« La vie a un sens, et grâce à moi un sens médical », s’exclame le docteur Knock.
« Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d’individus neutres, indéterminés. Mon rôle, c’est de les déterminer, de les amener à l’existence médicale »
(Quel sens avait la vie avant le Covid)
« Songez que, dans quelques instants, il va sonner dix heures, que pour tous mes malades, dix heures, c’est la deuxième prise de température rectale, et que, dans quelques instants, deux cent cinquante thermomètres vont pénétrer à la fois… ».
(Songez qu’à 20 heures, tous les covidés vont aller applaudir au balcon).
« Vous ne pouvez cependant pas mettre tout un canton au lit, ne craignez-vous pas qu’en généralisant l’application de vos méthodes, on n’amène un certain ralentissement des autres activités sociales dont plusieurs sont, malgré tout, intéressantes ? » demande le docteur Parpalaid.
(Il pourrait poser la même question aux confineurs de tout poil)
« Ça ne me regarde pas. Moi, je fais de la médecine. Ce que je n’aime pas, c’est que la santé prenne des airs de provocation, car alors vous avouerez que c’est excessif. »
(Ne pas porter de masque, par exemple)
« Mais je n’ai rien, moi, monsieur le docteur » dit Raphaël.
« Qu’est-ce que vous en savez ? La santé n’est qu’un mot, qu’il n’y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire : les gens bien portants sont des malades qui s’ignorent.»
(L’expert sait et décide, le covidé n’a rien à dire)
« Oh ! Je serai une malade très docile, docteur, soumise comme un petit chien. Je passerai partout où il faudra, surtout si ce n’est pas trop douloureux ».
(Le covidé, ne demande pas mieux que de se soumettre en troupeau).
« Je parie que vous buvez de l’eau sans penser aux milliards de bactéries que vous avalez à chaque gorgée, mais pour ceux que ma première conférence aurait laissés froids, j’en ai une autre dont le titre n’a l’air de rien : les porteurs de germes ».
(Covidé : ton virus, ta pandémie)
« C’est que… je suis très impressionnable… si je me plonge là-dedans, je n’en dormirai plus ».
(Si le covidé n’était pas impressionnable, les médias ne serviraient à rien)
« Voilà justement ce qu’il faut, qu’ils n’en dorment plus »
(Le covidé est alors beaucoup plus facile à mener)
« Car vous ne me direz pas qu’un vrai médecin aurait laissé mourir tout ce monde au temps de la grippe espagnole »
(Grippe espagnole : 20 à 50 millions de morts)
Madame Rémy, hôtelière : « écoutez monsieur Parpalaid. Je ne discuterai pas d’automobile avec vous parce que je n’y entends rien. Mais je commence à savoir ce qu’est un malade ».
(Parvenu à ce stade, le covidé n’a plus aucune chance).
Madame Annie Angremy (1938 -2015) archiviste paléographe, conservateur général honoraire à la Bibliothèque nationale de France auteur d’une préface remarquable à la pièce de Jules Romains évoque le thème de la mystification qui tourne au tragique et de la soumission de la collectivité autour d’un mensonge et d’un mythe : mensonge qui à l’heure d’internet, de Facebook, de Tweeter et de Google, se transmet bien plus vite qu’un virus.
Elle évoque aussi le thème de prédilection de Jules Romains : l’unanimisme, symbolisé par la lumière médicale aux nuances violacées.
Mais évidemment, l’enjeu n’est pas la suprématie de la médecine dans nos vies, il semble plutôt que nos contemporains s’accrochent à cet unanimisme médical pour conjurer l’apocalypse du chaos racial dans lequel ils se trouvent plongés.
Blancs, jaunes, marrons, noirs, tous sont susceptibles de mourir du virus, c’est là toute l’unité et la valeur du genre humain : un peu maigre.
Francis Goumain
Mais sur la photo, il n’a pas de masque!
Bovidés, covidés, même combat