Attaques en série contre l’assurance chômage
En début de semaine dernière à Londres, Manuel Valls a évoqué une réforme de l’assurance chômage. Selon le premier ministre, il est « légitime » de remettre en cause « l’efficacité et l’équité » du système d’assurance chômage. Cette nouvelle attaque contre le système actuel avait été précédée par de nombreuses autres, comme à Berlin où il avait déclaré : « La France a une préférence pour le chômage de masse bien indemnisé, c’est un fait ».
Cette dernière sortie avait conduit les syndicats à élever de fortes protestations, conduisant l’Élysée à réagir. Il y a « suffisamment de sujets pour que nous soyons bien occupés et que nous montrions que nous faisons des réformes utiles à l’emploi » avait fait savoir François Hollande.
C’est le tout nouveau ministre de Rothschild, un mois après sa nomination au gouvernement, qui a repris le flambeau de Manuel Valls.
« Il ne doit pas y avoir de tabou ni de posture. L’assurance-chômage est en déficit de 4 milliards d’euros ; quel responsable politique peut s’en satisfaire ? Il y a eu une réforme, elle est insuffisante. On ne pourra pas en rester là. C’est aux partenaires sociaux qu’il appartient de faire avancer les choses. Mais comme l’État garantit financièrement le régime, il peut aussi reprendre la main si les blocages sont trop lourds. Le sujet reviendra en temps voulu »
a déclaré Emmanuel Macron dans les colonnes du Journal du dimanche enflammant la polémique endormie depuis l’intervention de François Hollande en milieu de semaine.
360 milliards pour les banques fautives, 0 pour les chômeurs ?
« Mais la nouvelle donne européenne repose d’abord sur nous. La France doit faire le travail »
a précisé Emmanuel Macron, en référence au New Deal de Franklin D. Roosevelt, une politique qui s’était avérée totalement inefficace contre le chômage et pour la relance de l’économie, qui n’avait été possible que par la marche à la guerre engagée par le gouvernement américain contre l’Europe. Le ministre de Rothschild veut reprendre à son compte les propositions de la commission Attali – dont il était membre – chargée par Nicolas Sárközy de « libérer la croissance » en 2008. C’est d’ailleurs Jacques Attali qui a présenté Emmanuel Macron à François Hollande.
Emmanuel Macron a dénoncé le déficit de 4 milliards d’euros de la caisse d’assurance chômage. Cette sortie est d’autant plus étrange sur un sujet déclaré clos par François Hollande qu’Emmanuel Macron ne s’était pas ému quand le précédent gouvernement avait mis en place un plan de 360 milliards pour sauver les banques et enrichir la mafia capitaliste internationale. Alors qu’il était encore plus directement à son service, il ne s’était pas demandé alors si la « réforme » du système financier international était « suffisante », ni si les peuples pouvaient « s’en satisfaire ».
Un couac contrôlé ?
« La gauche n’a pas de tabous, mais elle a quelques totems, en particulier le fait que quand le président de la République s’exprime, les ministres appliquent »
a répliqué Jean-Christophe Cambadélis.
« L’assurance chômage est un acquis social et ce n’est pas en période de crise qu’il faut toucher à un acquis comme celui-ci »
a renchéri Ségolène Royal.
« Il fait une interview pour parler du New Deal de la relance économique, il a une phrase mal ajustée [sic] et il ouvre une polémique. [Il était] tellement concentré sur ce mot de New Deal dont on voit bien que c’était l’essentiel du message qu’il voulait faire passer, il y a [eu] une phrase de trop ».
a tenté de justifier Claude Bartolone.
« Je dis halte au feu, il faut faire attention aux annonces qui sont faites. Aujourd’hui, donner l’impression que nous sommes en difficulté économique, pas par la désindustrialisation, mais par l’indemnisation liée au chômage, attention je dis »
Si Claude Bartolone se vante de ne pas respecter la volonté des Français, il tient visiblement à ce que cela reste discret.
En tout état de cause, ce sont les « partenaires sociaux » qui sont chargés d’élaborer la nouvelle convention sur le chômage.
Au-delà des oppositions de façade au sein du Parti socialiste, les uns flattant leur électorat populaire, leurs maîtres à la tête des banques et de l’Union européenne, cette polémique serait orchestrée directement depuis l’Élysée. L’idée serait d’entretenir le débat artificiellement pour permettre, le moment venu, d’y avoir habitué le public et d’ancrer l’idée qu’une réforme est indispensable. L’entretien d’Emmanuel Macron au JDD a en effet été relu par les conseillers de l’Élysée qui ont donné leur accord pour la publication, et certains ont relayé cet entretien sur les réseaux sociaux.