Suite de la troisième partie de l’article de Jean Claude MANIFACIER, Les sophistes, marionnettistes de l’Occident : État Profond et Médias, Des guerres du Golfe à Donald Trump : Illustrations sur le thème de la Paille et de la Poutre.
Le particularisme juif : solidarité ethnique, religieuse et culturelle. Les maîtres du discours
Il y a d’abord le « culot monstre », du yiddish chutzpah. En hébreu, le mot chutzpah marque une indignation envers quelqu’un qui a dépassé outrageusement et sans vergogne les bornes du comportement acceptable.
Wikipédia donne l’exemple du parricide juif qui devant un tribunal plaide pour l’indulgence du jury car il est orphelin. Le chutzpah est synonyme de culot, paradoxe, le faux qui devient vérité ou l’inverse, insolence et aujourd’hui l’accusation abusive d’antisémitisme. C’est très souvent un abandon des principes de non-contradiction ou de causalité de la logique aristotélicienne. On peut aussi retrouver le chutzpah dans la projection freudienne par laquelle une personne attribuera ses propres turpitudes à la partie adverse. C’est l’inversion accusatoire qui permet au pouvoir israélien, après avoir nié l’existence de la Palestine en tant qu’État souverain, puisqu’il n’est pas reconnu, ou comme le fait maintenant Netanyahu ainsi que Nikki Haley, nier l’existence d’implantations ou de colonies de peuplement pour aboutir à une situation fantasmée dont vous êtes vous-même le créateur. Cela permet ensuite à Israël de déclarer que la Cour Pénale Internationale, CPI, n’est pas compétente à l’égard d’Israël car la Palestine n’étant pas un État souverain elle ne peut pas déléguer à la Cour la compétence pénale sur son territoire.
Le Président d’Israël Reuven Rivlin, au cours de sa visite en France le 18 mars 2021, dénoncera la politique de la CPI publiée dans une tribune pour Le Figaro, reprise par le TOI. Citant Rivlin : « La décision de la Cour d’enquêter sur Israël pour de possibles crimes de guerre est moralement et légalement erronée. Elle représente une application tronquée du droit international ». Il ira même jusqu’à utiliser cette ultime tentative palestinienne, légalement reconnue par la CPI et moralement peu discutable, pour la présenter comme « l’une des conséquences les plus regrettables de la décision de la Cour pénale internationale. Peut-être qu’il sera maintenant encore plus difficile pour Israéliens et Palestiniens de trouver un terrain d’entente. Tant que l’enquête de la Cour ne sera pas achevée, ce qui pourrait prendre plusieurs années, il est difficile d’imaginer les deux parties s’engager dans des négociations sérieuses ». Rivlin déclare aussi : « Les juifs prirent part à la création d’un système encadrant le droit international… Ils furent aussi à l’avant-garde de la création des différents organes juridiques internationaux, y compris la CPI. » Il terminera son argumentation en déclarant que « cela ne concerne pas Israël. Nous avons déjà prouvé que nous étions complètement disposés à enquêter sur nos propres forces militaires lorsqu’elles font l’objet d’accusations, et nous avons la capacité de le faire…Les détours par la CPI à la Haye et le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève sont contre-productifs pour la paix et sapent les chances d’un accord. »
Nous avons vu, dans les exemples précédents, ce que la justice israélienne fait (eu égard) aux palestiniens. Toute cette déclaration de Rivlin est une véritable profession de foi sophistique où, renversant toutes les relations causales, on aboutit à présenter une plainte en justice de la Nation palestinienne comme un aveu de culpabilité !
Benjamin Netanyahu parlera lui « d’incarnation de l’antisémitisme et de l’hypocrisie ». Comme nous le verrons ci-dessous, les hommes politiques israéliens tentent d’imposer dans les sociétés occidentales l’idée que toute critique du sionisme ou simplement du comportement d’Israël eu égard aux palestiniens n’est que de l’antisémitisme. Cette déclaration de Netanyahu conduira Femke Halsema, la maire d’Amsterdam et une ancienne dirigeante du parti de la Gauche Verte, à condamner lors d’une conférence des maires contre l’antisémitisme, cette déclaration de Netanyahu selon laquelle la CPI basée aux Pays-Bas avait pris des « édits antisémites » en jugeant le mois dernier qu’elle avait compétence pour poursuivre les Israéliens pour crimes de guerre présumés à Gaza en 2014.
Dana Milbank, journaliste du WP donnera un exemple emblématique dans un article du 18 mars 2008, titré « L’audacité du Chutzpah ». Cela se passe lors de la conférence « United Jewish Communities ». Les représentants des campagnes présidentielles de McCain, Clinton et Obama viennent d’expliquer au public pourquoi leur candidat bénéficie à la communauté juive. Ann Lewis, la Représentante d’Hillary Clinton, ancienne fonctionnaire de la Maison Blanche déclarera alors :
« Le rôle du président des États-Unis est de soutenir les décisions qui sont prises par le peuple d’Israël. Ce n’est pas à nous de choisir parmi les partis politiques. »
Les membres du public applaudiront.
C’est très souvent aussi une marque de la solidarité juive qui s’exprime entre juifs israéliens ou de la diaspora. L’affaire DSK, candidat pressenti à gauche pour l’élection présidentielle française sera défendu par sa communauté. Les goys qui critiqueront ce processus seront qualifiés d’antisémites. Woody Allen au moment où éclate l’affaire Weinstein et le mouvement #metoo, et qui a quelques raisons personnelles de s’inquiéter, mettra dos à dos les deux parties comme si les torts étaient partagés dans une interview à la BBC. Le magazine Elle du 20 juillet 2017, et bien d’autres, reproduiront sa déclaration :
« Toute l’ affaire Harvey Weinstein est très triste pour tout le monde … C’est tragique pour les pauvres femmes qui se sont retrouvées impliquées (sic), triste pour Harvey dont la vie est tellement bouleversée (resic) »,
a ajouté le réalisateur américain.
« Il n’y a pas de gagnants là-dedans, c’est juste très, très triste et tragique pour ces pauvres femmes qui ont dû traverser tout ça (re-resic) »,
a-t-il poursuivi.
Dans un article du journal juif Forward du 25 avril 2020 : « Pourquoi les prédateurs sexuels et intellectuels juifs sont-ils honorés dans un nouveau livre ? ». C’est la question que soulève l’inclusion troublante de trois prédateurs sexuels juifs avoués dans un livre à paraître prochainement, « The New Jewish Canon », de Yehuda Kurtzer et Claire E. Sufrin. Selon la table des matières du site de leur éditeur, les docteurs Kurtzer et Sufrin incluent dans leur anthologie de textes et de commentaires des œuvres d’Ari Shavit, Leon Wieseltier et Steven M. Cohen, qui ont été des figures importantes du monde intellectuel juif mais qui ont été licenciés de leurs postes professionnels après les révélations de leurs abus sexuels en série sur plusieurs femmes pendant de nombreuses années. Tous trois ont reconnu les abus qu’ils avaient commis.
1-Les sayanims : la solidarité à tout prix
On pourra lire, (je cite à nouveau) le livre de Claire Hoy et Victor Ostrovsky : « Un agent des services secrets israéliens parle ». Les auteurs parlent des sayanim, agents dormants juifs de la diaspora, qui collaborent par patriotisme et solidarité ethnique avec le Mossad. Ils donnent une description complète des évènements après la visite de Saddam Hussein et Jacques Chirac à Cadarache en 1975. L’achat d’un réacteur nucléaire civil par l’Irak, sa destruction le 6 avril 1979 par les services du Mossad à la Seyne sur Mer. Le Mossad égorgera le savant égyptien Yahya al-Meshad dans l’hôtel Méridien à Paris le 14 juin 1980. La destruction du réacteur nucléaire d’Osirak le 7 juin 1981 par l’aviation israélienne, tuant un ingénieur français et 10 soldats irakiens.
L’assassinat du scientifique iranien, Mohsen Fakhrizadeh est décrite dans le Jewish Chronicle du 10 février 2021. Le scientifique nucléaire iranien, abattu près de Téhéran en novembre, a été tué par une arme automatique d’une tonne, commandée à distance, qui a été introduite en contrebande dans le pays pièce par pièce par le Mossad, révèle le Jewish Chronicle… L’équipe d’espionnage, de plus de 20 personnes, composée de ressortissants israéliens et iraniens, a réalisé ce coup de haute technologie après huit mois de surveillance minutieuse, ont révélé des sources de renseignement… Le régime de Téhéran a secrètement évalué qu’il faudra six ans avant qu’un remplaçant du scientifique de haut niveau Mohsen Fakhrizadeh soit pleinement opérationnel.
Deux ans auparavant, l’éventualité de cet assassinat était annoncée. Le TOI du 7 mai 2018 écrivait : « Israël laisserait le chef du nucléaire iranien en vie pour suivre ses activités » !
Le terrorisme d’État, les multiples assassinats perpétrés par Israël sur des scientifiques, irakiens, égyptiens, iraniens…qui travaillent dans le nucléaire sont porteurs de drames sur le long terme. Ils sont là aussi l’expression du relativisme absolu, de la loi tribale du plus fort : « Je fais cela, mais je t’interdit de faire de même », une insulte au raisonnement rationnel. L’Iran est une très ancienne civilisation, un cylindre du roi de Perse Cyrus le Grand, vieux de plus de 25 siècles, a été découvert fin du XIXe siècle dans des fouilles près de Babylone. Cyrus apportait par son code un renouveau tout à fait étonnant sur celui d’Hammourabi : « Œil pour Œil, dent pour dent ». L’ONU en a fait en 1971 un précurseur de la Déclaration des Droits de l’Homme. Il relate l’histoire de ce Roi qui octroie le droit de retour des déportés dans leurs pays d’origine ainsi que la liberté de culte dans tout son empire. Certains spécialistes du Proche-Orient y voient la preuve du retour des juifs à Jérusalem.
Israël bénéficiant du parapluie nucléaire US, qui n’a guère hésité à l’utiliser contre le Japon, et possédant des centaines de têtes nucléaires, il est ridicule de penser que la civilisation iranienne puisse s’autodétruire. La course à l’armement nucléaire n’a été réglée que par la diplomatie. La France, le Pakistan, l’Inde, la Corée du Nord… n’ont pas eu à subir, à ma connaissance, d’assassinats de leurs savants par des pays hostiles possédant eux-mêmes de telles armes.
Dans un télégramme de février 1946, alors qu’il est en poste à l’ambassade de Moscou, George Kennan observateur prophétique de l’Union soviétique envisage son effondrement sous le poids de ses contradictions internes. Le régime bolchevique de Lénine à Staline a besoin de voir le monde extérieur en termes hostiles, la dictature devenant la seule méthode de gouvernement. La politique d’endiguement (« containment ») qu’il suggère sera appliquée par les USA jusqu’à l’effondrement de l’URSS en 1989.
2-Le danger d’une guerre contre l’Iran : « Un mensonge répété mille fois, acquiert peu à peu l’autorité du vrai ».
L’Iran n’a jamais déclenché une guerre depuis 200 ans, mais on le présente, dans les médias occidentaux, comme un État belliciste et adepte du terrorisme. On répète sans arrêt depuis dix ans : « l’Iran veut rayer Israël de la carte ». Dans une interview à Al Jazeera, reprise par le New York Times, Dan Meridor, ministre israélien du Renseignement et de l’Énergie atomique, a admis en avril 2012, que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n’avait jamais prononcé la phrase « Israël doit être rayé de la carte ». Il a toutefois ajouté : « Mahmoud Ahmadinejad et l’ayatollah Khamenei ont répété à plusieurs reprises qu’Israël était une créature artificielle, et qu’elle ne survivrait pas », une déclaration très différente qui a été falsifiée pour diaboliser l’Iran. Méthode identique à celles utilisées contre l’Irak, la Libye et la Syrie.
Cela n’empêchera pas le NYT, WP, Le Figaro, Le Monde et la quasi-totalité des journaux occidentaux de répéter que l’Iran veut rayer Israël de la carte. Avec un record pour le NYT qui à peine quelques jours après la publication de cette vidéo dans son journal, recommençait à publier des articles avec la même information sans mentionner la déclaration de Dan Meridor.
La vidéo initiale du NYT, Pour en finir avec le mensonge « rayer Israël de la carte » du 13 avril 2012, n’est plus disponible, car le compte YouTube associé a été clôturé. Elle est toutefois toujours visible, réduite, dans un article de l’hebdomadaire Le Point.
3-Une forme paranoïaque orwelienne : le juif qui se déteste lui-même
« Self-hating jew » en anglais, un mot-valise qui s’applique à tout juif qui critique certaines activités juives. Elle peut conduire à son exclusion de la communauté. C’est une caractéristique juive, elle est analysée dans Wikipédia et n’existe pas dans d’autres civilisations ou religions. On ne trouvera pas de « self-hating » chrétien, « self-hating » musulman pas plus que de « self-hating » confucianiste ou d’ailleurs palestinien.
Un exemple comique est donné par le dessin d’un cartooniste israélien. Il réagira suite à des discussions à la Knesset où on essaye de justifier l’impossible création d’un « État-Nation Juif et Démocratique ». Oliver Holmes est le correspondant du Guardian à Jérusalem, voir The Guardian du 26 juillet 2018. Le dessinateur israélien, Avi Katz, sera licencié pour une caricature d’un selfie de Netanyahu. Tiré de « La Ferme des animaux », de George Orwell, le Premier ministre et ses alliés sont dessinés comme des cochons dans un magazine après l’adoption d’une loi donnant des droits exclusifs aux Juifs.
La liberté d’expression est un territoire qui a lui aussi des limites infranchissables en Israël.
4-Novlangue israélienne : 2+2=5
Le double langage (« doublespeak ») nom donné par Orwell dans son roman 1984 est fréquent dans la presse israélienne et souvent occidentale d’ailleurs. Les exemples sont nombreux.
– Après la Guerre des Six Jours en juin 1967, la Cisjordanie devient territoires occupés par Israël. Progressivement, dans les années 2000, ils deviendront des territoires contestés et sous la présidence du magicien Trump et de Netanyahu, envahis par les colons, ils cesseront d’exister. La représentante des USA à l’ONU, Nikki Haley, insistera disant qu’il n’y a pas de territoires occupés, et la presse israélienne applaudira. Dans le Times of Israël du 27 septembre 2017 : Netanyahu déclare avoir convaincu la Maison Blanche que « Les blocs d’implantations n’existent pas » et le ministre Avigdor Liberman dans le TOI du 22 avril 2018 saluera : « La décision américaine de ne plus utiliser le terme « occupation » »
– Israël, où la moitié de la population a été vaccinée, est présenté dans les médias comme le champion mondial des vaccinations Covid-19. On oublie souvent de préciser qu’il s’agit de la population juive, en s’appuyant pour cela sur les accords d’Oslo de 1995, qui précisait que les problèmes de santé relevaient de la direction palestinienne. Le droit international est lui très clair, c’est la puissance occupante qui doit assurer les questions de santé. Suivant les accords d’Oslo, 60 % du territoire de Cisjordanie entièrement sous contrôle israélien, devait dans les cinq ans être répartis entre Palestiniens et Israéliens. Or depuis 25 ans rien n’a bougé et comme le répètent maintenant les Israéliens, sous la pression des colons et l’augmentation continue depuis 25 ans des blocs d’implantation (qui n’existent pas bien sûr) : il n’y a plus de territoires occupés !
– Dans son article : « Les enfants israéliens ont été abandonnés dans la crise du Covid ? Dites-le aux Palestiniens » paru dans Haaretz le 13 février 2021, Gideon Levy décrit la situation des palestiniens dans des camps de réfugiés de Dheisheh situé au sud de Bethléem où habitent aujourd’hui près de 10 000 personnes. Il avait été créé pour accueillir des réfugiés palestiniens expulsés de leurs villages après la guerre israélo-arabe de 1948 :
« Dheisheh est un camp de réfugiés sous domination israélienne, situé à une demi-heure de route de sa capitale et à une heure du centre du pays, et il a été créé par Israël. Il est difficile d’écouter l’État qui porte la responsabilité du sort des enfants de Dheisheh, de leur statut de réfugiés et de leur incarcération, ne déplorant que son propre sort. Les enfants de Dheisheh ne peuvent que rêver de vivre dans un isolement israélien. Il y a des enfants qui n’ont jamais vu la mer, bien qu’ils vivent à une heure de voiture, qui n’ont jamais vu un bout de pelouse, qui ne sont jamais allés dans un autre pays et qui ne le feront jamais. Ce sont des enfants qui voient leurs parents et leurs frères et sœurs arrachés de leur lit au milieu de la nuit, certains d’entre eux étant même arrêtés à l’occasion. Il y a des enfants qui obtiennent des diplômes universitaires, pour finir plâtriers en Israël, s’ils ont de la chance ; des enfants qui, même lorsque l’école est en session, n’ont pas d’endroit où aller l’après-midi, lorsque les cours sont terminés. Ce sont les enfants de Dheisheh ».
« Il y a quelques semaines, au plus fort de la pandémie, alors que je me rendais au camp de réfugiés d’al-Arroub (al-Arroub est un camp d’environ 12 000 réfugiés palestiniens en Cisjordanie, sous occupation israélienne depuis la guerre des Six-Jours de 1967) j’ai demandé que ma réunion se tienne à l’extérieur, afin de ne pas risquer d’être infecté. Dans ce grand camp surpeuplé, il n’y avait pas une seule place à l’extérieur pour nous asseoir. C’est la réalité à al-Arroub, et nous les Israéliens, en sommes responsables. Lorsque nous parlons, avec une hyperbole typique, de nos enfants d’aujourd’hui comme de générations perdues et de chair à canon, nous n’avons pas le droit d’oublier ce fait ne serait-ce qu’un seul instant. »
Il y a de nombreux journalistes et citoyens israéliens qui défendent les droits des Palestiniens. Uri Avnery mort le 20 août 2018 à 94 ans, a été l’ami de Yasser Arafat. Ils ne sont pas majoritaires dans l’opinion
– Il est très fréquent de voir dans les médias occidentaux, les histoires des familles juives qui intentent des procès pour récupérer des tableaux ou des biens volés pendant la Seconde Guerre mondiale, qui sont retrouvés chez des particuliers ou dans des musées. Par exemple le NYT, le 8 mars 2021 présente le livre « Pillage » (Plunder : A Memoir of Family Property and Nazi Treasure) de Menachem Kaiser. Une réflexion saisissante sur ce que les nazis ont pris et ce que cela signifierait de le récupérer.
Le même jour, 8 mars 2021, The Times of Israël raconte l’histoire d’un tableau de Pissarro spolié à un Juif : « La bergère rentrant des moutons ». Ce tableau est l’objet d’une intense bataille judiciaire entre Léone Meyer, 81 ans et l’université de l’Oklahoma qui l’a reçu en legs en 2000.
Pendant ce temps les centaines de milliers de palestiniens qui s’entassent à Gaza, ou dans des camps de réfugiés au Liban, Jordanie, Syrie etc., qui ont perdu leurs maisons dont ils ne conservent que la clef, n’ont pour l’instant aucune espérance eux de retrouver ce bien essentiel.
Je donne ci-dessous l’exemple d’une discussion entre un ancien propriétaire palestinien et le nouveau propriétaire juif quand un groupe de Palestiniens revient visiter leur ancien village.
« Ibrahim : Il y avait une femme, la plus âgée du groupe, qui se souvenait encore de sa maison. Elle l’a trouvée et a découvert qu’elle était restée intacte et qu’elle avait toujours la même porte. Elle a frappé à la porte et une femme israélienne est sortie :
La femme israélienne : Qui est là ?
La femme palestinienne : Rien. Je suis née dans cette maison. Je voulais juste la voir de plus près…
La femme israélienne : Sortez d’ici. Je vais appeler la police.
Ibrahim : Nous avons refusé de partir parce que nous ne faisions rien de mal. Cependant, la police est venue et, après une brève conversation, ils nous ont donné trente minutes pour quitter les lieux. »
– Depuis quelques années ce sont maintenant les gardiens de camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale qui sont poursuivis. Ils ont des âges dépassant 95 ans voire 100 ans. La semaine dernière, un homme de 100 ans a été accusé de 3 518 chefs d’accusation de complicité de meurtre pour avoir prétendument travaillé comme gardien dans un camp de concentration juste à l’extérieur de Berlin. Les partisans d’une justice de haine et de vengeance s’acharnent maintenant sur des vieillards, qui n’avaient guère le choix en participant dans des rôles très subalternes au fonctionnement des camps de concentration allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est rassurant de constater que beaucoup ne partagent pas cet acharnement judiciaire. Des commentaires de lecteurs notent avec raison que de nombreux chefs d’État ou responsables politiques, comme on a pu le voir ici dans les cas d’actualité des guerres du Golfe ou du traitement des Palestiniens, n’ont jamais été inquiétés.
Lors de son procès l’année dernière, Friedrich Karl Berger par exemple a reconnu avoir travaillé comme agent de sécurité dans le camp. Mais il a nié avoir participé à la marche d’évacuation de ce camp, nié avoir été témoin de mauvais traitements infligés aux prisonniers, nié avoir eu connaissance de décès dans les camps eux-mêmes. Néanmoins, un juge fédéral de l’immigration à Memphis a jugé que le « service volontaire de M. Berger en tant que garde armé de prisonniers dans un camp de concentration où des persécutions ont eu lieu » constituait un crime de guerre. Voir l’article du 8 mars 2021 de Margaret Renkl dans le NYT et de Debbie Cenziper and Rachel Baldauf dans le WP du 5 mars 2020.
Ces articles sont intéressants, ils sont une véritable illustration de la géométrie variable et de l’acharnement judiciaire régnant dans le traitement d’affaires concernant des vieillards de pays vaincus, parfois grabataires et souvent inaptes. D’un côté des nonagénaires qui affirment, en général, n’avoir commis aucune violence et dont les conditions de l’arrestation sont rocambolesques et de l’autre des juges beaucoup plus jeunes qui, dans le cas présent de F. K. Berger, décident à partir de pièces à conviction trouvées dans des bateaux chargés de prisonniers coulés par les vainqueurs.
« Si vous m’aviez dit il y a quelques années encore que je me retrouverais en février 2020 – la semaine dernière – à assister à une contre-interrogation d’un ancien gardien de camp de concentration nazi dans un tribunal américain, j’aurais eu du mal à le croire », a déclaré le procureur du ministère de la justice, Eli Rosenbaum, qui a contribué à superviser l’affaire et a passé des années au sein du ministère à enquêter et à poursuivre les criminels de guerre nazis aux États-Unis. Contacté par téléphone, F.K. Berger, aujourd’hui âgé de 94 ans, a déclaré avoir reçu l’ordre de travailler dans le camp, n’y être resté que peu de temps et ne pas avoir porté d’arme. Aux États-Unis, il a déclaré qu’il gagnait sa vie en construisant des machines à dénuder les fils électriques. Il est maintenant veuf et a deux petits-enfants. « Après 75 ans, c’est ridicule. Je ne peux pas le croire », a-t-il déclaré. Selon le ministère de la Justice, M. Berger a travaillé dans la marine allemande. Il a été détaché dans un camp de concentration dans les derniers mois de la guerre. Une fois évacués les prisonniers avaient été placés sur trois navires dans la ville portuaire allemande de Lubeck. La Royal Air Force britannique, ignorant que des milliers de prisonniers étaient détenus avait bombardé ces navires dont deux avaient coulé. Lorsque les Allemands ont renfloué l’un des navires quelques années plus tard, ils ont trouvé plus de 2 000 fiches avec des informations sur le personnel concernant F.K. Berger et d’autres personnes. Des responsables du Musée mémorial de l’Holocauste aux États-Unis ont également soutenu l’enquête.
– Israël ne se contente pas d’éliminer en toute impunité les scientifiques qui lui déplaisent mais il fait actuellement de la Syrie son terrain de prédilection pour des bombardements. Il a multiplié les raids contre des positions iraniennes en Syrie. Le pays a été victime de centaines de bombardement israéliens ces dernières années et ceci, comme toujours, dans l’indifférence des Occidentaux. Par exemple le mercredi 14 janvier 2021 Le Monde rapporte que des frappes d’une rare ampleur contre des bases et dépôts d’armes entre Deir ez-Zor et Al-Boukamal auraient fait 57 morts. Cette attaque apparaît comme l’une des plus meurtrières de ces dernières années. Un haut responsable du renseignement américain a confirmé, sous couvert d’anonymat, dans la journée, que ces frappes avaient été menées par Israël, avec l’aide de renseignements fournis par les États-Unis. Le 15 février 2021, c’est le TOI qui rapporte qu’en Syrie, 9 combattants pro-régime ont été tués dans des raids attribués à Israël.
Les États-Unis mènent des frappes en Syrie, une première opération militaire sous l’ère Biden. Après une série d’attaques contre ses intérêts en Irak ces dernières semaines, Washington a visé des infrastructures utilisées par des milices pro-iraniennes en Syrie : « Il y a beaucoup de morts. Au moins dix-sept combattants ont péri ».
La plupart des journaux israéliens feront part de leurs satisfactions. L’Algemeiner Staff, du même jour, 26 février 2021, titrera : « Très heureux de ces frappes US sur des cibles iraniennes en Syrie. Nous avions été tenus informés ».
Dans le TOI du même jour : « Au moins 22 combattants de milices irakiennes pro-Iran ont péri ».
Tous ces assassinats dits ciblés, sont présentés comme des frappes chirurgicales ayant malheureusement conduits à des dommages collatéraux. Où sont passés les opposants à la peine de mort ? Ici on tue sans aucun jugement, sans déclaration de guerre, on ne sait pas qui tue, qui appuie sur le bouton, mais les tartuffes ne trouvent rien à redire puisque les résistants sont appelés aujourd’hui terroristes. Que dire aussi de ces milliers de morts, dont des centaines d’enfants dans les opérations de bombardement, « plomb durci » ou « barrière protectrice », sur la prison à ciel ouvert de Gaza ? Les centaines de morts au cours des protestations pacifiques, « les marches du retour » à la frontière avec Israël. Un documentaire d’Élise Lucet, dans l’Émission « Envoyé spécial » du jeudi 11 octobre 2018 donnait pour la première fois la parole à un soldat de Tsahal qui reconnaissait que cette armée conseillait des tirs incapacitants et où on montrait la rééducation de jeunes palestiniens ayant perdu une jambe. « Alaa, 21 ans, rêvait de devenir le champion palestinien de cyclisme sur route. Mais le 30 mars dernier, une balle a emporté sa jambe droite et tous ses espoirs. Mohamad, 13 ans, aimerait devenir médecin. Lui aussi a été amputé, comme Atallah, 17 ans, et tant d’autres. Tous ont perdu leur jambe sous les tirs des snipers israéliens lors d’une « marche du retour ».
La seule chose qu’avait trouvé à faire l’ambassade israélienne c’est de demander l’interdiction de cette diffusion à la télévision à cause des risques de réactions antisémites !
Un exemple de manipulation dans le titre d’une information donnée par la presse est présenté ci-dessous. Le 17 mars 2017 : la presse titre : « tir de missiles par la Syrie sur des avions israéliens ». Nous avons vu ci-dessus qu’il y en a des centaines par an maintenant dans l’indifférence médiatique.
Pour le NYT : « La Syrie tire des missiles sur des avions israéliens », pour un lecteur pressé, se contentant de lire le titre ou de voir une photo, la cause est entendue : c’est une agression syrienne. Le même jour le journal anglais l’Independent n’apportait qu’une précision à l’évènement : Il s’agissait d’un tir de trois missiles. Il faudra lire Le Monde du même jour pour apprendre la vérité : C’est à la suite d’un raid israélien que la Syrie se défend en tirant des missiles. Nous avons là un exemple de manipulation grossière, mais extrêmement fréquente, du Principe de Causalité appelé inversion accusatoire. Seul le lecteur avisé comprendra que la cause initiale était : les avions israéliens ont franchi l’espace aérien syrien pour un bombardement.
Les activités du groupe israélien de défense des droits de l’homme B’Tselem
Cette association fait un travail remarquable dans un environnement majoritairement hostile en Israël. Quelques exemples pour lesquels aucun responsable n’est jamais poursuivi ni recherché d’ailleurs.
– B’Tselem affirme que sur les 133 Palestiniens tués par les forces israéliennes en 2019, 56 « ne participaient pas aux hostilités » et 28 étaient mineurs.
– Le journal Haaretz félicitera B’Tselem pour son document du mois dernier intitulé « Un régime de suprématie juive du Jourdain à la mer Méditerranée : C’est l’Apartheid ».
– Israël impose un régime de domination par l’apartheid du Jourdain à la mer Méditerranée, a déclaré mardi l’éminente association des droits de l’homme B’Tselem. « Il n’y a qu’un seul régime qui gouverne la zone entière et la population qui y vit, fondé sur un seul principe directeur », a dit l’association israélienne, faisant écho à ce que leurs homologues palestiniens déclarent depuis des décennies. « …Il s’agit entre autres de restreindre la migration des non-juifs et de s’emparer de la terre des Palestiniens pour bâtir des communautés réservées aux seuls Juifs tout en reléguant les Palestiniens dans de petites enclaves » – pratique mise en place dans l’ensemble d’Israël et des territoires qu’il occupe. …Dans les deux cas, les Palestiniens font face à de sévères contraintes concernant leur lieu de vie tandis que les communautés juives ne sont soumises à aucune restriction. En plus, Israël impose des « restrictions draconiennes » sur la liberté de circulation des Palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza et leur dénie leurs droits politiques. Un rapport publié en 2019 par Human Rights Watch déclarait qu’Israël avait dénié aux Palestiniens qui vivent sous occupation militaire leurs droits civiques fondamentaux depuis plus de cinq décennies, créant un environnement grandement oppressif. …Par ailleurs, selon B’Tselem, qui depuis des décennies a documenté avec diligence de nombreuses facettes des pratiques du gouvernement israélien dans le domaine de la politique, de l’armée, de la propriété foncière, de la distribution de l’eau, de la santé, de l’éducation et bien plus encore, Israël est, aujourd’hui, un régime totalement antidémocratique et d’apartheid.
Les groupes israéliens qui critiquent leur propre gouvernement ont historiquement bénéficié de marges beaucoup plus importantes que les groupes palestiniens qui ont fait la même chose. Cependant, ce n’est plus le cas. Ce dernier point a été mis en évidence le 17 janvier 21, lorsque le ministre israélien de l’éducation, Yoav Galant, a tweeté qu’il avait demandé à son ministère « d’empêcher l’entrée d’organisations qualifiant Israël d’État d’apartheid ».
B’Tselem n’a pas reculé. Au contraire, le groupe a exprimé sa détermination « à poursuivre sa mission de documenter la réalité » et à « faire connaître ses conclusions au public israélien et au monde entier ». Il est allé encore plus loin lorsque le directeur de B’Tselem, Hagai El-Ad, a rencontré des centaines d’étudiants israéliens le 18 janvier pour discuter de l’incohérence entre l’occupation militaire et le respect des droits de l’homme. A la suite de cette rencontre, El-Ad a tweeté « La conférence @btselem a bien eu lieu ce matin. Le gouvernement israélien devra nous affronter jusqu’à la fin du régime d’apartheid ». En effet, la décision du ministère israélien de l’éducation s’appuie sur une loi antérieure datant de juillet 2018, qui a été baptisée « loi Rompre le silence ». Breaking the Silence est une organisation de la société civile israélienne composée de vétérans de l’armée qui se sont fait entendre en critiquant l’occupation israélienne et qui ont pris sur eux d’éduquer le public israélien sur l’immoralité et l’illégalité des pratiques militaires d’Israël en Palestine occupée.
– « Israël défendra son rejet du retour des Palestiniens en déclarant que les Palestiniens constituent une ‘menace démographique’ et que leur retour altérerait le caractère démographique d’Israël au point de l’éliminer en tant qu’État juif. »
– Chutzpah : Le journal juif, Jforum, transforme une évidence vécue par des millions de Palestiniens en mythe. « Israël-État d’Apartheid », la construction d’un mythe, Jforum, 4 février 2021. La récente parution d’un rapport de l’ONG anti-israélienne B’tselem sur le soi-disant “apartheid” israélien donne lieu à une nouvelle campagne contre l’État juif dans les médias internationaux.
– Le ministre israélien de l’éducation a décidé d’interdire à B’Tselem de donner des cours dans les écoles israéliennes. « Le ministère de l’éducation sous ma direction a gravé sur sa bannière la promotion des valeurs sionistes, juives et démocratiques, et il agit en conséquence », a déclaré le ministre de l’éducation Yoav Galant. Nous n’autoriserons pas les organisations qui qualifient l’État d’Israël d’État d’apartheid à donner des cours à des étudiants sur le point d’être enrôlés dans les forces de défense israéliennes.
– Haaretz notera le 24 février 2021, avec juste raison, que les Européens ne se préoccupent guère du sort des Palestiniens. Il est vrai que certains organes d’information juifs, comme Haaretz en parlent beaucoup plus que les médias occidentaux.
Deux raisonnements qui s’opposent : Athènes ou Jérusalem
– En Occident le libre-penseur est la personne qui pense en toute liberté, ne se fiant qu’à sa raison. En Israël, il peut devenir « a self-hating jew », une personne qui se hait elle-même. Sur des sujets délicats, cela semble conduire à des différences d’interprétation qui sortent du domaine du raisonnable pour tomber dans l’extravagance.
Israël Shahak fondateur de la Ligue israélienne des Droits de l’Homme, professeur de chimie à la retraite, né à Varsovie en 1933, qui a passé son enfance dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, est arrivé en Israël en 1945. Il a étudié le judaïsme, les traditions rabbiniques et talmudiques et explique le problème lié à la difficulté de se comprendre dans son livre : « Histoire Juive – Religion Juive, Le poids de 3 millénaires » (Préface de Gore VIDAL, Avant Propos d’Edward Saïd 1996- La Vielle Taupe). Page 19 :
« J’avais vu personnellement, à Jérusalem, un juif ultra religieux refuser qu’on utilise son téléphone, un jour de sabbat, pour appeler une ambulance au secours d’un voisin non juif terrassé par une attaque. J’ai demandé une entrevue avec le tribunal rabbinique de Jérusalem, qui est composée de rabbin nommé par l’État d’Israël. Je leur ai demandé si cette façon de faire s’accordait avec leur interprétation de la religion juive. Ils m’ont répondu que le juif en question avait eu un comportement correct, et même pieux, et m’ont renvoyé à certains passages d’un abrégé des lois talmudiques, compilé en notre siècle. J’ai signalé la chose au principal quotidien hébreu, Haaretz, qui s’en est fait l’écho, provoquant un scandale médiatique dont les conséquences, en ce qui me concerne, furent plutôt négatives. Ni les autorités rabbiniques israéliennes, ni celles de la diaspora, ne sont revenues sur cet arrêt : un juif ne doit pas violer le sabbat pour sauver la vie à un gentil. »
Page 83 : « Dans de nombreux cas, des termes généraux tels que ‘ton semblable’, ‘étranger’, ou même ‘homme’ sont pris dans un sens très réducteur et chauvin. Le célèbre verset « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique, 19 :18) est compris par le judaïsme classique (et orthodoxe actuel) comme l’ordre d’aimer son prochain juif, et non pas humain en général. De même, le verset « Tu ne te mettras pas contre le sang de ton prochain » (ibidem, 16) est censé signifier qu’il ne faut pas rester inactif quand la vie (le sang) d’un compagnon juif est en danger mais comme on le verra au chapitre 5, il est interdit de sauver la vie d’un gentil, parce qu’ « il n’est pas ton compagnon ».
Page 85 : « De nombreux Juifs en Israël (et ailleurs) qui ne sont pas orthodoxes et n’ont qu’une connaissance d’ensemble de la religion juive, ont cherché, en citant des versets de la Bible dans leur clair sens humain, à faire honte aux orthodoxes israéliens (et aux Israéliens de droite fortement influencés par la religion) de leur attitude inhumaine à l’égard des Palestiniens. Il s’est avéré que de tels arguments n’avaient pas la moindre prise sur les adeptes du judaïsme classique : Ils ne comprennent pas, tout simplement, ce qu’on leur dit, puisque pour eux le texte biblique n’a pas du tout le même sens que pour tout le monde ».
Page 210 : « Donc, l’épreuve réelle qui s’impose aux juifs, aussi bien d’Israël que de la diaspora, est celle de leur capacité de faire leur propre critique, ce qui implique la critique du passé juif. L’aspect le plus important d’une telle critique doit être un examen circonstancié et honnête de l’attitude des Juifs à l’égard des non-Juifs. C’est ce que beaucoup de Juifs exigent et à juste titre des non-juifs – de faire face à leur propre passé pour prendre ainsi conscience de la discrimination et des persécutions infligées aux juifs. Pendant les 40 dernières années (le livre a été publié en 1996), le nombre des non-juifs tués par des juifs dépasse largement le nombre des victimes juives. Les persécutions et la discrimination imposé par « l’État juif » avec le soutien des Juifs organisés de la diaspora sont énormément plus graves que les souffrances infligées aux juifs par les régimes qui leur sont hostiles. La lutte contre l’antisémitisme (et tout autre forme de racisme) ne doit certes jamais cesser, mais la lutte contre le chauvinisme et l’exclusivisme juif, qui passe nécessairement par une critique du judaïsme classique, est aujourd’hui aussi importante, sinon plus ».
– Henryk Zielinski, rédacteur en chef de l’hebdomadaire polonais catholique Idziemy, a ainsi déclaré :
« Les juifs ont un système de valeurs complètement différent, un concept différent de la vérité. Pour nous, la vérité correspond aux faits. Pour le Juif, la vérité signifie quelque chose qui se conforme à sa compréhension de ce qui est bénéfique. Si un Juif est religieux, alors la vérité signifie ce que Dieu veut. Chez les Juifs non religieux, la vérité est subjective et doit servir les intérêts d’Israël »,
a-t-il ajouté.
Plutôt que de se poser la question de la pertinence de cette déclaration, l’Union des communautés juives de Pologne a déposé une plainte auprès du Conseil national de la radio et de la télévision. Rapporté par TOI- 28 février 2018.
– La vérité étant une, il est difficile de parler de vérités alternatives. Ce dernier terme cache en fait une vérité bien réelle que n’aiment ni les puissants, ni les groupes de pression. Il est beaucoup plus aisé de parler de mensonges alternatifs, le mensonge étant par définition multiple. Les médias excellent dans l’art d’utiliser le mensonge. On le retrouve partout en Occident et bien sûr en France. L’excellente lettre d’informations confidentielles fondée par Emmanuel Ratier : « Faits & Documents », souvent pillée mais rarement citée, s’intéresse à l’ascension d’Emmanuel Macron dans son récent exemplaire de décembre 2020 : « Précisons d’abord qu’il est extrêmement pénible de se (re)plonger dans la biographie d’Emmanuel Macron, non pas parce qu’il lui arrive de mentir, mais parce que la notion même de vérité lui est fondamentalement étrangère… Le 1er février 2017 sur TF1, donc devant la France entière, Emmanuel Macron évoque ainsi Amiens en parlant de « sa » circonscription. Or chacun sait et peut facilement vérifier qu’il n’a jamais été élu et qu’il n’a jamais daigné se présenter à une quelconque élection jusque-là. Jusqu’en 2012, le tout Paris l’a cru normalien. Il s’est d’ailleurs présenté comme tel dans les premiers portraits qui lui ont été consacrés. Après vérification il n’en était rien, il avait deux fois raté le concours. Sa thèse de philosophie sur « l’intérêt général » dirigée par Étienne Balibar n’existe évidemment pas ». Dans « Président cambrioleur » (Fayard 2020), Corinne Lhaïk loue sa chutzpah, mais elle oublie de préciser que les mensonges d’Emmanuel Macron l’auraient disqualifié socialement depuis le début sans la protection de ses omnipotents parrains.
– Comme nous avons pu le voir, il y a parfois des difficultés à comprendre la ligne de raisonnement juive. Dans le livre d’Alexandre Soljenitsyne, « Deux siècles ensemble » chez Fayard, livre qui n’a jamais été traduit en anglais et qui retrace les destins croisés des nations juives et slaves en Russie, puis en URSS, l’auteur raconte la résistance féroce des Rabbins au modernisme de l’époque des Lumières. Il comporte près de 4000 références tirées pour l’essentiel de la littérature juive. Il rapporte une remarque, Tome 2 P.24 qui concerne le particularisme juif : « C’est un particularisme qui n’a pas son pareil dans l’histoire du monde, il tient au fait que les Juifs ont réussi à concilier les principes nationaux et universalistes, que ce peuple est “national au plus haut point et en même temps cosmopolite. » Cela explique les contradictions que l’on trouve parfois dans le discours et les interprétations des évènements.
– Le Talmud consacre quelques passages abondamment commentés au sort qu’il convient de faire à la « sagesse grecque » et à son raisonnement rationnel, cette place est controversée : « Un neveu demanda à son oncle rabbin ce qu’il en est pour lui, qui connaît la Torah, de l’étude de cette sagesse: « Moi qui ai étudié toute la Torah, puis-je étudier la sagesse grecque ? », Le rabbin lui répondit de s’occuper de la Torah, en citant Josué, 1-8 (Que ce livre de la loi ne s’éloigne point de ta bouche ; médite-le jour et nuit ) ; et il ajouta, en référence à ce verset : « Trouve – moi une heure qui ne soit ni du jour ni de la nuit, alors va et étudie la sagesse grecque. Mena’hot, 99b. Voir aussi Tossefta Avodah zara ».
Campagne mondiale pour assimiler antisionisme, critique légitime d’Israël et son comportement envers les Palestiniens, à de l’antisémitisme.
Dans un brillant historique, Joseph Massad rappelle le 16 février 2021 que les opinions pro-israéliennes ont toujours dominé les médias occidentaux et les déclarations des gouvernements occidentaux, mais une grande partie du reste du monde était encore libre, jusqu’en 1991, d’exprimer son appréciation du sionisme et des politiques israéliennes. L’assemblée générale des Nations unies avait adopté la Résolution 3379 en 1975, définissant le sionisme comme « une forme de racisme et de discrimination raciale » en regroupant le racisme israélien avec le racisme des colonies blanches d’Afrique du Sud et de Rhodésie. Seuls 35 des 142 membres des Nations unies s’y étaient opposés. Le gouvernement israélien avait alors réagi en accusant les États membres de l’ONU d’antisémitisme.
Israël exigera alors pour sa participation à la Conférence de paix de Madrid de 1991 (qui a finalement abouti aux accords d’Oslo dont on voit maintenant le résultat, ou plutôt l’absence de résultats) l’abrogation de cette Résolution 3379. Les Nations unies ont voté, sous la pression des États-Unis, la Résolution 46/86 en décembre 1991, abrogeant la résolution de 1975. Sur 166 membres, 111 pays ont voté pour la nouvelle résolution, y compris l’Union soviétique qui en période d’effondrement était soumise économiquement aux États-Unis. Enhardi par le soutien continu qu’il recevait de l’Europe et des colonies européennes, Israël a décidé, avec ses alliés occidentaux, de passer de la rhétorique médiatique et gouvernementale au domaine des menaces et des poursuites judiciaires. C’est dans ce contexte que la définition de l’antisémitisme de l’IHRA a été adoptée par les États-Unis et les pays européens. L’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste : the International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) rassemble des gouvernements et des experts dans le but de renforcer et de promouvoir l’éducation, le travail de mémoire et la recherche sur l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme. La tragi-comédie dans cette définition est que, selon elle, la majeure partie du monde aurait été jugée « antisémite » en 1975 et « philosémite » en 1991. Le conseil municipal de Strasbourg a voté le 22 mars 2021 contre une résolution en faveur de l’adoption de la définition d’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Cette décision a été aussitôt dénoncée par l’ambassade d’Israël en France, William Goldnadel parlant détestation obsessionnelle d’Israël.
– Noam Chomsky écrivait le 31 juillet 2020 un article : « Sur la militarisation des fausses accusations d’antisémitisme contre les mouvements progressistes radicaux ». Il rappelait qu’il y a cinquante ans, l’éminent homme d’État israélien Abba Eban avait déjà écrit que
« l’une des tâches principales de tout dialogue avec le monde païen est de prouver que la distinction entre l’antisémitisme et l’antisionisme n’est pas du tout une distinction. L’antisionisme n’est que le nouvel antisémitisme. »
Chomsky donnait l’exemple du sioniste engagé, I.F. Stone, qui par « antisionisme » entendait la critique des politiques du gouvernement d’Israël et une certaine sympathie pour les Palestiniens. Ce principe est devenu une défense de dernière minute pour les apologistes des crimes d’Israël sous l’occupation. Tout critique, tout partisan des droits des Palestiniens, peut être catalogué comme antisémite. Cette arme a récemment été utilisée avec beaucoup d’efficacité contre Jeremy Corbyn dans une campagne de tromperies et de calomnies qui choque même au-delà de la norme scandaleuse du chutzpah.
Tout le monde reconnaît qu’il est bien plus dangereux aujourd’hui d’être Palestinien en Israël que Juif dans un pays occidental. Aujourd’hui un simple tag « Libérez la Palestine », pays qui a été accordé aux Palestiniens par une résolution de l’ONU, il y a plus de 70 ans, résolution qui n’est toujours pas appliquée, ou un soutien au mouvement BDS (Boycott Disinvestment Sanctions) sont assimilés à de l’antisionisme et parfois de l’antisémitisme.
Il y existe de nombreuses Organisations Non Gouvernementales, à la pointe du combat pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS mouvement). Human Rights Watch and Amnesty International, sont parmi les plus actives pour critiquer la définition de l’IHRA. Des groupes influents qui critiquent fréquemment Israël – y compris J-Street, le New Israel Fund et American Friends of Peace Now – affirment que la « codification de la définition de travail de l’IHRA », et plus particulièrement ses « exemples contemporains », créent potentiellement des occasions abusives pour « supprimer la liberté d’expression légitime » et empêcher « la critique des actions du gouvernement israélien ».
Récemment, la plainte de l’État palestinien auprès de la Cour pénale internationale (CPI) a été retenue. Dans son article du 8 mars 2021, le Professeur Eyal Zisser de l’Université de Tel Aviv, sûr de l’échec de cette tentative, titre : « The Palestinians will be left with a Hague hangover ». Les Palestiniens se retrouveront avec une gueule de bois de La Haye. Prédisant qu’ils n’aboutiront à rien. En fin de compte, les Palestiniens se retrouveront seuls face à Israël et ils devront choisir s’ils veulent continuer à attendre que quelqu’un d’autre fasse le travail à leur place.
Tout cela caractérise l’assurance israélienne de pouvoir continuer à ne tenir aucun compte des décisions défavorables les concernant et venant des organismes internationaux comme l’ONU ou la CPI.
On retrouve ici la chutzpah du parricide juif plaidant, comme orphelin, la clémence du tribunal. L’État israélien fait depuis 70 ans tout ce qui est possible pour s’opposer à la reconnaissance de l’État palestinien. Les deux États ont été créés par la même décision de l’ONU. Lorsque Israël prétexte le fait que la Palestine n’est pas un État souverain, cette négation de la décision de l’ONU a des conséquences tragiques et conduit à la souffrance de millions de citoyens dont les tombes familiales occupent cette terre depuis des millénaires.
Conclusion
Orwell décrit dans son livre 1984 une coterie de psychopathes qui dirige vers le mondialisme, une population soumise par la peur et la manipulation médiatique. Il n’y a aucune liberté d’opinion. La novlangue est le langage en fabrication d’Océania. Il fait l’objet d’appauvrissements planifiés du vocabulaire dans le but d’anesthésier le peuple pour mieux le contrôler. Les slogans de cette novlangue sont : « La guerre, c’est la paix. », « La liberté, c’est l’esclavage. », « L’ignorance, c’est la force. » C’est l’élaboration d’une langue entraînant l’abandon d’un des principes fondateurs de la logique aristotélicienne : le principe de non-contradiction. Simultanément la réécriture, au jour le jour, d’une Histoire fabriquée au gré de la volonté de Big Brother, permettra conjointement d’éliminer le principe de causalité. Ainsi, à Océania,
« La première et la plus simple phase de la discipline qui peut être enseignée, même à de jeunes enfants, s’appelle en novlangue arrêtducrime. L’arrêtducrime, c’est la faculté de s’arrêter net, comme par instinct, au seuil d’une pensée dangereuse. Il inclut le pouvoir de ne pas saisir les analogies, de ne pas percevoir les erreurs de logique, de ne pas comprendre les arguments les plus simples, s’ils sont contre Big Brother. Il comprend aussi le pouvoir d’éprouver de l’ennui ou du dégoût pour toute suite d’idées capable de mener dans une direction hérétique. Arrêtducrime, en résumé, signifie stupidité protectrice. »
Peu de personnes en sont conscientes, mais un tel comportement semblable à l’Arrêtducrime est aussi à l’œuvre dans nos sociétés. Les nombreuses lois liberticides ou simplement l’effet de la diabolisation médiatique conduisent à éviter d’aborder en public des sujets tels que : le réchauffement climatique, le Covid19, la Deuxième Guerre mondiale, le sort des Palestiniens, le colonialisme israélien… jusqu’aux phénomènes de société dans nos sociétés occidentales (cachés dans des anglicismes : genre, « cancel culture », « woke »). L’esprit sophistique de nos dirigeants atteint des sommets quand ils classent comme un délit ce qui n’est qu’une opinion, couvrant alors d’amendes, mettant en prison ou forçant à l’exil les citoyens, comme Reynouard, Ryssen etc. dont idées ou opinions leurs déplaisent.
Il fut un temps où pour savoir qui vous dirige vraiment, il suffisait de regarder ceux que vous ne pouviez pas critiquer. Aujourd’hui, à l’époque des réseaux sociaux, il suffit de regarder ceux qui contrôlent Facebook, Twitter, WhatsApp etc. Les GAFAM, l’acronyme des géants du Web – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – qui sont les cinq grandes firmes américaines qui dominent le marché du numérique, ont réussi dans leur guerre contre le parti Républicain US et de fait à la démocratie à réduire au silence le président des USA Donald Trump.
Je n’ai pas abordé le problème de l’influence des GAFAM ni des « fake news », vérités alternatives et autres théories complotistes. Ces sujets sont à la mode en ce moment, mais il suffit de remarquer que les complotistes critiquent, et souvent de façon argumentée les médias. Ceux qui critiquent les complotistes ne font que répéter en fait ce que disent ces mêmes médias, sans rien rajouter de nouveau, ni apporter de réfutations argumentées aux complotistes. Une façon de tourner en rond pour perdre le lecteur.
Nombreux sont les gens se prétendant éduqués qui confondent opinions et faits, sophistique et science ainsi que rhétorique et réalité. Il faut revenir à l’étude de la logique grecque et apprendre à distinguer les illusions et les mensonges de la vérité.
John Stuart Mill, dans son livre paru en 1859 « De la liberté », écrira que c’était une erreur de censurer idées et opinions car c’était par leurs confrontations qu’on trouvait la vérité. La philosophe platonicienne, Simone Weil, morte à Londres en 1943, aborde aussi ce problème de la liberté d’expression dans son livre « L’enracinement » (Folio Essais, Ed. Gallimard 1995, p.35 et suivantes). Elle écrira :
« la liberté d’expression totale, illimitée, pour toute opinion quelle qu’elle soit, sans aucune restriction ni réserve, est un besoin absolu pour l’intelligence. Par suite c’est un besoin de l’âme, car quand l’intelligence est mal à l’aise, l’âme entière est malade. »
Cette liberté absolue de parole est née il y a 25 siècles dans cet âge d’or de la Grèce de Socrate, Platon, Aristote et les stoïciens. Elle conduira à la défaite des sophistes et de leur relativisme. La curiosité, l’interrogation socratique a toujours fait peur aux hypocrites qui malheureusement encombrent aujourd’hui tous les rouages au sommet de la vie politique.
Jean Claude Manifacier, 31 Mars 2021
Pour retrouver les précédentes parties :
Les sophistes, marionnettistes de l’Occident : État Profond et Médias I
Les sophistes, marionnettistes de l’Occident : État Profond et Médias II
Les sophistes, marionnettistes de l’Occident : État Profond et Médias III
Les sophistes, marionnettistes de l’Occident : État Profond et Médias IV
Merci pour ce très intéressant dossier. Il serait également intéressant de traiter de la situation actuelle en France. Qui souffle sur les braises de l’islamophobie et du racisme antimusulman ? L’usage raciste des lois dîtes » antiracistes » ? Le rôle d’un certain député qui suggère l’enlèvement d’un citoyen français pour le juger en Israël. Je ne pense que cela soit très légal… Il est vrai que quand on fait soi-même même les lois, on s’en arrange…