Jean Danjou nait à Chalabre, le 15 avril 1828, dans une famille aisée de fabricants en bonneterie, le quatrième d’une fratrie de huit fils.
Il est destiné à prendre la succession du père dans l’entreprise. À 15 ans, fini l’école primaire, il travaille à la fabrique. Un soir le père rentre à la maison : « J’ai rencontré Camut, un ancien ouvrier parti faire son service militaire, puis s’est engagé dans l’armée. Il est revenu au pays sous-officier et demain soir il est invité au repas ».
Vêtu d’un bel uniforme, il s’installe à table où tous l’admirent, surtout le jeune Danjou qui sent naître une vocation irrésistible. Le soir il déclare : « Je serai soldat comme Camut !».
Il est alors inscrit au collège de Mirepoix. Le retard scolaire est vite rattrapé par ce garçon avide de savoir, lui permettant de réussir le concours d’entrée à l’école spéciale militaire. Jean y pénètre en octobre 1844. Trois années d’étude font qu’il est admis à l’école militaire de Saint-Cyr.
Il est promu sous-lieutenant et reçoit sa première affectation le 1er octobre 1849 au 51e régiment de ligne en Afrique.
Le 1er mai 1853, au cours d’une expédition topographique en Algérie, il perd la main gauche à la suite de l’explosion de son fusil. Il la remplacera par une prothèse articulée en bois, dont il se servira comme d’une vraie.
Promu lieutenant le 23 décembre 1853, puis capitaine le 9 juin 1855 à titre exceptionnel au siège de Sébastopol en 1854 et, enfin, capitaine adjudant major le 18 septembre 1855.
Rappelé au service le 26 mai 1856, il est affecté au 26e d’infanterie, avant d’être de nouveau nommé au 2e régiment étranger en 1857.
En 1863, le capitaine Jean Danjou se trouve au Mexique où il participe à la deuxième expédition française, décidée par l’Empereur Napoléon III pour installer sur le trône Maximilien de Habsbourg.
Le 30 avril, alors que bat son plein le siège de Puebla, il prend la tête d’un petit groupe de volontaires, chargés d’escorter un important convoi de vivres et de munitions en provenance de Veracruz. Très vite, les choses tournent mal puisqu’à neuf heures du matin, les français sont contraints de se replier dans une hacienda située dans le hameau de Camaron (Camerone en francais) après avoir repéré des troupes ennemies.
Il se barricade avec ses hommes dans la cour de l’auberge, fermée par de hauts murs, avec l’objectif de retenir assez longtemps l’ennemi pour que le convoi puisse s’éloigner.
Suite à une première démonstration de force des Mexicains – 600 cavaliers et 1400 fantassins -, le colonel Milan, qui les commande, offre la reddition à la Légion étrangère.
Le Capitaine Danjou refuse catégoriquement. Les hommes de Cambas mettent alors le feu à l’hacienda et tentent d’entrer par l’étage. C’est au cours de cette attaque que le capitaine Danjou est mortellement atteint à la poitrine.
Sa mort ne signe toutefois pas la fin de la bataille de Camerone : les quelques survivants vont résister encore plusieurs heures. Ce n’est qu’à la tombée de la nuit que la poignée d’hommes toujours en vie acceptent finalement de se rendre. Les trois derniers légionnaires acceptent de se rendre, à condition qu’ils puissent conserver leurs armes et que l’on soigne leurs blessés. Acceptant les conditions de cette poignée de braves dont le courage l’impressionne, un officier mexicain francophone leur répond : « On ne refuse rien à des hommes comme vous ! »
Après le combat, la colonne de secours du colonel Jeanningros ne retrouve que des corps dépouillés. On cherche en vain la main articulée que le capitaine Danjou s’était fait faire 10 ans auparavant. La prothèse est finalement retrouvée en juillet 1865 par le lieutenant autrichien Karl Grübert chez le propriétaire français d’un ranch aux environs de Tesuitlan, à 100 km du lieu du combat. Celui-ci la tenait d’un guérillero ayant participé au combat. Le lieutenant Grübert la lui rachète pour 50 piastres
Elle est ensuite rapportée à Sidi-Bel-Abbès en 1865 par le colonel Guilhem. Depuis, cette relique est conservée précieusement dans la crypte du Musée du Souvenir de la Légion étrangère à Aubagne. Elle est présentée tous les ans lors de la cérémonie de Camerone à la Maison mère, portée par celui qui a été choisi par ses pairs.
Une stèle est érigée en sa mémoire à Castelnau-le-Lez, près de Montpellier, et une plaque commémorative est apposée sur sa maison natale située dans la rue qui porte son nom à Chalabre dans l’Aude.
Le « domaine capitaine Danjou » est le siège de l’Institution des invalides de la Légion étrangère et de l’amicale des anciens de la légion étrangère du pays d’Aix et de la Sainte-Baume.
Ce qu’on peut lire à Camerone :
Ils furent ici moins de soixante
Opposés à toute une armée.
Sa masse les écrasa.
La vie plutôt que le courage
Abandonna ces soldats français.
À Camerone le 30 avril 1863