu’à l’ouverture de son procès le 23 juillet 1945 devant la Haute Cour de justice, qui siège au palais de justice de Paris.
Joseph Simon sera également responsable de la garde de Pétain après son procès, au fort du Portalet dans les Pyrénées puis au fort de Pierre-Levée à l’île d’Yeu jusqu’à la mort de celui-ci en juillet 1951. Il consignera quotidiennement les faits et gestes du maréchal et en tirera un ouvrage paru en 1978…