Dans son discours d’adieu, le président afghan Hamid Karzai, pourtant installé par les Américains, a très durement attaqué ses anciens alliés. Il avait été porté au pouvoir après l’invasion de 2001, mais ses relations avec le gouvernement américain ont été difficiles, jusqu’à la rupture ces derniers mois. Les relations entre les deux pays ont été très affectées par les crimes commis par les troupes de l’OTAN, singulièrement américaines, contre les civils, régulièrement dénoncés par Hamid Karzai. Au total, environ 21 000 civils seraient morts depuis 2001 dans le pays.
Lors de sa dernière prise de parole en tant que président de l’Afghanistan, Hamid Karzai a rappelé que les États-Unis n’étaient intervenus que « pour leurs propres intérêts » et qu’ils n’avaient jamais voulu la paix.
« Si l’Amérique et le Pakistan l’avaient vraiment voulu, la paix régnerait en Afghanistan. […] La guerre en Afghanistan a été menée selon les objectifs des étrangers. La guerre en Afghanistan a été faite pour le bénéfice des étrangers. Les Afghans des deux côtés sont les agneaux sacrificiels et les victimes de cette guerre ».
Il a remercié de nombreux pays pour l’aide apportée à l’Afghanistan – l’Allemagne, l’Arabie séoudite, la Chine, la Corée du Sud, l’Inde, l’Iran, le Japon et la Turquie –, mais a soigneusement évité de mentionner les États-Unis, principaux donateurs, qui ont dépensé plus de 100 milliards de dollars en aide depuis de 2001 en Afghanistan.
La colère d’Hamid Karzai l’avait conduit à repousser puis à refuser de signer un accord de sécurité avec les États-Unis pour accompagner le retrait des troupes d’occupation. Le nouveau président Ashraf Ghani a déjà fait savoir qu’il signerait le texte, qui prévoit le maintien sur place de 10 000 « conseillers militaires ». La Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS) de l’OTAN, qui a compté près de 150 000 soldats, en comptait début septembre 41 124. Ashraf Ghani n’a été reconnu président, après plusieurs mois de tension, qu’après l’intervention de John Kerry auprès de son principal opposant.
Alors que les talibans demeurent très puissants – comme le démontre ces derniers jours l’attaque meurtrière menée près de Kaboul –, le successeur d’Hamid Karzai s’est montré très optimiste :
« Le gouvernement d’union nationale sera le gouvernement de la responsabilité, de la justice, de l’État de droit et de la mise en œuvre de la Constitution »
a déclaré Ashraf Ghani. Le nouvel homme fort de l’Afghanistan devrait poser moins de problèmes au gouvernement américain. Lié aux organisations mondialistes (il a travaillé pour la Banque mondiale, pour l’ONU), il a vécu pendant 24 ans aux États-Unis où il a été formé, a étudié et a enseigné. Il était revenu dans son pays en 2002 comme conseiller d’Hamid Karzai.