De la démocratie en Amérique et ailleurs ? et partout ?
Il est curieux de voir comme les tueries de masse qui se sont succédé à Dayton et à El Paso – toutes deux attribuées par les médias et par les Démocrates au « racisme » – n’ont pas empêché une figure américaine du Congrès de conduire tout une délégation de ce même parti démocrate, 41 personnes au total plus leurs épouses, pour une excursion de luxe tous frais payés d’une semaine en Israël, l’un des rares pays au monde à définir pleinement sa citoyenneté en termes de race et de religion.
Il en faut plus que ça pour perturber le chef de file de la majorité à la Chambre, Steny Hoyer, du Maryland, lui qui a fait le pèlerinage en Israël une bonne quinzaine de fois et qui reste parfaitement insensible aux voix qui se sont élevées contre ce voyage, déclarant peu avant le départ pour Tel Aviv : « Je suis heureux de me joindre à tant de Démocrates de la Chambre pour ce trajet en Israël pour réaffirmer notre soutien à un allié capital pour les États-Unis et pour enrichir notre connaissance des opportunités et des défis auxquels doit faire face Israël au Moyen-Orient ».
Hoyer n’a pas dit comment il avait réussi à réunir un groupe aussi important de co-conspirateurs en dépit de tous les sujets brûlants attendant à domicile et dont il aurait fallu s’occuper durant la pause estivale, mais dont la préparation, en raison du voyage, sera bâclée si même elle est entreprise.
En tant que chef de file de la majorité, on le dit très doué pour ce qui est de savoir forcer la main des représentants nouveaux venus pour qu’ils fassent le voyage de soumission pour démontrer la loyauté du Congrès américain et du parti démocrate à l’État Juif, son objectif prioritaire.
Selon l’Intercept, Hoyer… profite de son pouvoir sur les représentants de base pour les obliger à participer. Un membre qui refuserait une invitation pourrait rencontrer les pires difficultés à voir ses projets de loi portés à l’attention de la chambre et être mis au vote.
Selon un ancien représentant qui avait rejeté l’invitation, « ses collaborateurs directs veillent à ce que les membres coopératifs voient leurs projets mis à l’ordre du jour tandis qu’ils pénalisent les récalcitrants … j’ai subi des tracasseries tout une décennie parce que j’avais refusé de partir pour ce voyage ».
Bien sûr, le but du voyage n’est pas pour les Israéliens, spécialistes en fusillade de masse, une activité à laquelle ils se livrent tous les vendredis à travers la barrière de Gazza, de faire aux congressmen la démonstration de leur adresse au tir. Mais s’ils savent qu’ils ne seront jamais condamnés à l’ONU c’est qu’ils ont l’assurance de pouvoir compter sur le veto de Washington. C’est tout l’objectif des voyages organisés par Hoyer & Cie : garantir ce veto même si Israël est un criminel de guerre en série qui bafoue en permanence les droits de l’homme. On peut donc dire que lui et ses amis du parti Démocrate sont la raison pour laquelle l’État Juif croit pouvoir agir impunément.
Et au cas où quelqu’un s’inquiéterait du bipartisme à la chambre, pas de problème, les républicains aussi ont leur délégation pour Israël, elle est dirigée par le chef de file de l’opposition, Kevin McCarthy et est forte de 31 congressmen. Au total, ces 72 congressmen en provenance des deux partis constituent l’une des plus grandes délégations a avoir jamais effectué le voyage vers l’État juif.
Hoyer est une marionnette stipendiée par Israël et une grande partie de son travail consiste à s’arranger pour que les nouveaux représentants soient dûment endoctrinés sur la situation au Proche-Orient. Au Maryland, le parti Démocrate est dominé depuis longtemps par les Juifs du comté de Baltimore et de Montgomery et Hoyer a travaillé les représentants Juifs avec succès pour qu’ils soutiennent sa carrière. Il a directement bénéficié de donations pour un montant total de 320 025 $ de la part de comités d’actions politiques (PAC) pro-Israël pour financer sa réélection et a sans aucun doute aussi reçu de l’argent de particuliers juifs et d’autres organismes n’ayant pas la forme d’un PAC.
Sans surprise, les votes au Congrès de Steny Hoyer en politique étrangère ont été le reflet fidèle des positions du gouvernement israélien. Il a soutenu la guerre d’Irak et en a sans doute même été son plus actif promoteur parmi les démocrates. Quand la guerre s’est avéré être un fiasco de politique étrangère, il a fait oublier son soutien mais a continué de voter pour le financement de la présence militaire américaine aussi bien en Irak que dans la Syrie voisine.
Le soutien d’Hoyer à Israël est intangible et il a fait de fréquentes apparitions et discours au sommet annuel de l’ American Israel Public Affairs Committee (AIPAC). Lors de sa plus récente prestation ce printemps, parmi les points forts de son discours, on pouvait entendre : « Je me tiens fièrement et sans réserve aux côtés d’Israël. Alors si quelqu’un accuse un partisan américain d’Israël de double allégeance, je lui dis, accusez-moi. Je fais partie au Congrès d’une large coalition bipartite soutenant Israël. Je dis à ces détracteurs d’Israël accusez nous ». Eh bien il a été servi. Lui et de nombreux autres congressmen ont eu à souffrir de leur double, ou même exclusive, allégeance à Israël et c’est largement mérité.
On se souviendra en particulier qu’en 2007, Hoyer a pris à partie un représentant démocrate, Jim Moran, pour avoir fait justement remarquer que l’AIPAC « soutenait la guerre d’Irak depuis le début ». Hoyer avait alors parlé d’une affirmation « factuellement inexacte », ce qui n’était pas le cas. Il soutient les implantations illégales de colon ce qui, jusqu’à encore peu était contraire aussi bien à la politique officielle américaine et à de nombreuses résolutions aux Nations unies. En janvier 2017, il s’est fait le plus fervent avocat d’une résolution à la chambre des représentants condamnant la résolution 2334 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui dénonçait les implantations et l’occupation continue du territoire palestinien comme étant des « violation flagrantes du droit international et un obstacle majeur à la paix ». Hoyer a aussi soutenu la décision de Trump de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem et reconnaître la ville comme la capitale de l’État hébreu.
Les ennemis d’Israël sont aussi les ennemis d’Hoyer qu’ils soient ou non une menace pour les États-Unis. Il a déclaré qu’un Iran avec l’arme nucléaire était « inacceptable » et est en faveur de l’usage de la force militaire américaine pour dissuader un tel développement, ignorant superbement au passage qu’Israël dispose déjà d’un arsenal nucléaire ce que Kennedy avait essayé d’empêcher avant d’être assassiné. Hoyer soutient aussi la présence militaire américaine en Syrie même s’il n’y a pas la moindre menace en provenance de ce pays pour les USA, tout ça pour satisfaire le plan d’Israël de faire éclater ce pays en ses constituants tribaux et religieux.
Les voyages d’Hoyer sont financés par la branche « éducation » de l’AIPAC, l’AIEF (American Israel Education Foundation). On pourrait être en droit de s’interroger sur le fait de savoir en quoi une organisation liée à l’AIPAC qui se définit elle-même sur son site comme ayant pour « mission » de « … renforcer, protéger et promouvoir les relations américano-israéliennes dans le but d’améliorer la sécurité des États-Unis et d’Israël » serait habilitée à financer une migration massive de créatures du Congrès pour défendre les intérêts israéliens sans avoir à s’enregistrer comme un agent du gouvernement de l’État hébreu. La réponse est finalement assez triviale. Le Congrès et le ministère de la justice ont été tellement corrompus par l’argent pro-israélien et par d’autres expressions de la puissance juive qu’ils n’appliquent pas la loi dans le cas d’Israël. Steny Hoyer et les créatures vénales comme lui sont en grande partie responsable de cet état de fait.
Et pourtant, l’analyse de Josh Ruebner sur Mondoweiss cite « le dr. Craig Holman qui, à la tête de l’association Public Citizen pour la moralisation de la vie publique a rédigé en 2007 le projet loi Honest Leadership and Open Government Act (HLOGA) destiné à faire baisser le poids du financement par les lobbyistes des voyages des congressmen » disant que « … sans la moindre équivoque, l’arrangement entre l’AIEF et l’AIPAC est un défi à lettre comme à l’esprit de la loi ». Cette loi interdit aux membres du Congrès d’accepter des fonds d’organismes disposant d’un revenu de plus de 13 000 $ par trimestre et qui ont pour membres ou qui emploient un ou plus lobbyistes déclarés si ces fonds sont destinés directement ou indirectement à financer les voyages des congressmen de plus d’un jour.
Selon Holman, l’AIPAC qui a dépensé 700 000 $ en lobbying pour le seul second trimestre 2019, contourne l’interdiction en chargeant l’AIEF, qui est une fondation à caractère éducatif article 501 (c) 3 et qui n’est pas réputée faire du lobbying d’effectuer le financement. Cette faille qui permet aux congressmen de faire des voyages éclairs de plus d’un jour a pour nom « l’exception de l’AIPAC » puisque son but est manifestement de permettre la poursuite des excursions du Congrès en Israël financées par les lobbyistes.
Que cet arrangement soit foncièrement frauduleux, c’est ce qui se révèle à l’examen de la déclaration d’impôt des deux entités juridiques lequel montre que c’est l’AIPAC qui paye les employés de l’AIEF.
La solution au problème est d’une simplicité…biblique. Renforcer les règles encadrant les frais de voyage au Congrès pour faire tomber « l’exemption de l’AIPAC » tout en exigeant que l’AIPAC et d’autres organismes d’importance qui font partie du lobby d’Israël se déclarent au registre des agents étrangers prévu par la loi de 1938 ce qui ouvrirait la possibilité d’examiner plus en détail leurs états financiers.
Mais bien entendu, on peut compter sur Steny Hoyer et ses amis pour que cela n’arrive jamais.
Philip Giraldi
Source: Council for the National Interest
Traduction : Francis Goumain