L’Australie vient d’annoncer la rupture de son contrat conclu en 2016 avec la France qui prévoyait l’achat de douze sous-marins conventionnels. C’est Naval Group qui devait produire ces sous-marins.
La nouvelle alliance stratégique pour contrer la Chine : l’AUKUS
Pour le directeur adjoint de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, Pierre Maulny, « ce n’est certes pas une bonne nouvelle pour Naval Group mais ce qu’il faut retenir principalement c’est l’accord de partenariat stratégique, dénommé AUKUS (Australia, United Kingdom, United States), signé entre les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. »
Les faits les plus marquants dans cet accord, rendu public le 15 septembre, sont qu’il a été décidé en secret et que les Européens ont été mis complètement à l’écart des discussions. Le porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Joseph Borrell, a déclaré que « l’Union européenne n’a pas été informée de ce projet et nous sommes en contacts pour mieux cerner cette alliance ».
En représailles de la demande du Premier ministre Australien de mener une enquête internationale sur l’origine de la pandémie de coronavirus, le gouvernement chinois a décrété un embargo sur plusieurs produits australiens (charbon, vin et bœuf). L’Australie doit voir dans cette alliance avec la superpuissance étasunienne, et son valet de chambre le Royaume-Uni, l’occasion de contre-attaquer Pékin.
Cela fait plusieurs années que les Etats-Unis tentent, avec peu de succès, de convaincre les pays européens que la Chine est la menace principale pour l’Occident. En effet, l’Allemagne et la France privilégient pour l’instant le dialogue avec la Chine plutôt que l’attaque frontale. Devant cet insuccès, les Etats-Unis se sont tournés vers l’Australie pour réaliser une alliance dans la région Pacifique.
Toujours selon Pierre Maulny, « pour donner corps à cette alliance stratégique, la fourniture de sous-marins américains en lieu et place des sous-marins français est apparue être la bonne solution au prix de la rupture brutale du contrat commercial avec Naval Group et de l’éviction de la France du partenariat stratégique avec l’Australie. »
La résolution du contrat de Naval Group avec l’Australie apparaît donc comme un dommage collatéral de ce nouvel accord stratégique. C’est une petite leçon pour la diplomatie Française (et européenne) qui considère encore trop souvent les Etats-Unis comme des alliés, alors qu’ils n’hésitent pas à nous mettre des bâtons dans les roues à la moindre occasion.
Alors que l’UE est en train de négocier un accord de libre-échange avec l’Australie, la porte-parole de la Commission, Dana Spinant, a affirmé qu’il « n’y aura pas d’effet immédiat sur les discussions et les relations avec l’Australie. »
Quelles conséquences pour Naval Group ?
La santé économique du groupe n’est pas mise en jeu par cette rupture. Le leader européen du naval de défense était payé au fur et à mesure et les Australiens devront payer un dédit sur la rupture du contrat estimé dans la presse australienne à 400 millions de dollars. Cependant, Naval Group va enregistrer une perte sèche de 1,4 milliard d’euros, qui correspond à la phase 2 du contrat qui était en négociation, et perdre l’investissement réalisé sur place. Le groupe va également devoir rapatrier du personnel et l’affecter à une nouvelle activité.
Actuellement, les commandes de l’Etat français suffisent à remplir le carnet de commandes du groupe, avec notamment : la fourniture des sous-marins Barracuda, les études du nouveau porte-avions et des quatre prochains sous-marins nucléaires lanceurs d’engins.
Selon Pierre Maulny, « la commande publique française ne suffira pas sur le long terme à faire vivre Naval Group dans son périmètre actuel. Il faut donc des exportations pour compléter la commande publique française, à l’image du contrat passé avec les Australiens. Il s’agissait un méga-contrat – plus de 50 milliards d’euros – qui offrait à Naval Group une visibilité en termes d’activité sur 20 ans ».
Oscar Walter
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