Lors de la guerre qui a suivi l’éclatement de la Yougoslavie en 1991, Radovan Karadzic était le chef du Parti démocratique serbe en Bosnie-Herzégovine, destiné à rassembler la communauté serbe et protéger ses intérêts hors de Serbie, et également Président du Conseil de sécurité nationale de la République serbe de Bosnie. Il est poursuivi à partir de 1995 par le prétendu Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) qui siège à La Haye, créé ex-nihilo pour l’occasion (comme le Tribunal militaire international qui siégea à Nuremberg), pour 11 chefs d’accusation – dont 2 pour génocide – en raison de prétendus crimes commis en son nom en Bosnie !
Arrêté à Belgrade en 2008, après 13 ans de clandestinité, avec l’aide des services spéciaux serbes de l’époque, il est extradé dans les geôles du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) qui siège à La Haye, pour assister à un procès unilatéral qu’il savait joué d’avance.
Son arrestation et celle de son chef d’état-major Ratko Mladic ainsi que leur remise au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) était l’une des conditions fixées à Belgrade pour l’obtention du statut officiel de candidat à l’intégration à l’Union européenne… L’interpellation était alors annoncée à la veille d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne qui devait évoquer le resserrement des liens avec la Serbie après la formation d’un nouveau gouvernement pro-occidental.
« Il s’agit d’un gage offert à l’UE pour la remercier d’avoir porté le nouveau gouvernement au pouvoir. Karadzic est un héros serbe, il y aura d’importantes représailles », avait alors averti Aleksandar Vucic, membre du Parti radical, élu président de Serbie en 2017, réélu en 2022.
Le 28 juin 2012 il est acquitté de l’accusation de génocide concernant des crimes commis dans des municipalités de Bosnie entre mars et décembre 1992. Cependant il restait poursuivi du chef de génocide pour le « massacre de Srebrenica » et de crime contre l’humanité et crime de guerre pour les bombardements de Sarajevo pendant la guerre de 1992 à 1995. C’est-à-dire étrangement des accusations pour des crimes qui ne concernent finalement plus que des victimes de confession musulmane…
Le 24 mars 2016, la chambre de première instance déclare Radovan Karadžić coupable de la majorité des crimes cités dans l’acte d’accusation dont celui de génocide. Le génocide n’est cependant retenu que pour les actes commis dans la région de Srebrenica en 1995 et non pour les actes commis dans les autres municipalités. Ainsi, 24 ans après le début de la guerre et alors qu’il est âgé de plus de 70 ans, une peine de 40 ans de prison était prononcée contre Radovan Karadzic.
Le 20 mars 2019, en appel, il est condamné définitivement à la prison à vie pour génocide (prétendument à Srebrenica), crimes contre l’humanité et violations des lois ou coutumes de la guerre, un verdict d’élimination… Le Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), qui a pris le relais du TPIY après sa fermeture en 2017, a rejeté l’appel de Karadzic.
De nombreux Serbes de Bosnie pensent toujours que leur chef de la période de guerre est innocent des crimes qu’on lui impute et que sa condamnation inflige une grave injustice à tous les Serbes.
Et ses soutiens se comptent jusqu’au plus haut degré des institutions de la République serbe de Bosnie. Le président Milorad Dodik, a ainsi écrit :
« L’armée de la République serbe de Bosnie a mené une guerre juste et honnête, autant que faire se peut ».
Et il a même dénoncé le Tribunal pénal international et « la partialité évidente de ses décisions ». Et encore :
« Quelqu’un a conclu que les Serbes doivent être tenus responsables de tout ce qui est arrivé (…) Les chefs de guerre musulmans et croates de Bosnie n’ont pas été poursuivis. Voilà pourquoi le verdict ne comporte aucun élément de justice, mais de la vengeance. »
De même en mars 2016, le président du gouvernement serbe, Aleksandar Vučić, qualifie le TPIY de « tribunal politique » ayant échoué à réconcilier les peuples dans l’ex-Yougoslavie.
Après avoir été détenu dans les geôles de l’ONU à La Haye pendant plus de 13 ans (précédé par 13 années de semi-clandestinité en Serbie), Radovan Karadžić purgerait aujourd’hui sa peine au Royaume-Uni. Il reste pour beaucoup de Serbes, notamment de Bosnie, un héros de la guerre et de la nation serbe.