Dans les églises chrétiennes, catholiques et orthodoxes, la canonisation signifie qu’une personne décédée est digne d’être incluse dans le canon ou la liste autorisée des saints reconnus. L’Église orthodoxe roumaine vient d’écarter les critiques à l’encontre de la canonisation de certains ecclésiastiques roumains, prétendument coupables d’opinions antisémites selon l’Institut national Elie Wiesel pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie.
« L’Institut national Elie Wiesel pour l’étude de l’Holocauste en Roumanie note avec tristesse la décision du Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine, le 12 juillet 2024, d’approuver la canonisation de certains ecclésiastiques qui ont exprimé des opinions antisémites ou promu le toxique mouvement légionnaire dans les années 1930 et 1940. Cette décision est une étape préliminaire à leur proclamation dans les tomes synodaux en 2025 » déclare ainsi l’Institut dans son communiqué de presse.
L’Institut Elie Wiesel déclare en outre qu’il se sentait tenu d’informer les Roumains sur ces prêtres. Alors, justement, informons sur ces prêtres mais sans rien omettre !
Le premier, Ilarion Felea (1903-1961), selon l’Institut Elie Wiesel, était membre du mouvement légionnaire et chef du groupe de légionnaires Saint-Jean à l’Académie théologique orthodoxe d’Arad. Dans ses écrits, il fait l’éloge de la « destruction du parasitisme juif ».
Mais il faut aussi rappeler qu’Ilarion Felea, considéré comme un véritable génie liturgique de la théologie par l’Église orthodoxe roumaine, est mort en martyr dans les geôles communistes roumaines de la Securitate en 1961…
Le second, Ilie Lăcătușu (1909-1983), selon l’Institut Elie Wiesel, était également un dirigeant du mouvement légionnaire et a participé à la rébellion de 1941. Selon l’Institut Elie Wiesel, il a dressé des listes d’opposants au mouvement légionnaire à abattre une fois que le groupe fasciste aurait pris le pouvoir. Il a également été missionnaire de l’Église orthodoxe roumaine en Transnistrie entre 1942 et 1943, une région sous contrôle roumain où des dizaines de milliers de Juifs ont été tués pendant l’Holocauste.
Mais il faut aussi rappeler qu’Ilie Lăcătușu, arrêté plusieurs fois par la police politique roumaine, la Securitate, a connu la prison et les travaux forcés en camp de travail pendant de longues années puis est finalement décédé en 1983 des suites des traitements et sévices qui lui avaient été infligés…
Le troisième, Dumitru Stăniloae (1903-1993), selon l’Institut Elie Wiesel, faisait l’éloge de l’Allemagne nazie et défendait l’idée d’un lien entre l’orthodoxie et l’ethnocratie dans ses écrits. Il a également fait l’éloge du mouvement légionnaire et a plaidé pour la révocation des ministres « qui ne pouvaient parler sans faire référence à la doctrine antireligieuse du juif Durkheim ».
Mais il faut aussi rappeler que Dumitru Stăniloae, aujourd’hui considéré comme le plus grand théologien roumain et l’un des plus grands théologiens orthodoxes du XXe siècle, a été arrêté et emprisonné de 1958 à 1963 par police politique communiste roumaine pour sa défense et ses études de l’orthodoxie.
« Nous nous demandons si le fait d’élever au rang de saints des personnes qui, au cours de leur vie, ont partagé les valeurs du fascisme par leurs paroles ou leurs actes est conforme à l’éthique chrétienne », ajoute encore l’Institut Elie Wiesel, notant que la canonisation ferait de ces personnages des modèles de référence, des normes pour la société roumaine.
L’Église orthodoxe roumaine a rejeté ces critiques et répond à l’Institut en faisant valoir qu’elle avait le droit d’analyser et de décider selon des critères religieux qui lui sont propres de la canonisation de personnes au sein du patriarcat roumain et que la canonisation « consiste uniquement à reconnaître la sainteté sur la base de preuves cohérentes et de témoignages crédibles ».
« Certains saints vénérés dans l’Église orthodoxe ont eu, à certains moments de leur vie, des attitudes ou des gestes difficilement compréhensibles, voire contraires à l’enseignement chrétien. Cependant, l’Église considère le changement de vie du pécheur et, surtout, la façon dont il a terminé sa vie, sans encourager (sanctifier) certaines déviations que ces personnes ont pu avoir au cours de leur vie », précise le communiqué de presse de l’Église.
Le Synode du Patriarcat roumain a donc approuvé, les 11 et 12 juillet 2024, 16 canonisations dont celles d’Ilarion Felea (avec le titre : Saint Prêtre Martyr Ilarion Felea), d’Ilie Lăcătușu (avec le titre : Saint Confesseur Prêtre Ilie Lăcătușu), et de Dumitru Stăniloae (avec le titre : Saint Martyr Prêtre Dumitru Stăniloae).
Et nous rappellerons à notre tour à l’Institut Elie Wiesel la « proximité » certaine que des ressortissants de la communauté juive en Roumanie ont pour le moins entretenue avec les autorités communistes.
De nombreux juifs communistes exilés avaient bénéficié d’une formation idéologique en URSS et ont établi des contacts dans la hiérarchie soviétique qui leur faisait confiance. Ils se sont associés au communisme et ont participé à sa réintroduction en Roumanie par leur collaboration avec l’armée soviétique et leur adhésion au Parti communiste.
Ainsi, les communautés juives sont réorganisées légalement et de nombreuses et diverses organisations et associations juives sont reconstituées quelque temps après le 23 août 1944 : le Parti juif, la section bucarestoise de l’Union des Juifs Roumains, le Comité de l’Organisation sioniste de la capitale, la Section roumaine du Congrès Juif Mondial, le Joint et d’autres sections roumaines de grandes organisations juives internationales comme l’ORT (promouvant l’enseignement professionnel), l’OSE (assurant une assistance médicale aux enfants) et le Bnai Brith.
Dès le 19 décembre 1944, des périodiques juifs sont autorisés à reparaître tels que « Courrier Israël », « Salut », « La Nation hébraïque », « Notre renaissance »…
De nombreux juifs se trouvaient alors aux commandes du Parti communiste roumain qui prit le pouvoir par le coup d’état du 6 mars 1945 (dont les plus connus sont Anna Pauker et Joseph Kichinevski). Dans la mise en place du régime pro-soviétique roumain, ils ont eu des postes importants dans le nouveau gouvernement.
Et dès février 1945 une « loi sur les nationalités » donnaient de nombreux avantages aux « communautés » là où « au moins 30 % des gens ont une langue maternelle autre que le roumain », dont les israélites : justice rendues dans la langue maternelle, enseignement dans la langue maternelle…
De nombreux juifs se sont ainsi également associés aux innombrables persécutions, tortures, emprisonnements, exécutions que le régime communiste roumain a largement pratiqué, jusqu’à sa chute, contre les résistants anticommunistes et les croyants orthodoxes…
Traduction : Jeune Nation
Source : Priests’ canonization triggers disagrement between Romania’s Orthodox Church and Holocaust Study Institute | Romania Insider (romania-insider.com)
Voir aussi :
Un politicien roumain rend hommage à Codreanu à la télévision : vives réactions de la communauté
La réponse de l’Eglise Orthodoxe est excellente:
1 – Elle rappelle avec force et clarté que nous avons un accès direct à Dieu, que nous ne somme pas tenu de passer par l’intercession du peuple élu.
2 – La réponse n’est pas non plus sans malice byzantine, si elle rappelle que « Certains saints vénérés dans l’Église orthodoxe ont eu, à certains moments de leur vie, des attitudes ou des gestes difficilement compréhensibles, voire contraires à l’enseignement chrétien », elle ne dit pas lesquels, et en particulier en ce qui concerne les trois prêtres concernés.
3 – En France, Radio Notre-Dame qui a une rubrique Orthodoxe s’est aussi fait l’écho de cette affaire en disant que l’Eglise Orthodoxe avait fait une excellente réponse à une question délicate, mais je n’arrive pas à retrouver le podcast.
Sans parler des autorités rabbiniques roumaines qui conclurent un accord avec l’Allemagne durant la guerre. Cette accord livrait 500 000 juifs roumains à la condition de laisser des dignitaires juifs . Après la guerre le responsable juif roumain de cet accord se réfugia en Israël où il fut assassiné à cause de cet accord. Cela est un fait historique vérifiable, le nom de ce responsable peut se retrouver, je ne l’ai pas en mémoire.
L’ audace de cet Institut est sans limites comme celle d’un gosse pourri gâté.
Pour lui l’évaluation d’un homme doit tourner autour de son rapport au fascisme et il n’hésite pas à intervenir dans des décisions pour lesquelles ils n’a aucune légitimité à le faire, se permettant même de définir ce qui est chrétien ou non.
L’Eglise roumaine a parfaitement répondu.
Cette tyrannie doit cesser et à cet effet il serait souhaitable qu’il soit rappelé à cet Institut la proximité de la communauté qu’il représente avec les régimes communistes qui ont à leur actif le plus grand nombre de victimes dans l’histoire de l’humanité.
L’Eglise Orthodoxe tient beaucoup mieux le coup que l’église Romaine, pourquoi? Justement parce qu’elle n’est pas unifiée, on ne peut donc pas y faire le coup de Vatican II en frappant à la tête et en soumettant tout ce qu’il y a en dessous.
Les mondialistes essaient d’ailleurs de faire advenir cette unification des églises orthodoxes, mais elles sont bien conscientes du piège et résistent pour le moment à leur unification.
C’est tout à fait vrai. Il en est d’ailleurs de même pour l’Islam.
La hiérarchie catholique est une bonne chose dès lors que la tête est saine : mais l’est t’elle encore ?
Oui, mais ça pose un problème grave:
C’est le Christ lui-même qui a dit « Tu t’appelles Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ».
C’ est Annie Kriegel qui parlait d’ une « insupportable police juive de la pensée »…
Ces tentatives d’ingérences sont inacceptables et intolérables, non pas pour le fait que cela soit à l’égard de personnages de l’église, mais partout où elles ont lieu. Problème, c’est qu’à ma connaissance, il n’existe aucune structure pour s’y opposer et j’en ai marre de voir que certains ne ratent jamais une occasion pour mettre toujours les mêmes individus, du fait d’une appartenance, au dessus des autres.
Bonjour Monsieur Guillaumat,
Merci d’avoir rappelé à notre mémoire, les interventions courageuses de cette personne, qui je crois était dans les années 80, journaliste ou chroniqueuse au Figaro ( à vérifier).
Très cordialement.
Daniel Milan
Départ de la Croix : Kiev s’apprête à interdire l’orthodoxie canonique en Ukraine
https://iz.ru/1742917/irina-gorbunova-valentin-loginov/krestovyi-ukhod-kiev-gotovitsia-zapretit-kanonicheskoe-pravoslavie-na-ukraine