La Bosnie-Herzégovine est placée sous une forme de tutelle internationale depuis la fin de la guerre (qui a fait plus de 100 000 morts) ayant suivi l’implosion de la République fédérative socialiste de Yougoslavie (dont elle était une province) et du règlement bancal et partial par les accords de Dayton. La Bosnie-Herzégovine est aujourd’hui composée de trois entités fédérées : la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (anciennement Fédération croato-musulmane ou Fédération croato-bosniaque), la République serbe de Bosnie (Republika Srpska) et du district de Brčko (créé en 1999). Dans ce cadre contraint, les Serbes de Bosnie-Herzégovine se battent continuellement depuis 1992 pour subsister et rester libres malgré les pressions constantes exercées par la communauté internationale.
L’Accord de Dayton a porté création d’un poste de Haut Représentant, mais le mandat de celui-ci est strictement limité et ne prévoit aucun pouvoir permettant de prendre des décisions contraignantes, et encore moins d’adopter des lois à la place des parlements nationaux locaux. Le Haut Représentant devait se limiter strictement au mandat que lui confère l’annexe 10 de l’Accord de paix de Dayton. Mais les pouvoirs exécutifs qui lui auraient été accordés par le Conseil de mise en œuvre de la paix (non prévus par l’Accord de Dayton) lors d’une conférence à Bonn en 1997, ont été largement faussement interprétés comme lui donnant une autorité juridique supérieure à celle du traité international qui, lui, est contraignant (l’Accord-cadre général pour la paix et son annexe 4, la Constitution de la Bosnie-Herzégovine).
Cette interprétation illégale a conduit ces dernières années à des violations systématiques du système constitutionnel de la Bosnie-Herzégovine et sapé une gouvernance apaisée entre les peuples autoritairement contraint de rester fédérés.
Condamnation de Dodik
Le Président de la République autonome serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a été condamné le 26 février à un an de prison et six ans d’interdiction d’exercer sa fonction présidentielle pour ne pas avoir suivi les ordres du représentant allemand de l’ONU, par la Cour d’État de Bosnie-Herzégovine (dont un juge est un ancien officier de l’armée bosniaque pendant la guerre…). En 2023, Milorad Dodik avait promulgué des lois adoptées par l’Assemblée nationale de la Republika Srpska qui suspendaient des décisions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine et de l’envoyé international pour la paix Christian Schmidt, celui-ci n’ayant pas été accrédité par l’ONU pour exercer ses fonctions.
Les Serbes de Bosnie dénoncent l’absence de légalité et de légitimité du bureau du procureur de Bosnie-Herzégovine (qui a proposé l’acte d’accusation contre Dodik) et de la Cour d’État de Bosnie-Herzégovine (qui a confirmé l’acte d’accusation) car tous les deux créés illégalement par des décisions des anciens Haut Représentants, en violation flagrante de la Constitution de la Bosnie-Herzégovine, tant de ses procédures législatives que de la répartition claire des compétences entre l’administration de Bosnie-Herzégovine et des entités fédérés.
Suite au refus de la République autonome serbe de Bosnie d’exécuter le verdict de la Cour de Bosnie-Herzégovine réclamant l’emprisonnement de son président Milorad Dodik, la Bosnie-Herzégovine réclame maintenant également la capture de son Premier ministre, Radovan Višković, et du président de l’Assemblée nationale, Nenad Stevandić. Le parquet de Bosnie-Herzégovine a émis des mandats d’arrêt contre les 3 hommes.
Le directeur de la police de l’entité croato-musulmane a déclaré le 19 mars :
« Nous avons reçu hier dans notre système un mandat d’arrêt contre Milorad Dodik et aussi contre son premier ministre Radovan Viskovic, et le président de son Parlement Nenad Stevandic. Tous les organes policiers en Bosnie-Herzégovine, s’ils aperçoivent ces personnes, sont obligés de les arrêter et de les remettre à la Cour d’État»
On assiste ainsi actuellement à un un coup de force, la politique du plus fort tout simplement, en vue de soumettre – ou dissoudre – les institutions de la République autonome serbe au sein de la Bosnie-Herzégovine, qui pourtant sont les seules à disposer d’une légitimité fondée sur la souveraineté naturelle des autochtones serbes de Bosnie sur leurs terres. A contrario des institutions de la Bosnie-Herzégovine, qui ont été imaginées de l’extérieur, créées et soutenues par l’insaisissable « communauté internationale ».
C’est ce que les Occidentaux appellent habituellement, Américains en tête, « l’ordre mondial fondé sur des règles »…
Réplique serbe
La République serbe de Bosnie, confrontée à cette pression sans précédent, est en fait poussée à muscler ses propres institutions, à déclarer son indépendance ou à passer sous les fourches caudines occidentales.
En République serbe de Bosnie, l’autorité qui a émis le mandat d’arrêt contre les hauts dirigeants serbes est considérée comme illégitime. En outre, après l’annonce du verdict contre le Président, l’Assemblée nationale a adopté un certain nombre de lois interdisant les activités de la Cour et du parquet de Bosnie-Herzégovine sur le territoire de la Republika Srpska. Dans le même temps, la partie serbe a envoyé il y a quelques jours une invitation aux représentants de la Fédération de Bosnie-Herzégovine pour des négociations, mais n’a pas reçu de réponse…
Le vice-Premier ministre serbe Aleksandar Vulin n’a pas exclu une tentative de capture du président de la République Srpska Milorad Dodik, par les forces du contingent militaire de l’UE dans le pays (EUFOR) selon un plan des services de renseignement occidentaux :
« Si le plan des services de renseignement occidentaux visant à déclencher une guerre civile est mis à exécution, une tentative d’arrestation de Dodik, Stevandic et Viskovic sera effectuée à Banja Luka, sur mandat d’arrêt émis par le tribunal de Bosnie-Herzégovine. Cette arrestation sera menée par les forces de l’EUFOR ou par des formations paramilitaires nouvellement constituées par Naser Oric » (Naser oric* était un commandant de terrain pendant la guerre de Bosnie dans les années 1990, acquitté par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie malgré de nombreuses preuves d’exécutions massives de civils serbes par les forces musulmanes bosniaques…)
Mobilisation militaire européenne et atlantiste
En parallèle, des troupes sous mandat de l’OTAN ont été envoyées dans la région pour renforcer la présence occidentale.
Des militaires italiens et tchèques, puis roumains, et des hélicoptères et du matériel militaire sont arrivés en Bosnie, pour renforcer l’Eufor, la force d’occupation européenne, dirigée depuis le 21 janvier par un général roumain. Il s’agit vraisemblablement pour l’Otan de se préparer à appuyer la police bosnienne pour procéder à l’arrestation des dirigeants de la Republika Srpska (décision qui n’est pas encore prise à ce jour).
La Bosnie-Herzégovine n’est pourtant pas membre de l’Otan…

La tension monte dans cette région des Balkans. Et le pseudo Haut Représentant de l’ONU s’entend comme larrons en foire avec les autorités de l’Entité musulmane fédérée – largement gangrenée par l’islamisme radical – et avec les autorités de la Bosnie-Herzégovine pour détruire les derniers oripeaux de souveraineté des Serbes de Bosnie sur leurs terres.
Comme un « remake » à petite échelle des persécutions mondialistes contre la Serbie pour détacher leur province kossovare de sa mère-patrie (et la livrer aux partisans de la Grande Albanie). Et en l’occurrence pour en finir avec les irréductibles serbes nationalistes de Bosnie qui ne veulent pas d’un pseudo « vivre-ensemble » dans une Bosnie-Herzégovine où ils seraient dépouillés de leur souveraineté et livrés aux mains de l’islamisme local abritant en son sein depuis de nombreuses années des foyers (d’ex ?)-combattants ayant parcouru le monde pour y semer le jihadisme takfiriste.
Nous écrivions déjà en 2017 que « le monstre appelé « République de Bosnie-Herzégovine », qui devait être un modèle d’État diversitaire et de vivre-ensemble, n’en finit pas d’agoniser » et que « cette prison des peuples doit être démantelée avant que le feu ne reprenne aux poudres ».
C’est dans un autre chemin criminel que s’entêtent les euro-atlantistes qui ne voient dans l’oppression contre les Serbes qu’un moyen de défendre leur projet multi-culturaliste et d’entretenir une épine dans le pied russe attaché à une amitié slavo-orthodoxe avec les Serbes.
Note :
* Le , Naser Oric est poursuivi par le TPIY pour « meurtres et traitements cruels à l’encontre des détenus civils serbes ». Il l’est également pour la destruction et le pillage d’une cinquantaine de villages et de hameaux serbes des communes de Srebrenica, Bratunac et Skelani, dont ses forces ont expulsé les habitants, entre mai 1992 et mars 1993. Ces faits sont qualifiés de « violations des lois et coutumes de la guerre ». Il est arrêté à son club par la SFOR le , condamné à 2 ans de prison en première instance puis acquitté en appel le
Un mandat d’arrêt est émis en 2014 contre Oric par le parquet serbe concernant trois prisonniers de guerre serbes de Bosnie tués dans les villages de Zalazje, Lolici et Kunjerac en 1992. Orić avait cependant été extradé vers la Bosnie-Herzégovine en 2015, et non vers la Serbie. En 2018, la Cour d’État de Sarajevo l’a acquitté…
Pour aller plus loin :
L’Assemblée panserbe, un acte d’affirmation de l’unité de destin de la nation serbe
Merci beaucoup pour ce riche article, très pédagogique, sur un sujet absent des autres médias même alternatifs.
La République serbe de Bosnie n’aurait-elle pas intérêt à se rattacher à la Serbie ?
Bien cordialement.