Le 26 mars dernier, Nicolas Sárközy, individu impliqué dans une dizaine d’affaires politico-financières (Bygmalion, financement libyen de la campagne de l’élection présidentielle de 2012, attentats de Karachi, sondages de l’Élysée), ne craignait pas de parler de « morale » en politique :
« S’il est immoral de voter pour le Front national, pourquoi est-il autorisé ? Je veux dire à ceux qui ont voté Front national au premier tour : ce n’est pas une question morale. En faisant ça [votant FN au second tour], ils auront un président de conseil départemental socialiste de plus ».
C’est un leitmotiv qu’il développe depuis 2010, sans préciser en quoi le fait d’être moral ou non était lié au fait d’être républicain ou non, la République étant plus qu’aucun autre le régime de la corruption, de la fraude, de la démagogie, de Panama à Stavisky avant-hier, des affaires des diamants, Urba, des avions renifleurs, du Carrefour du développement, Luchaire, Pechiney, MNEF, des emplois fictifs de la ville de Paris, des lycées d’Île-de-France, des HLM des Hauts-de-Seine hier, jusqu’aux escroqueries des formations du CÉDIS, aux affaires Cahuzac, Thévenoud, Guérini aujourd’hui. Pour les affaires connues.
« Le Pen est compatible avec la République »,
confiait-il déjà en 2012, insistant pour intégrer son principal adversaire dans le système.
« Il y a 6 millions de Français qui ont voté pour le Front national. Je veux leur dire une chose : le vote pour le FN n’est pas un vote contre la République car si c’est un vote contre la République, pourquoi la République autorise-t-elle depuis trente ans des candidats du FN à se présenter ? Le vote pour le Front national n’est pas immoral parce que si c’était immoral, pourquoi la République accepte-t-elle depuis trente ans qu’autant de citoyens français fassent ce choix ? »
a-t-il lancé à nouveau mardi lors d’une réunion à Rochefort, reprenant quasiment mot pour mot son discours de mars dernier. Il a ajouté, comme il le proclame depuis plusieurs années – en vain :
« Voter socialiste ou voter Front national, c’est la même chose. »
Il n’a aucun moment fait son autocritique après le violent revers du premier tour.