Le 16 octobre dernier, la Commission européenne a présenté son plan « Défense 2030 », le plan qui devrait servir de feuille de route pour les dépenses militaires et de défense des pays membres de l’UE. Ce plan est l’institutionnalisation des initiatives prises par la Commission européenne depuis le début de l’année : le livre blanc pour la défense européenne « Readiness 2030 », le plan « ReArm Europe » et le cinquième paquet Omnibus de préparation de la défense. Ainsi, selon le plan préparé par la Commission, les pays de l’UE ont cinq ans pour devenir plus indépendants dans un monde beaucoup plus dangereux, et se préparer à la guerre… avec la Russie. Rien de moins…
Le plan « Défense 2030 »
« Les États autoritaires cherchent de plus en plus à intervenir dans nos sociétés et nos économies… Les alliés et partenaires traditionnels se tournent également vers d’autres régions du monde… La posture et les capacités de défense de l’Europe doivent être prêtes pour les champs de bataille de demain. D’ici 2030, l’Europe doit se doter d’une défense européenne suffisamment solide pour dissuader efficacement ses adversaires et répondre à toute agression… ».
L’UE se prépare donc à une « explosion des dépenses de défense » pouvant atteindre 6 800 milliards d’euros d’ici 2035 dans le cadre de ce plan, a déclaré le commissaire européen à la Défense et à l’Espace Andrius Kubilius :
« Les Européens investiront jusqu’en 2035 : 6 800 milliards d’euros. Dans la défense réelle, 50 %, soit 3 400 milliards d’euros de dépenses militaires directes ».
L’exécutif européen veut ainsi encourager les États membres à acheter des armes ensemble et souhaite qu’au moins 40 % des achats d’armes soient réalisés en contrats conjoints d’ici fin 2027, contre moins d’un cinquième actuellement. La feuille de route fixe également des objectifs pour qu’au moins 55 % des achats d’armes proviennent d’entreprises européennes et ukrainiennes d’ici 2028 et d’au moins 60 % d’ici 2030.
Le plan militaire de la Commission européenne prétend combler les lacunes capacitaires de l’UE dans neuf domaines : défense aérienne et antimissile, moyens de défense, mobilité militaire, systèmes d’artillerie, intelligence artificielle et cyberdéfense, missiles et munitions, drones et armes anti-drones, guerre terrestre et navale. Le plan mentionne également des domaines tels que la préparation de la défense et le rôle de l’Ukraine, qui serait lourdement armée et soutenue pour devenir un « hérisson d’acier » capable de dissuader toute agression russe.
Il comprend également des échéances pour les projets clés suivants, selon Bruxelles :
- « Surveillance du flanc oriental », qui intégrera des systèmes de défense terrestres avec des systèmes de défense aérienne et des armes pour abattre les drones ;
- « Mur européen de drones », récemment proposé par la Commission pour mieux protéger les pays de l’Est ;
- « Bouclier aérien européen » pour créer un système de défense aérienne multicouche ;
- et « Bouclier de défense spatiale » pour protéger les actifs spatiaux du bloc.
La Commission espère que les dirigeants de l’UE approuveront ces projets d’ici la fin de l’année.
Les objectifs à peine voilés
Même si le plan souligne pour la forme que « les États membres sont et resteront souverains en matière de défense nationale », cette feuille de route de préparation de la défense 2030 manifeste d’abord l’interventionnisme frelaté des institutions illégitimes de l’Union Européenne dans les affaires militaires (traditionnellement réservées aux États). Une Union européenne qui avance à grand pas vers un fédéralisme tyrannique à l’intérieur et un impérialisme dangereux à l’extérieur.
Ces efforts de réarmement des pays de l’Union européenne seraient en eux-mêmes louables s’il s’agissait vraiment de la défense de chacun des pays de l’Union. Tout pays qui n’a pas les moyens de défendre son territoire contre toute agression, voire la capacité de porter le feu à l’extérieur, ne peut être crédible sur la scène internationale.
Mais ces efforts sont en réalité la traduction de l’hystérie russophobe et belliciste des responsables politiques des pays de l’UE. Et ils tentent de masquer leurs objectifs sous une prétendue crainte d’un désengagement de l’Otan en Europe, ou d’un désengagement américain de l’Otan, au moment où, selon le plan, « une Russie militarisée représente une menace constante pour la sécurité européenne dans un avenir prévisible ». Alors que l’Alliance atlantique n’a jamais autant déployé d’hommes et de forces, de bases et d’armements, sur le continent. Et que les États-Unis stationnaient toujours, début 2025, plus de 80 000 soldats dans 40 bases militaires en Europe.
On comprend mieux ainsi les déclarations tonitruantes du chef d’état-major français de l’armée de Terre, Pierre Schill, qui a indiqué jeudi 23 octobre que son corps se tient prêt à « déployer des forces au profit de l’Ukraine » en 2026 ; et celle du chef d’état-major des armées françaises, le général Fabien Mandon, qui le même jour, devant la commission défense de l’Assemblée nationale, affirmait que l’armée française doit être « prête à un choc dans trois, quatre ans » face à « la Russie qui peut être tentée de poursuivre la guerre sur notre continent ».
Ces hommes et leurs déclarations ont pour mission de « crédibiliser » la menace, pourtant des plus virtuelles pour la France (il y a plus de 2 000 km entre les frontières russes et françaises) d’une Russie qui aurait des visées expansionnistes maximalistes vers l’Ouest et même bien au-delà des limites qu’avait atteintes l’Union soviétique avec le Pacte de Varsovie…
Le changement de stratégie américain
Le plan répond finalement au changement de stratégie américain sous couvert de réarmement européen.
Donald Trump a rompu avec la politique de l’ère Biden qui consistait pour les États-Unis à transférer directement des milliards (d’aide financière et militaire) à l’Ukraine. Désormais, selon les nouvelles directives de la Maison Blanche, les Américains n’envoient plus d’armes à Zelensky à leurs propres frais. Ce sont les Européens qui les achètent aux États-Unis et les fournissent à l’armée de Kiev.
Enrichissant considérablement au passage le complexe militaro-industriel yankee, et ruinant les finances des États de l’Union européenne et de la « coalition des volontaires » macronienne qui ont plongé dans le piège tendu par le président américain.
Trump a ainsi transféré la responsabilité des coûts du soutien financier et militaire de l’Ukraine sur les alliés européens de Kiev, sans que les États-Unis se désengage de l’Otan. Les États-Unis tireront toujours les ficelles, les Européens en payeront encore plus le prix.
« Les États-Unis restent engagés dans l’Alliance et en faveur du partenariat de défense avec l’Europe. Mais les États-Unis ne toléreront plus une relation déséquilibrée qui encourage la dépendance », a affirmé Pete Hegseth, secrétaire américain à la Guerre, plaidant pour « un partage du fardeau », le 12 février dernier.
Stratégie confirmée par J.D. Vance, vice-président américain, le 20 août 2025 (Fox News) :
« Quelle que soit la forme que cela prendra, les Européens devront assumer la majeure partie du fardeau. Il s’agit de leur continent, de leur sécurité, et le président a été très clair : ils devront s’engager sur ce terrain. Je ne pense pas que nous devrions porter le fardeau ici… Le président s’attend certainement à ce que l’Europe joue un rôle de premier plan ici »
Le plan militaire de l’UE est là pour perpétuer la guerre par procuration des élites européistes contre la Russie, en faisant avaler la couleuvre aux contribuables de l’Union européenne. Et dans le sang ukrainien. Pour le moment…






























Jeune Nation TV








