Du Voltaire champagne au mieux de sa forme, en avant pour quelques citations pétillantes, pleines de bulles, d’une érudition à tomber par terre.
Sur le nombre « Six » :
On demande aussi quel droit des étrangers tels que les Juifs avaient sur le pays de Chanaan : on répond qu’ils avaient celui que Dieu leur donnait. A peine ont-ils pris Jéricho et Laïs qu’ils ont entre eux une guerre civile dans laquelle la tribu de Benjamin est presque toute exterminée, hommes, femmes et enfants; il n’en resta que six cents mâles: mais le peuple, ne voulant point qu’une des tribus fut anéantie, s’avisa, pour y remédier, de mettre à feu et à sang une ville entière de la tribu de Manassé, d’y tuer tous les hommes, tous les vieillards, tous les enfants, toutes les femmes mariées, toutes les veuves, et d’y prendre six cents vierges, qu’ils donnèrent aux six cents survivants de Benjamin pour refaire cette tribu, afin que le nombre de leurs douze tribus fût toujours complet.
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Dictionnaire Philosophique – Juifs – Section I
Sur l’exagération d’un massacre :
Vespasien et Titus firent ce siège mémorable, qui finit par la destruction de la ville. Josèphe l’exagérateur prétend que dans cette courte guerre il y eut plus d’un million de Juifs massacrés. Il ne faut pas s’étonner qu’un auteur qui met quinze mille hommes dans chaque village tue un million d’hommes. Ce qui resta fut exposé dans les marchés publics, et chaque Juif fut vendu à peu près au même prix que l’animal immonde dont ils n’osent manger.
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Dictionnaire Philosophique – Juifs – Section I
Holocaustes – Sur la charité que le peuple de Dieu et les chrétiens doivent avoir les uns pour les autres :
Ma tendresse pour vous n’a plus qu’un mot à vous dire. Nous vous avons pendus entre deux chiens pendant des siècles; nous vous avons arraché les dents pour vous forcer à nous donner votre argent; nous vous avons chassés plusieurs fois par avarice, et nous vous avons rappelés par avarice et par bêtise; nous vous faisons payer encore dans plus d’une ville la liberté de respirer l’air; nous vous avons sacrifiés à Dieu dans plus d’un royaume; nous vous avons brûlés en holocaustes: car je ne veux pas, à votre exemple, dissimuler que nous ayons offert à Dieu des sacrifices de sang humain. Toute la différence est que nos prêtres vous ont fait brûler par des laïques, se contentant d’appliquer votre argent à leur profit, et que vos prêtres ont toujours immolé les victimes humaines de leurs mains sacrées. Vous fûtes des monstres de cruauté et de fanatisme en Palestine, nous l’avons été dans notre Europe: oublions tout cela, mes amis.
Voulez-vous vivre paisibles, imitez les Banians et les Guèbres : ils sont beaucoup plus anciens que vous, ils sont dispersés comme vous, ils sont sans patrie comme vous. Les Guèbres surtout, qui sont les anciens Persans, sont esclaves comme vous après avoir été longtemps vos maîtres. Ils ne disent mot : prenez ce parti. Vous êtes des animaux calculants; tâchez d’être des animaux pensants.
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Dictionnaire Philosophique – Juifs – Septième Lettre
Si les Juifs ont mangé de la chair humaine :
Parmi vos calamités, qui m’ont fait tant de fois frémir, j’ai toujours compté le malheur que vous avez eu de manger de la chair humaine. Vous dites que cela n’est arrivé que dans les grandes occasions, que ce n’est pas vous que le Seigneur invitait à sa table pour manger le cheval et le cavalier, que c’étaient les oiseaux qui étaient les convives ; je le veux croire.
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Dictionnaire Philosophique – Juifs – Cinquième Lettre
Si les dames juives couchèrent avec des boucs :
Vous prétendez que vos mères n’ont pas couché avec des boucs, ni vos pères avec des chèvres. Mais dites-moi, messieurs, pourquoi vous êtes le seul peuple de la terre à qui les lois aient jamais fait une pareille défense ? Un législateur se serait-il jamais avisé de promulguer cette loi bizarre, si le délit n’avait pas été commun ?
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Dictionnaire Philosophique – Juifs – Cinquième Lettre
Bouc (suite) :
Les Juifs n ‘imitèrent que trop ces abominations. Jeroboam institua des prêtres pour le service de ses veaux et de ses boucs.
Le texte hébreu porte expressément boucs . Mais ce qui outragea la nature humaine, ce fut le brutal égarement de quelques Juives qui furent passionnées pour des boucs, et des Juifs qui s’accouplèrent avec des chèvres. Il fallut une loi expresse pour réprimer cette horrible turpitude. Cette loi fut donnée dans le Lévitique, et y est exprimée à plusieurs reprises . D ‘abord c’est une défense éternelle de sacrifier aux velus avec lesquels on a forniqué. Ensuite une autre défense aux femmes de se prostituer aux bêtes, et aux hommes de se souiller du même crime. Enfin il est ordonné que quiconque se sera rendu coupable de cette turpitude sera mis à mort avec l’animal dont il aura abusé. L ‘animal est réputé aussi criminel que l’homme et la femme; il est dit que leur sang retombera sur eux tous.
C’est principalement des boucs et des chèvres dont il s’agit dans ces lois, devenues malheureusement nécessaires au peuple hébreu . C ‘est aux boucs et aux chèvres, aux asirim , qu’ il est dit que les Juifs se sont prostitués : asiri, un bouc et une chèvre ; asirim , des boucs et des chèvres. Cette fatale dépravation était commune dans plusieurs pays chauds. Les Juifs alors erraient dans un désert où l’on ne peut guère nourrir que des chèvres et des boucs .
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Dictionnaire Philosophique – Bouc
Si les Juifs immolèrent des hommes :
Vous osez assurer que vous n’immoliez pas des victimes humaines au Seigneur ; et qu’est-ce donc que le meurtre de la fille de Jephté, réellement immolée, comme nous l’avons déjà prouvé par vos propres livres ?
Comment expliquerez-vous l’anathème des trente-deux pucelles qui furent le partage du Seigneur quand vous prîtes chez les Madianites trente-deux mille pucelles et soixante et un mille ânes? Je ne vous dirai pas ici qu’à ce compte il n’y avait pas deux ânes par pucelle; mais je vous demanderai ce que c’était que cette part du Seigneur. Il y eut, selon votre livre des Nombres, seize mille filles pour vos soldats, seize mille filles pour vos prêtres; et sur la part des soldats on préleva trente-deux filles pour le Seigneur. Qu’en fit-on? vous n’aviez point de religieuses. Qu’est-ce que la part du Seigneur dans toutes vos guerres, sinon du sang?
Le prêtre Samuel ne hacha-t-il pas en morceaux le roitelet Agag, à qui le roitelet Saül avait sauvé la vie? Ne le sacrifia-t-il pas comme la part du Seigneur?
Ou renoncez à vos livres, auxquels je crois fermement, selon la décision de l’Église, ou avouez que vos pères ont offert à Dieu des fleuves de sang humain, plus que n’a jamais fait aucun peuple du monde.
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Dictionnaire Philosophique – Juifs – Cinquième Lettre
Immolation (suite) :
Les Juifs arrivèrent dans un pays sablonneux, hérissé de montagnes, où il y avait quelques villages habités par un petit peuple nommé les Madianites. Ils prirent dans un seul camp de Madianites six cent soixante et quinze mille moutons, soixante et douze mille bœufs, soixante et un mille ânes, et trente-deux mille pucelles. Tous les hommes, toutes les femmes, et les enfants mâles, furent massacrés: les filles et le butin furent partagés entre le peuple et les sacrificateurs. Ils s’emparèrent ensuite, dans le même pays, de la ville de Jéricho; mais, ayant voué les habitants de cette ville à l’anathème, ils massacrèrent tout, jusqu’aux filles mêmes, et ne pardonnèrent qu’à une courtisane nommée Rahab, qui les avait aidés à surprendre la ville. Les savants ont agité la question si les Juifs sacrifiaient en effet des hommes à la Divinité, comme tant d’autres nations. C’est une question de nom : ceux que ce peuple consacrait à l’anathème n’étaient pas égorgés sur un autel avec des rites religieux; mais ils n’en étaient pas moins immolés, sans qu’il fût permis de pardonner à un seul. Le Lévitique défend expressément, au verset 27 du chapitre xxix , de racheter ceux qu’on aura voués; il dit en propres paroles: Il faut qu’ils meurent. C’est en vertu de cette loi que Jephté voua et égorgea sa fille, que Saül voulut tuer son fils, et que le prophète Samuel coupa par morceaux le roi Agag, prisonnier de Saül. Il est bien certain que Dieu est le maître de la vie des hommes, et qu’il ne nous appartient pas d’examiner ses lois: nous devons nous borner à croire ces faits, et à respecter en silence les desseins de Dieu, qui les a permis.
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Dictionnaire Philosophique – Juifs – Section I
Des enfants juifs immolés par leurs mères :
Je vous dis que vos pères ont immolé leurs enfants, et j’appelle en témoignage vos prophètes. Isaïe leur reproche ce crime de cannibales : « Vous immolez aux dieux vos enfants dans des torrents, sous des pierres. » Vous m’allez dire que ce n’était pas au Seigneur Adonaï que les femmes sacrifiaient les fruits de leurs entrailles, que c’était à quelque autre dieu. Il importe bien vraiment que vous ayez appelé Melkom, ou Sadaï, ou Baal, ou Adonaï, celui à qui vous immoliez vos enfants ; ce qui importe, c’est que vous ayez été des parricides. C’était, dites-vous, à des idoles étrangères que vos pères faisaient ces offrandes : eh bien, je vous plains encore davantage de descendre d’aïeux parricides et d’idolâtres. Je gémirai avec vous de ce que vos pères furent toujours idolâtres pendant quarante ans dans le désert de Sinaï, comme le disent expressément Jérémie, Amos, et saint Étienne. Vous étiez idolâtres du temps des juges ; et le petit-fils de Moïse était prêtre de la tribu de Dan, idolâtre tout entière comme nous l’avons vu ; car il faut insister, inculquer, sans quoi tout s’oublie. Vous étiez idolâtres sous vos rois ; vous n’avez été fidèles à un seul Dieu qu’après qu’Esdras eut restauré vos livres. C’est là que votre véritable culte non interrompu commence. Et, par une providence incompréhensible de l’Être suprême, vous avez été les plus malheureux de tous les hommes depuis que vous avez été les plus fidèles, sous les rois de Syrie, sous les rois d’Égypte, sous Hérode l’Iduméen, sous les Romains, sous les Persans, sous les Arabes, sous les Turcs, jusqu’au temps où vous me faites l’honneur de m’écrire, et où j’ai celui de vous répondre.
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Dictionnaire Philosophique – Juifs – Cinquième Lettre
Toujours avides du bien d’autrui, toujours barbares, rampants dans le malheur, et insolents dans la prospérité, voilà ce que furent les Juifs aux yeux des Grecs et des Romains qui purent lire leurs livres.
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Essai sur les Mœurs et l’esprit des Nations TOME I
On ne voit, dans toutes les annales du peuple hébreu, aucune action généreuse. Ils ne connaissent ni l’hospitalité, ni la libéralité, ni la clémence. Leur souverain bonheur est d’exercer l’usure avec les étrangers ; et cet esprit d’usure, principe de toute lâcheté, est tellement enracinée dans leurs cœurs, que c’est l’objet continuel des figures qu’ils emploient dans l’espèce d’éloquence qui leur est propre. (Tome 2 page 83)
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Essai sur les Mœurs et l’esprit des Nations TOME XI
Deux remarques en guise de conclusion (on pourrait en faire beaucoup d’autres) :
1 – Voltaire et les Juifs, c’est un sujet absolument sans fin : l’œuvre complète de Voltaire comporte 50 volumes, dont quatre pour le Dictionnaire Philosophique, or, rien que dans ce dictionnaire, on compte 934 occurrences du mot Juif. On pourrait aussi faire des comptages sur d’autres mots-clés comme Hébreu, Bible, Lévitique, Abraham, Moïse, Salomon, Flavius Josèphe, le nom des prophètes, des tribus, des rois, des lieux, à chaque fois, une certitude, l’occurrence est négative, péjorative, polémique, ironique etc.
Bien sûr, tous ces mots apparaissent aussi dans les mêmes passages, et souvent, il s’agit de répétition des mêmes histoires dans différents contextes, néanmoins, on ne peut absolument pas garantir que la liste ci-dessus constituerait une sorte d’anthologie, c’est au mieux un échantillon.
2 – La vanité de l’effet Orwell : chez l’éditeur Garnier-Flammarion (Paris) le Dictionnaire philosophique de Voltaire est réputé être une édition « intégrale » : or, la notice « Juif » a disparu, sans aucune indication ou mention correspondante. C’est totalement stupide, même dans le Dictionnaire Philosophique, les 934 occurrences du mot Juif se répartissent un peu partout, même si l’entrée Juifs en concentre 179, on en trouve à Abraham, Adam, Adoration, Alexandre, Alexandrie, América, Ange…
George Orwell, dans 1984 disait : «Tous les documents ont été détruits ou falsifiés, tous les livres récrits, tous les tableaux repeints. Toutes les statues, les rues, les édifices ont changé de nom, toutes les dates ont été modifiées. Et le processus continue tous les jours, à chaque minute. L’histoire s’est arrêtée. Rien n’existe qu’un présent éternel dans lequel le Parti a toujours raison».
Voltaire censuré, il a l’habitude, mais est-on réellement sorti de l’Ancien régime ?
Mais que fait la SPA ?
Paradoxe étonnant: d’un côté, Voltaire se montre un antisémite virulent, voire obsessionnel, mais Voltaire, c’est aussi l’Âge des Lumières, donc la démocratie et les droits de l’homme, autrement dit, Voltaire, tout en critiquant les Juifs, a fait leur lit, à eux et à toute l’immigration mondiale qui allait suivre.
Mais, voir ici, https://jeune-nation.com/kultur/histoire/hitler-un-philosophe-des-lumieres, si on en juge par l’orientation générale de Voltaire, c’est littéralement vrai. Hitler avait d’ailleurs les moyens de résoudre le paradoxe ci-dessus: il n’est pas obligatoire que la démocratie et les droits de l’homme entraînent la mondialisation indifférenciée et le métissage, ils peuvent aussi se comprendre comme s’appliquant à un peuple préalablement organiquement constitué, par sa race et le développement de ses traditions et de sa culture. Et dans ce cas, démocratie et droits de l’homme peuvent contribuer au bien commun, à la vérité, à la justice et au beau, autant de transcendantaux que la modernité rejette.
Voltaire de nouveau censuré: c’était bien la peine de faire une révolution!
–> Ou peut-être, va-t-il falloir en faire une autre?