La dilatation du rien. On nous avait vendu l’interview de Macron ce 14 juillet comme un grand moment du quinquennat. Le chef de l’Etat devait annoncer les décisions qu’il allait prendre, expliquer les réformes qu’il allait engager dans les quelque vingt-deux mois qu’il lui reste avant l’achèvement de son mandat commencé le 14 mai 2017 et au sortir d’une crise sanitaire. Or, force est de constater que la montagne a accouché non pas même d’une souris mais d’un moustique, voire d’un moucheron. Car on n’a rien appris de ces 75 minutes d’entretien particulièrement fastidieuses. Il faut dire aussi que les deux journalistes, Gilles Bouleau et Léa Salamé, ont été transparents, ne posant aucune question importante ou gênante. Alors qu’Emmanuel Macron a brièvement défendu, au début de son intervention, la liberté d’expression existant, selon lui, en France, aucun des deux intervieweurs ne lui a parlé de la loi Avia, certes partiellement censurée par le Conseil constitutionnel mais voulue par l’Exécutif, aux ordres du CRIF, non plus que de la suppression des chaînes YouTube de Dieudonné le 29 juin puis d’Egalité et Réconciliation le 6 juillet, mesures répressives auxquelles il faut ajouter la clôture du compte VK d’Alain Soral le 8 juillet, puis d’Egalité et Réconciliation le 14 juillet et de la page Facebook d’Henry de Lesquen. Et tout laisse à croire que la police de la pensée ne s’arrêtera pas là et que tous les contenus dissidents, politiquement incorrects, sur la Toile risquent rapidement d’être supprimés par Big Brother.
Il eût été intéressant en ce trentième anniversaire de la scélérate loi Gayssot promulguée le 13 juillet 1990, et qui est la matrice de toutes les législations dites mémorielles, que le président de la République fît connaître son point de vue sur cette avancée de la censure dans notre pays. Ce n’est pas là un sujet anodin et accessoire. Il touche aux libertés fondamentales et il n’a pourtant pas même été esquissé, abordé par aucun des intervenants. Ce qui en dit long sur ce qu’est devenu le journalisme dans notre pays. On tait l’essentiel, on occulte le plus grave, le plus préoccupant pour n’évoquer que des dossiers de moindre importance. Cette interview interminable n’aura pas permis non plus de comprendre pourquoi l’Elyséen a choisi de changer de Premier ministre. Puisqu’il dit avoir été satisfait d’Edouard Philippe, et qu’il nie vouloir changer de cap, on saisit assez mal pourquoi il a choisi un nouveau chef du gouvernement, qui plus est énarque lui aussi et issu, comme son prédécesseur, du parti Les Républicains.
En revanche on a eu droit aux fadaises habituelles sur la sacro-sainte lutte contre le réchauffement climatique, lutte que le chef de l’Etat entend inscrire dans la Constitution, preuve que la révolution arc-en-ciel ne cesse d’étendre chaque jour davantage ses tentacules totalitaires. A la suite d’une question sur les contrôles au faciès, le locataire de l’Elysée a indiqué sa volonté de systématiser les caméras piétons, ce qui est une façon d’exercer une perpétuelle surveillance et de manifester une réelle défiance à l’égard de la police et de la maréchaussée. On attendrait d’un chef de l’Etat qu’il encourage et protège les forces de l’ordre agissant dans l’exercice de leurs fonctions face à des individus souvent violents, récalcitrants voire menaçants.
Or, c’est tout le contraire qui se produit. C’est la parole de délinquants multirécidivistes et celle de leurs proches et soutiens qui est davantage crue et mise en valeur, comme dans l’affaire Traoré, que celle de fonctionnaires assermentés. La nomination au ministère de la Justice d’un Dupond-Moretti est à cet égard tout un programme. La personnalité, le parcours, les idées, les déclarations de cet olibrius qui a plus d’empathie pour les délinquants que pour les honnêtes gens, pour les détenus, les corrompus et les tordus que pour les esprits pointus montrent de quel côté se situent délibérément les pouvoirs publics, du côté de la canaille et de la racaille, du côté des coquins, des gredins et des faquins. Tout cela évidemment participe d’une inversion des valeurs et des principes, corrode le principe d’autorité et promeut le désordre, l’anarchie et le chaos. Nous vivons d’ailleurs actuellement un chaos social et moral, intellectuel et spirituel, d’une ampleur inouïe.
Loin de s’orienter vers un allègement des restrictions de libertés, le chef de l’Etat a plutôt préparé le pays à un possible reconfinement, au moins partiel, cet automne et a annoncé vouloir rendre obligatoire le port du masque, à compter du samedi 1er août 2020, dans tous les lieux publics clos. « Nous avons des signes que l’épidémie repart quand même un peu, nous devons prévenir et nous préparer », a-t-il déclaré. Tout se passe comme si l’on voulait habituer le grand public à l’idée d’une seconde vague, d’un rebond de l’épidémie. Ce qui serait évidemment dévastateur pour l’économie, déjà fortement ébranlée par ce que nous avons vécu depuis la mi-mars. Il faut savoir qu’un mois de confinement correspond à une perte de trois points du Produit intérieur brut, que les plans sociaux se multiplient actuellement et que l’on annonce un million de chômeurs supplémentaires avant la fin de l’année. Ce qui conduira forcément à une forte augmentation des impôts, des taxes, des déficits et de la dette, quoi qu’en dise l’Exécutif.
Au risque de nous faire taxer de complotiste ou de conspirationniste, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur ce virus et sur l’utilisation politique qui en est faite. Aurait-on voulu détruire ce qui restait encore de sain et de solide dans les économies occidentales, dans le monde entrepreneurial et indépendant qu’on ne s’y serait pas pris autrement. De même le confinement physique et mental frappe-t-il par sa concomitance. A la muselière matérielle du masque s’ajoutent la chape de plomb idéologique, la censure de plus en plus impitoyable et qui s’affiche de plus en plus comme telle, avec une arrogance et un cynisme stupéfiants.
De ce point de vue-là, la répression des automobilistes apparaît comme un ballon d’essai, un test grandeur nature pour domestiquer le peuple, l’esclavagiser. Après le 50 km/h (au lieu de 60 km/h) dans les agglomérations, après le 80 km/h (au lieu des 90) hors agglomération, on évoque très sérieusement le passage du 130 au 110 km/h sur les autoroutes. Ce qui participe de l’idéologie arc-en-ciel anti-voitures et aussi de la volonté de tester la capacité du public à obéir docilement, servilement à des mesures pourtant parfaitement ineptes.
L’élection de Macron en 2017 a servi, c’est de plus en plus clair au fil du temps, à ce que tout change en apparence pour que rien ne change en profondeur. Son arrivée aux responsabilités a même été un accélérateur dans la mise en œuvre de l’agenda mondialiste et de la révolution arc-en-ciel. Un saut qualitatif a été franchi. Il s’agit d’en finir une fois pour toutes avec les derniers lambeaux de notre indépendance, de notre souveraineté, de notre identité, de nos traditions, de nos libertés, de notre âme française, de notre esprit gaulois, de notre histoire, de notre lignée, de notre être historique, de notre façon d’aimer, de croire, de vivre, de sentir. Pour le plus grand bonheur du nomadisme planétarien, d’un monde marchand sans racines, sans idéal, sans famille, sans patrie, sans travail et sans Dieu.
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RIVAROL.
Editorial du numéro 3433 de RIVAROL daté du 16 juillet 2020