Au sortir de la Seconde Guerre mondiale et des barbaries de « l’épuration », le mouvement Jeune Nation créé en 1949 aura été pendant dix années le creuset d’une nouvelle génération de militants nationalistes et surtout un lieu où l’on fait ses premières armes.
Après la dissolution du mouvement Jeune Nation en 1958, puis du Parti nationaliste en 1959, succèdent pour Pierre Sidos deux ans et demi de clandestinité (du 24 janvier 1960, jour des barricades d’Alger, au 5 juillet 1962) où il combat pour que l’Algérie reste française. Il y soutiendra le soulèvement militaire d’Alger (21 avril 1961) et les actions menées par Jean-Marie Bastien-Thiry. Le 5 juillet 1962, il est arrêté par la police puis transféré à la prison de la Santé le 14 juillet 1962. Après cinq procès dont deux pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Il sort de prison le 18 juin 1963.
Pierre Sidos lançait alors le Cercle de la défense et de la culture française avec des proches : Patrick Lemaire, André Cantelaube (ex-franciste). Des lycéens et étudiants parisiens (exclus de la section de Paris de la Fédération des Etudiants Nationalistes) rejoignent le mouvement qui prend le nom d’Occident. Les statuts sont déposés en avril 1964 avec pour porte-parole Pierre Sidos.
Le 4 mai 1964, le 1er meeting à lieu à Paris avec deux orateurs : Pierre Sidos et Gérard Longuet.
Durant sa première année d’existence, Occident défend un nationalisme français intransigeant.
Les réunions, journaux, tracts… dénoncent la démocratie, citant Louis-Ferdinand Céline : « Le gouvernement du peuple, pour le peuple, et par la vinasse », et rejettent « le mythe de l’élection », qui doit être remplacé par : « la sélection des meilleurs éléments de la communauté populaire, en vue de constituer une nouvelle élite, fondée sur le mérite et les talents ». « Les nationalistes français constituent contre la république maçonnique et ploutocratique le Parti de la Nation française, le Parti de la seconde Révolution française, qui abolira les effets néfastes de la première ».
Occident se réfère alors volontiers à Robert Brasillach, exalte l’« ethnie française », et affirme : « Pervers et nuisible sous toutes ses formes, le libéralisme est l’ennemi le plus dangereux du nationalisme ».
L’attrait pour un « fascisme » n’est pas renié :
« Dans toutes les démocraties, la jeunesse s’ennuie, et dans toutes les démocraties, il y a des “blousons noirs”. Alors que dans les pays qualifiés de “fascistes”, il n’y en a jamais eu. Cela tient au fait que tout fascisme est l’expression d’un nationalisme, qui seul peut cristalliser la volonté de la jeunesse en un immense élan révolutionnaire ; le nationalisme, c’est la jeunesse au pouvoir ».
Le mouvement entend « défendre l’Occident partout où il se bat » et ne pas « tolérer les manifestations antifrançaises » organisées par de pseudo « comité anticolonialiste ». Les militants d’Occident lutteront ainsi par exemple contre ceux de l’UNEF et de la CGT autour du cinéma Le Savoie où se tient un spectacle « Chansons pour la paix » ; ou encore contre un meeting anticolonialiste organisé, à La Mutualité, par les étudiants africains dans le cadre de « la journée de solidarité des peuples d’Asie et d’Afrique ».
En 1965, Occident participe à la campagne Tixier-Vignancour pour les élections présidentielles au sein du Comité jeune et du service d’ordre dirigé par Roger Holeindre et Jean-Pierre Reveau.
Un autre 4 mai, en 1966, dans le quartier latin, les partisans d’Occident sont contraints d’utiliser la force contre les bolcheviques en signe d’opposition à la représentation de la pièce de Jean Genet Les Paravents au Théâtre de l’Odéon. Ils obtiennent le retrait de la pièce.
Mais rapidement, un « décalage générationnel » se fait jour ainsi que des « divergences théoriques ». Occident abandonne les références au nationalisme français, se concentre sur l’anticommunisme dans le contexte historique de la Guerre froide, certains allant jusqu’à soutenir que la décolonisation est une affaire classée et que le monde occidental a vocation à s’étendre à toutes les nations en lutte contre le communisme, quitte à adopter les objectifs de la géostratégie mondiale des États-Unis… Et passant par pertes et profits l’expérience des militants nationalistes engagés dans la lutte pour l’Algérie Française et l’OAS.
Pierre Sidos s’éloigne alors d’Occident, regroupant ses amis autour du journal « Le Soleil », fondé en 1966, qui continue à inscrire sa pensée dans le sillage des maîtres du nationalisme tels qu’Édouard Drumont, Maurice Barrès, Charles Maurras, Alexis Carrel, Robert Brasillach, Francisco Franco, Antonio de Oliveira Salazar, Philippe Pétain… « Nous continuons à travailler dans leur lumière », écrira Pierre Sidos.
Le Soleil perpétue la flamme du nationalisme authentique, portant la plume autant contre le financiarisme capitaliste que contre les révolutionnaires marxistes et dénonçant le « rôle moteur » des lobbys communautaires dans la vie politique, jusqu’à ce que ce nationalisme puisse s’incarner à nouveau avec la fondation de L’Œuvre Française en 1968.
Voir aussi :
23 mars 1950 : Dépôt officiel du mouvement Jeune Nation
15 mai 1958 : Dissolution du mouvement Jeune Nation
15 juillet 1958 : Premier numéro du journal Jeune Nation
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