Le Harfang – Pour la reconquête de notre peuple – Dernier numéro

C’est avec un brin de tristesse que nous annonçons ce Harfang, le dernier d’une saga de plus d’une douzaine d’années. L’équipe vous remercie de votre soutien et votre confiance au fil des ans.
ÉDITORIAL :
Ce n’est pas de gaieté de cœur que je me suis assis, ce mois-ci, pour rédiger cet éditorial. Au fil des ans, il m’est arrivé de repousser la date butoir par manque d’inspiration ou en raison d’événements ponctuels. Mais c’est bien la première fois que je diffère le travail, que je m’y attelle pour finalement tout effacer et tout recommencer… avant de replonger dans le cercle vicieux de la procrastination.
C’est que le numéro que vous tenez entre vos mains est un numéro historique. Il s’agit du dernier numéro du Harfang. Avec ce numéro, nous mettons fin à une aventure commencée il y a maintenant treize ans, jour pour jour.
À l’époque, nous vivions un vide médiatique incroyable : les nationalistes n’avaient absolument aucune voix publique. Le combat est loin d’être gagné, mais d’autres voix se sont jointes à nous et ont su perdurer. Des voix avec lesquelles nous ne sommes pas toujours d’accord, mais qui, dans l’ensemble, partagent une vision du monde et des objectifs similaires aux nôtres.
Un des buts que nous nous étions fixés a été atteint : certains sujets, comme l’immigration de masse, ne sont plus tabous. Mieux encore, le consensus s’est déplacé et ils sont désormais bien peu nombreux à défendre le « grand remplacement ». Notons toutefois, avant de nous péter les bretelles, que ce changement d’opinion populaire tient davantage aux problèmes liés à la présence de plus en plus pesante de ces Néo-Canadiens qu’à nos propres efforts.
Aujourd’hui, nous accrochons nos patins. Non pas parce que nous avons triomphé, mais parce que Le Harfang ne peut plus continuer ainsi. Nous avons œuvré pendant treize ans sans jamais rater une parution. Mais force est de constater que l’équipe, qui n’a pas su se renouveler, est aujourd’hui exténuée.
Et puis, on le sent : les lecteurs aussi sont fatigués. Les réabonnements peinent à entrer et les nouveaux abonnés se font rares. Bref, notre lectorat, pour mille et une raisons, se réduit inexorablement. La crise des médias papier, l’augmentation du coût de la vie, l’abondance de contenu gratuit accessible en un clic, etc. Tous ces facteurs ont déjà été amplement analysés, pas seulement par nous.
Les critiques, venant d’une frange de lecteurs, sont aussi devenues plus fréquentes — toujours pour des enjeux secondaires. Trop anti-Trump et trop pro-palestiniens pour certains ; trop pro-russes, alors que d’autres nous trouvent trop pro-ukrainiens… Il semble qu’une partie de nos lecteurs s’intéresse davantage à ce qui se passe ailleurs qu’à ce qui se passe ici. Ce manque de maturité politique, qu’on pourrait facilement balayer du revers de la main, mine quand même notre travail. Car nous devons répondre à ces critiques, et cela entraîne souvent des désabonnements.
Et puis, il y a les frais qui explosent. Nous avions maintenu nos abonnements au même tarif, mais les prix d’expédition ont plus que doublé depuis nos débuts. Un timbre coûtait 1,80 $ ; aujourd’hui, expédier un numéro coûte 4,29 $. Sans parler du prix des enveloppes, qui a lui aussi doublé. Nous devrions répercuter ces frais sur nos abonnés, mais cela ne ferait qu’aggraver les pertes.
Bref, nous ne pouvons continuer ainsi. Et la perte de Simon Préseault, notre infatigable infographiste, est venu boucler la boucle. Pendant des années, il a travaillé dans l’ombre, sans jamais faillir. C’est lui qui, chaque mois, donne vie au Harfang en agençant nos articles en un tout cohérent. Il faut avoir travaillé en infographie pour comprendre à quel point cette tâche est ardue et ingrate — surtout pour quelqu’un qui n’avait ni études ni expérience dans ce domaine avant de se lancer tête baissée dans ce défi titanesque. Parti pour des raisons familiales, Préseault fut un camarade de lutte dévoué comme on en rencontre peu dans une vie. Dire qu’il est irremplaçable au Harfang n’est pas une exagération : c’est un euphémisme.
Nous tournons donc la page définitivement sur ce qui fut une aventure militante et intellectuelle à la fois stimulante et rassembleuse.
Au final, nous ne serons qu’un chapitre dans l’histoire, relativement décousue, du nationalisme canadien-français. Depuis les années 1930, les mouvements vont et viennent avec peu de continuité. C’est l’un des principaux drames de notre mouvance au Québec : à chaque fois, il faut tout recommencer, et trop souvent l’ensemble repose sur une seule personne qui fait office de dynamo, de porte-parole et d’organisateur. Quand cette personne ne peut plus remplir son rôle, l’organisation sombre et tout est à rebâtir. Nous avons voulu éviter ce piège en passant le flambeau, mais c’est plus facile à dire qu’à faire.
Ce drame, tous les mouvements l’ont connu, ce qui explique l’absence de structures pérennes comparables à celles qu’on retrouve ailleurs. En Europe les leaders et les cadres passent, mais l’organisation demeure, reposant non pas sur un militant particulier, mais sur un ensemble cohérent soudé par une structure.
Pour avancer, il nous faut non pas des sprinteurs, prêts à donner le maximum sur une courte période, mais des marathoniens, avançant à un rythme soutenu sur la longue durée. Le premier se joint à une organisation persuadé de pouvoir changer le monde. Il multiplie les sorties publiques, prend des risques inutiles et, voyant que ses efforts n’aboutissent pas aux résultats espérés, il quitte et abandonne la politique. Le coureur de fond, lui, économise ses forces car il sait que le combat sera long. Il sait aussi que les résultats sont incertains, mais réels. C’est lui qui fonde des organisations solides ; c’est sur lui que repose l’avancée de nos idées.
Nous avons toujours promu ce modèle.
Le Harfang fut une aventure de constance, mais aussi d’évolution. Les premiers numéros étaient — graphiquement parlant — d’un amateurisme désarmant. À l’époque, il n’existait pas encore d’applications permettant de créer une revue « clé en main », et votre rédacteur en chef s’attelait lui-même à la mise en page sur Pages, avant de se charger de l’impression — en noir et blanc, évidemment. Puis nous avons eu la chance de bénéficier de l’aide d’un infographiste professionnel, ce qui a permis de professionnaliser davantage notre présentation. Nous sommes alors passés à l’impression professionnelle, obtenant une revue qui n’avait rien à envier à celles du système.
Sur le plan des idées, il faut rappeler que la revue est issue de la Fédération des Québécois de souche. Comme son nom l’indique, il s’agissait d’une fédération, donc d’une coalition réunissant diverses tendances. Des néofascistes aux militants identitaires en passant par les catholiques traditionnalistes, Le Harfang offrait une voix à ceux qui n’en avaient pas. Nous avons pu compter sur une grande diversité d’opinions. Dans un même numéro, on retrouvait par exemple le laïciste d’Hérouxville André Drouin, un prêtre traditionnaliste écrivant sous pseudonyme, l’eurasiste russe Alexandre Douguine et la militante d’Azov Olena Semeniaka. Nous en avions pour toutes les tendances. Le ciment qui nous unissait — et nous unit encore — c’était le désir de voir notre peuple survivre. Tout simplement. Cela peut sembler aller de soi, mais à l’heure du Grand Remplacement, ce simple refus de mourir fait de nous des dissidents.
Nous avons travaillé avec toutes les organisations qui ont voulu travailler pour le bien commun. Malheureusement, ces noms n’évoquent aujourd’hui plus rien, chacun s’étant éteint après quelques années d’activisme et de bonne volonté. Que reste-t-il de la Légion Nationale, de Faction nationaliste, de Troisième Voie, du Cercle des amis de Raoul Roy, de Tradition Québec, d’Atalante, de la Fédération des Québécois de souche… Plus rien. Les organisations actuelles et futures doivent penser au long terme, sinon, tout sera toujours à recommencer.
Nous avons offert à nos lecteurs des analyses de qualité, plus développées que celles des grands médias souvent manichéens et superficiels. De plus, nous avons refusé de nous laisser guider par les modes passagères ou par des enjeux ponctuels, préférant nous concentrer sur une vision d’ensemble.
Nous savions que nous nous adressions à une minorité — que nous espérions une minorité agissante. Nos appels à l’action, relayés durant des années, ont permis de petites victoires, car nos lecteurs étaient — et sont toujours — des acteurs engagés de la société. Qui d’autre prendrait le temps de s’abonner à une revue comme la nôtre ?
Notre lectorat fut donc limité en nombre, mais incomparable en qualité. Des gens dévoués, qui réussissent dans la société. Nous sommes à des années-lumière des stéréotypes véhiculés par nos adversaires, qui présentent les identitaires comme des déclassés frustrés. Au contraire, un bref aperçu de notre lectorat confirme qu’il s’agit de gens compétents, qui réussissent leur vie professionnelle et privée, tout en s’engageant, par pur altruisme, dans une cause dont ils ne retirent aucun bénéfice personnel. C’est vrai pour nos lecteurs, mais aussi pour l’équipe de rédaction, qui a su relever le défi titanesque de produire une revue de haut calibre, sans rémunération, dans ses temps libres. L’abnégation nécessaire à un tel exercice force le respect.
Plusieurs d’entre vous ont particulièrement apprécié tel ou tel auteur. Aussi, avant de boucler ce dernier éditorial — le plus long et le plus émotif — je vous invite à découvrir les plateformes où vous pourrez continuer à lire nos contributeurs :
- Anthony Tremblay – https://anthonytremblay1991.wordpress.com
- Sylvain Gauthier – https://sylvaingauthierauteur.ca
- Georges Feltin-Tracol- Euro-Synergies (http://euro-synergies.hautetfort.com/), Terre et Peuple (https://www.terreetpeuple.com/), Synthèse nationale (http://synthesenationale.hautetfort.com/) et VoxNR (https://www.voxnr.fr/).
Quant à moi, loin de me retirer, je continuerai à œuvrer pour une cause qui nous dépasse. Certains de mes ouvrages sur l’histoire du nationalisme américain seront bientôt publiés en France dans les collections « Qui suis-je? » et les « Cahiers d’histoire du nationalisme ». Je continuerai à apporter ma contribution à American Free Press et diverses revues françaises, dont ZentroMag et Livr’arbitres.
Nous vous invitons à suivre Nomos-TV, la plateforme québécoise la plus professionnelle et la plus pertinente. Alexandre Cormier-Denis et Philippe Plamondon font un travail incroyable pour la défense de notre ethnie depuis déjà plusieurs années. Une fois ce numéro refermer, il ne faut pas baisser les bras, mais au contraire rechercher mille et une façons de faire porter notre message.
Rémy Tremblay
SOMMAIRE :
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Jeune Nation TV










Il est impossible de ne pas passer par des phases de découragement, de désespoir même… qui bien souvent nous laissent désabusés et sans ressort.
C’est pourquoi une chose ne doit jamais s’éteindre en nous : la haine du gauchiasse et du Système. C’est elle seule qui pourra permettre, au temps marqué, le sursaut salvateur !
Et retenons ceci :
« Pour avancer, il nous faut non pas des sprinteurs, prêts à donner le maximum sur une courte période, mais des marathoniens, avançant à un rythme soutenu sur la longue durée. Le premier se joint à une organisation persuadé de pouvoir changer le monde. Il multiplie les sorties publiques, prend des risques inutiles et, voyant que ses efforts n’aboutissent pas aux résultats espérés, il quitte et abandonne la politique. Le coureur de fond, lui, économise ses forces car il sait que le combat sera long. Il sait aussi que les résultats sont incertains, mais réels. »