Le cardinal Zen Ze-kiun, évêque émérite qui a dirigé de 2002 à 2009 le diocèse d’Hong Kong – Macao a donné une entrevue à un médiat français dans lequel il revient sur les relations entre l’Église catholique et la Chine. Ce pays est encore un des rares à persécuter les religions, dont l’Église, tentant de les tenir totalement sous son contrôle. Ainsi coexiste en Chine une « Association patriotique des catholiques » sous contrôle des autorités chinoises et une Église catholique clandestine, persécutée.
Le cardinal, connu pour ses positions anticommunistes, ne prend pas de gants pour critiquer les propos du pape et la ligne du Vatican dans les relations avec les autorités chinoises. Morceaux choisis :
« Le pape parle de culture. Très bien (…) Nous avons affaire à un Parti communiste. Chacun sait que les communistes chinois ont piétiné plus que n’importe qui la culture. Ils ne défendent que la culture socialiste. »
« Le pape dit qu’il ne faut pas avoir peur de la Chine. Mais, ici, à Hongkong, les gens rient lorsqu’ils lisent cela. Rome est loin de la Chine, nous en sommes tout près ici, et tous, nous avons peur ».
« La Chine n’a aucune raison de faire des compromis. Ils dominent la partie « officielle » de l’Église et maintenant, ils veulent que l’autre partie, la partie « clandestine », se fonde dans la partie « officielle ». Et ils veulent que le Saint-Père donne sa bénédiction à l’Association patriotique ! »
« La politique du kowtow, à savoir s’abaisser devant le pouvoir central chinois, ne peut porter de bons fruits. Le pape parle d’adopter une attitude humble (…) Mais il ne faut pas le faire en abandonnant toute dignité, la dignité de notre foi, la dignité de l’Église. Nous ne devons pas « faire kowtow ». Or, je pense que cette interview ne peut que convaincre le pouvoir chinois à Pékin que le Saint-Siège est prêt à tout pour parvenir à un accord. »
« À Rome, ceux qui négocient ne comprennent pas les communistes chinois. Cela renvoie à l’Ostpolitik, qui certes avait trait aux négociations entre Rome et les régimes communistes d’Europe de l’Est et en Russie. Je dois rappeler ici que l’Ostpolitik a été un échec. Les Églises en Europe de l’Est n’ont pas gagné une once de liberté grâce aux négociations menées par Rome. Elles ont eu la liberté quand le Rideau de fer est tombé. »
« Il est naturel que le pape ait une certaine sympathie pour les communistes, car il n’a connu que le communisme persécuté sous la botte des militaires [en Amérique du sud]. Mais il n’a pas connu les communistes qui ont tué des millions et des millions d’innocents. Il n’a pas connu ces communistes-là ! Et, à Rome, ils ne connaissent pas la Chine, ils ne parlent ni ne lisent le chinois, ils n’ont pas pratiqué les communistes chinois. »
« Comment la Curie romaine pourrait-elle penser qu’elle aboutira à un accord pour les catholiques chinois alors que les autres religions restent soumises au contrôle du gouvernement ? C’est une illusion. »
Pointe entre les lignes la crainte du cardinal d’un véritable « abandon en rase campagne » face aux revendications totalitaires des autorités chinoises. Tout ça pour la jubilation égotique de François qui brandirait son accord avec la Chine. Cela s’apparenterait à une trahison des catholiques chinois clandestins qui subissent les pires persécutions pour rester fidèles à la hiérarchie catholique romaine et à leur baptême. Une pierre de plus dans le jardin de l’apostat.