Maurice Barrès né dans les Vosges en 1862 et mort en 1923 était un écrivain et homme politique français. Il était nationaliste et républicain. Il a affirmé ses idées socialistes, lorsqu’il est devenu député boulangiste en 1889, en siégeant à l’extrême gauche de l’hémicycle. Il a été marqué par la guerre franco-allemande de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine auxquelles il était très attaché et qu’il a décrit avec une beauté poignante. Un homme Enraciné aux traditions, à la famille, à l’armée et à sa terre natale « à nos morts » comme disait l’auteur.
- La France après la défaite de 1870 (armée, État, courant de pensée, sociale, économie).
- La doctrine nationaliste
- Le régionalisme
- L’enracinement à sa terre et à nos morts
- Le programme politique de Maurice Barrès
- Scènes du nationalisme
- L’affaire Dreyfus
Cette œuvre commence par la défaite de la guerre de 1870 suite à La bataille de Sedan. Avec des généraux sans conviction, l’échec était inévitable. Les généraux trahirent la loi de la nation, parce qu’ils ne la partageaient pas. Les propos du Kaiser Guillaume 1er de Prusse sont clairs : « Les généraux français faisaient, semble-t-il, pratiquer une saignée pour se laver des accusations de trahison qu’on leur jetait à la face. Ils n’avaient plus qu’une tactique, qu’une stratégie : arriver à faire accepter la capitulation par la population civile ; leur but n’était pas la victoire, c’était la reddition. »
Observons l’état général de la France d’après guerre, déjà l’attitude de certains généraux comme MM. Clémenceau, Trarieux, Reinach, qui se vantent d’avoir servi l’intérêt général en faisant condamner le général Boulanger par un tribunal d’exception (et à l’aide faux témoins). En conséquence, la génération qui succède aux responsables de 1870 sont au contraire animés par ces violentes passions nationaliste nécessaire aux peuples vaincus. Chez tous ces hommes qu’on croyait atteints d’indifférence ou de scepticisme sacré avec un sourire à la Renan, joli et abominable. Aujourd’hui, ils crient à pleins cœur : Vive la France.
Pour l’ État français, ses chefs se préoccupaient seulement de flotter au gré du flot le plus fort ; pour donner à toutes les factions des gages, ils multipliaient les paroles et les petits actes contradictoires. Cet état souffre du manque d’une conscience nationale. Ni ministre, ni président de la république ne tenteront rien pour modifier une situation dont ils profitent. Ce petit monde parlementaire qui, pour dominer, favorise seulement la bassesse et la servilité. Nos parlementaires s’occupent à fournir aux historiens des documents faux. C’est le moyen de ces honnêtes gens pour s’innocenter.
Il y a également certains intellectuels de l’époque comme Émile Zola, plus dreyfusard que Dreyfus, il n’est pas un Français parce qu’on ne saurait concevoir une idée plus fausse que celle d’une humanité plane, où il n’y aurait ni subordination, ni liens réciproques, ni chaîne des morts aux vivants, ni différence, ni respect. Ou encore, cette morale d’État qui règne en France, on peut dire que le kantisme (La morale de Kant, par André Cresson) est cette doctrine officielle. Ce kantisme de nos classes prétend régler l’homme universel, l’homme abstrait, sans tenir compte des différences. La philosophie qu’enseigne l’État est responsable en première ligne si des personnes croient intellectuel de mépriser l’inconscient national et de faire fonctionner l’intelligence dans l’abstrait pur, hors du plan des réalités. Un verbalisme qui écarte l’enfant de toute réalité, un kantisme qui le déracine de la terre de ses morts, une surproduction de diplômés qui crée ce que nous avons appelé, d’après Bismarck, un prolétariat de bacheliers. Les protestants français, la patrie pour eux, sont disposés à l’internationalisme. Le protestantisme a pour protagonistes, parmi les éléments qui composent la nation, d’une part des individus récemment naturalisés, originaires de nations voisines, issus de ces races qui au 16 ᵉ siècle ré-entèrent le catholicisme, qui défaillait en tant que religion réelle, sur le christianisme primitif. Même Ernest Renan avait déclaré au général Déroulède : « Jeune homme, la France se meurt : ne troublez pas son agonie. » La calomnie des intentions est toujours le moyen le plus sûr de discréditer les nobles entreprises et on diminue les idées et les causes, en diminuant ceux qui les servent.
Les conditions sociales sont, le décroissement de notre natalité, l’épuisement de notre énergie depuis cent ans que nos compatriotes les plus actifs se sont détruits dans les guerres et révolutions, ont amené l’envahissement de notre territoire et de notre sang par des éléments étrangers. Ils croient nous civiliser ; ils contredisent notre civilisation propre. Le triomphe de leur manière de voir coïnciderait avec la ruine réelle de notre patrie. On paye beaucoup d’impôts en France, mais on y est mal protégé. Il serait souhaitable que ces hommes énergiques qui, dans la nation, ont maintenu les vraies doctrines, prissent une résolution.
Niveau économique, c’est ainsi que, placés entre les petits capitalistes et les petits travailleurs, les grands féodaux, stériles par eux-mêmes et qui n’apportent ni capital ni travail, arrivent à tout gouverner, à tout exploiter, à tout rançonner et c’est ainsi qu’ils deviennent les véritables maîtres de la société moderne. Le gouvernement a tenté, par des droits protecteurs, de garantir un prix minimum à la production nationale mais régulièrement des syndicats de féodaux financiers absorbent le bénéfice de ces mesures de protection, par leurs bascules et leurs jeux.
Le bilan est que notre nation est dissociée et décérébrée, c’est-à-dire qu’elle ne lie plus ses forces et qu’elle manque de direction. Pour Maurice Barrès, la révolution est la conséquence de ces évènements déplorables. Certains admettent que l’internationalisation est une conséquence de la révolution. Le principe des nationalités, voilà la conséquence immédiate de la révolution, conséquence inaperçue des acteurs même de la révolution, celle-ci nous libère du contrat historique. Les hommes libérés des contrats, des vieilles chartes, soumis à la seule logique, décidèrent spontanément de se grouper entre gens ayant un fonds de légendes et de vies communes. Il est nécessaire de constater les conditions d’une France démocratique (ploutocratique, hélas!) et industrielle diffèrent de la France monarchique. Ce n’est jamais sous l’effort d’un pays rival qu’un pays s’écroule ; il tombe par l’action d’une cause intérieure. Le pays était malade en vous, comme il l’est en nous tous, et avec une merveilleuse lucidité d’analyse vous avez discerné sinon toutes les causes, au moins la cause la plus immédiate et la plus puissante de cette maladie. Cette cause réside dans l’égarement de 1789 qui nous a séparés de nos morts. La révolution ne parla jamais d’internationalisme. La révolution a simplement dit que les droits de l’homme et du citoyen étaient les mêmes partout, parce que ce sont des droits qui tiennent à la qualité de l’homme, mais il ne s’ensuit aucune conséquence sur la manière dont l’humanité s’organisera. Le vrai sens du mot d’internationalisme, veut dire l’alliance entre les nations, nullement la destruction des nationalités historiques. Ce qui nous manque depuis un siècle : une conscience nationale. Notre salut, c’est que nous cessions d’être des individus déracinés et éparpillés. L’intellectuel, homme d’art ou de science qui n’a pas le pouvoir et qui se forme un idéal social (car penser solitairement, c’est s’acheminer à penser solidairement), cet homme qui aime mieux travailler que gouverner devrait-il subir l’autorité sans la discuter ? Mais ce serait la ruine de notre belle conception d’une France vivante et organisée.
Maintenant, entrons dans la doctrine nationaliste, un nationaliste, c’est un Français qui a pris conscience de sa formation. Le nationalisme est l’acceptation d’un déterminisme. Selon Maurice Barrès, le nationalisme n’entend nullement se confondre avec le catholicisme. Le nationalisme, c’est résoudre chaque question par rapport à la France. Plus nous avons d’honneur en nous, plus on se révolte si la loi n’est pas la loi de notre race. Nous autres (nationalistes), divisés sur bien des points, mais qui avons en commun la connaissance des conditions sans lesquelles il n’est pas de société. À examiner s’il peut y avoir un socialisme nationaliste ? La conservation des mœurs et des coutumes entretient l’amour du foyer, l’attachement au sol natal. Si les nations étaient supprimées, les plus hautes et les plus précieuses communications économiques ou spirituelles de l’univers seraient également compromises et menacées : nous aurions à craindre un recul de la civilisation. Le nationalisme n’est donc pas seulement un fait de sentiment : c’est une obligation rationnelle et mathématique. Le devoir des Français conscients de ces vérités est aujourd’hui de les formuler aussi publiquement et aussi souvent que possible afin d’y ramener leurs compatriotes aveugles ou négligeant. Ernest Renan disait que tant que cette conscience morale (la nation) prouve sa force par les sacrifices qu’exige l’abdication de l’individu au profit d’une communauté, elle est légitime, elle a le droit d’exister. Des martyrs, ce n’est pas mal, mais ce n’est point à ses souffrances qu’on mesure la volonté d’une nation. On la reconnaît mieux à ses héroïques révoltes. Si la France était plus forte, l’injustice diminuerait dans le monde. Être nationaliste, c’est encore le meilleur service que des Français puissent rendre à l’humanité. Il peut y avoir sur un territoire des périodes où la nationalité semble abolie ; qu’importe ! Si elle a subsisté dans un certain nombre de cerveaux. Il faut accepter l’héritage national et ne pas essayer, par des bizarreries personnelles, individuelles, de modifier les conditions générales dont nous sommes les produits nécessités. L’égalité ne consiste pas dans l’uniformité, comme nos bureaucrates le croient, mais dans une égale reconnaissance des nécessités différentes. Ce n’est pas seulement par l’affirmation d’une doctrine que doivent se réunir ceux qui rêvent le relèvement de leur pays, il faut aussi que nous connaissions nos bons serviteurs. Car pour sauver le pays, il faut l’opinion du peuple et des soldats. Les peuples qui, après trente années, oublient un désastre, ne sont ni dignes ni capables de rester une nation. On voit comment le nationalisme engendre nécessairement socialisme. Charles Maurras disait que l’on a quelquefois vu des sociétés sans justice, mais on n’a jamais vu de justice sans société. On ne soulève pas les masses pour une action durable sans des principes. Nous définissons le socialisme à l’amélioration matérielle et morale de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. Le génie, c’est d’avoir de l’âme. L’évolution se fait le long des siècles vers le nationalisme. D’un point de vue très élevé, le plus haut penseur, et qui prend vraiment connaissance des conditions psychologiques de la société où il vit, c’est celui qui sent comme des réalités les caractères propres de son pays, les obstacles opposés à sa race, l’honneur de sa patrie. La loi doit se plier aux variétés physiques et morales du pays, ou plutôt découler de ces variétés, notamment au niveau régional.
Le régionalisme est un élément capital, les deux maux dont souffre le plus gravement notre pays, c’est le manque de vie locale et l’incapacité de coopérer spontanément. La centralisation est un cimetière. D’abord la situation fausse des maires, qui représentent à la fois leurs concitoyens et électeurs et le pouvoir central ; puis l’absurdité de l’assimilation des communautés urbaines, et des communautés rurales, de telle sorte qu’un hameau de vingt feux, érigé en commune, est chargé des mêmes droits et mêmes devoirs qu’une ville de quatre cent mille âmes, comme Lyon et Marseille. Quand il fallait huit jours à un courrier pour porter un ordre du cabinet de Louis XIV ou de Napoléon à un intendant, à un préfet, c’était impossible au pouvoir central de s’ingérer dans les moindres affaires. Maintenant, avec les chemins de fer, les télégraphes et les téléphones, les bureaux ministériels veulent et peuvent tout savoir, au grand détriment de la liberté. Nous réclamons la commune libre, la région libre. Il faut qu’elles soient des laboratoires de sociologie. C’est là que nous aurions des expériences politiques et économiques, tentées dans de modestes proportions, puis généralisées, non à coup de décrets ou de lois d’ensemble, mais par l’imitation spontanée des villes et des régions voisines, témoins des bons ou des mauvais effets obtenus ici ou là. La nationalité française, selon l’auteur, est faite des nationalités provinciales. Si l’une de celles-ci fait défaut, le caractère français perd un de ses éléments. Le nationalisme et régionalisme sont non point comme des doctrines mais comme des biographies à nous tous français. Selon les Lorrains : En fait, nous sommes venus à la France parce que nous avions besoin d’ordre et de paix et que nous ne pouvions en trouver ailleurs. Sur la route de l’histoire, on trouve toujours la conciliation. Pour faire accepter cette vue raisonnable, réaliste de la patrie, il faut développer des façons de sentir qui existent naturellement dans le pays. Il est permis d’admettre, sans forcer la valeur de l’argument, que notre armée, dans un renouveau donné à la vie provinciale, trouverait un surcroît de force morale. Aux heures du péril, toujours la force du nom français sera doublée par ces titres de Vendéens, de Bretons, de Lorrains, d’Alsaciens, de Girondins. Au sentiment national, ne craignez pas de surajouter le sentiment local. Donnez à chacun deux patries à servir : la grande patrie et la petite patrie.
L’enracinement à sa terre et à ses morts, le terroir nous parle et participe à notre conscience nationale. C’est même lui qui donne à leur action sa pleine efficacité. La patrie est plus forte dans l’âme d’un enraciné que dans celle d’un déraciné. Lors des heures sombres, on peut se dire, que ferait mon aïeul à ma place ? C’est là qu’est le devoir ; sa force bienfaisante s’étend sur nous comme pendant sa vie : c’est ainsi que les morts tendent les mains aux vivants. Si vous voulez savoir comment une religion commence, ce n’est pas les philosophes qu’il faut interroger ; regardez dans la profondeur des couches sociales, vous y verrez les deux mots qui sont gravés sur la grosse cloche de Notre-Dame : Defunctos ploro (Je pleure les morts.).
Le programme de Maurice Barrès, se traduit par : nationalisme – protectionnisme – socialisme. Le programme politique du comité républicain socialiste nationaliste de Nancy propose ceci :
- Pour le produit français, pour l’ouvrier français, contre la féodalité financière internationale.
- Institution d’une caisse de retraite pour les travailleurs organisés par l’État. La question des caisses de retraite est une des plus importantes à
résoudre pour la paix sociale. - Réforme de l’impôt dans le sens de la justice démocratique.
- Organisation du crédit agricole, auquel pourraient être attribués les fonds des caisses d’épargne.
- Révision de la constitution.
- Extension des libertés autonomiques et de la personnalité civile des communes.
- Réformer la loi de naturalisation pour rendre moins accessible l’ingérence étrangère dans notre politique.
- Changer le régime propriétaire en favorisant l’es français de posséder le sol de France et en augmentant son droit d’exploitation industriel et commercial.
- Assurer l’union de la race et de la terre en assurant un coin de terre insaisissable à chaque famille.
- Protéger nos travailleurs nationaux par une loi fiscale qui frappera leurs concurrents étrangers. Vingt mille étrangers condamnés chaque année par nos tribunaux ; l’œuvre de l’hospitalité de nuit recueillant dix mille étrangers à Paris, tandis que tant de malheureux, nos compatriotes, demeurent sur le trottoir faute de lits. Certes, la France hospitalière, c’est un beau mot, mais hospitalisons d’abord les nôtres !
- Donner la liberté d’association et de la décentralisation, en sorte que les groupes professionnels (syndicats) et les communes possèdent la personnalité civile.
Dans un contexte politique difficile et trop éparpillé, Maurice Barrès aura l’intelligence de s’associer avec les autres courants politiques nationaliste (royalistes, bonapartistes, etc.). « Nous n’entrons pas dans la patrie française en tant que dogmatiques. Nous sommes sur un bateau compromis ; nous le prenons dans l’État où nous le trouvons, et la nécessité fait notre accord. Cet état d’esprit devait être signalé : il explique notre succès et notre composition. » Raison de plus pour que nous ayons confiance dans nos vues communes puisqu’elles sont prises de points si différents. Taine et Renan ont sauvé l’honneur des intellectuels français. Ils comprenaient le devoir : aider à l’élaboration d’une conscience nationale. Il n’y a point de race française, mais un peuple français, une nation française, c’est-à-dire une collectivité de formation politique.
Quelques scènes du nationalisme, citons Maurice Barrès :
P 124 : « Messieurs, nous ne devons pas nous séparer, après ces quelques bons instants de libre conversation entre français qui s’entendent à demi-mot, sans nous donner rendez-vous. »
P 138 : « Tel quel et faible individu, j’appartiens à l’histoire de France, à une histoire que de toute éternité j’ai été préparé pour trouver incomparable. Heureux si ma main débile aide à soutenir le ciseau qui, le long des siècles, grave sur le temple de la mémoire la suite illimitée des beaux titres de ma patrie ! »
P 278 : « Laissez ! L’histoire mettra tout en place. Si la France devait succomber, c’est-à-dire perdre le sentiment d’elle-même, l’histoire glorifierait ceux qui entretinrent jusqu’au bout le flambeau national demi-consumé. »
P 320 : « Concernant l’Alsace et Lorraine, un jeune alsacien demanda : qu’y puis-je faire d’utile, humble suspect en face d’un empire colossal (l’Allemagne) ? Je ne vous demande point d’agir, mais seulement de vivre. Je ne vous demande même point de protester, mais naturellement chacune de vos respirations sera une respiration rythmée par deux siècles d’accord avec le cœur français. Demeurez un caillou de France sous la botte de l’envahisseur. Subissez, l’inévitable et maintenez ce qui ne meurt pas. »
L’affaire Dreyfus, pour Maurice Barrès, l’affaire Dreyfus n’est que le signal tragique d’un état général. Sous l’accident, cherchons l’état profond. Le mal profond, c’est d’être divisés. Ce qui est grave, c’est qu’on a inventé et qu’on utilise Dreyfus pour servir des doctrines anti militaires et internationalistes. Ils essayent de transformer la mentalité française, déjà si troublée. Jean Jaurès veut par l’acquittement du traître la destruction de l’armée. Certains, écoutant le tumulte Dreyfus, savent y discerner un clapotement de bêtises en même temps que le jargon des internationalistes. À ces adversaires et à ces bêtises, on doit y opposer une éducation. Selon l’auteur, un certain nombre de sentiments lui (Dreyfus) manquent sans lesquels, nous ne pouvons concevoir l’humanité. Alfred Dreyfus jouit de son uniforme de polytechnicien, puis l’officier, avec l’arrogance d’un parvenu.(Ses camarades racontent ses vantardises, et sa famille, à juger d’après Hadamard, bien qu’elle le défende, l’aime peu.). La meilleure chance qu’il eût d’établir la vérité, il en a fait volontairement l’abandon. Que Dreyfus ait trahi, l’auteur dit le savoir parce qu’il a lu les pages de Mercier et de Roget qui sont de magnifiques travaux. Selon le général Roget, Dreyfus démenti le rapport qui lui était attribué dans le figaro mais a été obligé de reconnaître ensuite l’authenticité de ce rapport. La trahison est un acte qui ne comporte point de circonstances atténuantes et qui se mesure socialement non aux intentions de l’auteur, mais aux conséquences de l’acte. On s’étonna de voir le grand rabbin, chef de la religion, se préoccuper d’une façon aussi active de cette malheureuse affaire Dreyfus pour obtenir ce qu’il appelait des renseignements. Pendant le procès, la défense faisait venir de faux journalistes qui étaient des agents embauchés ou volontaires, courtiers en diamants de Hollande, spéculateurs de café du Havre etc pour semer l’anarchie dans la salle d’audience. Un nommé Périller, député, installé dans une tribune avec mission de suivre le procès pour le compte du Grand Orient maçonnique. Le prix promis à sa trahison, c’étaient les étoiles. Il ne le toucha point parce qu’il avait échoué. Quand il vit sa honte découverte et que ses meilleurs amis lui refusèrent la main, il demanda sa mise à la retraite. Faut-il énumérer les forfaits de cette haute cour exclusivement animée par des passions politiques ? Soixante-quinze arrestations sans motif et sans preuve. Également, suppression ou refus de certaines dépositions ; intimidation de témoins. L’auteur déclare : « Si Dreyfus et ses amis écrivent l’histoire et les manuels scolaires, vous, patriotes, qui me lisez, moi qui vous parle, et le brave Marchand, nous ne serons que des fripouilles devants les siècles. »
Scènes et doctrines du nationalisme (506 pages, 21,05 €) de Maurice Barrès est disponible sur Kontre Kulture