Spiritualité – Héritage – Écologie
EDITORIAL :
Le terme « propagande » a été introduit comme terme religieux en 1622, par le pape Grégoire XV, pour désigner le fait de répandre la religion catholique. Sa connotation politique est née de la Révolution française : elle correspond à l’action de propager une opinion ou une doctrine. Plus tard, le mot propagande sera associé à la manipulation des foules et aux techniques de communication de masse.
Le terme « publicité », dérivé de « propagande », apparaît à la fin du XVIIe siècle pour signifier le fait de « porter à la connaissance du public ». Sa tonalité commerciale date du début du XIXe. Le mot est ensuite remplacé par « réclame ». L’usage actuel marque le retour au terme publicité, qui correspond à une méthode très élaborée d’action sur le comportement des personnes.
Si l’on pousse un peu plus loin la recherche : « propaganda », littéralement « ce qui doit être propagé », évoque pour le citoyen moderne les régimes totalitaires, les grands orateurs et l’hypnose collective. Elle appartient avant tout au domaine de l’esthétique : il s’agit de séduire voire de subjuguer pour convaincre. Robert Brasillach ne disait-il pas, dans Les sept couleurs (1939), que le fascisme était « la poésie du XXe siècle ». ?
Le terme « publicité » évoque pour ce même citoyen, au mieux une information sur un produit ou un service pouvant être utile, au pire un mal nécessaire au fonctionnement de la société libérale et capitaliste vécue comme la moins pire des solutions. Là encore, il s’agit de séduire. Ce ne serait pas un mal si la publicité en était restée au stade de la réclame informative un peu naïve des années d’après-guerre. Mais nous nous apercevons qu’aujourd’hui, la publicité a un double objectif, et parfois même un double langage : elle convainc d’acheter, certes, mais convainc aussi d’adhérer aux valeurs de l’idéologie dominante. Un « package » commercial en quelque sorte, c’est-à-dire un prêt à acheter doublé d’un prêt à penser !
Si propagande totalitaire et publicité libérale se rejoignent, en ce début de XXIe siècle, ce n’est pas sur le fond, mais sur la forme. La première magnifiait l’être collectif de la société, la seconde encourage au contraire une cohabitation heureuse d’individualités. Par contre, toutes deux utilisent des techniques de persuasion élaborées, faisant appel aux symboles, aux archétypes, aux instincts, au conditionnement, à la suggestion, à l’imitation, à l’identification, à la mode…
À la manière dont Léni Riefenstahl avait révolutionné les techniques et le style cinématographiques, Joseph Goebbels à repensé la propagande. Ces deux personnages de la période nationale-socialiste ont contribué à propager une image à la fois conforme aux idéaux du régime et capable de subjuguer les foules.
Loin de disparaître avec la déroute de 1945, ces techniques et ce style ont continué à vivre par le biais des productions cinématographiques et de la publicité. Le bébé a été jeté, mais pas l’eau du bain ! En cela, ce qu’il faut bien nommer la « propagande publicitaire » des temps post-modernes, n’a rien à envier à ses inventeurs : l’homme du commun est devenu la cible d’une industrie de la communication dans laquelle l’information s’est transformée en suggestion et la suggestion en manipulation.
Bonne lecture et… bienvenue dans le meilleur des mondes !
TdP
SOMMAIRE :
- Edito
CORPUS
- Joseph Goebbels, l’inventeur de la propagande d’état – Thomas de Pieri
- Evolution de la publicité télévisée en France depuis 1968 : une histoire de la colonisation des esprits – Thomas de Pieri
- Le coq – Robert Thyl
- Domestication – Robert Thyl
RUBRIQUES DIVERSES
- L’olivier – Hemma
- Le gâteau aux figues – Alwina
Disponible sur : Equinoxe