En appui au peuple de Gaza, les forces armées yéménites ont frappé ces derniers mois plusieurs cargos ou navires de commerce, israéliens ou se dirigeant vers des ports israéliens, en mer Rouge, en océan Indien et dans les eaux du détroit de Bab el-Mandeb.
Les forces yéménites, les Houtis, une organisation militante chiite fondée en 1994, qui depuis l’issu de la guerre civile yéménite contrôle le nord du Yémen, soutenus par l’Iran, ont juré de poursuivre leurs attaques tant que le régime sioniste n’aura pas mis fin à ses assauts répétés contre la bande de Gaza et aux massacres, véritable épuration ethnico-religieuse des Gazaouis.
Gideon Golber, directeur général du port d’Eilat (Um al-Rashrash en arabe) situé au sud de la Palestine occupée alerte que « le siège naval mené par l’armée yéménite fait subir des millions de dollars de dégât chaque mois », malgré l’opération américaine en coalition « Gardien de la prospérité » (États-Unis, Royaume-Uni, Bahreïn, Canada, Pays-Bas, Norvège et Seychelles) et l’opération de l’Union européenne « Aspides » (avec la frégate allemande Hessen, la frégate grecque HS Hydra, la frégate de défense aérienne italienne Caio Duilio, les frégates italiennes Federico Martinengo et Virginio Fasan, la frégate belge Louise-Marie, les frégates de premiers rangs françaises Languedoc et Alsace, ainsi que la frégate néerlandaise HNLMS Tromp de l’opération Gardien de la prospérité en « soutien associé ») :
« Les sociétés de transport maritime n’ont pas confiance en la coalition américaine en mer Rouge et cela nous fait subir des millions de dollars de dégât chaque mois »
Selon l’agence de presse IRNA qui cite des médias arabophones, le responsable israélien Gideon Golber estime que « la coalition américaine s’est avérée incapable face à la menace des Yéménites. Le port d’Eilat a été paralysé par crainte de confrontation avec les Yéménites. Seulement deux ou trois navires commerciaux sont entrés au port d’Eilat depuis la fin novembre 2023 et presque rien ne se fait dans ce port. Israël et les pays membres des coalitions maritimes ont prouvé qu’ils sont faibles et apeurés ; or, les Yéménites poursuivent leurs opérations chaque jour avec une plus grande fierté qu’hier. Le montant des dégâts qu’on subit chaque mois à Eilat s’estime à environ 10 millions de shekel (2,7 millions de dollars) ».
La société d’exploitation du port d’Eilat a reçu des aides pour les mois de novembre et décembre 2023, mais selon Gideon Golber « elles ne couvrent pas les salaires des employés du port ». Le port a connu une baisse de 85 % de ses activités depuis le début des attaques et la moitié des employés sont sur le point de perdre leur emploi après ce coup financier majeur.
Le responsable israélien appelle à une plus grande « fermeté » :
« Si un jour nous entrons en guerre avec le Hezbollah libanais sur le front nord, ce qui pourrait entraîner une fermeture de l’aéroport de Ben Gourion avec des missiles qui atteindront jusqu’aux ports de Haïfa et Ashdod, Israël se trouvera dans un encerclement total. Donc nous devrions dès maintenant faire quelque chose afin de rouvrir un itinéraire vers le port Eilat. »
L’interception des projectiles lancés par les Houtis en mer Rouge (qui ont également participé à la riposte iranienne « Promesse véritable » du 13 avril) et les frappes américaines et britanniques directes sur le territoire yéménite (opération « Poseidon Archer ») n’ont eut aucun effet opérationnel ni aucun effet de dissuasion.
La menace yéménite contre les cargos israéliens, ou affiliés à Israël, pèse toujours en mer Rouge et la majorité du trafic du canal de Suez est toujours détournée (12 % du total du commerce mondial passait habituellement par cette voie). Ce sont plus de 32 navires qui ont été ciblés ou touchés par les Houtis depuis leur territoire par lancement de missiles de croisières ou attaque de drones, voire abordés par commandos héliportés ou vedettes rapides et détournés.
Le chef du groupe Ansar Allah du Yémen, Abdul Malik al-Houthi fait le bilan :
« Au cours des deux dernières semaines, les opérations de soutien yéménites ont atteint 14 opérations avec 36 missiles balistiques, ailés et sans pilote. Nous avons ciblé 8 navires au cours des deux dernières semaines, ce qui porte le nombre de navires ciblés à 98 et atteindra bientôt 100. L’ennemi reconnaît l’échec et ses pertes économiques sont importantes pour ses actions en mer. Les pertes israéliennes continuent d’augmenter du fait de l’empêchement du transit de ses navires et des navires qui lui sont associés. Les pertes des États-Unis, du Royaume-Uni et des pays qui s’impliquent dans ces fardeaux augmentent également en termes d’assurance et de hausse des prix. »
Et il prévient :
« Les Américains et les Britanniques doivent comprendre que leur agression contre notre territoire n’arrêtera pas nos opérations de soutien à la bande de Gaza. Il n’y a aucun danger pour la navigation des navires des pays européens qui ne se dirigent pas vers l’entité d’occupation et qui n’ont pas participé à l’agression contre notre pays. Nous disons aux Européens qu’il est dans votre intérêt de retirer vos navires, qui vous coûtent cher et vous entraînent dans des risques et des escarmouches en faveur des États-Unis. Grâce à la coordination avec notre pays, n’importe quel pays peut traverser la mer sans aucun ciblage. La solution pour tous est d’arrêter l’agression, de mettre fin au siège de Gaza et de permettre l’accès à la nourriture et aux médicaments ».
Dernière minute : Après ce qui semblait être une pause depuis le 10 avril dans la région de la mer Rouge, les Houthis se sont activés à nouveau : au sud-est du port de Djibouti, des combattants du mouvement yéménite Ansar Allah ont lancé un missile contre un navire marchand.
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