S’il y a quelques ouvrages qui ont atteint le statut de livres mythiques parmi les mouvements nationalistes, on peut aisément classer parmi ceux-là les deux œuvres de William Pierce, Les Carnets de Turner et Hunter.
Comme la majorité d’entre nous, chez qui l’on retrouve bien souvent cette familière couverture rouge ornée de deux silhouettes faisant feu, j’avais pu lire les Carnets de Turner il y a quelques années, à l’occasion de son excellente traduction française, et partager les peurs, les peines et les souffrances d’Earl Turner au fil de sa formidable épopée.
C’était donc avec une grande impatience, et une certaine fébrilité, que j’ouvrais enfin ce superbe ouvrage, à la même couverture rouge, simplement ornée, cette fois, d’un poing vengeur, braquant un pistolet équipé d’un silencieux.
Les premières lignes nous remettent immédiatement dans le bain des Carnets de Turner, avec ce même style épuré, direct, au rythme haletant et à l’action brute.
Il faut d’ailleurs signaler l’excellence de la traduction de cet ouvrage, et féliciter les camarades ayant certainement dû endurer de nombreuses relectures, car les erreurs et coquilles y sont extrêmement rares.
Si le style est très proche, voire identique à celui de son prédécesseur, et que l’on se surprend par moment à penser que le héros va croiser la route de Turner au fil des pages, l’histoire et le déroulement des faits sont par contre extrêmement différents.
En effet, Hunter axe sa narration sur son héros, Oscar Yeager, vétéran de l’armée, qui choisit l’action ciblée et solitaire face à l’horreur de notre société cosmopolite.
Au commencement de l’ouvrage, Yeager est un citoyen américain dont le principal problème politique est le métissage galopant qu’il constate sous ses yeux chaque jour.
Si ces actions sont parfaitement détaillées dans l’ouvrage, l’intérêt de l’œuvre ne réside pas sur ce point.
En effet, très rapidement, notre héros va se retrouver en contact avec deux personnages aux idées très proches mais aux visions du monde fondamentalement opposées, et c’est à partir de ses rencontres que le livre va prendre un tournant doctrinal très marqué.
Là où l’on pouvait considérer les Carnets de Turner comme un ouvrage orienté vers une action presque « Holywoodienne », Hunter prend une dimension politique que l’on ne soupçonnait pas.
Oscar Yeager, au début du livre, est un électron libre, une personne qui a saisi une partie des réalités du monde moderne, et qui réagit aux problèmes qui l’assaillent frontalement : le métissage, l’invasion et le chaos racial.
Lors de ses discussions avec les deux autres personnages principaux du roman, il va gagner une dimension politique bien plus poussées, et va commencer à entrevoir les ficelles tirées par les marionnettistes de notre déchéance.
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est la réaction de Yeager face aux révélations qui lui sont faites lors de ses longues discussions politiques.
Yeager est constamment dans la discussion des théories politiques qu’on lui expose. Pierce lui fait rejeter en bloc toute idée préconçue qu’on lui formule, et notre héros est en quête d’explications et de preuves permanentes.
On assiste alors à de très longues, mais passionnantes, discussions où Pierce fait soulever des points de contestations très pertinents à Yeager, pour mieux les réfuter par de limpides démonstrations par le biais des autres interlocuteurs du héros.
Là est le cœur de l’ouvrage, car sous couvert d’un roman d’action, Pierce nous livre en fait une doctrine efficace en exposant ses propres théories politiques d’une radicalité dont on ne doutait pas une seule seconde.
Mieux encore, par le soin apporté aux réponses faites aux interrogations de Yeager, Pierce fournit une réponse argumentée, complète et réutilisable à souhait, aux questions que pourraient se poser des personnes alertes sur la situation de leur pays, mais n’osant pas voir plus loin que les manifestations d’un mal bien plus profond.
Hunter décrit en fait, avec minutie, l’évolution idéale que peut connaître le militant lambda rejoignant un mouvement nationaliste : il y entre en réaction aux agressions immédiates qu’il subit quotidiennement, puis il acquiert une compréhension du monde et des jeux de pouvoir qui nous entourent.
D’ailleurs, Pierce oppose deux protagonistes dans l’évolution du héros, l’un fait parti d’un mouvement nationaliste radical, à travers lequel on pourrait voir l’incarnation de Pierce, tandis que l’autre est un homme travaillant pour le FBI.
Le premier souhaite réveiller les consciences américaines par la propagande de messages politiques, tandis que l’autre considère que la masse ne peut pas apprendre et qu’elle ne peut, au mieux, que se ranger derrière un leader lorsqu’elle est acculée au bord du gouffre après avoir subi souffrances et privations.
Le travail de Pierce sur ce pan de l’œuvre est extraordinaire car les arguments développés par les deux parties sont réellement intéressants, et malgré l’âge de livre, continuent à être très contemporains. Notre héros sera souvent balancé entre ces deux visions du monde, jusqu’à son choix final que je vous laisse découvrir.
Pour cet aspect de son œuvre, Hunter est vraiment un livre indispensable et, à mon sens, dépasse largement les Carnets de Turner, par son développement doctrinal pointu.
On en viendrait même à regretter finalement les scènes d’action, parfois un peu trop spectaculaires, qui viennent entrecouper les discussions politiques entre les personnages, que l’on aurait aimé voir encore plus développées.
Il est certain, en conclusion, que Oscar Yeager mérite largement sa place aux côtés de Earl Turner dans toute bonne bibliothèque, et que l’amateur de roman d’action, tout comme celui de doctrine politique, y trouveront tous deux leur compte. Un livre à acheter, à lire et à diffuser de toute urgence.
Andrew MacDonald, Hunter, White revolution book, 2009. Prix maximum conseillé : 19€. Le livre est disponible chez Akribéia.
Commentaires 3