Comment criminaliser la pensée rationnelle :
Silence des médias occidentaux, lâcheté des dirigeants et pensée sophistique
La ligne politique éditoriale de tous les grands médias occidentaux diffuse depuis la fin de la deuxième guerre mondiale la haine du sentiment nationaliste, même et surtout d’un nationalisme pacifique. La conséquence, dans le délabrement de la pensée sophistique des ‘élites’ occidentales, est : d’accepter, par inversion accusatoire, l’impérialisme, voire le colonialisme de certains pays.
Fin avril 2021, dans un rapport de 220 pages et plus de 800 références, l’ONG de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) accusera Israël de crimes d’Apartheid et de persécution en Palestine occupée. Pour Kenneth Roth, son directeur, cette étude s’appuie sur le droit international, selon lequel l’intention de domination caractérise tout apartheid.
« Le droit pénal international a défini deux crimes contre l’humanité pour des situations de discrimination et de répression systématiques : l’apartheid et la persécution. Les crimes contre l’humanité comptent parmi les plus odieux en vertu du droit international. Au fil des ans, la communauté internationale a détaché le terme d’apartheid de son contexte sud-africain d’origine, élaborant une interdiction juridique universelle de cette pratique, reconnue comme crime contre l’humanité selon les définitions énoncées dans la Convention internationale de 1973 sur la répression et la répression du crime d’apartheid et le Statut de Rome de 1998 de la Cour pénale internationale (CPI). »
Eric Goldstein le Directeur adjoint de « Middle East and North Africa, HRW » précise que « les forces israéliennes ont régulièrement tiré sur des manifestants palestiniens et d’autres personnes qui se sont approchées des clôtures séparant Gaza et Israël dans des circonstances où ils ne posaient pas de menace imminente à la vie, tuant 214 manifestants rien qu’en 2018 et 2019 et en mutilant des milliers d’autres ». Ces crimes d’État contre une population qui résiste avec des moyens dérisoires par comparaison avec celles de l’occupant israélien sont rarement mentionnés dans des médias occidentaux qui ont l’habitude, depuis des décennies, de regarder dans une autre direction.
Un documentaire d’Élise Lucet, dans l’Émission « Envoyé spécial de France 2 » du jeudi 11 octobre 2018 donnera, à une heure de grande écoute, la parole à un soldat de Tsahal qui reconnaissait que cette armée conseillait des tirs incapacitants. On montrait la rééducation de jeunes Palestiniens ayant perdu une jambe. « Alaa, 21 ans, rêvait de devenir le champion palestinien de cyclisme sur route. Mais le 30 mars dernier, une balle a emporté sa jambe droite et tous ses espoirs. Mohamad, 13 ans, aimerait devenir médecin. Lui aussi a été amputé, comme Atallah, 17 ans, et tant d’autres. Tous ont perdu leur jambe sous les tirs des snipers israéliens lors d’une « marche du retour ».
La seule chose qu’avait trouvé à faire l’ambassade israélienne c’est de demander l’interdiction de cette diffusion à la télévision à cause des risques de réactions antisémites !
Environ 6,8 millions d’Israéliens juifs et 6,8 millions de Palestiniens vivent aujourd’hui entre la mer Méditerranée et le fleuve Jourdain. Cette région englobe Israël et le Territoire palestinien occupé (TPO), constitué de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et de la bande de Gaza.
Dans la majeure partie de cette région, Israël est l’unique puissance gouvernante ; dans les autres parties, Israël exerce l’autorité première, parallèlement à une autonomie palestinienne limitée. Dans la plupart des aspects de la vie quotidienne, les autorités israéliennes privilégient méthodiquement les Israéliens juifs et exercent une discrimination à l’égard des Palestiniens…Ces autorités ont, à des degrés divers, dépossédé, confiné, séparé de force et asservi des Palestiniens en raison de leur identité. Dans certains endroits, comme le décrit ce rapport, ces exactions sont si graves qu’elles constituent des crimes contre l’humanité d’apartheid et de persécution…Chaque jour, une personne naît à Gaza dans une prison à ciel ouvert, en Cisjordanie en l’absence de droits civils, en Israël avec un statut juridique inférieur et dans les pays voisins avec de fait un statut de réfugié à vie, comme leurs parents et grands-parents avant eux, uniquement parce que ces personnes sont palestiniennes et non juives. « Il n’y a pas de pays dans le monde qui soit plus clair dans ses politiques d’apartheid qu’Israël », a déclaré Nabil Shaath, un conseiller principal du président palestinien Mahmoud Abbas. « C’est un État fondé sur des décisions racistes visant à confisquer des terres, à expulser des populations autochtones, à démolir des maisons et à établir des colonies. »
Exemples emblématiques : George Floyd, Iyad al-Halak et Abdu Fatah al-Sharif. Dans certains cas, les médias occidentaux dorment.
1-George Perry Floyd, afro-américain de 46 ans, a été tué le 25 mai 2020 par un policier de Minneapolis.
Le policier Derek Chauvin, avait maintenu son genou sur son cou pendant près de 9 min, provoquant ainsi sa mort par étouffement. George Floyd avait, pendant ces 9 minutes, supplié à plusieurs reprises manifestant sa difficulté à respirer. Le policier Derek Chauvin a été déclaré coupable le 20 avril 2021 d’homicide involontaire et de meurtre au deuxième degré. L’annonce du verdict a suscité une explosion de joie devant le tribunal. Le juge doit prononcer la peine définitive dans quelques mois. L’incrimination la plus grave, meurtre au deuxième degré, peut entraîner jusqu’à quarante ans de prison. Cette mort a conduit à l’explosion médiatique du mouvement BLM (« Black Lives Matter », La Vie des Noirs Compte), un mouvement né aux USA au début des années 2010 et qui affiche sur Google plus de 96 millions de citations en janvier 2021.
2-Iyad al Halak, palestinien, autiste de 32 ans, a été tué le 30 mai 2020 par la police israélienne des frontières dans la vieille ville de Jérusalem.
Cette police avait confondu son téléphone portable avec une arme (sic). Halak tenait son téléphone à la main et il n’aurait pas compris les ordres lancés par les agents le sommant de s’arrêter, alors qu’il traversait la porte du Lion. Warda Abu Hadid, l’aide-soignante de Halak l’accompagnait à l’institution spécialisée qui le prenait en charge. Des agents ont ouvert le feu, le neutralisant (mortellement), selon la présentation usuelle dans la presse israélienne. Il aurait pris la fuite, à pied, et se serait caché dans un local à poubelles, où il a été abattu. L’aide-soignante a déclaré qu’elle avait tenté de leur dire qu’il était autiste et qu’il ne les comprenait pas. « Il est handicapé, handicapé, dit-elle avoir crié de manière répétée, en hébreu, en direction des agents. Attendez, prenez sa carte d’identité, vérifiez sa carte d’identité », se souvient-elle avoir dit. « Et soudain, ils ont tiré trois balles devant mes yeux », raconte-t-elle. « J’ai hurlé : ‘Ne tirez pas’. Ils n’ont pas écouté, ils n’ont pas voulu m’entendre ». Les deux agents incriminés ont été interrogés après lecture de leurs droits dans la journée de samedi. L’un d’entre eux a été assigné à résidence et son commandant a été libéré.
Son père, Kheiri Halak, a déclaré à la chaîne publique Kan qu’il pensait que son fils tenait dans sa main son téléphone quand la police l’a remarqué.
L’affaire a suscité peu de réactions empathiques dans le monde. Il y a eu peu d’informations dans la presse française ou européenne et en particulier un silence télévisuel total concernant sa mort. Son nom, à la différence de George Floyd, est quasiment inconnu dans le public. Sa mère, Ranad al-Halak, a déclaré depuis la chambre de son fils : « Ils ont versé le sang d’un jeune homme innocent qui n’a pas vécu grand-chose dans cette vie … il était l’une des créatures les plus faibles de Dieu ».
Il y a quelques semaines, au moment du procès de Derek Chauvin, des centaines d’articles seront publiés dans le New York Times (NYT), le Washington Post (WaPo) et la presse occidentale. Ce procès fera les unes à la télévision. Une recherche Google permettra d’évaluer la différence de traitement médiatique entre la mort de Iyad Halak et celle de George Floyd.
En mai 2021 on obtiendra les résultats suivants pour la mesure d’audience de « George Floyd » : 70 millions de ‘hits’ sur Google. Une recherche identique du patronyme « Iyad Halak », en additionnant les citations des différents patronymes, Hallak, Halak, Halaq, Hayak, Hallaq, conduiront à moins de 50.000 ‘hits’.
Dans les grands médias US et occidentaux, on rappellera que Floyd, Afro-américain, a été tué par un policier blanc. Des manifestations pour Halak ont eu lieu à Jérusalem, Tel Aviv et Bethléem en Cisjordanie occupée, où les manifestants ont allumé des bougies et scandé « La vie des Palestiniens compte », dans ce qu’ils ont appelé un acte de solidarité avec les Afro-Américains. Gideon Levy en a parlé et l’écrivain Rogel Alpher, lui-même père d’un enfant handicapé, a écrit dans le journal Haaretz : « Si c’était mon fils, j’aurais du mal à continuer à vivre ». En mai 2021 les ‘hits’ sont toujours des dizaines de milliers de fois plus nombreux pour l’afro-américain que pour le Palestinien.
Dans le cas de la ‘neutralisation’ d’Iyad al Halak, on apprendra quatre mois plus tard, par le TOI du 21 octobre 2020, que malgré les nombreuses caméras présentes sur les lieux, il n’y avait aucune preuve vidéo, ni de la poursuite ni de la fusillade elle-même. Les tirs ont eu lieu dans un local appartenant à la municipalité de Jérusalem et administré par une entreprise de nettoyage privée. Les caméras à l’intérieur n’étaient soi-disant pas branchées. En Israël où les caméras vidéo surabondent dans les lieux publics, elles semblent souvent en panne. Les seules vidéos accessibles sont celles prises par des témoins ayant assisté à l’évènement ou celles de l’association de défense des droits de l’homme B’Tselem. Le commandant de l’officier qui a tiré, participé à la poursuite et qui était présent à la fusillade, ne sera pas inculpé. Finalement, « après avoir examiné toutes les circonstances de l’incident, il a été décidé de clore ce dernier dossier, car aucune infraction pénale n’est apparue dans sa conduite. Il a agi exactement de la manière qu’on attendait de lui dans cet endroit explosif appelé Moyen-Orient : il a poursuivi quelqu’un qu’il croyait être un terroriste qui a finalement été abattu », a déclaré Oron Schwartz, qui représentait le commandant de la police, dans un appel téléphonique au Times of Israel. « C’est une tragédie, bien sûr, et nos cœurs sont avec la famille ». Le ministre de la Justice, Avi Nissenkorn, a fait lui l’éloge de ce qu’il a appelé « le traitement professionnel de la question » par le département des affaires intérieures.
3-La neutralisation d’Abdel Fattah al-Sharif
Les exécutions par l’armée israélienne de manifestants non armés sont fréquentes. Cet exemple particulièrement poignant est celui de l’assassinat, le 24 mars 2016, d’Abdel Fattah al-Sharif qui avait, avec son cousin, attaqué et légèrement blessé deux soldats de l’armée israélienne dans la ville occupée par les colons d’Hébron. Rappelons que la charte fondatrice de la CPI, le Statut de Rome de 1998, statut entré en vigueur le 1er juillet 2002, définit dans son article 8.2.b.viii, p. 7, comme crime de guerre : « le transfert, direct ou indirect, par une puissance occupante d’une partie de sa population civile, dans le territoire qu’elle occupe ». Cet évènement sera un peu médiatisé, beaucoup plus en Israël qu’en Occident d’ailleurs, car à l’inverse du cas d’Halak une vidéo, prise par B’Tselem, sera publiée sur les réseaux sociaux. Le silence télévisuel sera total en France concernant la mort d’Iyad Al Halak, et d’Abdel Fattah al-Sharif des noms qui à la différence de George Floyd sont quasiment inconnus.
L’un des cousins avait été abattu sur le champ (neutralisé selon la formule maintenant consacrée). Elor Azaria, infirmier, qui était sergent de Tsahal à l’époque, avait ensuite froidement assassiné d’une balle dans la tête Abdel Fattah al-Sharif grièvement blessé gisant au sol. Alors qu’il n’avait pas participé à l’arrestation, Azaria était arrivé, l’avait mis en joue posément, onze minutes environ après que Sharif ayant déjà reçu une balle ait été grièvement blessé et désarmé. Azaria n’a jamais exprimé le moindre regret, mais de la fierté, pour ce meurtre, disant que si nécessaire il recommencerait. Au mois de novembre 2017, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le ministre de la Défense Avigdor Liberman, le ministre des Affaires sociales Haim Katz, la ministre de la Justice Ayelet Shaked, le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri ainsi qu’environ 50 autres parlementaires avaient signé une pétition demandant sa libération. Il bénéficiera d’une réduction du tiers de sa peine et ne fera que 8 mois de prison. On se rappellera la déclaration de la philosophe S. Weil : « le terrorisme d’État est pire infiniment pire que celui d’individus irresponsables ».
Une vidéo de cette exécution a été filmée par l’association B’Tselem, une ONG israélienne, le centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupés. La vidéo originale a été censurée mais il existe encore la vidéo ci-dessous, plus courte de durée 3min, où on voit clairement qu’il n’y a aucun geste de secours venant des soldats israéliens qui circulent sur la scène. Aucune attention manifeste et aucun soin au blessé ni ensuite aucune tentative des soldats pour arrêter le meurtrier. Le corps du cousin tué est lui aussi visible.
The Times of Israël, 8 mai 2018 reproduira la photo de la mère d’Abdel Fattah al-Sharif, qui déclarera : « Il n’y a rien à faire, c’est quelque chose de normal pour eux ».
Des déclarations de responsables politiques, militaires ou religieux caractéristiques d’un état d’esprit particulier sont tout aussi normales dans certains médias israéliens. C’est le cas par exemple de Naftali Bennett, alors ministre de l’Économie et chef de « Foyer juif » en 2013 :
« J’ai tué beaucoup d’Arabes dans ma vie. Et il n’y a aucun problème avec ça », ajoutant « préférer que l’on tue ces prisonniers palestiniens plutôt que de les traduire en justice », HuffPost, 4 mars et Le Monde 30 juillet 2013.
Bennett est aujourd’hui pressenti pour une participation au prochain gouvernement israélien.
Les réactions israéliennes à la publication du rapport « Apartheid et persécution en Palestine » de l’ONG Human Rights Watch.
Pour Le Times of Israel (TOI), Jérusalem Post, Jewish & Israel News Algemeiner, Europe Israel News – informations sur Israël, Le Monde Juif – Actualité du monde juif, JForum.fr une information juive sur Israël, Israel news Israel Hayom, Jewish Telegraphic Agency, Jewish Journal, Tablet…, la réaction de la quasi-totalité de la presse juive de langue anglaise ou française a été négative :
« Collection de mensonges et d’inventions », « à la limite de l’antisémitisme », « qui fait partie de la campagne permanente contre Israël », le rapport de B’Tselem est basé sur une « vision idéologique déformée » il est « scandaleusement faible, malhonnête et trompeur », « ce n’est pas simplement une critique forte, c’est une critique existentielle », « De toutes les organisations non gouvernementales qui se sont consacrées à la cause de la diabolisation d’Israël, Human Rights Watch est sans doute la pire et la plus vicieuse », « Alléguer que les politiques israéliennes sont motivées par le racisme est à la fois sans fondement et scandaleux et minimise les menaces très réelles que les terroristes palestiniens font peser sur la sécurité des civils israéliens ». L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Gilad Erdan, a déclaré que « le rapport était à la limite de l’antisémitisme », « Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU est un organe anti-israélien, discriminatoire et hypocrite ». « Ces résolutions sont obsessionnelles, partiales et anti-israéliennes » etc.
A cette lecture on comprend mieux la campagne mondiale en cours de l’IHRA qui a pour objet d’assimiler toute critique d’Israël ou tout soutien à la cause palestinienne à de l’antisémitisme. Noam Chomsky rappelait qu’il y a cinquante ans, l’éminent homme d’État israélien Abba Eban avait déjà écrit que « l’une des tâches principales de tout dialogue avec le monde païen est de prouver que la distinction entre l’antisémitisme et l’antisionisme n’est pas du tout une distinction. L’antisionisme n’est que le nouvel antisémitisme ». Il écrivait le 31 juillet 2020 un article : « Sur la militarisation des fausses accusations d’antisémitisme contre les mouvements progressistes radicaux ».
Israël rejette catégoriquement le terme Apartheid, affirmant que les restrictions qu’il impose à Gaza et en Cisjordanie sont des mesures temporaires nécessaires à la sécurité. 0n peut à juste titre penser qu’après plus de 50 ans d’occupation et la croissance exponentielle de colonies de peuplement, les problèmes de sécurité ne sont qu’une excuse et qu’Israël ayant franchi la ligne jaune, est coupable de crimes contre l’humanité et d’être un régime d’apartheid.
Parmi les rares publications ayant une analyse plus objective de ce rapport, on peut citer : Haaretz, l’organisation B’Tselem et The Jewish Forward. Gideon Levy dans Haaretz du 28 avril 2021 déclare : « Il est bien sûr possible d’argumenter sans fin avec Benjamin Netanyahu, qui nous met en garde avec beaucoup de pathos contre les terribles dommages causés à la célèbre démocratie israélienne et à son État de droit. Nous pouvons continuer à jouer avec nous-mêmes, à profiter de la vie et à mentir comme bon nous semble. Mais lorsque les rapports s’accumulent – en janvier, c’était un rapport de l’organisation israélienne B’Tselem, et maintenant celui de l’organisation américaine HRW – Cela oblige les Israéliens qui ont une conscience à réfléchir au pays dans lequel ils vivent, et oblige les gouvernements à se demander s’ils continueront à embrasser un pays doté d’un tel régime ». La journaliste Hagar Shezaf, fait une analyse équitable dans Haaretz du 27 avril 2021 : Elle résume le rapport en détail sans répéter les accusations usuelles, malhonnêtes et non prouvées, d’antisémitisme.
Il est tout aussi faux de répéter que la Palestine n’existe pas que de présenter des résistants palestiniens comme des terroristes
« Avant tout, ne vous mentez pas à vous-même. L’homme qui se ment à lui-même et écoute son propre mensonge en vient à ne plus pouvoir distinguer la vérité en lui, ou autour de lui, et perd ainsi tout respect pour lui-même et pour les autres ». Fyodor Dostoyevsky, Les Frères Karamazov
On trouve depuis le Paléolithique des traces d’habitation humaine en Palestine. Jéricho est, au 7ème millénaire avant J.-C., une des plus anciennes cités du monde. Les premiers habitants connus de la Palestine sont les Cananéens, une mosaïque de tribus (Hittites, Amorrites, Hivvites, Jébuséens, Amalécites, Édomites…). A sa sortie d’Égypte Moïse verra le Pays de Canaan du haut du Mont Nébo. L’Ancien Testament raconte la conquête de cette Terre promise. Les Hébreux doivent anéantir les autochtones, considérées idolâtres dans la Bible, afin d’en prendre possession suivant la volonté divine. Au moment de la traduction de la Septante en grec, au IIIe siècle avant J.-C., les Juifs d’Alexandrie représentent près du tiers de sa population. A l’époque romaine la Palestine correspond à la province juive de Judée. Dès le début des conquêtes romaines une importante diaspora juive s’installe sur le pourtour de la méditerranée. Shlomo Sand, historien et professeur à Tel Aviv, précise dans son livre « Comment le peuple juif fût inventé » et dans ses vidéos qu’il n’existe pas de décret romain d’expulsion des Juifs de la Judée-Samarie. L’apôtre Paul dans son voyage vers Rome rencontrera les Juifs de la diaspora : ceux d’Antioche et Iconium en Turquie ou Thessalonique en Grèce.
A Rome, la population juive est déjà importante sur le Tibre au moment du procès plaidé par Cicéron, vers 60 avant J.-C. L’auteur de cet article accusera Cicéron, le défenseur de Lucius Flaccus, d’antijudaïsme car il parle de la solidarité des Juifs et de leur influence déjà considérable à Rome. La solidarité des Juifs, dont ils sont et à juste titre très fiers, a une longue histoire.
Au VIe siècle, les chrétiens sont majoritaires en Palestine à leurs côtés on trouve une forte minorité juive, des Arabes païens et une petite communauté samaritaine. La conquête musulmane entraînera de nombreuses conversions.
Jusqu’au XIXe siècle les Juifs sont très minoritaires en Palestine. Il y aura fin XIXe des vagues d’immigration juive en provenance de Russie et le baron Edmond de Rothschild favorisera l’implantation de colonies juives. Aujourd’hui les tests de judéité exigé par le rabbinat sont contestés.
La Palestine occupée : Un avenir sans aucune espérance qui conduit à un comportement suicidaire
Il y a d’abord la volonté israélienne constante de criminaliser sous l’accusation d’anti-sémitisme toute défense du peuple palestinien. La complicité de la plupart des gouvernements qui regardent ailleurs est totale. Quelques exemples, sur quelques jours, rapportés dans la presse israélienne.
– Le 6 mai 2021, il y a eu en Dordogne des rassemblements pour la Palestine. Le journal Jforum, portail juif francophone, en rendra compte en écrivant : « Ce sont encore les idiots inutiles, manipulés par des médias qui trahissent la vérité. »
– Le même jour, 6 mai, le Times of Israel (TOI) rapporte que le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA ) « accuse une professeure de Sciences-Po, spécialiste du Proche-Orient d’être en faveur du mouvement BDS, pour le boycott d’Israël ».
– La veille, 5 mai, le journal ISRAELHAYOM, déclarait : « Human Rights Watch va au-delà de l’antisémitisme », cela alors que le rapport de HRW est accablant pour la politique d’apartheid israélienne en Palestine. Les nombreux tableaux de ce texte comparant les conditions de vie des Palestiniens et des Israéliens dans les territoires occupés ou en Israël ne sont jamais critiqués car ils sont indiscutables.
– Le TOI du 2 mai rapporte qu’une femme sexagénaire « s’est approchée d’un groupe de soldats avec un couteau à la main et a voulu les poignarder. Un soldat lui a tiré une balle dans la jambe et elle a été emmenée à un centre médical de Jérusalem dans un état critique. Il y a dans l’article une courte vidéo où on voit deux soldats puissamment armés, casqués, avec gilets pare-balle et à une dizaine de mètres cette dame âgée, en djellaba, tête couverte d’un foulard, cabas sur l’épaule et agitant un couteau de cuisine, dont le journal donne une photo, dans la main gauche ». Le contraste entre ces deux militaires et cette femme est saisissant. Il y a de plus quelque chose qui ne va pas, une balle dans la jambe ne colle pas avec son état critique rapporté.
Il faut lire le journal israélien beaucoup plus objectif du même jour, Haaretz, pour comprendre : « Alors qu’elle continuait à marcher vers eux, deux balles ont été tirées sur elle. Elle a été blessée à la poitrine et aux membres. »
Le journal Le Monde Juif titrera le 2mai : « Barbarie palestinienne : tentative d’attaque au couteau, la terroriste neutralisée, elle a été neutralisée par le tir d’une balle dans la jambe après avoir tenté de poignarder un soldat. » Même omission d’une balle dans la poitrine et mensonge sur la tentative de poignarder un soldat qui se trouve à plusieurs mètres.
Le Jewish & Israel News Algemeiner du 2 mai rajoute quelques détails : « Ce matin, nous avons été témoins d’une nouvelle tentative de faire du mal aux Juifs simplement parce qu’ils sont juifs », seul le tir dans la jambe est mentionné. L’article rapporte à cette occasion deux autres « neutralisations » à cette jonction Gush Etzion située au sud de Bethléem, « le 31 janvier, un assaillant a été abattu après avoir chargé des soldats avec une lance improvisée (sic) et le 5 janvier, un terroriste brandissant un hachoir à viande (re-sic) a été abattu par un civil présent sur les lieux ».
Aaron Boxerman dans le TOI du 3 mai 2021donnera sa version : « la Palestinienne tuée lors d’une attaque souffrait de troubles mentaux. Un psychiatre a déclaré qu’elle refuse toute thérapie et médicaments et espère la mort et le suicide. L’armée israélienne a estimé que l’attaque était manifestement un acte de terrorisme et a empêché la libération du corps d’Al-Hroub. Israël a une politique controversée consistant à conserver les corps des terroristes présumés à des fins de dissuasion ».
Aucun journal n’abordera ce problème d’un désespoir si fort chez certains jeunes et moins jeunes dans la société palestinienne qu’il conduit à la recherche d’un suicide plus glorieux que la servitude. Si le gouvernement israélien reconnaissait l’indépendance à la zone palestinienne attribuée par L’ONU en 1947, tous les troubles actuels, consécutifs aux actes de résistance des mouvements palestiniens (appelé terrorisme comme le font toutes les forces d’occupation dans le monde) cesseraient progressivement. Mais Israël a eu dès le début eu une tout autre vision que l’Occident ne veut pas voir : Prendre par la technique du voleur chinois toute la terre.
Les Neutralisations mais aussi les humiliations sont nombreuses
– Said Odeh, un Palestinien de 16 ans a été tué lors d’affrontements avec des soldats israéliens, au nord de la Cisjordanie, TOI, 5 mai 2021. « Le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu’un autre adolescent avait été modérément blessé par une balle dans le dos. L’armée israélienne a déclaré qu’elle allait ouvrir une enquête sur l’incident ». De telles enquêtes n’aboutissent jamais sauf si B’Tselem ou un particulier ont pu prendre une vidéo, ce qui est rarement possible.
Il faut lire Haaretz, 5 mai 2021, pour avoir des renseignements plus précis. On y apprend que « le ministère palestinien de la Santé a déclaré qu’il avait reçu une balle dans le dos lors de « confrontations » près de la ville de Naplouse en Cisjordanie ».
– Un acte cruel et humiliant sur une femme palestinienne ne sera rapporté que par Haaretz le 21 avril 2021 : « Les femmes soldats israéliennes l’ont prise à part et l’ont déshabillée. La cruauté n’a fait que commencer. L’acte malsain était une fouille vaginale et anale – deux fois dans chaque orifice. Même dans ce cas, il n’y a pas de prix à payer. Confirmant ce que nous savions déjà : le service de sécurité Shin Bet peut agir en toute impunité, quoi que fassent ses employés. La première enquête criminelle sur des agents du Shin Bet jamais ordonnée par le ministère de la justice a été clôturée sans fanfare et sans aucune inculpation, même si les actes répréhensibles ont été constatés par des personnes autres que la victime – des soldats, en l’occurrence ».
Tout cela s’est terminée par une enquête sur des officiers israéliens pour viol. Haaretz, 21 avril. « Le personnel du Shin Bet, des officiers de Tsahal, un médecin de l’armée et un commis ont entrepris une fouille très invasive d’une détenue palestinienne. Elle ne représentait pas un danger clair et présent. Les renseignements ne justifiaient pas un acte aussi extrême ». La semaine dernière, l’enquête sur les soupçons de viol et de sodomie à l’encontre de toutes les personnes impliquées a été clôturée. Haaretz a obtenu la transcription de leur interrogatoire, Haaretz, 22 avril 2021.
« Il s’agissait de l’une des enquêtes les plus épineuses menées ces dernières années – motivée par le soupçon que des agents du service de sécurité Shin Bet et des officiers des Forces de défense israéliennes avaient demandé à deux femmes soldats de procéder à une fouille invasive des parties les plus sensibles du corps d’une Palestinienne. L’affaire était si délicate que le procureur général a convoqué une réunion spéciale pour en discuter. « Si nous n’enquêtons pas sur cette affaire, la Cour pénale internationale de La Haye (CPI) le fera », a déclaré l’une des personnes présentes ».
Quels moyens ont les Palestiniens de faire respecter leurs droits ?
– La recherche d’une paix en Palestine par la création de deux États apparaît comme une sinistre comédie. Le TOI publie le 6 mai 2021 : « Washington est très inquiet du projet de loi israélien légalisant 70 avant-postes sauvages ». Un membre du Département d’État a fait remarquer que « la communauté internationale considère toutes les activités de peuplement comme illégales ». Les communautés sauvages sont même considérées comme illégales par Jérusalem et Israël devrait éviter « d’exacerber les tensions » ». La charte fondatrice de la CPI, le Statut de Rome de 1998, statut entré en vigueur le 1er juillet 2002, définit comme crime de guerre : « le transfert, direct ou indirect, par une puissance occupante d’une partie de sa population civile, dans le territoire qu’elle occupe ». Tel est le cas de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, quant à Gaza ce n’est qu’une prison à ciel ouvert.
– Haaretz est le seul journal à rappeler ces faits. Dans un article du 2 mai 2021 qui titre : « Juifs américains, cessez de financer le terrorisme juif ». « Les extrémistes Juifs d’extrême-droite qui se déchaînent violemment contre les Palestiniens sont soutenus par un réseau complexe de sources de financement tant en Israël qu’aux États-Unis. Il est de notre devoir moral de dénoncer ce financement. Il y a deux semaines, beaucoup d’entre nous ont vu avec horreur des jeunes Juifs d’extrême-droite marcher de la place de Sion jusqu’au quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est, en scandant « Mort aux Arabes » et en agressant les résidents palestiniens, lors d’un événement organisé par Lehava, une organisation juive extrémiste violente ».
Dans un article Israël du 22 avril 2021, Gideon Levy rappelle : « Israel débat de son traitement des vétérans de Tsahal mais continue de terroriser les Palestiniens ».
– Tous les journaux israéliens, TOI, Jerusalem Post, Haaretz… ont parlé de l’attaque en Cisjordanie occupée où des terroristes ont ouvert le feu depuis une voiture, touchant trois civils, dont deux grièvement. Pour éviter de tels drames la solution est toujours la même, deux États, mais les politiques et la population juive sous la pression des colons ne veulent pas l’envisager.
– Un dernier exemple est donné par un homme au sommet du pouvoir aux USA. John Brennan, NYT, 27 avril 2021 a été le directeur de la CIA pendant les 5 ans de la présidence Obama. Il raconte : « Un soir récent, j’ai regardé « The Present », un court métrage de Farah Nabulsi, une cinéaste palestinienne, qui a été nominée pour l’Oscar du court métrage en prise de vue réelle…Étudiant à l’Université américaine du Caire, j’étais enthousiaste à l’idée de visiter Jérusalem et de passer la veille de Noël à Bethléem. J’ai rejoint une file relativement courte, qui avançait à un rythme régulier et efficace. À quelques mètres de là, je pouvais voir des hommes, des femmes et des enfants dans une file beaucoup plus longue, entièrement fermée par un grillage en acier portant l’inscription « Palestiniens et Arabes ». J’en ai vu plusieurs soumis à l’impolitesse et à des fouilles agressives par des soldats israéliens ».
Brennan manifeste dans cet article de l’empathie pour les souffrances du peuple palestinien, un sentiment absent dans la presse juive. Cela a été insupportable pour la presse israélienne.
– l’Allgemeiner du 27 avril 2021 titrera (le même jour) : « L’essayiste du New York Times, chef de la CIA d’Obama, exaspère les Juifs en accusant une nation « meurtrie » de manquer d’empathie ». David Bernstein, professeur de droit à l’université George Mason écrira : « La leçon de 2000 ans de persécution du peuple juif est qu’Israël devrait se conformer aux normes morales de John Brennan. Le niveau de stupidité(sic) et d’arrogance(re-sic) ici est incroyable ».
– Tablet du 29 avril, après une attaque ad hominem, parlera de plus d’antisémitisme : « Brennan est sentimental, avec une bonne dose d’antisémitisme par-dessus, tout comme ses décennies de mauvaises évaluations du renseignement. Ce qui est encore plus frappant que l’antisémitisme à peine voilé dans les déclarations publiques de l’ex-chef de la CIA, c’est son hypocrisie onctueuse. La réponse ce sont ces familles israéliennes – dont des dizaines de milliers ont vu leurs proches blessés ou tués dans des attaques terroristes palestiniennes ». Dans cette péroraison le journaliste semble ignorer que les Israéliens sont la puissance occupante et les Palestiniens les autochtones occupés, et que ce sont des millions de Palestiniens, dont les droits de résistance sont inaliénables, qui ont vu depuis 70 ans des centaines de milliers de leurs proche blessés ou tués.
– La capture d’écran du journal particulièrement excessif : le Monde Juif Info du 30 avril 2021 en dit autant sur les lecteurs de ce journal que sur les journalistes.
Le poids de la religion et du Talmud en Israël
Israël Shahak, fondateur de la Ligue israélienne des Droits de l’Homme, professeur de chimie à la retraite, né à Varsovie en 1933, qui a passé son enfance dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, est arrivé en Israël en 1945. Il a étudié le judaïsme, les traditions rabbiniques et talmudiques et explique le problème lié à la difficulté de se comprendre dans son livre : « Histoire Juive – Religion Juive, Le poids de 3 millénaires », 1996- La Vielle Taupe. Dans de nombreux cas, des termes généraux tels que ‘ton semblable’, ‘étranger’, ou même ‘homme’ sont pris dans un sens très réducteur et chauvin. Le célèbre verset « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévitique, 19 :18) est compris par le judaïsme classique (et orthodoxe actuel) comme l’ordre d’aimer son prochain juif, et non pas humain en général. Israël Shahak avait été témoin : « à Jérusalem, un Juif ultra religieux avait refusé qu’on utilise son téléphone, un jour de sabbat, pour appeler une ambulance au secours d’un voisin non juif terrassé par une attaque. J’avais alors demandé une entrevue avec le tribunal rabbinique de Jérusalem si cette façon de faire s’accordait avec leur interprétation de la religion juive. Ils m’ont répondu que le Juif en question avait eu un comportement correct, et même pieux, et m’ont renvoyé à certains passages d’un abrégé des lois talmudiques, compilé en notre siècle. Ni les autorités rabbiniques israéliennes, ni celles de la diaspora, ne sont revenues sur cet arrêt : un Juif ne doit pas violer le sabbat pour sauver la vie à un gentil ».
Page 85 : « Pour de nombreux Juifs en Israël (et ailleurs) lorsque on leur parle de leur attitude inhumaine à l’égard des Palestiniens, ils ne comprennent pas ce qu’on leur dit, puisque pour eux le texte biblique de prochain n’a pas du tout le même sens que pour tout le monde ».
p.227 : « La seconde différence entre nous, les Juifs, et les chrétiens, est que l’Église catholique, et à coup sûr la majorité des chrétiens actuellement vivants, se sont repentis de ce que l’Inquisition a fait, et ils soutiennent, au moins verbalement dans certains cas, la liberté d’expression et de conscience, et le régime démocratique. Par contraste, avez-vous jamais entendu dans le judaïsme, fût-ce un seul rabbin orthodoxe, conservateur ou réformé, qui se repente pour ce que Maïmonide a écrit à propos des non-Juifs, ? Où avez-vous jamais entendu parler dans le judaïsme d’un seul rabbin qui condamne un seul propos du Talmud ? On ne peut échapper à la conclusion que la tradition religieuse juive, qui comporte l’interdiction de sauver la vie à un non-Juif et le devoir de tuer les Juifs infidèles, est encore dangereuse car elle a conservé son autorité parmi certains Juifs. »
Comment les États-Unis ont trahi les Amérindiens
Le XIXe siècle est l’époque du colonialisme triomphant où des nations supérieures exportent la civilisation occidentale aux peuples arriérés, tout comme les USA exporteront la démocratie en Afghanistan, Irak, Libye… en cette fin de XXe siècle. Le parallèle est frappant avec ce qui se passe en Palestine et explique cette complicité qui existe entre les USA et Israël.
Les Indiens avaient une vision panthéiste de la nature, écologique et non financière, ils ne comprenaient pas que la terre puisse s’acheter ou se vendre. La quasi-destruction en quelques siècles d’une présence amérindienne, vieille de plus de 10 000 ans, est rarement abordée. Une culture a été détruite, une nation écrasée. Il existe un livre qui aborde ce sujet : ENTERRE MON CŒUR À WOUNDED KNEE, Une histoire américaine (1860-1890). Livre écrit par Dee BROWN, Albin Michel , 2009, 476 p. Traduction de l’américain par Nathalie Cunnington.
Les premiers colons arrivèrent avec Christophe Colomb, dépositaires d’une civilisation techniquement et surtout militairement plus ‘avancée’. Ils y ajoutèrent rapidement, au contact du ‘bon sauvage’, la certitude de leur supériorité morale. Toutes les agressions furent ensuite justifiées au nom du concept anglo-saxon de ‘Destinée Manifeste’, la conquête d’un espace vital trouvait dans le cas des Amérindiens ses ‘lettres de noblesse’. Aujourd’hui on appellerait les Indiens des terroristes. Ce livre est « largement fondé sur des documents inédits, archives militaires et gouvernementales, procès-verbaux de traités (jamais respectés) des récits de première main. Il retrace sur trente ans, de 1860 à 1890, les étapes de la conquête de l’Ouest, depuis la longue marche de Navajos, Cherokees… jusqu’au dernier massacre de Wounded Knee ».
Ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’Histoire officielle, mais ici l’histoire des Indiens, la colonisation systématique de leurs terres et la perte de leur liberté sont rappelées. Ce livre, pour la première fois, donne la parole aux vaincus, à Cochise, Crazy Horse, Sitting Bull, Geronimo et Big Foot. Il a été vendu dans le monde entier à plus de six millions d’exemplaires.
Colonisation et bouleversement dans la population amérindienne : banalité d’un génocide.
Pour l’année 1519, les premiers recensements donnent pour l’Amérique du Nord une population évaluée entre 22 et 28 millions d’habitants. Elle décroît à un peu plus de 15 millions d’habitants en 1530, puis un peu plus de 6 millions en 1550, jusqu’en 1605 où elle est de l’ordre de 1 million d’habitants. En cent ans la population amérindienne a été réduite d’un facteur 25.
Pour les seuls États-Unis, la population amérindienne atteindra son minimum en 1870 avec moins de 30.000 personnes. https://fr.wikipedia.org/wiki/Am%C3%A9rindiens_aux_%C3%89tats-Unis pour remonter à 240.000 en 1900.
Construction des USA et brève chronologie du déracinement des Indiens au XIXe siècle.
Andrew Jackson, qui deviendra président de 1829 à 1837, écrasera les Creeks en Floride et déclarera en 1816, dans une envolée relevant plus de la sophistique que de la logique :
« Vous ne pouvez pas rester là où vous êtes maintenant, vous devez partir vers l’Ouest…Il est impossible que vous puissiez vous épanouir au milieu d’une communauté civilisée…La moindre résistance entraînera la mort immédiate des opposants… » Terminant par : « Je suis votre ami et votre frère ! »
En 1830, après la découverte d’or sur les territoires des Cherokees, Jackson signera une loi sur le déplacement des Indiens de tous les États de la côte Est, vers l’Ouest (Indian Removal Act) afin d’exploiter les terres indiennes. L’armée déportera les Cherokees à l’Ouest du Mississippi, au cours d’une marche forcée où ils y laissèrent la vie par milliers ; cette piste est connue sous le nom de : « Trail of Tears », (la piste des larmes). Les Creeks, Choctaws, les Cherokees… disparurent ainsi jusqu’à leur quasi-extinction. Lorsque Martin van Buren remplacera Jackson en 1837, cette politique génocidaire, impérialiste et colonialiste continuera. Il déclarera :
« Pas un État ne peut atteindre une culture, une civilisation et un progrès digne de ce nom, tant que l’on permettra aux Indiens d’y demeurer. »
Tous les traités déclarés : « permanents, à jamais, pour toujours…aussi longtemps que le soleil brillera… », furent alors rompus par les colons blancs qui estimaient que la présence d’Indiens ralentissaient leurs développements. Les pionniers se livrèrent à de véritables génocides contre des populations déjà déplacées de Cheyennes, Sioux, Nez Percés…Le général Carleton, qui s’était fait pourtant de nombreux amis indiens à l’époque où il commerçait avec eux, déclarait en 1862 lors de la colonisation de la vallée du Rio Grande :
« Aucun conseil, aucune discussion ne sera engagée avec les Indiens. Les hommes seront tués, quel que soit le moment ou l’endroit où ils auront été découverts. Les femmes et les enfants pourront être capturés, mais bien entendu il n’est pas question de les tuer. » (D.B. p. 43)
Le dernier grand massacre : Wounded Knee : En 1890, La population américaine dépasse 62 millions d’habitants. La colonisation se termine, l’Idaho et le Wyoming deviennent les 43ème et 44ème États de l’Union. En février 1890, le gouvernement des États-Unis rompt un traité passé avec les Lakotas en divisant la Réserve des Sioux de l’État de Dakota du Sud en cinq petites réserves. C’est la politique clairement affichée du gouvernement « de rompre les relations tribales » et d’obliger « les Indiens à se conformer au mode de vie de l’homme blanc, pacifiquement si possible ou sinon par la force ».
Le massacre de Wounded Knee est une opération militaire qui s’est déroulée le 29 décembre 1890 dans le Dakota du Sud. Entre 150 et 300 Amérindiens de la tribu miniconjou (dont plusieurs dizaines de femmes et des enfants) ont été tués par l’armée des États-Unis… Les chariots découverts transportant les Sioux blessés, une centaine d’hommes, femmes et enfants durent attendre par un froid glacial qu’on leur trouve un abri dans une mission épiscopalienne. Nous étions au 4ème jour après Noël en l’an de grâce 1890. Les premiers Indiens aux corps déchiquetés et sanglants furent transportés dans l’église éclairée à la bougie. Peut-être virent-ils, s’ils étaient suffisamment conscients, les décorations de Noël accrochées aux poutres. Au niveau du cœur, une banderole étalait en lettres grossières les mots suivants : PAIX SUR TERRE ET AUX HOMMES DE BONNE VOLONTÉ. (Dee BROWN p.452)
« A présent que je regarde en arrière du haut de la colline de ma vieillesse, je vois encore les femmes et les enfants massacrés, leurs corps entassés le long du ruisseau, aussi clairement que je les voyais quand mes yeux étaient encore jeunes. Et je vois bien que quelque chose d’autre est mort dans la boue rougie par le sang, quelque chose que l’on a enterré dans la neige. Là-bas est mort le rêve d’un peuple. C’était un beau rêve… le cercle de la nation est brisé, ses morceaux éparpillés. Il n’y a plus de centre, et l’arbre sacré est mort. » (Black Elk, chef de la tribu des Indiens Lakotas, petit cousin du chef indien Crazy Horse.)
Ce massacre est commémoré par la chanson engagée Bury My Heart at Wounded Knee (« Enterre mon cœur à Wounded Knee »), écrite par Buffy Sainte-Marie. Elle disparaîtra des médias durant le mandat de Lyndon Johnson, président des États-Unis de 1963 à 1969. Dans cette grande ‘démocratie’ US elle fait alors partie, à son insu, de la liste noire des artistes engagés politiquement et son nom était alors épinglé à la Maison-Blanche comme tant d’autres dont la musique « mérite de ne pas être diffusée ». Ses titres étaient interdits sur les ondes hertziennes. Invitée sur les plateaux de télévision grâce au succès de Until It’s Time for You to Go, on lui indiqua que les problématiques liées aux Amérindiens et le mouvement pour la paix n’étaient pas d’actualité afin de limiter ses commentaires. (Voir Buffy Sainte-Marie, Wikipédia)
Wounded Knee est généralement considéré comme l’évènement qui met fin à 400 ans de guerres indiennes. À strictement parler pourtant, le massacre ne sera pas le dernier conflit entre les deux peuples et ces tragédies ne sont toujours pas enseignées aux écoliers américains.
Évolutions sur le plan politique et démographique.
Le 13ème Amendement de la Constitution, l’abolition de l’esclavage, est proclamé le 18 décembre 1865. Le 28 juillet 1868, le 14ème amendement accordant la citoyenneté et l’égalité des droits civils à tous, à l’exception des Indiens, sera inscrit dans la Constitution américaine. Il faudra attendre 1924 pour que les Amérindiens deviennent enfin citoyens à part entière. En ce début de 20ème siècle les Amérindiens demeurent parmi les plus pauvres des États-Unis, les réserves ne représentent qu’une portion minuscule de ce qu’elles avaient été à l’origine et le taux de suicide est le plus élevé dans la population. Pour le territoire des États-Unis (332 millions d’habitants en 2020) le recensement de 2005 donne une population d’Amérindiens de 2.820.000 habitants répartis sur les 50 États.
Le Courrier International, du 12 janvier 2006, « Abramoff, l’étoffe des zéros » résumera ainsi les contributions américaines à l’histoire des Amérindiens : « 1600 : La variole, 1700 : Le mousquet, 1800 : L’exil dans les réserves, 1900 : Les promesses et traités non tenus, 2000 : l’arrivée d’Abramoff ».
Conclusion
Les critiques du jugement dans le procès de l’assassinat de Sarah Halimi, la demande pressante d’une révision voire d’une modification de la loi par les groupes de pression habituels, l’immixtion de l’exécutif dans le judiciaire pour satisfaire ces demandes, la satisfaction exprimée dans la presse juive dès que la définition de l’IHRA est votée dans une instance quelconque, les critiques virulentes lorsqu’elle est repoussée ou seulement partiellement acceptée comme dans le cas récent du vote au Conseil municipal de Strasbourg, la conception dévoyée de l’anti-sémitisme comme nous l’avons montré ci-dessus dans quelques exemples médiatiques de ces derniers jours : soutien du peuple palestinien, critique des ‘neutralisations’ sans aucune raison valable de Palestiniens, soutien au BDS… laissent entrevoir une criminalisation par la loi positive de tout ce qui peut déplaire à certains.
La recherche historique a déjà été criminalisée par la loi Fabius-Gayssot et, en France, tout appel au boycott d’Israël (BDS) est déjà considéré comme un délit.
Dans le marchand de Venise, pièce de Shakespeare qui serait aujourd’hui considérée comme anti-sémite, Shylock s’en tient à un point précis, lié aux termes même du contrat : l’argent n’a pas été remboursé à la date prévue. Pour Allan Bloom : « le Marchand de Venise traite principalement des relations entre « Chrétiens et Juifs » et il considère que la raison la plus profonde du conflit entre Shylock et Antonio réside dans le fait que, quelles que puissent être leurs faiblesses, ils représentent l’un et l’autre une incarnation authentique du christianisme et du judaïsme ».
« Acte III, Scène 3 :
J’exige mon billet, respecte mon billet,
car j’ai prêté serment que j’aurai mon billet ;
…La livre de chair que je demande de lui
est chèrement acquise, est mienne, et je l’aurai :
…Répondez : l’aurai-je ? Mes actes soient sur ma tête ! Je veux la loi,
La pénalité, le dédit de mon billet. »
Il est impossible de recourir à l’équité dans le régime de Venise, ou de faire une exception. C’est le respect à la lettre du contrat qui prime. Le droit naturel doit s’effacer devant la force injuste de la loi.
Allons-nous réécrire certaines lois en France ?
Ou alors, devenus endormis par la propagande massive, serons-nous prêts à accepter toute exigence invraisemblable parce qu’exprimée avec gentillesse ?
Dans le TOI du 25 avril 2021, il y a eu un échange sortant de l’ordinaire quand un journaliste arabe Suleiman Maswadeh, de la chaîne Kan a interviewé une résidente juive extrémiste de la Vieille Ville de Jérusalem : « Au cours de l’entretien, les deux découvrent qu’ils sont voisins, un fait qui ne semble guère perturber la femme qui déclare vouloir simplement que les résidents arabes comme lui soient expulsés et disant qu’elle ne souhaite, en aucun cas, vouloir faire incendier leurs villages…« On ne va pas dire ça comme ça. Je suis gentille et donc je parle gentiment – et je ne dis pas qu’on va incendier vos villages. Je vais plutôt vous dire qu’il faut que vous quittiez vos villages, comme ça, on pourra venir y habiter. C’est ce qu’on fait, au fait, dans la Vieille Ville », explique-t-elle, arborant sur son chandail un autocollant sur lequel est écrit « Kahane avait raison », une référence à un rabbin extrémiste aujourd’hui décédé…Le groupe juif d’extrême-droite connu sous le nom de Lehava a pris la tête d’une manifestation qui a compté des centaines de partisans scandant « Arabes, dehors ! » et « Mort aux Arabes ! », dans une marche qui s’est rendue à la porte de Damas ».
J.C. Manifacier, 7 mai 2021
Le blocus sur Gaza est si impitoyable, que le Hamas ne parvient qu’à importer des missiles, produits de premières nécessités pour tous bons fanatiques, euh résistants excusez moi.
Le Hamas, mouvement islamique, connu pour sa tolérance épidermique, est parvenu à réduire la présence chrétienne sur son sol à moins de 3.000 âmes qui d’ailleurs, sont instrumentalisés comme le reste de la population.
Le Hamas n’hésite pas à planquer son ses projectiles sous les berceaux de ses enfants, quitte à les sacrifier… Le Hamas nous rappelle tellement notre Hezbollah.
Sauf qu’à Gaza, les rares chiites sont des morts en permission.
Malheureusement , si la France accueillait ce peuple martyrisé chez lui, que deviendrait-il, chez nous ? Récupéré qu’il serait par la racaille de France qui souhaite sa venue en manifestant pour le soutenir , actuellement ? Il oublierait vite ses anciennes souffrances et irait rejoindre ses frères dans les trafics et dans les prisons. Peut-être même qu’il s’en prendrait aux Blancs , comme les autres . L’erreur est de croire que celui qui a souffert est meilleur, ce n’est pas toujours vrai, hélas.
De grâce , occupons nous des Blancs assassinés en France , plutôt que de pleurer sur les conflits des autres même si c’est horrible .Nous avons bien assez à faire . Voici ce que je viens de lire sur Fdesouche : » Un couple s’est laissé mourir de faim dans sa maison, à Fouquières- lez -Lens dans le Pas de Calais » . Dans les commentaires , sous l’article, un internaute ( William 95 ) a publié leur histoire, eh bien un membre de leur famille avait été assassiné en banlieue parisienne quelques années auparavant et les assassins avaient pris 25 ans de prison . Depuis, ils vivaient dans la peur de représailles , la peur s’ajoutait à leur grande pauvreté matérielle. Nous avons nos propres Palestiniens, n’allons pas en chercher d’autres.
Si les Maghrébins de France ( qui veulent abattre les Juifs d’ici ) sont si enclins à soutenir les Palestiniens de là-bas , c’est qu’ils présentent qu’ils ont la même mentalité qu’eux, et ENCORE UNE FOIS, ce sont nos « petit blancs » qui paieraient les frais de leur alliance si elle devait se faire.