Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954 plus de 70 attentats étaient perpétrés en une trentaine de points du territoire algérien faisant de nombreuses victimes civiles européennes. La Toussaint rouge fut le nom donné à cette vague d’attentats, jour de la fête Catholique de la Toussaint.
L’histoire a retenu que la toute première victime de cette Toussaint rouge fut ce jeune instituteur Métropolitain, Guy Monnerot, tout fraichement arrivé de Métropole afin d’y enseigner dans le Bled.
Bien que cet assassinat ait mérité d’être largement diffusé pour sensibiliser l’opinion, notamment Métropolitaine, il n’en reste pas moins que cette médiatisation ne devait en aucun cas occulter sciemment les 3 autres victimes civiles assassinées bien avant Guy Monnerot (Georges-Samuel Azoulay, François Braun, Laurent François).
Du reste la médiatisation du meurtre de Guy Monnerot ouvrit béante la porte aux détracteurs de la présence française en Algérie qui gangrénèrent l’opinion métropolitaine quant à sa souveraineté et, par la suite, l’envoi des troupes du Contingent.
Depuis plusieurs années la vérité tente de s’installer, mais en vain ; l’histoire continue à poser sa chape de plomb sur les réalités. Ainsi 3 jeunes Français d’Algérie ne firent l’objet que d’un contre-filet dans la presse.
L’assassinat de Guy Monnerot
Lundi 1er novembre 1954 à 7 heures sur la route qui va de Biskra à Arris, un car avance lentement. La voie est étroite, sinueuse. Dans le car, des Musulmans dont Hadj Sadock, le Caïd de M’Chounèche, une petite localité des environs, et deux Européens. Un jeune garçon de 23 ans et son épouse de 21 ans, des nouveaux mariés, Guy et Jeanine Monnerot, instituteurs auxiliaires à Tiffeflel. Tous deux Limousins, en Algérie depuis trois semaines, ils ont profité du week-end pour visiter un peu la région. Le vieux car bringuebalant s’engage dans les gorges sauvages de Tighanimine…
C’est Au kilomètre 77, la route qui surplombe le vide s’élargit, le chauffeur aperçoit un mince barrage de pierres au milieu du chemin. Au lieu d’accélérer et de bousculer le fragile obstacle, il stoppe. Un homme surgit à la portière, il est armé d’un vieux fusil allemand. L’homme somme le Caïd et les Monnerot de descendre du car. Une dizaine d’hommes entourent le car. Chihani Bachir, chef du groupe de rebelles, s’adresse au Caïd et lui demande s’il a reçu la proclamation du F.L.N. « de quel côté passes-tu ? Avec nous ou chez les Français ? » Hadj Sadok n’a qu’un rire méprisant pour ces « brigands » loqueteux, puis sèchement déclare : « Vous n’avez pas honte de vous attaquer à ces enfants…Ce sont des instituteurs, ils viennent pour nous aider… » Chihani Bachir marque le coup.
Sadok, profitant d’un moment d’inattention, sort un pistolet de son baudrier de cuir rouge qu’il porte toujours caché sous sa gandoura. Sbaïhi Mohamed, l’un des hommes de Chihani, a surpris son geste. Il lâche une rafale de Sten en direction du Caïd. Le Caïd s’écroule atteint au ventre ; Guy Monnerot est touché à la poitrine et sa jeune épouse à la hanche.
Les rebelles embarquent le corps de Hadj Sadok dans le car qui s’éloigne, laissant sur le bord de la route les jeunes gens moribonds. Une heure plus tard, l’ethnologue Jean Servier, le seul homme à n’avoir pas perdu la tête dans Arris encerclé, est mis au courant de l’attentat. Il accourt avec un vieux Dodge et deux maçons Italiens. Monnerot est déjà mort ; sa femme sera sauvée.
Elle mourra, à 61 ans, peu de jours après le quarantième anniversaire du déclenchement de la guerre.
L’assassinat de Georges-Samuel Azoulay
A Oran, il est 0h20, lorsque Georges-Samuel Azoulay, chauffeur de taxi prend en charge un musulman pour le conduire à Eckmühl ; en cours de route le client demande un changement d’itinéraire vers la poudrière. Azoulay refuse ; le client l’abat de trois balles, jette le corps sans vie et s’empare du véhicule.
L’assassin est arrêté quelques semaines plus tard dans un douar près de St-Denis du Sig.
Cet assassinat sera considéré comme un fait divers de droit commun.
L’assassinat de François Braun
Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre à 1h.30, le garde-forestier François Braun est attaqué dans la maison forestière de la Mare d’Eau (entre Zahana et Oggaz ; il refuse de remettre son arme.
Il est abattu par Ahmed Zabana qui est arrêté le 8 novembre 1954 et guillotiné à la prison de Barbe-Rousse le 19 juin 1956.
François Braun était le beau-frère de l’oncle de Laurent François. Laurent François ce jeune homme de 22 ans tout juste libéré de son service militaire qui plutôt que s’enfuir fit un détour pour alerter les autorités militaires.
L’assassinat de Laurent François
Ce dimanche 31 octobre 1954, à la tombée de la nuit, un groupe d’hommes sous les ordres de Sahraoui et Belhamiti se réunit au lieu dit « Oued Abid ». Sahraoui dispose d’armes de guerre (3 carabines italiennes, un fusil mauser et des munitions) qui lui ont été procurées par Bordji Amar. Cette réunion a pour but l’organisation d’une attaque qui doit être déclenchée à une heure du matin.
Tous se réunissaient vers le centre de Cassaigne ; Belhamiti prenait la tête d’un demi-groupe composé de Mehantal, Belkoniène, Chouarfia qui devaient se poster légèrement au sud et à l’Est des bâtiments de la gendarmerie.
L’autre demi-groupe sous la direction de Sahraoui Abdelkader et composé de Belkoniène Taïeb, Tehar Ahmed et Beldjilali Youssef allait par l’Ouest s’approcher de la cour extérieure de la gendarmerie.
Pendant que les terroristes préparent leur embuscade, Laurent François et son ami Jean-François Mendez reviennent d’un bal organisé au Grand Hôtel de Mostaganem ; Laurent François a 22 ans, il est libéré du service militaire depuis 6 mois, Jean-François Mendez est son cadet de 18 mois.
Tous deux habitent Picard, petit village du Dahra situé à 70 kms de Mostaganem. Plutôt que prendre la route principale, ils décident d’emprunter la route de l’intérieur qui est un peu plus longue mais en meilleur état ; cette route passe devant la ferme Monsonégo.
Arrivés à hauteur de la ferme Monsonégo, les deux amis voient surgir dans le faisceau de la 4 CV un homme vêtu d’un tricot de peau et d’un slip qui agite ses bras de façon désordonnée en criant : »au secours ! au secours ! ».
A l’instant où Jean-François Mendez ouvre la portière des coups de feu claquent ; une balle fait éclater le pare-brise et une autre fait sauter la vitre de la portière avant gauche ; Laurent François a été touché à la tête.
L’homme hurle d’avertir la gendarmerie de Cassaigne qui est tout proche mais qui contraint à un détour. D’autres coups de feu claquent et contraignent les deux amis à reprendre la route pour se rendre à Cassaigne.
Tous deux ignorent que la gendarmerie est, elle-même, la cible de terroristes qui s’apprêtent à l’attaquer.
En quelques minutes les deux jeunes gens arrivent devant la gendarmerie.
Le demi-groupe de soutien de Belhamiti se dissimula alors dans le fossé bordant la route.
Belkoniène et Tehar de leur côté, de peur d’être surpris eux aussi, cherchèrent à se cacher derrière les bâtiments de la gendarmerie ; ils y retrouvèrent Saharaoui Abdelkader qui leur donna l’ordre de se porter en avant et de tirer sur les arrivants.
Pendant plusieurs minutes qui durent une éternité, les deux amis tambourinent en hurlant à pleins poumons. Plusieurs minutes s’écoulent sans que quiconque n’intervienne.
Belkoniène et Tehar, en position de tireurs immédiatement derrière la clôture en fil de fer de la gendarmerie, à une vingtaine de mètres environ de Laurent François et de Mendez Jean-François, tirèrent chacun un coup de feu.
Laurent pousse un cri et s’écroule devant Jean-François qui continue à cogner sur la porte de la gendarmerie.
Le gardien de prison réveillé par les cris et coups de feu a allumé la rue.
Il est 23h.30 ; Laurent François est à terre, râlant, crachant du sang ; une balle lui a fracassé le crâne.
Les gendarmes sont toujours inexistants. Jean-François Mendez se précipite chez le docteur Gilbert qui s’habille promptement et se rend immédiatement sur les lieux du drame.
La cour de la caserne est allumée mais la porte de la gendarmerie est toujours fermée. Laurent François, le malheureux, est là inanimé, baignant dans une large mare de sang. L’infortuné jeune homme est toujours en vie mais il rendra son dernier soupir à la clinique.
Un gendarme, revolver à la main, se décidera à sortir après de nouveaux appels de Jean-François Mendez et du docteur Gilbert.
L’intervention de ses deux jeunes gens aura fait échouer l’attaque prévue de la gendarmerie et ainsi sans nul doute sauver bien des vies ; devant cet échec les terroristes s’enfuirent et se replièrent au lieu-dit « La pierre Zerouki ».
De même qu’ils ne purent faire sauter le transformateur électrique de Ouillis qui alimentait toute la région du Dahra.
Les terroristes sont arrêtés quelques jours plus tard ; leur chef est tué lors de leur appréhension.
Les gendarmes, quant à eux, firent tous l’objet de mutations sans qu’un motif ne soit évoqué ; et pour cause !
De même on n’entendra plus parler de Cassaigne jusqu’au jour du procès des assassins de Laurent François le 23 Juillet 1955.
Le verdict de la Cour d’Assises de Mostaganem fut prononcé le 24 juillet 1955
Condamnés à la peine capitale : Belkoniène Taïeb, Tehar Ahmed et Saharoui Abdelkader ; Travaux forcés à perpétuité : Belhamiti ;
20 ans de travaux forcés : Chouarfia, Belkoniène Mohamed.
Ainsi périt dans l’indifférence générale un jeune Français d’Algérie, Laurent François né un 6 Février 1932, assassiné un 31 Octobre 1954 à 23h.30, qui n’hésita pas à se détourner de sa route pour alerter les autorités d’attaques
Ce n’est qu’en 2007 que Laurent François eut les Honneurs de la Nation et fut reconnu Mort pour la France.
Le rappel de ce tragique évènement démontre que les Français d’Algérie étaient déjà des « Français entièrement à part ».
Le malheureux Guy Monnerot, arrivé depuis tout juste quelques semaines n’eut ni le temps de découvrir ce pays qu’il commençait à aimer, ni exercer sa profession d’instituteur auprès des enfants du Bled.
Il fut assassiné à 7h.30 ce matin du 1er Novembre 1954 en même temps que le Caïd Hadj Sadock qui tenta de s’interposer.
Témoignage de Jean-François MendezZ, rescapé de l’attentat de Cassaigne
Dimanche 31 octobre 1954 ; comme d’habitude je suis avec mon copain FRANCOIS Laurent, âgé de 22 ans. Nous décidons d’aller danser à Mostaganem qui se situe à environ 75 kilomètres de Picard ; nous avons appris qu’il y avait un bal au « grand hôtel » où nous avions rendez-vous avec des copines habitant Mostaganem.
Comme l’ambiance ne nous plaisait pas, nous décidons de revenir sur Picard.
Nous raccompagnons les deux copines avec lesquelles nous étions et nous prenons la route pour revenir chez nous.
Laurent est au volant de sa 4 CV et décide, plutôt que longer la côte, emprunter la route un peu plus longue de 2 kilomètres qui passe par Cassaigne.
Nous roulons tranquillement lorsque soudain, à la sortie de Ouillis en direction de Cassaigne, nous apercevons un homme en sous-vêtements, en bordure d’une rangée de vignes. L’homme qui ne bouge pas nous fait des grands signes. Laurent s’arrête à sa hauteur et j’ouvre ma portière ; nous avons tout juste le temps d’entendre l’homme nous crier d’aller chercher du secours que des coups de feu résonnent dans la nuit ; le pare-brise de la 4 CV vole en éclats ainsi que la vitre de la portière du côté de Laurent. Je crie à Laurent de démarrer, il s’exécute et nous repartons en trombe. Nous étions complètement hébétés et ne réalisions pas ce qui nous arrivait. Je m’aperçois que Laurent à du sang sur le côté gauche du front ; je lui donne un mouchoir et, tout en conduisant, s’éponge le front du sang qui coule encore. Je lui redonne un second mouchoir. Nous décidons d’aller avertir la gendarmerie de Cassaigne. Nous arrivons en trombe sur la petite place devant la gendarmerie. Nous ne prenons pas la peine de refermer nos portières ni d’éteindre nos feux. Laurent a immobilisé le véhicule à quelques mètres de l’entrée de la gendarmerie.
Je m’inquiète de la blessure de Laurent qui me rassure en m’indiquant que ça va. Nous arrivons devant l’immense porte imposante de la gendarmerie et nous nous mettons, tous deux, à tambouriner, à hurler, à tirer sur la chaîne qui actionne la cloche, personne ne répond. Soudain des coups de feu ; Laurent s’écroule en arrière. Moi, je me retrouve par terre ; je continue à asséner des grands coups de pied dans la porte. C’est à ce moment-là que je vois, dans la rue, des lumières s’allumer dans un grand bâtiment qui se trouve être la prison. Je porte mon regard sur Laurent qui ne bouge pas ; j’appelle au secours mais personne ne répond. Je décide de m’enfuir et, prenant mes jambes à mon cou, je dévale une pelouse et tombe nez à nez sur un gardien de nuit qui dirige son fusil dans ma direction. Je parviens à lui expliquer ce qui se passe et lui demande de contacter un docteur pour Laurent ; un autre homme, un second garde nuit, arrive en titubant et nous dit qu’il vient de se faire attaquer et que ses agresseurs lui ont volé son fusil. Une autre personne, qui apparaît en haut du talus avec une lampe torche à la main, nous demande ce qui se passe. Je lui réponds que nous avons besoin d’un docteur pour mon copain qui est blessé et qui gît devant la porte de la gendarmerie.
Nous courons chez le docteur Guilbert sans prendre le temps de donner plus d’explications au dernier arrivant. Les coups de feu ont cessé.
Le docteur qui a été réveillé par tout le bruit nous ouvre immédiatement et, après que je lui ai expliqué ce qui était arrivé, nous indique qu’il se rend immédiatement au chevet de mon copain.
Nous retournons devant la gendarmerie et recognions à la porte d’entrée ; nous actionnons également les klaxons des voitures. Enfin la porte s’ouvre et deux gendarmes apparaissent. De nouveau j’explique ce qui nous est arrivé. Le docteur est en train d’examiner Laurent et demande aux gendarmes d’appeler du secours.
Les gendarmes ont réveillé tout le monde ; même les chiens dormaient.
Le docteur qui a fait un premier diagnostic qui n’est pas très rassurant demande aux gendarmes d’avertir les autorités.
Les gendarmes se mettent au travail mais il n’y a plus de téléphone. Toutes les lignes téléphoniques ont été coupées. Le seul contact reste la radio ; il est presque 2 heures du matin. Il faudra attendra l’heure de vacation avec la gendarmerie de Mostaganem.
Le chauffeur de l’Administrateur arrive avec un fourgon qui servira d’ambulance au transport de Laurent, toujours inanimé. Le docteur décide de transporter Laurent à l’hôpital de Mostaganem. Malgré les efforts du chauffeur qui mettra tout en œuvre pour arriver très vite, Laurent succombera avant même son arrivée à l’hôpital.
Quant à moi je reste à la gendarmerie afin d’y être interrogé. Les gendarmes ont enfin la vacation avec Mostaganem qui met en alerte toute la région.
Cassaigne était, administrativement, le chef-lieu de 5 communes : Bosquet, Cassaigne, Lapasset, Picard et Ouillis. Le village le plus éloigné était Picard qui se situait à environ 35 kilomètres de Cassaigne.
Il était déjà tard lorsqu’un gendarme me propose d’aller me reposer chez lui. Son épouse me propose leur propre lit ; je m’allonge et tente de dormir. Tous ces évènements passent sans cesse devant mes yeux et je pense surtout à « Lolo », mais le sommeil me gagne. A mon réveil, le jour est déjà levé. Je prends un café que la femme du gendarme m’a fait et je rejoins le bureau des gendarmes qui m’apprennent le décès de Laurent. Ils reprennent leur interrogatoire lorsque la femme du gendarme chez lequel je me suis reposé rentre dans le bureau et demande à son mari de venir voir quelque chose. Le gendarme et son chef lui emboîtent le pas et reviennent presque aussitôt. Ils décident de faire une inspection autour de la gendarmerie et là ils découvrent beaucoup d’empreintes dans les champs qui longent les bâtiments, des échelles, des douilles de balles. Sur le toit ils relèvent également des empreintes d’individus qui, visiblement, s’apprêtaient à attaquer la gendarmerie. Les chiens qui ne s’étaient pas manifesté avaient été endormis.
En fait, la femme du gendarme qui était intervenue s’était rendue compte qu’un des barreaux de la fenêtre de la chambre dans laquelle je m’étais reposé avait été sectionné par une balle. Personne n’avait rien entendu.
Les gendarmes avaient-ils réalisé que notre intervention avait déjoué l’attaque qui leur était destinée et que, sans aucun doute, avait permis d’épargner leurs vies et celles de leurs familles ?
A présent, l’alerte était donnée un peu partout. Les gendarmes contactèrent ceux de Picard qui eurent en charge d’aviser le Maire. C’est ce dernier qui avertit mes parents et eut la pénible tâche d’avertir ceux de Laurent.
Dans le courant de la matinée, les renseignements arrivaient d’un peu partout. L’homme que nous avions vu sur le bord de la route et qui nous avait demandé du secours était le commis de la ferme MONSONEGO. Heureusement il n’avait rien eu excepté une peur terrible. Les terroristes avaient tenté de faire sauter le transformateur électrique de Ouillis qui alimentait tout le Dahra. Dans l’obscurité, toute la région pouvait être une proie facile pour les terroristes.
En fin de matinée, mon père, accompagné de monsieur Vernier Maire de Picard, vint me chercher ; le Maire se rapprocha de l’Administrateur afin de lui demander des renseignements.
Nous arrivâmes à Picard où l’émotion était grande dans l’après-midi.
Pendant plusieurs mois, après ce drame qui avait chamboulé ma vie, je vécus un cauchemar. Je ne dormais plus la nuit car je revoyais sans cesse la scène. Je fus contraint de dormir dans la chambre de mes parents.
Les obsèques de Laurent eurent lieu le 3 ou le 4 novembre. Tout Picard était là, les villages voisins également étaient venus rendre un dernier hommage à cet enfant du pays de 22 ans. Beaucoup de monde ; mais pas un seul officiel, pas une seule autorité n’assista à ses obsèques.
Le lundi 8 novembre, dans le courant de la matinée, le Maire – monsieur Vernier – recevait un appel téléphonique de Cassaigne ; il était informé qu’une reconstitution de l’attentat devait avoir lieu dans l’heure, qu’il devait m’aviser que j’étais attendu pour cette reconstitution.
Le Maire contacta mon père. Comme nous n’avions pas de voiture, monsieur Vernier, le Maire, nous proposa de nous amener. Mon père exigea une escorte car nous avions environ une heure de route. Cela lui fût refusé et de ce fait, je n’ai pu assister à cette reconstitution. Les terroristes avaient été arrêtés quelques jours plus tôt, leur chef, lui, avait été abattu.
Lors de cette reconstitution, un gendarme qui n’avait pas apprécié l’attitude des autorités indiqua à un journaliste présent, monsieur Palacio de l’ECHO-SOIR, qu’il était inadmissible que le témoin principal ne soit pas présent.
Sitôt la reconstitution achevée, monsieur Palacio accompagné de son chauffeur et photographe, monsieur Gagliardo, ont pris la direction de Picard et sont venus me voir à la maison. Lors de cette reconstitution, l’on se rendit compte qu’il y avait encore sur le portail de la gendarmerie des petits morceaux de cuir chevelu et des mèches de cheveux de Laurent. La balle qui m’avait été destinée était plantée dans la porte.
Après avoir eu l’autorisation de mon père de m’interroger sur les faits, ils publièrent leur article le 9 novembre.
Ce furent les seules personnes qui s’inquiétèrent du drame de Cassaigne.
Dans le mois qui a suivi, presque tous les gendarmes ont été déplacés. Aucun motif n’a été communiqué.
Regis Guillem
Évoquer la mémoire de Georges-Samuel Azoulay et d’autres, donne un regard insidieux sur une fraternité de communauté chrétienne-juive, contre le musulman. Si elle est parfaitement factuelle et justifiée à l’aune des années soixante, aujourd’hui en 2024, elle participe à une confusion volontaire sioniste des esprits: Palestiniens=magrébin=bougnoule=racaille.
Que dire , qui n’ait déjà été dit ..Ce serait rajouter de la peine à la peine et à chaque jour suffit sa peine …
Merci aux pataouètes, aux gars de la-bas dis, de nous transmettre l’histoire, que je n aurais jamais connu ni compris, moi couillon de 50 balais à qui on a Tant menti.