Chronique de la descente aux enfers du FN
Le FN perd son groupe à Lyon sur fond de divisions internes
À quelques jours du lancement de la campagne de la Le Pen à Lyon, le Front national local affiche ses divisions. Le parti frontiste a perdu son groupe à la métropole, ses deux élus n’arrivant pas à travailler ensemble.
Le week-end des 4 et 5 février, la Le Pen sera à Lyon pour lancer officiellement sa campagne présidentielle. Le groupe FN à la métropole va être dissous. Composé de deux membres – Christophe Boudot, élu lyonnais, et Michel Casola, élu de Villeurbanne –, il vient d’exploser après la démission de Michel Casola. Car à la métropole de Lyon, le règlement intérieur prévoit qu’il faut un minimum de deux élus pour former un groupe politique.
Avec cette dissolution, le parti perd une tribune mais aussi un collaborateur alors que le FN a besoin de permanents politiques pour assurer son développement. « Avec Christophe Boudot, on ne se parle pas. A Villeurbanne, nous travaillons en équipe pour préparer les conseils municipaux. A la métropole, je travaille tout seul. Je ne fais rien avec Christophe Boudot », avance Michel Casola pour expliquer sa décision de quitter le groupe FN et ainsi de le dissoudre.
Michel Casola pointe aussi l’absentéisme de Christophe Boudot, par ailleurs président du groupe FN au conseil régional, conseiller municipal à Lyon et assistant parlementaire de l’eurodéputé Bruno Gollnisch.
Front national Bourgogne-Franche-Comté : le groupe de Sophie Montel perd une conseiller régional
En Bourgogne-Franche-Comté, le Front national deviendrait, selon certains membres, « une pétaudière lamentable ».
Depuis les élections régionales de 2015, Sophie Montel, proche du vice-président du parti Florian Philippot, dirige un groupe d’opposition de 24 élus au sein de la nouvelle région. Ou plutôt 23. Car la conseillère régionale Valérie Redl a décidé de lancer une fronde contre son parti, entraînant dans son sillage d’anciens candidats aux départementales de 2015, qui assurent ne pas avoir été remboursés de leurs frais de campagne.
La première salve a été tirée le 6 janvier. Préinvestie comme candidate aux élections législatives dans la 4e circonscription de Saône-et-Loire, Valérie Redl annonce au Journal de Saône-et- Loire renoncer à se présenter « par solidarité pour nos candidats (…) qui n’ont pas été réglés de leurs frais ». « Pour certains, cela représente plus de 1 000 euros. Pour un ouvrier, c’est énorme », dénonce-t-elle.
La mesure de rétorsion ne se fait pas attendre. Le 12 janvier, en séance plénière, la direction du groupe fait passer parmi ses troupes une feuille à signer, sans préciser son objet réel : exclure la frondeuse. « J’ai vu une liste circuler dans mon dos. Naïvement, j’ai cru que c’était une carte d’anniversaire », Mme Redl.
Comme pour les élections législatives, les candidats aux départementales ont, la plupart du temps, acheté un kit de campagne – affiches, tracts… – produit par la société Riwal, dirigée par Frédéric Chatillon, proche de la Le Pen. L’achat du kit était financé par un prêt contracté auprès de Jeanne, microparti de la présidente du FN à hauteur de 3 940,50 euros. Seul hic, la Commission nationale des comptes de campagne a réformé une grande partie des comptes de campagne au motif, notamment, que le prix du kit était « surévalué ».
Le remboursement accordé par l’Etat a été diminué de plusieurs centaines d’euros pour chaque candidat. Ce qui ne permet pas, disent certains, de couvrir les frais personnels engagés. Et il est impossible de retrancher ces frais du prêt accordé par Jeanne, qui réclame un « remboursement intégral
». Dans une note transmise par le secrétariat général du FN, ce dernier est présenté comme « un impératif financier mais aussi légal, puisqu’un candidat ne remboursant pas son dû se rendrait coupable d’enrichissement sans cause et nous obligerait à mettre en oeuvre une procédure contentieuse de recouvrement de créance ».
Au-delà de ce scrutin, certains ex-candidats se plaignent d’avoir engagé des frais pendant la campagne des régionales 2015 sans avoir été remboursés par le FN. Le renvoi en correctionnelle du FN et de deux de ses dirigeants pour répondre du financement des campagnes présidentielle et législatives de 2012 a motivé certains à prendre la parole.
Un cadre du parti en Bourgogne-Franche-Comté reconnaît, sous couvert d’anonymat, « que des candidats à des scrutins ont été mal remboursés… Ou pas du tout. Chaque tête de liste régionale gérait cette question. »
Jean-Lin Lacapelle, secrétaire national aux fédérations et aux élections du parti lepéniste, a pourtant envoyé un mail à la conseillère régionale, le 9 janvier, pour lui reprocher sa « publicité (…) désastreuse pour le mouvement ». « Votre choix de ne pas être candidate vous appartient. Merci, en revanche (…), de ne pas répondre à la presse sur vos motivations et/ou déceptions. Merci Valérie de ne pas jouer le jeu des médias », écrit-il dans son message.