Entretien de RIVAROL avec Jean-Michel Vernochet, écrivain, essayiste et géopolitologue. Ancien professeur de l’École supérieure de journalisme de Paris et ancien grand reporter au Figaro Magazine, il est l’auteur de nombreux ouvrages relatifs à l’islam radical, l’Iran, la Syrie, l’Ukraine, le terrorisme ou la guerre civile idéologique. Il contribue régulièrement au site géopolintel.fr. et anime une émission, un Libre Journal sur ERFM.
RIVAROL : • Le concept de « Grand remplacement » de Renaud Camus vous semble-t-il recevable pour définir la transformation de la société française par l’immigration de masse extra-européenne ?
JEAN-MICHEL VERNOCHET : Oui et non. À mon avis, le concept est nécessaire mais tel quel, à l’état brut, très insuffisant. C’est d’ailleurs une notion d’abord démographique, c’est-à-dire mécanique et quantitative. L’idée n’est pas neuve. Le regretté mathématicien Jean-Pierre Tacchi la développait déjà il y a un peu plus de trente ans au sein de la Commission environnement du Club de l’Horloge. Il parlait alors de « substitution de population ». Il avait en effet observé que les naissances de parents extra-européens dans la Grande couronne (et notamment les prématurés) étaient très largement excédentaires par rapport à celles de l’indigénat de souche. L’amorce de cette substitution était d’ailleurs sensible dès les années soixante-dix : il suffisait bêtement de prendre le métro et d’ouvrir les yeux. Le plus cocasse est encore que les chiffres de l’époque, tant du Ministère des Affaires sociales que de l’Intérieur, étaient ridiculement bas (et discordants entre eux). Des évaluations trompeuses, dignes des démocraties de l’Est, et évidemment démenties par l’expérience quotidienne.
Soulignons que le mensonge à propos de ce « renouvellement » de population qui selon les autorités se ferait à doses homéopathiques, à la marge, sans incidence sur nos existences, est d’abord, fondamentalement un mensonge d’État. Arnaque soutenue et relayée par les journalistes habilités à mentir officiellement et sans vergogne, ainsi que par une clique d’olibrius, payés sur fonds publics et relevant du Centre national de la recherche scientifique ou de ses équivalents. Le gagne-pain est d’habiller l’idéologie avec les oripeaux de la science. C’est un moyen de sidération comme un autre : « les chiffres ont dit », la science a parlé, la science moderne ne se trompe jamais, taisez-vous et marchez droit. En sus la loi et ses rigueurs interviennent en appui feu pour dissuader, voire pénaliser, les opinions dissidentes.
Souvenez-vous le tollé, le tsunami d’indignations quand, le 26 octobre 1985, le Figaro Magazine publiait une Marianne entortillée dans un hidjeb. Mme Dufoix (le ministre de la Santé et des Affaires sociales) s’en étranglait de douleur… et de fureur. Elle convoquait illico une conférence de presse pour faire diversion et annonçait avec fracas que le mystère du vaccin contre le Sida était enfin levé. Pauvre Mme Dufoix qui s’est ensuite trouvée avec M. Fabius, plongée jusqu’au cou dans l’affaire du sang contaminé. Elle, elle est devenue à moitié folle, lui a continué de prospérer. C’est dans l’ordre des choses.
Bref, il est quasi assuré qu’au regard des taux différentiels de fécondité et de leur dynamique, nous serons bientôt convié à descendre du trottoir. L’une des lois intransgressibles de la nature sociale est que lorsqu’on est minoritaire vous rétrogradez dans la hiérarchie humaine, celle des ayants droit par exemple. À bien des égards les Français sont dès à présent des citoyens de deuxième ou troisième classe condamnés qu’ils sont à payer et à la fermer. Et ce n’est pas qu’une question de nombre. On peut être minoritaire politiquement ou pire, moralement, parce que la chape de plomb de lois scélérates interdisent de dire que le soleil brille à midi ! Vous savez bien qu’une super loi relative au fake news se prépare pour nous museler définitivement. Pour interdire toute pensée critique et instituer un monopole d’État de l’inversion et de la négation du réel. Un ministère orwellien de la Vérité en quelque sorte par lequel la paix étant la guerre et la liberté, l’esclavage, l’immigration massive, sauvage et invasive n’existera plus. Au reste les faux pauvres qui se bousculent à nos frontières – inexistantes – ne viennent pas tout seuls, il a bien fallu les y aider, les y inciter ? Il faut aussi les loger, les soigner, instruire leurs enfants de la maternelle à l’université dépotoir via l’école et le collège ? Tout cela a un coût et comme par hasard les statistiques d’habitude si prolixes, sur ce sujet restent muettes. Plutôt que de dénoncer l’immigration en soi, commençons donc par en dénoncer les fauteurs et les auteurs. Non ?
- Vous notez que ce concept ne s’attaque pas aux racines du mal ?
Si l’on veut utilement décrire un mal, surtout d’une telle gravité, encore faut-il ne pas considérer uniquement les symptômes mais en chercher les causes, en faire une cartographie étiologique précise, c’est-à-dire remonter à la source ou plutôt, aux sources. Nous devons d’urgence recréer la relation de logique élémentaire selon laquelle tout effet a une cause. Parce qu’enfin l’immigration ne tombe pas du ciel, elle vient de loin et elle s’accompagne d’un discours lancinant, vomitif, insupportable auquel nul n’échappe. Cela a commencé avec la rhétorique des « chances pour la France »… À en croire certains, ce seraient les immigrés qui auraient bâti Paris… certes peut-être ont-ils en effet contribué à défigurer la capitale avec les hideux logements dits sociaux qui leurs sont destinés ? Ils auraient sauvé la France dans les tranchées, en un mot sans eux nous ne serions rien. Et puis le métissage – les races n’existant pas et tout les hommes ayant un QI identiques et partageant des valeurs culturelles universelles par essence et par décret (la réalité et l’idéologie fanatique ne font pas bon ménage !), sont une inestimable plus-value.
D’ailleurs on nous le répète tous les jours que Dieu fait, la consanguinité est le destin le plus atroce qui soit, le salut est dans le « métissage » tous azimuts et la fluidité des genres, le polymorphisme sexuel. Le métissage est à ce titre « une obligation » éructait M. Sarkozy dans une allocution prononcée à Palaiseau le 17 décembre 2008 [voir ci-dessous], propos emblématiques d’un totalitarisme annonciateur d’heures particulièrement sombres. Remarquez en passant que ce ceux qui nous assènent – pour notre plus grand bien – ce type d’injonctions comminatoires, se marient généralement à l’intérieur de leur propre tribu. N’y voyez aucune contradiction, il n’y en a pas. Et puis ajoutons que, parmi les coupables, il y a ceux qui ont été chargé de la transcription de la partition idéologiques dans les faits, dans la pratique et les institutions. De ceux-là M. Renaud Camus, sauf ignorance de ma part, ne parle guère ou même pas du tout. Quelle pudeur !
- Pourquoi pensez-vous que les identitaires comme Renaud Camus n’attaque jamais les causes de ce « Grand remplacement » ?
Peut-être parce qu’ils ne veulent pas les voir ? Sans doute n’en ont-ils pas le courage intellectuel et moral ? Ce faisant ils s’en font les complices et nul ne saurait éradiquer une tumeur sans en extirper les racines les plus profondes. Donc ces intellectuels aussi bons littérateurs soient-ils, les Camus et consorts, nous font perdre un temps précieux, ils nous égarent. D’ailleurs il ne pourra jamais y avoir de remigration, de renvoi massif des allochtones improductifs, inassimilables ou délinquants, tant que le discours n’aura pas été radicalement inversé, sans un salutaire retour au réel dans sa nudité, dans sa brutalité conceptuelle. Une saine perception du monde doit être impérieusement restaurée. Il ne faut plus voir à travers les lunettes des causeurs et autres blablateurs qui encombrent les lucarnes car l’urgence est de nous arracher les écailles des yeux, dussent-ils en saigner.
Pour ce faire, il faudra un grand ménage. Un coup de balai et un coup de torchon sont à donner dans l’audiovisuel, à commencer par le secteur public ou seuls – an nom de la démocratie et des droits de l’homme – les bons apôtres de l’invasion sont invités et ont la parole. Regardons la composition des plateaux, c’est édifiant. La pensée non politiquement totalitairement correcte n’existe pas. Le docteur en philosophie et en sciences politiques, Henri Weber invité par M. Finkielkraut dans son émission hebdomadaire, s’inquiétait ce samedi 30 juin 2018, du « retour du refoulé » que serait la remontée du nationalisme sous couvert de populisme. Mais depuis quand l’idée de nation appartiendrait-elle à l’inconscient collectif d’où elle resurgirait de manière intempestive ? M. Weber devrait me lire plus attentivement : ce sont lui et ses semblables qui se sont efforcés de pousser la nation et la souveraineté nationale dans la pompe refoulante de l’histoire revue et corrigée par ces gras rentiers de la bureaucratie républicaine. Depuis cinquante ans et le sinistre mois de mai 1968 qui leur a permis de se propulser vers les sommets, ces individus forcenés ont développé une logomachie forcenée pour nous convaincre de nous suicider. Et ma foi, ils y sont en grande partie parvenus. Ce sont eux qui martèlent à l’envi « le nationalisme c’est la guerre »… Au demeurant la démocratie c’est aussi la guerre perpétuelle, sans limites à la façon de M. Bush, car enfin, personnellement il faudrait être singulièrement demeuré pour ne pas voir que la super démocratie américaine lance, imperturbable, guerres d’agression après guerres d’agression contre des nations qui n’en peuvent mais. Et dans cet ordre d’idée, la déferlante migratoire transméditerranéenne est immédiatement l’œuvre méphitique des Kouchner, Sarkozy et du sieur BHL. La Jamahiriya libyenne formait un solide barrage, ces gens là l’ont fait sauter, ils ne sont point innocents. Et pour cela seul, ils devraient être jugés
- L’Islam est-il un danger pour vous ?
L’Indonésie est musulmane, le plus grand pays islamique avec 13% d’une Oumma islamique qui compte un milliard et demi d’âmes. Or l’Indonésie n’est – pour l’instant – un danger pour personne. En soi l’islam est l’Islam et ne peut constituer une menace qu’en raison de notre incapacité – religieusement, spirituellement, politiquement – de nous affirmer face à lui. Maintenant je résumerais ma position – laquelle n’est pas un mystère – en disant que la France n’a pas, mais du tout, vocation à devenir musulmane… Et que l’homogénéité de foi et de croyance – tout comme l’homogénéité culturelle et ethnique – est facteur de permanence et de croissance civilisationnelle. Nos structures mentales, notre être dans toute ses fibres, sont nés d’un savant alliage gréco-latin et chrétien que nous aurions tout intérêt à assumer pleinement. Parmi nos tâches prioritaires commençons par nous réapproprier cet inestimable patrimoine, par nous prévaloir de cet héritage… chacun au demeurant restant libre de penser comme il l’entend dès lors qu’il ne porte pas délibérément atteinte à notre mémoire, c’est-à-dire à notre cohésion en tant que peuple mû par un destin spirituel partagé.
- Ce projet de destruction de notre continent est t-il un véritable plan programmé ou l’aboutissement du déclin du courage des européens ?
Les deux. Le plan – une véritable conspiration à ciel ouvert – existe. Il dépasse et de loin le simple cadre national. Ise lit aussi bien, chez nous, ici, dans le Journal officiel qu’il se trouve en toutes lettres dans les rapports des Nations Unis. Au demeurant ce « plan » ne saurait progresser sans une certaine passivité de notre part. la démocratie – qui est un leurre, un décor de théâtre – nous a abruti au point que nous croyons peser sur la constitution des équipes politiques et leurs décisions. Quelle illusion. Et point d’issue dans révolution nationale !
- Comment le gouvernement Macron ouvre les vannes de l’immigration ?
Lisez les journaux, écouter la Voix de son maître au JT et enrichissez un peu plus M. Oumma, l’un des potentats, l’un des grossium qui par le truchement de M. Macron, son homme lige, et qui avec ses cinquante milliards de dettes, dirige ce pays. Ou mieux achetez mon livre parce que M. Soros ne finance pas nos laborieux efforts de réinformation. Vous voulez agir pour remonter le courant ? Soutenez ceux qui, les mains dans le cambouis, s’efforcent de démonter la machine infernale lancée à toute vapeur contre les sociétés et les cultures occidentales. Sans vous rien n’est possible, avec vous nous pouvons espérer changer la donne puis que le « Grand remplacement » est d’abord dans nos têtes, parce que nous sommes là les bras ballants, tétanisés, à regarder le tsunami déferlé sur nous en balayant tout sur son passage.
- Comment fermer le robinet migratoire ?
Dégager, à coup de pied dans les fesses si nécessaire, les équipes qui prétendent assumer notre destin collectif et ne font que percer de nouvelles brèches dans la coque du paquebot France en perdition. Faisons jouer notre instinct de conservation, pas de pitié !
- Vous pointez de manière très précise les différentes étapes de ce long phénomène. Quelle place les attaques contre la vie (avortement, euthanasie, modifications du vivant par la science) ont dans le projet mondialiste ?
C’est clair comme de l’eau de roche… Cela commence avec la contraception, à partir de là tout se détrame. Cela commence sur un air de liberté. La chimie – pourtant ultra carcinogène, on le sait aujourd’hui, mais qui le dira ? – se substitue à la responsabilité individuelle des deux sexes. L sexualité et découplée de l’acte de procréation, le grand banquet du plaisir est ouvert, sans risque apparent, amis aussi avec toutes les frustrations et les carences affectives que cela comporte. Il faut choisir entre le plaisir et la joie. Mais cette liberté n’a qu’un temps. Vient ensuite la contraception comme mode de contraception à par entière. Mme Veil, avec sa haie d’honneur de gardes républicains, est entrée au Panthéon avec dans son sillage un cortège de dix millions de petits morts. Nous pouvons être fiers de nos élites, je n’irais pas jusqu’à dire qu’elles sont à notre image, en tout cas, elles sont à notre mesure dans l’abaissement.
- Quel est le rôle de Macron dans ce plan de destruction de la France ?
Il en est l’exécutant. Il n’a de réalité que virtuelle. Ce gandin est en vérité une sorte d’hologramme à la façon de Mélenchon durant la campagne présidentielle. Promu chef d’orchestre, il bat la mesure et interprète la partition qui lui a été remise sans bien même en comprendre la signification. La place est bonne, et la piscine du Fort de Brégançon sera très chic. Quant à l’intérêt du pays et des ses habitants cela est évidemment le cadet de ses soucis. M. Macron se croit grand, or il n’est que dérisoire. Un héros miroir d’une France vaine, jouisseuse et malheureuse à la fois.
- L’oligarchie se renforce actuellement. Pensez-vous que le politiquement correct sera son arme de destruction massive des idées dissidentes ?
Elle l’est déjà, ce pourquoi le combat sera d’abord celui des idées et il sera rude. Nous devrons remonter les Niagara de pathos – pensons à l’Aquarius – qui se déversent sur nos têtes. Pour l’heure nous nous interdisons de penser différemment de la doxa abrutissante qui nous fait prendre le bien, notre bien, notre survie, pour le Mal absolu. Et le Pape François vient en renfort des assassins de l’Occident. Désespérant. Nous sommes nos propres bourreaux. Nous avons une peur panique du vide, pourtant nous courons sur l’arrête de la falaise imaginant que la chute finale ne peut-être qu’un impossible cauchemar. Voilà le drame. Nous avons désappris à penser. Et plus le temps passe et plus nous nous enfonçons dans les entrailles de la caverne de Platon. Nous perdons de vue la réalité. Sachant que la réalité pourrait bien se rappeler à nous… Nos chers migrants ne nous apportent-ils pas en effet de précieux cadeaux : la tuberculose multirésistante, la gale et pourquoi pas quelque bonne, croustillante fièvre hémorragique façon Ebola. C’est à voir.
- Votre constat est sans appels. Que faire pour échapper à cette catastrophe ?
Nous armer. Intellectuellement, politiquement, moralement et spirituellement et combattre. Traquer l’ennemi partout où il cherche à se dissimuler. Etre sans concession. Ne rien laisser passer. Inlassablement dénoncer, moquer, stigmatiser. La guerre qui nous est livrée est une guerre du mensonge, or nous nous sommes laissés enfermer des pièges sémantiques, les savantes constructions qui n’ont pas été combattues avec la vigueur nécessaire. À chaque pas, comme les têtes de l’Hydre repoussent après avoir été tranchées, les utopies meurtrières reprennent force et vigueur. À nous de détruire les idoles que sont la lutte des classes, l’égalitarisme, la démocratie en trompe l’œil, la promesse du paradis sur terre et tutti quanti. Certes la tâche semble écrasante, toutefois le mensonge est un château de sable que le soleil de la vérité peut assécher en peut de temps que le vent de notre juste courroux dispersera bientôt.
Source : Rivarol N°3340 du 25 juillet 2018
Bonjour. Pourquoi taire l’essentiel : il y a bien grand remplacement approuvé, voté légalement mais « en douce »? Cfr https://www.agoravox.tv/actualites/religions/article/alain-wagner-la-colonisation-78476
Je ne comprendrai jamais les atermoiements de certains sur le sujet, on a affaire à de la haute trahison et tout le monde se tait. Etrange quand ce devrait être LE sujet puisque tout le reste en est subséquent.
Il faut susciter la Furia Frances.